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Accueil du site > Tribune Libre > C’est quoi, être du centre ? Enième tentative d’explication, à (...)

C’est quoi, être du centre ? Enième tentative d’explication, à l’attention de ceux qui n’y sont pas.

Suite à un intéressant documentaire amateur sur les motivations des militants sarkozystes, réalisé par le collectif Othon, et suite à une discussion sur ce que signifient « être de gauche » et « être de droite », John-Paul Lepers, journaliste leader de LaTéléLibre, pose la question : « et être du »Centre« , c’est quoi ? »

Pour moi, être du centre, c’est d’abord être politisé mais pas polarisé.

Être politisé, c’est-à-dire s’intéresser à la politique, au sens noble du terme, et s’être forgé une opinion sur un certain nombre de questions. Une opinion forte, libre, claire, et argumentée. Oui, forte. Il ne s’agit pas d’un "centre mou", qui se dirait sur tous les sujets "au fond, c’est trop complexe, on ne peut pas vraiment savoir, les deux parties ont un peu raison, de toute façon c’est une question d’équilibre, de juste milieu". En même temps, il faut savoir ne pas se prononcer lorsqu’on a pas suffisamment pris le temps de s’informer.

Ne pas être polarisé, c’est avoir renoncé, dès le début de la formation de sa conscience politique, ou bien plus tard, à se positionner dans le référentiel gauche-droite que la culture politique cherche à imposer. C’est ce qui fait qu’un électeur du centre reste souvent complètement incompris des militants de gauche ou de droite, ceux-ci proposant du coup régulièrement leurs propres explications au centrisme : solution de facilité, démagogie, pêche aux électeurs des deux bords, volonté d’obtenir un poste à tout prix, insatisfaction chronique, refus de s’engager,... On remarquera d’ailleurs qu’ils trouvent généralement plus de raisons pour expliquer le positionnement au centre des personnalités politiques que pour celui des simples électeurs. Bah... quoi de plus normal que de ne pas comprendre, quand on baigne quotidiennement dans un lieu commun qui dit qu’il faut être soit de gauche, soit de droite ?

Le choix du centre se fait généralement parce qu’on ne se reconnaît ni dans le discours véhiculé par la gauche, ni dans celui véhiculé par la droite (et pas non plus dans ceux des extrêmes). Dit comme ça, ça peut ressembler à un choix par défaut. Sauf que, d’une part, il reste à se reconnaître dans le discours que véhicule le parti au centre, et que d’autre part, cette non-reconnaissance est généralement la conséquence d’autre chose : le rejet du simplisme et de l’idéologie.

Simplisme. C’est pourtant flagrant. Quoi de plus simpliste et réducteur que de résumer un ensemble d’opinions politiques sur des sujets variés à un espace à une seule dimension : l’axe gauche-droite. D’ailleurs, les vrais centristes ne se réclament pas nécessairement du centre, ou plutôt ne présentent pas les choses comme ça, pour ne pas retomber dans le piège qu’ils ont cherché à éviter. Ils se disent le plus souvent démocrates, ou encore républicains. Si vous rencontrez quelqu’un qui vous explique spontanément qu’il est "de centre-droit", c’est qu’il n’a pas compris grand chose à ce qu’est le centre, en tout cas aujourd’hui. N’est-ce pas simpliste, pour ne pas dire complètement faux, de considérer que quelqu’un qui se prononce pour une économie libérale va sans doute se prononcer également contre le mariage des homosexuels ? Ou de considérer qu’un autre qui s’oppose à la culture des OGM a sans doute applaudi à la mise en place des 35 h ? Qu’est-ce que ces deux questions ont en commun ?

