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Collège : Avançons ! Appel de l’association Ecole, changer de cap

Le Collège est le niveau le plus malade de l’institution scolaire. Il est indispensable de le faire évoluer sans tarder. Le « Collège version 2016 » introduit un ensemble d’aspects favorables qui ont été testés avec intérêt et efficacité depuis plus de trente ans dans divers établissements, en France et à l’étranger. 

Cette réforme du collège, qui entre en vigueur en cette rentrée, accorde une marge d’autonomie accrue aux établissements pour mieux répondre aux besoins de leurs élèves. Les équipes pédagogiques disposent d’une plus grande marge de manœuvre. D’autres dispositifs favorables sont également cités : l’accompagnement personnalisé des élèves, des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), des groupes à effectifs réduits, la différenciation pédagogique, la pédagogie de projet ou encore les usages pédagogiques du numérique. Autant d’éléments favorables pour faire bouger les lignes dans la direction souhaitable.

De plus, le nouveau Socle commun de connaissances, de compé́tences et de culture qui prend date également à cette rentrée met enfin au programme de l’école obligatoire « les méthodes et outils pour apprendre » (domaine 2). Cet objectif est bienvenu et peut amorcer un « vrai » changement… L’école fait un grand pas pour le bénéfice des élèves quand elle ne limite plus ses programmes aux seuls contenus notionnels.

 

Alors pourquoi autant de réactions dans les médias et une grève des enseignants. Certes, il en est toujours ainsi en matière de transformation du système scolaire. Les conservatismes de tous bords, associés aux corporatismes, ont saboté les diverses tentatives pour faire évoluer l’institution scolaire : le plan Langevin Wallon, la réforme Legrand-Savary issue de la grande expérience des « collèges expérimentaux », le collège unique voulu par René Haby entre autres. Et nous voyons actuellement comment ses opposants déversent des torrents de mensonges éhontés pour discréditer la réforme aux yeux du public. Ce qu'ils attendent : c'est son abrogation par le prochain gouvernement.

Et parce que nous sommes attachés aux ouvertures que devrait permettre la réforme en cours, nous insistons pour que soient mises en œuvre les conditions de sa réussite et non son abrogation. Et celles-ci reposent avant tout sur une réforme de la gouvernance comme de la formation des enseignants. Car elle comporte aussi des aspects problématiques. Depuis 50 ans, les ministres décrètent « d’en haut » des réformes, sans tirer partie des innovations précédentes. Pressés de laisser leur nom, ils imposent sans préparation, sans formation, des transformations qui sont aussitôt oubliées par le ministre suivant ! Pas évident de mettre en place des activités interdisciplinaires quand les professeurs ne sont pas préparés à travailler en équipe, quand ils sont recrutés sur des critères académiques disciplinaires. Délicat de faire un suivi personnalisé quand on n’a aucune connaissance sur les conceptions mentales des divers élèves. Impossible d’apprendre à apprendre à un élève en difficulté quand on a été un « bon » élève et qu’on n’a jamais travaillé sur les diverses difficultés rencontrées par un élève d’un milieu moins favorable. Et que dire de l’autonomie des établissements quand leurs cadres ont reçu une culture hiérarchique !

Ces insuffisances, héritées de notre longue histoire scolaire, sont appelées à évoluer, non par une opposition frontale faite de refus mais grâce au travail patient qui se fait déjà à la base et que nos collectifs soutiennent car il redonne à nos jeunes le désir d’apprendre. C’est la réflexion sur les exigences d’un collège pour les jeunes d’aujourd’hui[i], mais non un retour en arrière, qui permettra à la nécessaire réforme en cours de ne pas s’enliser à mi-course. C’est la volonté d’agir qui anime les signataires de cet appel.

