Cargos de nuit (Vague n° 8)
Nous avons vu dans l’épisode précédent qu’un membre important, sinon crucial, d’un incroyable trafic d’armes albanaises s’était fait probablement éliminer, au moment même où il s’apprêtait à témoigner dans un procès retentissant mouillant deux Etats à leur plus haut niveau. Nous en étions aux livraisons d’armes proprement dites, celles de l’immense dépôt de Gerdec, encore intact au moment où l’on parle. Notre intermédiaire a alors plus de 100 000 000 de cartouches à expédier en Afghanistan pour les troupes afghanes de la coalition, ce qui représente un sacré lot à dispatcher. Sans oublier les diverses commissions à verser en cours, et l’opération présentée au départ comme juteuse est en train de tourner au cauchemar pour notre jeune trafiquant de 22 ans.
Une fois le contrat conclu, reste en effet à dispatcher les tonnes de munitions. Xhoi Ltd, la firme de... Kosta Trebicka, propose de s’en charger. Comme les balles sont dans des caisses en bois abîmées et trop lourdes pour être acheminées en avion (ceux de Victor Bout, attendant sur le tarmac de Rinas !), Trebicka suggère de les détruire et d’empaqueter en vrac des centaines de cartouches dans de simples cartons. Les cartouches passent de 22 dollars les 1 000 à 41 pour 1 000, ce qui fait de Trebicka un multimillionnaire malgré ses "frais annexes" en prostituées (ce n’est pas difficile d’en trouver, la deuxième plaie de l’Albanie est le trafic humain) rien qu’en cassant des caisses de bois. Sans compter que Thomet réclame sa part lui aussi. Deviroli, affolé, est obligé de débarquer pronto à plusieurs reprises à Tirana, pour rencontrer les autorités et discuter des tarifs qui ne cessent de gonfler. Etant pourtant sous l’objet d’inculpation aux Etats-Unis pour des motifs divers (alcool, bagarre, différends avec ses conquêtes), il réussit néanmoins à franchir toutes les barrières de police du pays et de son pays d’origine. On est en droit de se poser des questions sur un Homeland Security si prompt à se saisir de votre brosse à dents dans votre sac et qui laisse ainsi un jeune délinquant traverser l’Europe centrale sans peine : Diveroli bénéficie obligatoirement de protections haut placées pour avoir une telle liberté de mouvement.
Quand on cherche l’origine de ces incroyables protections on tombe vite sur la famille de l’individu. Comme le révèle un excellent blog, la société créée par le gamin de 22 ans n’est qu’un beau paravent. Son père, Michael Diveroli, qui se dit désespéré de l’attitude de son fils... est celui qui a effectivement créé la société AEY en 1999 et qui a placé son fils à la tête en 2005 seulement. C’est donc lui aussi un marchand d’armes, car des contrats datés de 2004 ont été signés entre AEY et le Pentagone. Et derrière encore, on trouve un oncle fort engagé dans les ventes d’armes en tout genre, Bar-Kochba Botach, dirigeant de Botach Tactical, elle-même partie de Botach Defense Group. Un groupe qui affiche clairement ses origines : le logo de Botach Tactical n’est autre qu’une étoile de David rouge avec au milieu une épée lançant des éclairs. Botach possède aussi Key Zion, qui selon sa propre définition se charge de beaucoup de choses ayant trait au domaine de la défense : "Your Professional Specialist Serving the World[ :] Law Enforcement - Military - Public Safe ty Special Operations - Corporate Security." Une enquête un peu plus poussée révèle que les firmes AEY et Botach Tactical ont strictement la même adresse à Miami. La presse s’extasie devant un jeune de 22 ans ayant conclu un marché de 300 millions de dollars. Comme le dit Lindsay Beyerstein, ce n’est pas lui seul. Derrière lui, c’est tout une famille de vendeurs d’armes :"no doubt, Efraim has a very impressive CV for an arms dealer his age. (He was allegedly caught on tape negotiating with Albanian officials.) Yet, the record suggests that members of Efraim’s family probably had a much greater role in this enterprise than they’re letting on. At the very least, family connections help explain Efraim’s extraordinary success in securing contracts."