Pourtant... on constate souvent que si, que sur des sujets aussi différents, on retrouve un clivage gauche-droite assez net. C’est vrai. C’est vrai parce que tout ça est entretenu. Parce que pour une part des électeurs, une fois qu’on a choisi son camp, c’est pas compliqué : il n’y a plus qu’à être d’accord avec ce qu’il prône, sur tous les plans, et en désaccord avec ce que prône l’autre bord, sur tous les plans aussi. Une fois que le bien est d’un côté et le mal de l’autre, comment imaginer qu’une mauvaise idée vienne de son propre camp, ou pire, qu’une bonne idée émane du camp adverse ? Et puis il y a tout le poids de l’Histoire. Ça commence à faire bien longtemps qu’existent en France et ailleurs ces deux bords... Ça se transmet, ça devient une question de milieu.

Attention, la gauche et la droite, ça existe ! Ce n’est pas du tout mon propos de dire que tout ça c’est du pareil au même. Ce serait évidemment nier la réalité. À la base, sont à gauche ceux qui considèrent que l’Etat doit plutôt intervenir dans l’économie, notamment pour garantir l’égalité, et à droite ceux qui pensent le contraire, notamment pour garantir la liberté. Mais théoriquement ça se limite à une vision du rôle de l’État dans l’économie. L’économie, c’est central, mais ce n’est pas tout. Et dans un monde globalisé, dans un pays qui souscrit aux règles fixées par l’OMC, la marge de manœuvre de l’État pour intervenir dans l’économie est plus que limitée...

Bien sûr, si on faisait remplir un questionnaire de cent questions politiques aux électeurs du centre, rares sont ceux qui obtiendraient cinquante réponses de droite et cinquante réponses de gauche. Évidemment, les gens du centre ont bien une tendance concernant l’intervention de l’Etat. Mais sans dogmatisme, sans idéologie. Pour reprendre un mot galvaudé ces temps-ci, avec pragmatisme. Ils pensent qu’il y a des cas où il vaut mieux favoriser la liberté, et d’autres où l’égalité est plus importante.

Et puis, finalement, il y a un troisième mot dans notre devise. Fraternité. La fraternité, ou la solidarité, c’est la solution pour que liberté et égalité cessent de s’opposer. Pour que librement, les Hommes vivent dans l’égalité. Mais la fraternité, ça ne se décrète pas. Ça ne s’obtient ni par la répression, ni par la subvention. Uniquement par l’éducation, une valeur majeure du centrisme, à laquelle on revient sans cesse.

Bon, mis à part le refus du clivage, qu’est-ce qui unit le centre ? Pas tant de choses c’est vrai. Sur les forums, les opinions peuvent être bien différentes parfois. Alors, comment bâtir un programme ? Nucléaire ou pas nucléaire ? Mariage homosexuel ou non ? Taxation des flux financiers ou non ? Pour un certain nombre de sujets, difficile de mettre les centristes d’accord. C’est parce qu’il n’y a pas d’idéologie, seulement des valeurs, pas de solution miracle, seulement des propositions discutables, que certains ont pu penser, en toute bonne foi mais sans chercher bien loin, que le centre n’avait pas de programme.

Le remède des centristes contre les désaccords, il s’appelle Démocratie. Nous y voilà. Non pas que pour eux, la démocratie soit une solution idéale, mais comme le disait Churchill, "la démocratie est la pire des solutions, à l’exception de toutes les autres". La démocratie, étymologiquement gouvernement du peuple, ne doit pas être le gouvernement de la majorité, fixée pour cinq ans à chaque alternance, mais le choix majoritaire du peuple, ou de sa représentation, sur chaque question particulière, sur chaque projet de loi. On en est loin non ?

Oui, la démocratie n’est pas acquise, totale, même si la France est considérée comme un pays démocratique. Un des points centrals du "programme" (on ne peut véritablement parler d’un programme que pour une élection particulière), c’est donc la réforme des institutions, de manière à les rendre plus démocratiques. Aujourd’hui, le système fait que les deux premiers partis disposent de quasiment toutes les places à l’Assemblée Nationale. Si l’on regarde les chiffres, c’est aberrant ! Il ne s’agit pas simplement d’un combat pour que le MoDem dispose de plus de places, mais aussi les Verts, le Front National,... Que le Parlement soit enfin représentatif de la diversité des opinions des français, et qu’il redevienne le lieu où l’on gouverne, le lieu où les décisions sont prises (et non pas simplement validées). Cette nouvelle façon de diriger le pays, qu’on appelle parfois la 6e République, n’est pas compliquée à mettre en place, elle existe dans d’autres pays depuis longtemps.