 

Pour contact/Information ou envoyer votre signature…

Maridjo Graner, Ecole changer de cap, <[email protected]>

 

Premiers signataires

André Giordan

Maridjo Graner

Georges Hervé

Edgar Morin

Marie-Françoise Bonicel

Vincent Roussel

Alain Sotto

Marc Héber-Suffrin

Claire Héber-Suffrin

Brigitte Prot

Jean-Charles Léon

Bernard Gouze

Danielle Coles

Dominique Desmorat

 

[i] E. Morin, Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, UNESCO, 2000

A. Giordan, S. Saltet, Changer le collège c’est possible, Playbac, 2010

A. Giordan, Une autre école pour nos enfants ? Delagrave, 2002

A. Tarpinian et coll., Ecole changer de cap. Contributions à une éducation humanisante, Chronique sociale, 2013

L. Legrand, Pour un collège démocratique : rapport au ministre de l' Éducation nationale, Documentation Française, 1982.

 


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15 réactions à cet article    


  • jef88 jef88 10 septembre 2016 11:53

    Aménager le collège ?
    pourquoi pas ? ? ? ? ?
    MAIS :
    il faudrait avant remonter le niveau du primaire .......
    Savoir correctement lire et écrire à la fin du cours élémentaire est élémentaire !
    Mais des jeunes qui n’ont pas ces connaissances en 6ème, cela ne choque personne ...
    AAAAAAAHHHHH ! oui ! le primaire doit être (avant tout) ludique ......


    • Citoyen38 (---.---.223.120) 10 septembre 2016 14:31

      Non, cette réforme est mauvaise :
      - L’interdisciplinarité n’existe que sur le papier, le concepte aurait pu aller jusqu’au bout en plaçant 2 enseignants sur la même plage horaire... Sauf que faute de moyens, chacun fera comme avant sur ses heures de cours, avec une contrainte supplémentaire qui est de se mettre d’accord sur un thème commun avec plusieurs collègues. Aucun moyen n’est dégagé pour permettre aux équipes de se réunir, ni financier, ni dans l’emploi du temps, donc ça tombe à l’eau...
      - les élèves en difficultés souffres du trop grand nombre de matières, la on rajoute en 5 ème une langue au lieu de renforcer le Français et la première langue déjà en place..... En échange on réduit la présence de nos élèves à 26 heures maxi.
      - On supprime les heures d’aide personnalisée, pour les intégrer dans nos heures de cours sans rajouter d’heure. Sachant que moins d’heure égale moins d’apprentissage.... C’est une belle révolution.
      - Les programmes ont été allégés et construit suivant un mode spiralaire, en gros on répétera tous les ans les mêmes compétences avec une difficulté augmentée, tout ça pour supprimer le redoublement.... Oú est l’innovation ?. Bref c’est une énième réforme qui n’apportera pas grand chose qui réduit le niveau d’exigence et démotive les enseignants.....Surtout elle permet des économies de postes par la réduction horaire. Une bonne réforme aurait été simplement d’accepter que nous ne sommes pas tous fait pour des études et que la formation professionnelle devrait être proposée dès la cinquième pour ne pas être dégoûté et surtout ne pas perdre du temps... Cette réforme est indéfendable, sauf si on y comprends rien, ce qui est le cas lorsqu’on est pas dans le métier...


      • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 10 septembre 2016 16:35

        Michel Onfray : « l’Éducation nationale fabrique un quart d’illettré »
        Et la réforme actuelle va augmenter ce pourcentage.


        • Allexandre 10 septembre 2016 18:33

          @Gilles Mérivac
          Bonsoir,


          Je crains que vous n’ayez qu’une vision tronquée de cette réforme. Admettons qu’il existe dans cette dernière quelques aspects novateurs et intéressants. Le problème est que les réformes successives n’ont jamais été suivies de moyens réels pour les mettre en pratique. Des classes surchargées, dans lesquelles l’ aide personnalisée est une belle illusion. L’interdisciplinarité, le sésame dont on nous rabat les oreilles depuis 35 ans sans jamais y accéder vraiment. Pour mener à bien ce genre de réforme, il faudrait davantage d’heures dans certaines matières fondamentales. Le Français et l’Histoire-Géo sont déjà devenues des peaux de chagrin, à un moment ou la connaissance littéraire et historique seraient cruciales. Nos jeunes n’auront quasiment aucune connaissance intelligente en Histoire, base d’une réflexion et d’un esprit critique sur le passé. Vous êtes-vous demandé pourquoi ? Au lycée, ce n’est guère mieux. Je vous rappelle que dans toutes les dictatures, philo et histoire étaient les disciplines sous haute surveillance. Pourquoi ? Le drame, c’est qu’il en est de même dans nos prétendues démocraties. La philo ne concerne que la terminale qui se doit de bachoter : pour le temps de la réflexion et de la critique, vous repasserez. Quant à l’histoire, elle est devenue, comme le bac, une mascarade scandaleuse.
          Tout ça avec des élèves qui, le plus souvent, arrivent du primaire en sachant à peine lire et écrire. Quand des élèves, de la 6ème à la terminale, sont capables de confondre le pluriel des verbes et celui des noms communs, il y a péril en la demeure. Alors votre enthousiasme est louable, mais peu représentatif d’une réalité qu’il faut être sur le terrain pour la saisir.