Grâce à une employée de l’ambassade, tout d’abord, selon lui, puis de l’ambassadeur américain lui-même, qui ne se fait pas trop prier pour faire rencontrer notre jeunot et le ministre de la Défense ou lui-même et le fils du Premier ministre. Des protections officielles existent donc bien des deux côtés. Quant à savoir pourquoi l’ambassadeur américain prête autant d’attention à ce jeune habitant de Floride issu d’une famille juive, il ne faut pas chercher bien loin. L’histoire est assez particulière et remonte à son propre père, soldat américain noir comme lui expédié en 1945 en Allemagne pour combattre les Allemands. Lors d’une sortie, il avait sauvé deux jeunes adolescents échappés de Dachau, que son unité avait gardés une année avec elle pour leur refaire une santé. C’était lors d’une expédition menée par des soldats noirs seuls, chose interdite alors par les autorités de l’armée qui pratiquaient la ségrégation. Les deux ados, surnommés "Peewee" et "Salomon" avaient été vainement recherchés après guerre. Or, c’était notre fameux ambassadeur qui avait fini, après des années de quête infructueuse par retrouver l’un d’entre eux, l’autre (Salomon) étant décédé en Israël en 1994. "Peewee", de son vrai nom Mieczyslaw Wajgenszperg, avait changé son nom en Martin Weigen et vivait depuis dans le Connecticut. Avant de décéder en 2007 à 91 ans, le père de notre ambassadeur avait eu l’insigne honneur d’être déclaré le 18 avril 2004 un des "Justes" pour son acte de bravoure. L’histoire est assez extraordinaire, il est vrai, et les liens tissés à partir de là avec notre ambassadeur et la communauté juive ont donc été très forts. Un jeune issu d’une famille juive du même âge ou presque que ceux sauvés par son père venant solliciter son aide, sans nul doute, a dû présenter à ses yeux davantage d’intérêt et lui faire bénéficier de davantage de sollicitude : Diveroli signe son contrat d’armement au même moment où le père de l’ambassadeur est déclaré Juste. On ne le saurait à moins. Il n’y a aucun relent d’antisémitisme à le constater, c’est un fait simple, Whiters ayant déployé partout un enthousiasme débordant, à juste raison, pour le cas de son père exceptionnel.
Un blogger nous rappelle que ce n’est pas le seul à en bénéficier, de cette mansuétude des autorités. Comme l’est le cas de Fatos Nano, l’ancien Premier ministre, nous dit Gary Q. Kokalari, un excellent observateur albanais. "A perfect example is the case of former Albanian Prime Minister Fatos Nano who also cooperated with the U.S. by sending troops to Iraq and Afghanistan. Despite the very specific information I provided USG about what I maintain was an illegal bank account held by Nano at Credit Suisse - which was disclosed to me by a Credit Suisse employee - USG refused to act on this information. However, one thing different about this situation is that, in addition to possible corrupt practices by Albanian government officials, it may also involve a scheme to defraud U.S. tax payers because what appears to be an extremely large and unnecessary layer of payment - required as a result of Meico’s insertion of Evdin - is being underwritten by the U.S. government.". L’homme accuse également le ministre de la Défense de couvrir le tout : "You should be aware that I know Fatmir Mediu, we have had various dealings over the years, and in fall 2006, I publicly accused him of engaging in corrupt practices. A copy of an open letter I sent to Mediu (…) This information was also shared with key U.S. officials involved with Albania including DOS, FBI, the CIA and several members of Congress. Mediu made a public show of refuting my claims by appearing on an Albanian TV station to basically say, "I’m not a crook." Mediu, ministre, a bien couvert des manigances, et le cas de Diveroli n’est pas une première chez lui.
Et ce n’est pas fini, car en grattant un peu on trouve bien d’autres relations à notre mort du jour. Et certaines sont de grandes surprises... On vous a déjà parlé de l’opération financière faite dans le pays lors du rachat des retraites de l’ancien régime communiste par un Etat qui avait aussi promis d’indemniser les terres saisies par ce même régime. Le système pyramidal comme toutes les finances du pays avait capoté en beauté, entraînant de sérieuses émeutes dans le pays. Derrière ce rachat se profilait un homme que nous connaissons bien en Europe, ce fameux Declan Ganley, l’homme du "non" irlandais. Avec l’argent réalisé, Ganley avait créé une entreprise de téléphonie bulgare et une chaîne de télévision, Bulgarian Broadnet. L’Anglo Adriatic Investisment avait récolté 160 millions de dollars en Albanie, en1997, quand le dollar valait encore 133 leks, auprès de 450 000 détenteurs de titres. Avant que la pyramide financière ne s’effondre. Or, parmi les fameux collecteurs et gestionnaires, on trouvait Pirro Kushi, Don de Marino et... Kosta Trebricka... Selon Trebricka "Marino is also a businessman very powerful, linked to the Bush Family and President of American Chamber of Saudi Arabia". "its also true that Dan Marino also as many friends at the Pentagone. "Mr. Trebicka and Mr. Kushi have been for a long time in constant contact with the President of Gangley Group, Declan Ganley, and still maintain a regular relationship with the manager of the fund "Anglo-Adriatic", affirme le journal Albania. Ce que confirme Trebricka lui-même "Yes, I have often meetings with Declan Ganley and his brother, talking often - declares Trebicka the newspaper Albania - also speaks of the fund ’Anglo-Adriatic’". Trebricka n’est donc pas qu’un simple revendeur d’armes. Et Ganley encore moins un ange... plutôt un vrai saboteur de démocratie. Un homme qui s’était attaqué à la livraison de téléphones mobiles en Irak avec la mentalité d’un chercheur d’or, en écrasant tout sur son passage. "Below the deadly serious efforts to restore security and legitimacy to Iraq lies a muted gold rush mentality." Logique de le trouver en relation avec Trebricka. Dans le milieu des profiteurs, il ne peut y avoir de surprises. Que des acoquinements.