Problème : la majorité n’a pas toujours raison. Il y a des moments dans l’Histoire où la majorité a eu tort. Lorsqu’on a aboli la peine de mort en France, ce n’était pas du goût d’une majorité de Français. Ce qui invite les centristes à accorder une place centrale à l’éducation. L’éducation d’une part dans le sens de la transmission de connaissances, de l’élargissement de la culture générale des citoyens, afin qu’ils possèdent les clés pour comprendre et décrypter les enjeux politiques. L’éducation à l’esprit critique d’autre part, ce qui se rapproche finalement de la philosophie, pour permettre à chacun de se faire librement une opinion construite et raisonnée. Et enfin l’éducation à la citoyenneté, c’est-à-dire à un certain nombre de valeurs nécessaires aussi bien au vivre-ensemble - "Liberté, Égalité, Fraternité", entre autres - qu’au bon fonctionnement de la démocratie : sens des responsabilités du citoyen, séparation des pouvoirs, état de droit,...

La démocratie donne un rôle capital également aux médias. C’est par eux que les citoyens se tiennent au courant de l’actualité et cela a une influence majeure sur leurs votes. C’est pourquoi l’indépendance des médias vis-à-vis des pouvoirs politiques ou financiers est primordiale pour les gens du centre. Elle est loin d’être pleinement acquise.

Et enfin, je terminerai sur une autre valeur phare du centre : l’Europe. Cette valeur peut sembler tomber comme un cheveu sur la soupe, et n’avoir aucun lien avec le reste des idées centristes. Pourtant, elle découle directement du reste. Tout est lié. Vouloir la démocratie, c’est vouloir le gouvernement du peuple, le pouvoir au peuple. Or, le pouvoir, en tout cas pour une bonne partie, est au niveau de l’Europe. Et il est loin d’être suffisamment aux mains du/des peuple(s) européen(s). Le centre veut donc développer une Europe politique, sociale, démocratique, et non pas simplement comme c’est le cas actuellement un marché économique commun, une instance de (dé)régulation de l’économie.

 En clair, être du centre, pour moi, c’est refuser les idéologies de la réduction gauche-droite, vouloir les remplacer par un système de décision pleinement démocratique, qui nécessite une indépendance des pouvoirs, un soutien fort à l’éducation, et une véritable Démocratie Européenne.


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17 réactions à cet article    


  • barbouse, KECK Mickaël barbouse 8 mai 2009 12:13

    Bonjour,

    pendant un moment, court, pendant la campagne 2007, on pensais que le centre c’était ni droite ni gauche, anti umps, pour finalement percuter que le centre c’est « un peu des deux » avant de passé à la tendance « le meilleur équilibre possible entre les deux ».

    Une petite touche d’humain à nouveau au coeur de la politique avec une pointe de gaullisme et de nationalisme qui se prolonge vers l’europe.

    Le « mou » du centrisme viens du fait que dans son logiciel de dialogue équilibriste, il est écrasé à la moindre notion d’affrontement, et souvent plie tel le roseaux, perd des élus vers la gauche ou la droite en fonction des carrièrismes, et n’a fait jusqu’a présent qu’office de voiture balais à politique qui en début de carrière n’arrivaient pas a faire un choix entre la gauche ou la droite. 

    la vague et l’intérêt du centrisme de notre période tiens surtout sur l’absence d’affrontement gauche droite, avec une gauche alliée objective de la déliquance et une droite alliée objective des patrons voyoux, une société ou le crime paye dans tous les cas.

    et sur le profil d’un bayrou plus supportable en président que beaucoup d’autres candidats potentiel pour le job.

     Pas forcément le meilleur, surtout en débat contradictoire comme l’a montré Coppé, mais au profil plus apaisant, ou de moindre mal pour une France décomposée.

