Conséquences du démantèlement systématique de nos armées
Que nos concitoyens s’en aperçoivent ou pas, nous vivons dans un monde dangereux. Nos dirigeants admettent du bout des lèvres que nous sommes en guerre, et pourtant tout est fait pour que l’outil militaire ne puisse pas être en mesure de faire face à la menace.
S’il est bien connu que les Français ont la mémoire courte, il appartient aux historiens de rappeler quelques faits du passé qui pourraient servir à éviter des erreurs dramatiques dans un avenir proche.
Dans les années 1936,1937 et 1938, la Gauche a été au pouvoir en France, sous le gouvernement de Léon Blum. Ces années de Front Populaire ont été marquées entre autres, par une diminution drastique des différents budgets affectés à la Défense Nationale. On connaît la suite : un sursaut est intervenu, mais trop tard, et l’armée française n’était pas prête lorsque la guerre survint en 1939.
Deux effets sont à considérer : l’arrêt de l’implication de chaque citoyen dans la défense du pays ; les diminutions inacceptables des personnels et des crédits.
Par une décision du 28 mai 1996 le président de la République Jacques Chirac annonçait la fin du service militaire obligatoire, et le 27 juin 2001, le gouvernement de Lionel Jospin mettait fin par décret à la conscription.
Ce changement d’une institution qui datait de la Révolution française eut pour résultat un important changement dans la société. Jusqu’alors, le service militaire servait de creuset pour les jeunes Français. Tous, sans distinction de classe sociale, de couleur ou de religion, en donnant un an de leur vie servaient ainsi la Patrie. Il est à noter qu’à cette époque, il n’était pas question de communautarismes. Le service militaire, en mélangeant les hommes, leur apprenait à se connaître, à s’accepter, à s’estimer. La discipline, l’instruction, les efforts physiques créaient la cohésion. L’uniforme avait une fonction égalisatrice.
Or, l’on remarque que depuis la fin du Service National, non seulement l’armée a perdu ce lien avec la nation, puisque chaque jeune Français ne s’est plus senti concerné par la chose militaire, mais l’on a assisté à la naissance de communautarismes et d’intégrismes, qui n’existaient pas auparavant. Car qui apprend désormais à nos jeunes à aimer la Patrie ? Où apprennent-ils le respect, la discipline, le sens de l’honneur ? Qui leur enseigne le goût de l’effort et du dépassement de soit ? Voyait-on à l’époque du service militaire de jeunes Français brandir le drapeau algérien à la place du drapeau français, lors de rencontres sportives ?
Le deuxième effet concerne la saignée effectuée dans les personnels comme dans les crédits. Lors de la parution du Livre Blanc en 2008, il était prévu une réduction de 54000 hommes à réaliser sur cinq ans, et débutant dès l’année suivante. À l’heure actuelle, ce sont 80000 personnels qui ont été perdus pour la Défense Nationale, à l’heure où elle en a le plus besoin. L’armée de terre, comme d’habitude a payé le plus lourd tribut avec plus des deux tiers de ses effectifs touchés. L’armée de l’air est aussi à la peine avec la moitié de ses appareils perdus. Et quand on sait qu’une seule heure de vol nécessite 7 heures d’entretien au sol, on comprend la difficulté à aligner suffisamment d’appareils pour des missions opérationnelles. La Marine nationale n’échappe pas aux coupes budgétaires, avec un programme FREMM (Frégates Multi Missions) menacé de retard. Enfin, sur une période de sept années, le porte-avions Charles De Gaulle n’est pas opérationnel dix-huit mois, soit deux mois et demi par an.
Qui se soucie, dans notre pays, que la part du Produit Intérieur Brut consacrée à la Défense représente moins de 1,5% ? En 30 ans, cette part a été amputée de moitié, mais les missions opérationnelles extérieures ont, elles, augmenté. Comment peut-on prétendre assurer convenablement les missions dès lors que manquent les hommes et les finances ? Comment accepter que nos hommes des Forces Spéciales en soient arrivés au point de devoir acheter une partie de leur équipement avec leurs propres deniers ?
Nombre de politologues et d’historiens sont arrivés à la même conclusion : nous sommes, à l’intérieur en période pré-insurrectionnelle, et à l’extérieur nous sommes déjà en guerre. Ce n’est pas en rognant sur les effectifs et sur les budgets que notre pays sera en mesure de faire face à ces deux menaces. Pourtant à en croire nos hommes politiques qui nous gouvernent, la diminution des effectifs et des budgets ne grève en rien nos capacités militaires. C’est à se demander si nous habitons la même planète ! il est navrant de constater à quel point nos hommes politiques ne connaissent rien au fonctionnement de l’outil militaire.
Quelles solutions apporter ? Il n’est pas encore trop tard pour redresser le cap. Il faudrait voter des crédits exceptionnels pour la Défense. Ces milliards seraient facilement disponibles si l’on basculait les sommes consacrées aux immigrants non-européens sur les postes « personnels » et « armement » de la Défense.
En rétablissant par décret le service national à un an, le gouvernement ferait preuve à la fois de courage politique et de clairvoyance pour l’avenir. Sans compter que sur le strict plan économique, la réintroduction du service militaire serait profitable aux communes recevant les garnisons. Nous savons ce qu’a signifié pour leur économie ces communes qui se sont vues privées de leurs régiments. En outre, le chômage baisserait mathématiquement du fait de l’incorporation du contingent, et nous aurions une jeunesse réunie par un service militaire commun à tous, et qui réapprendrait sous les plis du drapeau les valeurs de la République.
Tout ceci nécessite du courage politique et une vision sur le long terme. Toutes ces choses dont sont dépourvues nos hommes politiques. Du moins pour le moment. Espérons pour la France qu’ils ne se réveillent pas trop tard.
Jf LOUVET
Historien
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