        • Christian Labrune Christian Labrune 11 septembre 2016 00:18

          à l’auteur,

          J’aime beaucoup faire usage de l’ironie et j’apprécie tout autant d’être surpris par celle qui vient des autres, mais là, je trouve que c’est un peu raté, ça manque d’imagination et c’est tout à fait dépourvu de relief.
          Ce n’est pas en reproduisant quelques stupidités bien connues de la secte des pédagogues, du genre « apprendre à apprendre », qu’on peut faire toucher du doigt à des gens qui seraient étrangers au système d’instruction publique français l’énormité du carnage qui s’y est opéré depuis une trentaine d’années.

          Vous reproduisez pour vous en moquer - et certes, on ne saurait vous le reprocher !-, un certain nombre de « concepts » d’une imbécillité absolue, du genre « pédagogie de projet », « compétences », « méthodes et outils pour apprendre », mais pour ceux qui n’ont jamais enseigné, qui n’ont jamais été confrontés à ces baudruches pleines de vent, flatulences de plusieurs ministères successifs, ça ne parle pas, c’est juste un peu déroutant et peut-être même intimidant, comme peuvent l’être pour des gens qui n’ont pas une grande culture philosophique les fabrications monstrueuses et grotesques du verbiage heideggerien.

          Vous ne faites pas voir ce qu’auront été les conséquences de ces pseudo-réformes depuis le milieu des années 80, ni comment les professeurs munis d’un cerveau se seront arraché les cheveux pour essayer , confrontés à la tyrannie de la Bêtise, et dans un contexte effroyablement débilitant, de continuer à essayer de transmettre quelque chose. Quand on avait obtenu le certificat d’études entre les deux guerre, on savait à peu près lire, écrire et compter. Il s’en faut bien, après qu’on a « appris à apprendre », aujourd’hui, qu’on en soit là. On peut tout aussi bien être titulaire d’un baccalauréat et parfaitement illettré - stricto sensu ! Si l’évolution se poursuit, dans fort peu d’années, des analphabètes entreront sans difficulté dans les universités, pour quelques mois.

          Bref, on croirait presque lire une brochure de la pédagogie orthodoxe du CNDP ou un résumé des pages les plus comiques d’un Philippe Meirieu. Tout cela est d’une idiotie manifeste, certes, mais à condition d’être du sérail et d’avoir été, en tant qu’enseignant, aux premières loges du théâtre où se jouait une atroce tragédie qui aurait pu s’intituler « Le massacre des innocents ». Je gagerais qu’un lecteur ordinaire ne verrait aucune ironie dans votre propos, et les plus naïfs risqueraient même de prendre ça, comme on dit, au premier degré.

          Ce que vous voudriez dénoncer, en fait, c’est cette énorme stupidité que les « pédagogues » n’ont pas encore osé dire : qu’ il faudrait reformuler ainsi le premier article de la Déclaration des droits de l’homme : « Les hommes naissent libres, égaux en droits, et bacheliers(*) ». Que de souffrances épargnées à tant de malheureux, quand on en sera enfin arrivé là !

          (*) bacheliers dans un premier temps, mais rien n’empêche qu’on puisse aussi bien trouver dans son berceau, à côté du biberon, une licence ou un doctorat ! On n’arrête pas le progrès, et ce sera pour plus tard.