    Aussi, être centriste, selon moi, c’est croire que l’on peut changer le systeme par le centre, idéalement pensée en terrain de concensus national entre les forces en présence, sur une notion d’intérêt souverain de la nation. Mais personne ne veut de concensus, chaque camps veux gagner, et toutes les forces ont leur propre vision de l’intéret souverain de la nation qui est forcément le meilleur.

    amicalement, barbouse . 


    • SALOMON2345 8 mai 2009 19:56

      - Vous semblez opposer égalité et liberté, ou suggérer que l’une serait que de gauche l’autre n’étant qu’à droite, ce qui tendrait à croire que la gauche est liberticide et la droite étrangère à l’égalité !
      - Vous dites qu’il n’y a pas que l’économie qui compte mais c’est justement là que ce trouve le curseur - jamais a voué clairement par le centre - qui sépare les deux « camps », éliminant du même coup le centre qui - presque toujours - pratique le partage des richesses de la même façon que la droite, estimant ne pas avoir à changer l’ordre des choses !
      - Vous semblez ignorer que sur 100 points dont vous faites état, en hiérarchie tous ne sont pas de même niveau et que si 99 peuvent être votés ensemble, gauche/centre, le 100e, comme dit plus haut, sera le partage de la richesse ou le centre n’a pas souvent montré un enthousiasme de progrès appuyé. Seul de Gaulle et au-dessus des clivages, a réussi ce dépassement, libre qu’il était de la Bourse ! Certes, des votes communs gauche/centre intervinrent mais rarement !
      - Par ailleurs, dire que la gauche dirigerai aujourd’hui l’économie (obliger Renault à faire des 4L invendables) alors qu’elle souhaite seulement installer des radars aux portes des poulaillers pour que les poulets ne se fassent pas écraser par les renards libres est bien différent que votre crainte. Regardez plutot qui va diriger l’Ecureuil et autres Sociétés d’Etat, d’Autoroutes, revendues entres amis, et dites-moi qui attente aujourd’hui aux intérêts et libertés économiques de la France ? Les outils atomiques vendus bientot également au bétonnier célèbre :est-ce la gauche qui affaiblie ainsi nos moyens en tuant la liberté par son amour de l’égalité ?
      Il faudra que Bayrou tranche un jour sur la fiscalité et qu’il exprime à quel hauteur son dégoût provoque la gerbe ! J’ai lu son livre dont je partage l’essentiel mais je pose la question : où met-il le curseur et qui paye quoi et qui reçoit quoi ? Non l’économie n’est pas tout mais elle mère ou maratre du bonheur matériel de nos concitoyens et la France d’Hugo, Voltaire, Blum, Jaurès, ne peut tolérer que certains mange dans la marmite commune à l’aide de louches, qui débordent, tandis que d’autres cherchent la petite cuillère pour espérer atteindre le « festin » près duquel ils sont souvent chassés ! Non, l’économie ce n’est pas rien mais c’est presque tout...à part la grippe, espagnole, aviaire pu mexicaine.....


      • L'enfoiré L’enfoiré 8 mai 2009 20:16

        @L’auteur,

        Un peu simplet ce positionnement. Il n’y a pas qu’une gauche et une droite. Les extrêmes existent aussi. Je rappelle qu’il y avait 12 partis qui se présentaient lors de vos dernières élections. Les écolos, où est-ce que vous les positionnez ? Il y a les partis qui sont aussi dirigés vers une catégorie d’électeur.

        Est-on sûr d’être de gauche et de droite ? Tout évolue en fonction de l’époque.

        C’est pour cela que je proposais dans un de mes derniers articles de constituer un algorithme pour le déterminer. Vous êtes dans l’informatique donc vous savez ce dont je voulais parler.

        Être au centre est un choix quand on sent les programmes trop peu synchro avec cette époque. C’est la position d’attente la plus proche de la gauche et de la droite dont le choix dépend surtout de sa propore situation de famille. Le centre est souvent coloré en orange. L’Europe devient le nouveau point d’observation qui pourrait changer la face de l’Europe entière et des pays par les retombées. Une véritable démocratie pour vous ? Pourquoi pas ?