Jusqu’ici, donc tout va bien pour notre jeune dealer en armes, ou presque. Tout le monde y gagne au passage à ce jeu de dupes, même si Deviroli voit fondre ses bénéfices. Sauf les pauvres dessertisseurs de balles de Gerdec bien sûr. Laissés depuis à l’abandon le plus total. Jusqu’au jour où on commence à recevoir les cartouches, notamment en Afghanistan. Un blog révèle la nature des envois de Trebicka. Une incroyable photo montre des cartons en piteux états avec des balles en vrac. Lors d’un tir d’un policier afghan, une des cartouches explose DANS la Kalachnikov. Une autre voit ses cartouches tomber toutes seules de son chargeur. C’est inutilisable, et l’armée américaine, qui ne sait pas comment dénoncer le contrat, trouve la parade : certaines cartouches sont estampillées "Chine", de la Chine du temps de… Mao : c’est strictement interdit par la loi américaine. C’est l’adjoint de Diveroli qui avait en fait suggéré à Trebricka de casser toutes les caisses et de tout mettre en carton, comme l’atteste un de ses mails. Âgé de 26 ans, ayant seulement un diplôme de masseur, ce fils de rabbin entretient toujours aujourd’hui sa fiche sur FaceBook ou ailleurs affirmant que son but dans la vie est de se construire un mini studio d’enregistrement chez lui. A 300 millions de dollars de contrats, ça paraît surréaliste comme manque d’ambition.
Le contrat est suspendu fort tardivement, pourtant, "vers le 10-15 mai" dit Trebricka…, alors que l’intégralité de l’affaire a été démontrée au grand jour dans un remarquable article du NYT qui date déjà du 27 mars 2008. Le Pentagone, dans l’affaire, s’est dépêché... de ne rien faire tout de suite. Des livraisons en cours, peut-être... les officiels américains tentant surtout de justifier comme ils peuvent la mauvaise qualité du matériel. L’Otan a pourtant des normes très strictes : au bout de dix ans, les munitions doivent être essayées : "for rifle cartridges, testing begins at age 10 years, according toPeter Courtney-Green, chief of the Ammunition Support Office of NATO’s Maintenance and Supply Agency…" Visiblement, ça n’a pas été fait. Mais la version officielle trouve la parade : c’est l’Afghanistan qui achète paraît-il : "An official at the Army Sustainment Command said that because the ammunition was for foreign weapons, and considered “nonstandard,it only had to fit in weapons it was intended for". “There is no specific testing request, and there is no age limit, when purchasing such munitions, Mr. Hutchison said, the Army Sustainment Command relies on standards from the “customer” — meaning the Army units in Afghanistan. And the customer, he said, did not set age or testing requirements. Du Pentagone, qui a pourtant signé le contrat, on passe par un bout de baguette magique au régime d’Amid Karzaï, jugé donc incompétent sur la sécurité de ses approvisionnements. La duplicité américaine est sidérante. Et l’avocat de Diveroli, Howard Srebnick, adroit : c’est de lui avant tout que vient cette idée lumineuse.
A moins qu’un autre phénomène embarrassant ne soit intervenu entre-temps, qui grippe tout le processus... Le 6 mars 2008, vingt jours avant la parution de l’article du NYT, Victor Bout, dont les avions remplis de munitions font des rotations à Rinas... est emprisonné en Thaïlande. Il faut trouver à la hâte d’autres transporteurs. Rinas est un ancien aérodrome russe, remis à neuf par... l’Otan, au prétexte de servir de pistes de rotation aux C-17 pour la crise humanitaire au Kosovo de 1999. "American military officials say their primary mission is to provide supplies to the hundreds of thousands of Kosovo refugees in remote camps in Albania. But advance teams from the United States Army were beginning to work on preparations to receive 24 Apache helicopters. They are expected to fly missions against Serbian forces, either from the airport or from a nearby location, officers said." Ils ne sont pas les seuls à l’avoir utilisé : "also today, a French commando team on a rescue mission landed two Puma helicopters in a remote area of northern Albania where members of the Kosovo Liberation Army are believed to have set up camp."