          • Christian Labrune Christian Labrune 11 septembre 2016 00:42

            Je relisait l’article, à l’instant, et peut-être parce que j’ai beaucoup écrit hier à propos d’un autre texte qui traitait de l’islam, une sorte d’évidence me saute aux yeux  : entre la secte des pédagogues, qui est violemment dénoncée dans cet article, et l’obscurantisme des salafistes, je vois mille ressemblances. Même régression intellectuelle, même croyance idiote en je ne sais quel paradis à portée de main. Les jihadistes pensent qu’après avoir actionné leur ceinture explosive ils seront au milieu des soixante-douze catins, et les pédagogues pensent tout aussi bien qu’en actionnant leurs « méthodes » imbéciles ils vont réaliser des miracles et répandre partout et facilement les lumières. A cet obscurantisme bête et satisfait, il faut ajouter la prétention totalitaire et le fanatisme. Tout cela, c’est le meilleur moyen qu’on ait jamais trouvé pour détruire une nation et sa culture. En tout cas, si les établissements scolaires, durant ces trente dernières années, n’étaient pas devenus des « lieux de vie » théâtres d’un véritable et très réel suicide collectif de l’intellect, où des pédagogues ont abondamment servi le jus d’orange au cyanure de je ne sais plus quelle secte il y a déjà longtemps, nous aurions très certainement beaucoup moins de salafistes en France aujourd’hui.


            • fred.foyn 11 septembre 2016 08:12

              cet article est une honte pour l’EN et les Français...De la propagande made in Maroco..

              Vous touchez le fond et combien pour écrire cette merde ?

              • Christian Labrune Christian Labrune 11 septembre 2016 10:38

                cet article est une honte pour l’EN et les Français...De la propagande made in Maroco..

                @fred.foyn

                C’est bien ce que je pensais ! Votre réaction justifie les petites critiques que je faisais juste au-dessus. Vous prenez pour argent comptant ce qui n’était qu’un pastiche se voulant ironique des formules ordinairement proposées par cette secte des assassins qui aura en peu d’années complètement détruit le système d’instruction publique français. Tout ce qu’on peut reprocher à cet article, c’est de présupposer que tout le monde soit suffisamment informé d’un monstrueux crime contre l’intelligence qui aura déjà condamné à la nullité plus d’une génération, pour se taper sur le ventre et se tordre de rire à l’évocation de tant de « concepts » dignes de Vadius et de Trissotin. Beaucoup ne riront pas comme à la comédie, et ne pleureront pas plus parce qu’lls ne comprendront pas que ce qui s’est joué sur trente années, c’est une tragédie. Peut-on reprocher à des parents d’élèves, quand on leur raconte à tout propos que « le niveau monte », eux qui n’ont pas tous la capacité d’en juger, de croire naïvement à une bonne nouvelle qui les flatte ? Le communisme, qui est responsable de dizaines de millions de morts en moins d’un siècle, ne proposait rien moins que le paradis sur terre. Beaucoup y auront cru longtemps dur comme fer, jusqu’à Pol Pot.

                Quand vous parlez de « propagande made in Maroco », je vois très bien à quoi vous faites allusion et vous avez mille fois raison. Je comparais dans ma seconde intervention la secte des pédagogues aux salafistes ; certains diront peut-être que j’exagère. Eh bien, à ceux-là je conseille de regarder un peu attentivement cette petite vidéo :
                 https://www.youtube.com/watch?v=hFG73nUMag4
                Nous y voyons une Ministre de l’Education nationale confrontée à des salafistes à qui on demande de désavouer les derniers attentats. Le gros lard interpellé, visiblement nourri au biberon d’Al-Jazeera par les lourdes mixtures d’un Qaradâwî, refuse de se prononcer. Un ministre digne de ce nom, face à un obscurantisme obstiné et qu’il a pour première fonction de combattre, éclaterait immédiatement, ferait voir la plus saine colère, et quitterait immédiatement l’espèce de coupe-gorge où des journalistes pervers l’avaient entraîné.
                Que fait la jeune potiche ? Elle se contente de dire que cela ne correspond pas à son « opinion ». Mais dans une démocratie vérolée par le relativisme, toutes les opinions se valent bien, n’est-ce-pas ? L’obscurantisme des « pédagogues » aussi bien que celui du salafiste de service doivent bien pouvoir y trouver leur place. Le terroriste qui massacre au nom d’Allah, pourquoi n’aurait-il pas le droit de vivre lui aussi, comme tout le monde, et d’exercer librement ses petits talents ?
                On en est là, et j’approuve pleinement cet article férocement dénonciateur. Tout ce que je lui reproche, c’est de n’être pas suffisamment explicite, et de faire trop confiance au sens critique et à l’intelligence des lecteurs.