        • L'enfoiré L’enfoiré 9 mai 2009 18:42

          @L’auteur,
           Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
           Entre collègues, on pourrait avoir des idées que l’on défend en commun.
           Alors, j’attends. Questions demande réponses.


        • Gawell 9 mai 2009 18:45

          Les grands esprits se rencontrent à la même heure. Désolé pour les réponses tardives...


        • Gawell 9 mai 2009 18:44

          @ SALOMON
          - Pas facile d’être précis et concis. Je voulais dire que l’idée couramment répandue est que lorsque liberté et égalité s’opposent, la gauche opte pour l’égalité. Ce n’est évidemment pas si simple, il s’agit d’une tendance générale.
          - Vous parlez d’un "centre qui - presque toujours - pratique le partage des richesses de la même façon que la droite, estimant ne pas avoir à changer l’ordre des choses« . Peut-être, peut-être pas. Le centre d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier (l’électorat changeant, les leaders aussi - c’est en tout cas ce qu’on attend d’un Mouvement Démocrate), et puis je ne crois pas que le centre aie eu beaucoup de responsabilités dans un gouvernement de gauche jusqu’ici. Serait-il donc de malhonnête de se dire qu’au sein de gouvernements de droite, le centre n’a jamais eu la marge de manœuvre nécessaire pour mettre en place la politique économique qu’il aurait souhaité ? Je n’ai pas assez de recul, du haut de mes 21 ans.
          - Je crois qu’il est optimiste de dire que le centre et la gauche pourraient voter ensemble dans 99% des cas. Et puis la hiérarchie des sujets, elle est subjective. Le progrès aussi...
          - Je ne dis pas que la gauche dirige l’économie, je ne dis pas que Sarkozy adopte toujours des mesures économiques de droite, et je dis par contre que oui, c’est lui qui atteinte aujourd’hui aux intérêts et libertés économiques de la France (le complément »de la France« est important).
          - Qu’est-ce que c’est, »trancher sur la fiscalité ?« Et s’il fallait demander à l’Assemblée Nationale, devenue représentative du peuple, de trancher ?
          - Le »bonheur matériel« , je n’y crois pas. Je parlerais de confort matériel, de conditions de vie décentes. Je vous rejoins bien entendu sur la marmite. Ce qui est intolérable n’est pas finalement le fait que certains mangent à la louche, mais bien sa conséquence (en partie) : d’autres jeûnent.

          @ L’enfoiré
          - Je suis d’accord avec vous ! C’est simpliste ! Il faut resituer dans le contexte, au départ c’est une réaction à un documentaire où des gens non-diplômés de Sciences Po parlent de ce que représentent gauche et droite pour eux.
          - Les écolos, je ne les positionne pas. S’il fallait vraiment raisonner sur un axe gauche-droite, il y en aurait un peu partout, avec différentes visions de l’écologie.
          - Il faut bien comprendre que mon but est justement de démonter le simplisme du »gauche ou droite". Si je semble accepter dans un premier temps ces catégorisations, c’est parce que je réagis à un document qui les accepte. Voir mon titre aussi : je ne m’adresse pas aux gens du centre, déjà convaincus. Bien sûr que ça évolue selon l’époque : ce qui prouve d’ailleurs que ça n’a pas tant de sens.
          - Je n’ai pas retrouvé votre article sur ce projet d’algorithme. Le problème restera entier : la classification aura-t-elle une pertinence ? A mon avis, l’orientation politique réduite à un axe gauche-droite suit une loi normale, et non multimodale, donc classification non-pertinente. Je ne sais pas si ces notions se rattachent vraiment à l’informatique, je fais aussi de la déformation professionnelle mais j’ai eu une formation assez généraliste. Désolé si celle-ci ne vous est pas abordable !