Entre-temps, en plus, une partie du stock principal albanais est partie en fumée... le samedi 15 février, en effet, le gigantesque dépôt de Gerdec se volatilise, tuant 27 personnes et en blessant plus de 400 en détruisant 400 maisons alentour... Il brûlera et explosera pendant 14 heures. L’Etat albanais réagira à sa façon : trois mois après, on apprend que les blessés et les personnes sans maisons se sont mis en grève de la faim, ne voyant toujours venir aucune aide... on a empoché les bénéfices des ventes d’armes illicites, mais on est bien incapable de reverser le moindre lek à la communauté ! Pays de forbans ! Chez Southern Ammunition, on colmate et on fait celui qui n’est plus là alors que le FBI est déjà sur place : "Southern Ammunition president Patrick Henry says federal agents were only looking for background information as the FBI investigates the explosion and possible corruption of illegal arms sales. Henry says Southern Ammunition subcontracted much of its work to help take apart small-caliber ammunition from the 1950s at the depot. Henry says all his workers were home by December, three months before the explosion"... Mais l’étau se resserre nous dit le Sun : "here is no indication that Southern Ammunition Co. Inc., which operates out of a nondescript building in Loris, has done anything illegal. But an FBI inquiry into a series of deadly explosions this month at an Albanian munitions depot has shed light on the murky network of private businesses that buy, sell and dismantle aging stockpiles of weapons in former communist nations. Southern Ammunition is one of those companies. It has been around for more than a decade, operating at a 19-acre site off U.S. 701, but likely has flown under the radar of most Horry County residents. Southern Ammunition sells a variety of commercial, surplus military and restricted ammunition, according to its Web site, which also touts the company’s status as a Foreign Trade Zone. That status allows firearms dealers to import foreign-made machine guns to Loris, where the weapons can be modified and resold in the United States". Bref, ça sent déjà le roussi. A tous les niveaux, y compris au niveau juridique avec l’étrange statut de zone franche réservée à un importateur d’armes...
Et même la procureure générale albanaise, Ina Rama, qui fait plutôt bien son travail et qui décide d’inculper tout le monde dès le 9 mars 2008, dans l’enquête sur le dépôt de Gerdec, ne produisant un véritable réquisitoire dévastateur contre l’ensemble de la clique entrevue. En citant les dépositions sans appel de Trebricka sur l’affaire : "In my possession is a copy of an email from Kosta Trebicka that provides an outline of the events related to this matter. I also have copies of emails between Trebicka and AEY President Diveroli and there is a copy of a May 9 email from Meico Director Pinari to AEY about an ammunition pickup at Rinas Airport that is also copied to Evdin and Trebicka, thereby establishing a link to Evdin. Also available are copies of supporting documents I received from Trebicka including a contract between AEY and Xhoi (Trebicka’s company), a USG purchase order to AEY and a transcript of what Trebicka represents is a telephone conversation between Diveroli and him. I have sound files of the Diveroli-Trebicka conversation, and I can confirm that it is Trebicka’s voice on the recording ; however, I cannot verify Diveroli’s voice, but this can be easily resolved. Among the statements alleged to have been made by Diveroli during this conversation : “Pinari is either a mafia guy or working for the mafia”. Les affirmations de la procureure sont en un premier temps démenties par l’ambassadeur américain à Tirana "l’ambassade des États-Unis à Tirana a nié lundi le 17 mars que Washington finançait le démantèlement de munitions dans un dépôt". Mais sa position s’avère intenable avec la présence sur place de Southern Ammunitions... et l’arrivée sur place du FBI le lendemain même de l’explosion.
Des Américains sont impliqués, des sociétés américaines de ventes d’armes ayant pignon sur rue liées à des trafiquants notoires, un ambassadeur mouillé, des trafiquants à double nationalité... et c’est largement suffisant pour qu’on commence à jaser sérieusement au Congrès. Le scandale, jusqu’ici étouffé, menace les plus hautes autorités du pays, en raison des révélations terribles de Trebicka. Un Trebricka qui a mis des biscuits de côté avec ses enregistrements téléphoniques, et qui estime bénéficier de la protection de la plus haute autorité du pays pour services rendus... au fils du Premier ministre. L’homme est devenu un des hommes-clés de ce trafic, il le sait, et choisit de tout dire à la presse. Signant ainsi sans nul doute son arrêt de mort... Entre-temps, Efraïm Diveroli a été arrêté une nouvelle fois à Miami pour "violence domestique" sur sa compagne du moment. Aux policiers médusés venus l’arrêter, il avait alors déclaré : "My business is currently of great importance to the country as I am licensed Defense Contractor to the United States Government in the fight against terrorism in Iraq and I am doing my very best to provide our troops with all their equipment needs on pending critical contracts." Un gamin de 22 ans violent qui se targue de participer à la lutte contre le terrorisme mondial, ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette histoire...
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