              • Vipère Vipère 11 septembre 2016 22:28

                @fred.foyn


                MERCI DE SOUTENIR L’ASSOCIATION ECOLE CHANGER DE CAP
                   

                Collectif Ecole changer de cap, mis en ligne le 18 février 2014.

                MERCI de soutenir les actions de l’Association École changer de cap en lui faisant un don. Cliquez sur le lien ci-dessous pour réaliser un don sécurisé et bénéficier d’un reçu fiscal.


              • Vipère Vipère 11 septembre 2016 22:35

                @fred.foyn


                Présentation

                Martine DANI-BAYLE

                Dans un autre registre, mais avec la même veine d’interpellation que le « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel, ce livre en format de poche, de 96 pages, reprend et amplifie la Lettre ouverte du Collectif École changer de cap qui avait navigué avec un vif succès sur Internet, fin 2010. Élargie de dix à treize propositions, elle nous revient sur papier, enrichie des échanges fructueux qu’elle a suscités.

                Elle est notamment accompagnée du texte princeps d’Edgar Morin, les Sept Savoirs pour l’éducation du futur, et de l’interrogation d’Armen Tarpinian sur les finalités et les valeurs de l’école «  Le désir d’apprendre et la joie d’enseigner ». On y lira, signée du Collectif, la réflexion bien venue, intitulée Souffrances à l’école et conscience politique. L’arbre qui révèle la forêt... . Il nous présente également un large panorama de Ressources utiles qui démontre le riche terreau dans lequel ces propositions s’enracinent.

                Cette Lettre ouverte, nous dit Edgar Morin, « le facteur devrait la glisser dans la boîte aux lettres de toutes et de tous...notamment des jeunes et futurs enseignants... ». J’ai pu concrètement le constater : c’est un bonheur de la recevoir ! Le découragement qui parfois gagne par bouffées les formateurs-réformateurs de l’école, ici s’estompe : le regard sur les possibles de l’école se raffermit. Le diagnostic est pénétrant, les chemins indiqués praticables.

                Soulignons que ces propositions, pour fondamentales qu’elles soient, ne se veulent pas exhaustives, et s’inscrivent dans la complexité des facteurs en jeu. Ce qui appelle des transformations égalementnécessaires de structures et de fonctionnement de l’école comme celles proposées par l’Appel de Bobigny.

                Edgar Morin salue « la persévérance d’un travail de coopération – qui n’allait pas de soi . Il traduit l’expérience éprouvée de chercheurs et praticiens de terrain qui ont su confronter et synthétiser leurs apports théoriques et pratiques, et s’enrichir mutuellement. Cela grâce au fil anthropologique qui relie leurs recherches et pratiques : le désir de refonder l’humanisme à partir d’une réforme salutaire de la pensée et du savoir-être. »

                Alors, nous n’avons aucune excuse pour ne pas en prendre connaissance, si nous nous intéressons (et qui pourrait s’en dire indifférent ?) à l’avenir de l’école qui devra passer, comme ce Collectif nous le dit depuis plusieurs années, par un « changement de cap » Nous nous en sommes déjà fait l’écho enthousiaste (cf.École changer de cap. Contributions à une éducation humanisante, 2007). Allons-y donc vers cet avenir ! Nos enfants nous y invitent. Les politiques, comme nous toutes et tous, sommes clairement interpellés.

                Ce texte a paru dans les « Chemins de formation’’ n°16., octobre 2011. Et dans la revue  »Cultures et Sociétés", N° 20, octobre 2011 Éditions Téraèdre.




              • Christian Labrune Christian Labrune 12 septembre 2016 13:21

                Dans un autre registre, mais avec la même veine d’interpellation que le « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel, ce livre en format de poche, de 96 pages, reprend et amplifie la Lettre ouverte du Collectif École changer de cap
                ================================================

                @Vipère
                Merci pour cette précision. Hessel et Morin au secours de l’entreprise de destruction du système d’instruction publique français, on ne pouvait pouvait certes pas l’ignorer mais il était tout à fait opportun de le rappeler ici pour compléter ce que j’écrivais plus bas.