          • SALOMON2345 9 mai 2009 19:52

            Gawell
            Une idée répandue est comme un mensonge mille fois répété : cela ne constitue pas LA VERITE !
            Si la référence « gauche » prend référence sur Moscou, effectivement les deux valeurs égalité et liberté disparaissent, ensemble ! Mais je réaffirme que « par chez nous », ces valeurs ne s’opposent pas et si pour nourrir le pays dans son entier je dois prendre au plus aisé et rogner sur sa « propriété », par la LOI, cette action sera - selon moi - sociale et humaine, tandis qu’en face, le « partageur obligé » se dira « spolié » et invoquera sa liberté bafouée.
            De Gaulle n’a pas hésité à forcer les clivages survolant les égoismes et Blum a quitté le congrès de Tours en 1920 pour ne pas avoir à attenter à la Liberté !
            Confort matériel plutôt que bonheur : ok, maintenant, ce qui résume votre propos que je partage concernant la louche et la petite cuillère, je cite G.SAND en 1848 qui affirma : « Nul n’a droit au superflu tant que chacun n’aura pas l’essentiel » dont je fais mon crédo et c’est ici que j’attend le Centre : jusqu’où il poussera le curseur pour que toutes les assiettes soient pleines ?


            • Gawell 9 mai 2009 22:24

              Oui c’est tout à fait vrai, concernant la vérité. Mais qu’est-ce que c’est gauche et droite ? Y a-t-il vraiment une vérité à fournir là-dessus ? Comment feriez-vous la différence entre ces deux choses ? Qui est mieux placé que les gens qui se disent de gauche ou de droite pour définir ce que c’est pour eux ? Et ils le définissent souvent comme ça non ? Êtes-vous alors partisan de dire qu’il s’agit de notions totalement creuses ? Où voulez-vous en venir ?

              Je pense qu’effectivement, ces valeurs ne s’opposent pas forcément. Mais par exemple, sur une question comme l’héritage : les uns diront que dans un souci d’égalité, il est injuste que des enfants puissent hériter de la richesse de leurs parents, tandis que les autres diront que dans un souci de liberté, il est injuste d’empêcher des parents de transmettre leur richesse à leurs enfants. Dans ce cas précis, n’y a-t-il pas nettement opposition entre liberté et égalité ? Peut-on en sortir ? Voulez-vous dire qu’on ne va pas contre la liberté des parents en allant contre l’héritage ? Qu’il ne s’agit pas d’une liberté ? Que les parents invoquant leur liberté le font à tort ?
              J’aime bien cette phrase de Georges Sand. Il reste à définir l’essentiel et le superflu, à le jauger. A qui de le faire ? (Quitte à avoir des idées fixes, je répondrais « au peuple ! »). Si on tire toutes les conséquences de ce principe, vous n’avez peut-être pas droit de posséder un ordinateur (n’est-ce pas un peu superflu ?). Dans ce cas, si vous n’avez pas ce droit, que faut-il faire ? Vous confisquer votre PC ? Peut-on décider à la place des autres ce qui est essentiel pour eux ? On entre doucement sur le terrain de la philo là...

              PS : Ayant lu votre autoportrait, j’espère que c’est avec une pointe d’ironie que vous considérez l’un de vos traits de caractère comme votre plus gros défaut. J’ai personnellement tendance à considérer cela comme une qualité, d’autant que, pour vous citer : « Une idée répandue est comme un mensonge mille fois répété : cela ne constitue pas LA VERITE ! »


            • Gawell 9 mai 2009 22:28

              Oups pour le PS : je croyais m’adresser à l’Enfoiré.