                Une ministre de l’Education nationale qui, à la télévision, juge que « l’opinion »’ des salafistes qui se refusent à dénoncer les attentats jihadistes n’est pas la sienne, mais se montre tolérante : toutes les opinions se valent, et un Stéphane Hessel gâteux au dernier degré qui osait déclarer dans la presse allemande - circonstance aggravante - les énormités que je reproduis ci-dessous, cela fait avec un Edgar Morin également antisionsite (et l’antisionisme est bien pire que l’antisémitisme), de très belles autorités sur lesquelles s’appuyer pour justifier une réforme destinée à décérébrer les jeunes.

                Voici ce qu’écrivait Hessel, ce con parfait :

                "Si je peux oser une comparaison audacieuse sur un sujet qui me touche, j’affirme ceci : l’occupation allemande était, si on la compare par exemple avec l’occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite d’éléments d’exception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol d’oeuvres d’art.« 

                Il aurait certes été bien difficile aux »exécutés« de la dernière guerre de donner leur avis sur le traitement qu’on leur avait fait subir., et je me demande s’il serait bien décent de ne pas »s’indigner« à la lecture des nombreuses plaques qu’on peut voir apposées désormais aux façades des écoles de Paris, qui font le décompte des enfants juifs déportés et qui ne sont jamais revenus.
                Peut-on »faire abstraction« de pareilles horreurs, et devra-t-on, »faire abstraction« aussi en France des méfaits dont la secte des pédagogues s’est rendue coupable ?

                Morin, qui aura longuement survécu à sa réputation, aura été complice, ces dernières années, de bien des prises de position carrément ignobles du vieux con indigné. »’La vieillesse est un naufrage", disait De Gaulle à propos d’un autre qui avait connu la même répugnante déchéance, mais la vieillesse n’excuse pas tout. Elle n’excuse pas en tout cas le comportement des gens qui sont dans la force de l’âge, ont encore une raison pour raisonner et préfèrent, pour des intérêts personnels immédiats et sordides, courber l’échine sous la dictature de la bêtise triomphante.. 
                 


              • philouie 12 septembre 2016 13:42

                @Christian Labrune
                Vous connaissez Gilad Atzmon ?
                Un juif qui a fuit Israel quand il a compris que ce que faisait Israel aux palestiniens, était du même niveau que ce qu’avaient fait les nazi aux juifs ?


              • Christian Labrune Christian Labrune 12 septembre 2016 18:01

                @philouie

                Si le Mossad, à vous en croire, est capable de tout, à votre place, je me demanderais s’il ne serait pas parvenu, sans même que vous vous en rendiez compte, à vous greffer une cervelle de moineau à la place de celle que vous aviez héritée de vos pauvres parents - que je plains bien sincèrement.


              • Christian Labrune Christian Labrune 11 septembre 2016 11:21

                la pédagogie de projet ou encore les usages pédagogiques du numérique.

                à l’auteur,
                Ah, le numérique ! Comme vous avez raison de souligner cela !
                Les spécialistes de l’informatique de la Silicon Valley, lesquels connaissent probablement un peu mieux l’informatique que la plupart des enseignants français, se gardent bien de mettre leurs enfants dans des écoles informatisées où on les induirait à développer, par rapport aux gadgets numériques qui envahissent notre quotidien, cette espèce de rapport magique qu’entretiennent les ignorants avec des objets miraculeux dont ils ne peuvent comprendre le fonctionnement. Avant de se servir d’un ordinateur ou d’une tablette, il vaut mieux avoir d’abord appris à écrire, à lire et à compter par les méthodes les plus éprouvées. Un moment viendra où on pourra communiquer en langage naturel avec la machine comme on le ferait avec un précepteur. Ca vient, mais on n’en est pas encore là.
                Je me souviens que dans les années 80, quatre ou cinq ans après l’apparition de l’Apple II, le Rectorat de Rouen s’était mis en tête d’obliger les enseignants à transmettre les notes du baccalauréat au moyen du Minitel. Il avait fallu convoquer tous ces braves fonctionnaires (ça avait dû couter fort cher !) qui ne comprenaient rien aux nouvelles technologies, pour une journée de « formation ». Déjà très familiarisé avec la programmation en assembleur, je n’y étais évidemment pas allé, mais une « formatrice » que j’avais rencontrée plus tard m’avait confié que, face aux consoles, la plupart des chers collègues étaient verts de peur. Désormais, ils ont tous dans leur poche un téléphone d’Apple, ils ne savent évidemment pas mieux comment ça marche, mais ils passeront des heures à tripoter le bidule durant le moindre trajet en métro.
                SI on veut rendre les gens intelligents, il faut leur donner les bases du calcul numérique, leur apprendre ce que c’est que l’architecture des processeurs et des machines, et il n’est même pas nécessaire d’avoir un écran devant soi pour comprendre ces choses. Sans cela, on ne fera que contribuer à améliorer un peu plus la « Fabrique du crétin », pour parler comme Brighelli qui sait très bien, lui, de quoi il parle.