            • SALOMON2345 10 mai 2009 12:50

              Les étiquettes sont comme les mots, eux-mêmes des valises aux contenus parfois équivoques (gauche/droite), mais pour revenir à votre remarque sur l’héritage, les fins Politiques (notez la majuscule) ont considéré - à raison selon moi - que pour le « bien commun » du pays, il était préjudiciable que la richesse - et contrairement à l’ancien régime - demeure et se développe au seul seing des mêmes personnes ou groupe social ad vitam aeternam, non pas forcement par un élan de coeur, mais par souci de l’ évident progrès de la Société qu’ils avaient en charge de gouverner ; par besoin et par sagesse, ils jugèrent alors opportun d’organiser, par la fiscalité, la redistribution de la richesse produite par la communauté toute entière. Jouer aux cartes est impossible quand il n’y a pas redistribution du jeu confirme cela !
              Au-delà de cette « ludique » considération et pour expliciter le postulat de G.SAND, je dirai - avec les termes d’aujourd’hui et materiellement parlant - qu’il ne me gêne pas que mon voisin possède une Ferrari (bel objet au demeurant) sauf s’il en exige une seconde alors que mes simples baskets me rendent impossible tout déplacement et que la 2CV me soit inaccessible (la louche et la cuillère) !
              Voila donc exprimé ici pour simple démonstration seulement le superflu (2 Ferrari) et l’essentiel (pas une 2CV) - considérant que l’existence prosaîque m’oblige à posséder un véhicule !
              Donc, sachant l’origine de très grandes fortunes - suite de grands travaux ou d’investissements publics (Metro, BTP, Armement, guerres, industries pour l’Etat et les collectivités, etc...) - il est surprenant d’entendre les plaintes des « heritiers » gémissant à la vue du « fruit de leur travail » partir ainsi pour les autres en s’effrayant derrière un pourcentage - 50% - « spoliateur » mais silencieux sur l’importance du reste, en effet, quoi de comparable entre 50% de 100 euros et 50% de 2 milliards d’euros...les restes ne sont pas identiques et le sophisme insupportable et je réitère de Gaulle stigmatisant la bourse qui n’oblige pas la politique de la France et ma liberté de riche s’arête lorsque le pauvre « étouffe »....


              • Gawell 10 mai 2009 14:40

                Si je comprends bien, vous considérez donc que posséder un ordinateur est essentiel ? En tout cas, un véhicule, oui. Or ce n’est pas évident du tout. Face à des gens qui meurent de faim dans certaines régions d’Afrique, votre nécessité de véhicule peut sembler superflue. Sur quels critères, quels principes, distinguez-vous l’essentiel du superflu ? D’autant que souvent, les gens considèrent, et cela quelque soit leur niveau de vie, que ce qu’ils possèdent est plutôt nécessaire et ce que possède leur voisin superflu. Finalement, beaucoup de choses sont superflues. Ne vous payez-vous jamais une place de cinéma ? Est-ce essentiel ?

                PS : moi, ça me génerais que mon voisin possède une Ferrari.


              • SALOMON2345 10 mai 2009 20:05

                Mon illustration semble à l’évidence peu pertinente car loin de moi l’idée de revendiquer l’absolue nécéssité d’avoir une bagnole - ou un ordinateur - mais par comparaison je voulais souligner tout simplement que les droits « naturels » de l’homme doivent - dans un groupe - être satisfaits et que l’un ne doit pas être obèse par gourmandise tandis que son voisin crève de faim et, responsable du groupe, je n’hésiterai pas restreindre la liberté (par souci d’égalité au droit de vivre en mangeant) à l’obèse de continuer à se goinfrer et prendrai une part dans sa marmite déjà pleine pour remplir la petite tasse salvatrice de la faim du plus humble dépourvu : voila tout !


                • Gawell 10 mai 2009 20:50

                  Dis comme ça, à peu près tout le monde serait d’accord. Vous seriez donc pour qu’on prenne une bonne partie de nos salaires pour donner à manger au Tiers Monde ? Mais je crois qu’on dérive...


                • SALOMON2345 11 mai 2009 11:34

                  Déjà commencer par ne pas acheter à vil prix les matières premières du tiers monde, en leur revendant ensuite des produits transformés à prix exorbitants (matières fossiles, pétroles, agriculture et autres) puis « dériver » - comme vous dites - d’un égoïsme « traditionnel » vers un humanisme solidaire « nouveau » !
                  Il est vrai que pour moi, cette radicale pensée naît de mes rêves tandis que pour tous les Arpagon de la planète, elle n’est que le cauchemar d’avoir à partager un petit chouïa (beurk : quelle vilaine idée) !
                  Conclusion je suis pour la liberté...lorsque l’égalité est à table, prenant bien soin de distinguer que « égal » ne signifie pas « identique » et que si l’on ne peut en rien compenser la laideur de l’un et la beauté de l’autre, mon esprit et mon humanité EXIGENT que les deux soient rassasiés, même avec des appétits différents si chacun vit correctement !
                  Il y a deux millénaires, un type parlait déjà comme çà, hélas, « ils » (les mêmes qu’aujourd’hui) l’ont tué !!!....
                  Pour terminer sur les valeurs de liberté, un philosophe expliquait : « j’ai l’absolue liberté de posséder un poignard...mais pas la liberté de le planter dans le dos de mon voisin ! » ...il poursuivait en stigmatisant l’opinion qui accusait le tigre d’être cruel lorsqu’il tuait sa proie, tandis que le chasseur, lui, sportif, ne faisait QUE chasser !
                  Et puis, entre liberté et égalité, le responsable d’un pays à l’obligation de trouver la paix sociale et par la LOI qui protège le faible du fort, ils borne l’exercice de celle-ci - LA LIBERTÉ PERSONNELLE, au bénéfice de celle là - L’ÉGALITÉ - et tant pis si l’on doit se séparer d’un château pour ce faire !
                  Même en Amérique (Obama), ils commencent à penser comme ce côté-ci de l’atlantique....


                  • Gawell 11 mai 2009 18:54

                    Le type d’il y a deux mille ans, je me trompe peut-être, mais d’après ses biographies officielles, il n’a pas fait de politique, dans le sens où il n’a pas donné son point de vue sur les lois (hormis religieuses), même pour dire qu’il n’en fallait pas.
                    Il a seulement parlé d’éthique personnelle, et dit que c’était bien de ne pas vouloir plus pour soi quand les autres n’ont pas assez pour eux. Il n’a pas dit qu’il fallait reprendre aux riches, si ?


                  • SALOMON2345 11 mai 2009 19:48

                    Vous rapportez :
                    - "il a seulement parlé d’éthique personnelle, et dit que c’était bien de ne pas vouloir plus pour soi quand les autres n’ont pas assez pour eux. Il n’a pas dit qu’il fallait reprendre aux riches, si ?« 
                    - Mais - comme vous et comme lui - semble t-il - je ne dis pas autrement (sauf la fin de phrase) et j’ajoute qu’il a également souligné : » qu’il faut rendre à César ce qui revient à César« , s’excluant ainsi de la »Politique" sauf que si l’éthique (ce qui relève de la personne contrairement à la morale qui est toujours dans un cadre social) conduit à regarder fraternellement autour de soi et fatalement pour que le pauvre à coté du riche ne le soit plus : il faudra bien que ce riche partage ...un peu ! Sinon, je vois pas comment une richesse exnihilo pourrait tomber du ciel pour venir corriger cette pauvreté sans le concours - volontaire ou obligé - du riche ?
                    - Comment feriez-vous si vous étiez en charge de la Cité pour que chacun mange à sa fin car l’on ne peut ignorer que la richesse de l’un provient obligatoirement de l’appauvrissement de l’autre : découpez un gâteau et c’est très simple à constater !
                    Soyez rassuré, je ne suis pas un soviet, mais comme tout humain respectable, je cherche le plus acceptable pour la conscience !!!


                    • Gawell 11 mai 2009 20:01

                      Non ! La richesse de l’un ne vient pas obligatoirement de l’appauvrissement de l’autre ! La richesse, au départ, vient du travail, et de la nature. Si je mange du gâteau, je ne l’ai peut-être pas volé, je peux l’avoir fabriqué. Maintenant, si j’étais en charge de la Cité... je n’aurais pas de solution miracle... et vous non plus (ou alors il faut très vite la divulguer !).

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