                • Christian Labrune Christian Labrune 11 septembre 2016 21:58

                  "l’école a grandement sa place dans ce combat à mener. D’autant plus que ce sont des jeunes qui ont grandi sur ses bancs qui ont commis les derniers attentats. Ce sont des garçons et des filles des écoles françaises qui massacrent, égorgent, torturent en Syrie et en Irak.« 
                  =========================================
                  Ci-dessus, une phrase de notre auteur que je viens de trouver dans un article intitulé »Le djihadisme et... l’école« . publié aussi sur AgoraVox. Je ne l’avais jamais lu.
                  Eh bien oui, ce sont  »des garçons et des filles des écoles françaises qui massacrent« . C’est absolument incontestable, et il faut être immensément naïf et tout à fait ignorant de ce que l’école est devenue dans notre beau pays pour s’en étonner.
                  Et notre auteur d’ajouter un peu plus bas : »Comment se fait-il que des jeunes Français issus de l’école de la République soient sensibles à une telle idéologie ?« 
                  Si la situation n’était pas aussi tragique, on aurait envie de ricaner, parce que cette dérive vers le trop-plein chaotique du divertissement stérile qui remplace la culture jusque dans l’école, c’est l’équivalent exact du vide parfait, et il y a quand même plus de trente ans que nous sommes un certain nombre à dénoncer cela, à en décrire les conséquences prévisibles. Il n’y a pas trop de mérite à prévoir dans un pareil cas : il suffit d’avoir des yeux pour voir l’état des choses et de disposer d’un encéphale en état de rendre encore quelques services.

                   L’école de la République a cessé d’exister dès une loi-cadre socialiste datée des jours qui ont immédiatement précédé ou suivi (je n’ai pas le courage de vérifier) le bicentenaire du 14 juillet 89, et qui détruit, précisément, l’école que nous avons connue pour la remplacer ce que nous voyons actuellement : une multitude d’établissements qui sont autant de »lieux de vie« où l’on occupe les jeunes, où on les divertit, où on les amuse, où on prétend leur »apprendre à apprendre« pour dire pudiquement qu’on ne leur apprend plus rien, surtout dans les quartiers ou, précisément, se recrutent aujourd’hui les djihadistes. Autant de »lieux de vie« qui sont devenus des lieux de mort intellectuelle. On aura  »ouvert« l’école sur le monde’ (encore un slogan des plus ineptes) pour y faire entrer le bruit extérieur dépourvu de sens qui abrutit, empêche de penser et de s’initier à la compréhension de la complexité des choses.

                  Dans un système qui pose le »droit à la réussite« de chacun sans même faire comprendre qu’il n’y a pas de réussite sans travail et sans effort, où tout le monde au nom d’une conception dépravée de l’égalité aura désormais le droit d’être bachelier, le sens de l’émulation s’est depuis longtemps inversé. L’élève qui tâche de réussir est désormais un »bouffon« , c’est-à-dire un méprisable lèche-cul vite frappé d’ostracisme. Les jeunes sentent bien pourtant, mais très confusément, que les »pédagogues" les méprisent, achètent leur silence et leur très relative docilité par des faux diplômes qui ne leur serviront à rien, et il ne faut pas s’étonner dès lors que, peu formés à la réflexion, dégoûtés par un système scolaire mensonger, corrompu et corrupteur, ils puissent être séduits par la positivité imbécile mais immédiate d’un salafisme qui leur propose de donner libre cours à la violence qui les travaille avec, en prime, le paradis assuré s’ils advenait qu’ils en crèvent.
                  Tout cela est atroce.

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