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Crépuscule des certitudes

C’est un ultime pavé de 700 pages qu’a lancé, dans la « mare des certitudes » du monde douillet de la science, l’anthropologue américain, anarchiste et anticapitaliste déclaré, David Graeber, juste à temps, avant de tirer sa révérence pour de bon le 2 septembre 2020.

« The Dawn of Everything, a New History of Humanity », c’est le fruit de 10 ans de conversations et de débats intenses avec l’archéologue britannique David Wengrow, co-auteur de l’oeuvre, sur les possibilités d’un regard historique nouveau sur les notions de démocratie, d’égalité et de liberté, s’inspirant de modes d’organisation ancestraux de la société, en puisant dans 200'000 ans d’histoire de l’espèce « Homo sapiens », et, en bousculant maintes idées reçues du monde académique, il faut bien le dire, à commencer par celles d’un des plus illustres savants des « Lumières », le genevois Jean-Jacques Rousseau et son précepte de la « bonté naturelle » de l’homme, corrompu par la société moderne, malgré lui.

Le chasseur-cueilleur, innocent et inculte par nature, incapable d’imaginer un quelconque modèle de société autre que le sien, serait, en se transformant en agriculteur vers l’an 9'000 avant notre ère, devenu progressivement victime de sa propre cupidité, par le fait d’associer son nouveau mode de production à la notion, nouvelle également, de propriété. Ainsi, seule une distribution plus équitable de celle-ci amenuiserait quelque peu les inégalités, provoquées par la simple force des choses et de façon naturelle.

 A l’autre bout de l’échiquier idéologique on trouve son ancêtre, le philosophe anglais, Thomas Hobbes, le néolibéral si l’on puit dire, adepte de la compétition, imprégné, lui, par son époque, une période dans l’histoire anglaise marquée par de violentes guerres civiles, convaincu que l’homme est foncièrement mauvais (L’homme est un loup pour l’homme, Homo homini lupus est) et, de ce fait, a besoin qu’on le corsète dans une structure sociale autoritaire, une monarchie ou tout autre organisme étatique, sous la protection duquel il se rendra volontiers, tant il craint sa propre mort.

Les Lumières », nous enseigne l’encyclopédie numérique Wikipedia, « sont un mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel qui émerge dans la seconde moitié du XVIIème siècle en France et en Angleterre, avant de se développer ensuite dans le reste de l’Europe ». On y apprend également que « par leur engagement contre les oppressions religieuses et politiques, les membres de ce mouvement se voyaient comme une élite avancée, oeuvrant pour le progrès dans le monde. » 

Et, le philosophe Voltaire, pour sa part, de résumer la chose à sa façon, lapidaire : « L’esprit d’une nation réside toujours dans le petit nombre, qui fait travailler le grand, est nourri par lui, et le gouverne », un précepte, à l’opposé de celui du chasseur-cueilleur Kondiaronk (1), un guerrier et diplomate, chef de la tribu amérindienne des Huron-Wendat, établis dans ce qui est aujourd’hui la province canadienne d’Ontario, mort quand François-Marie Arouet avait sept ans. 

Dans une interview avec la production audiovisuelle d’actualité américaine « Democracy Now », le co-auteur et archéologue britannique David Wengrow nous livre le fond de sa pensée, et, sans doute, celui de son compagnon feu David Graeber (2). Une chose est sûre, le travail fourni par le duo britannico-américain met en lumière toute une série d’omissions et lacunes du monde académique moderne.

En effet, les rencontres entre intellectuels des tribus amérindiens, dont le chef des Huron-Wendat, Kondiaronk, et les premiers colons européens, français en l’occurrence, pendant la deuxième moitié du XVIIème siècle, furent cruciales pour le mouvement intellectuel qui allait devenir le siècle des Lumières.

Il se trouve qu’en 1753, 36 ans avant la Révolution de la « roture dorée » du Tiers Etat (Henri Guillemin), l’Académie française, fondée en 1634, organisa un concours académique de rédaction sur le thème de « l'origine de l'inégalité sociale », une notion totalement étrangère aux peuples amérindiens de l’époque, ce qui pourrait suggérer que l’Académie était consciente que les choses pouvaient être différentes ailleurs, où des sociétés entières étaient organisées sur le principe de la liberté sociale, l’entraide mutuelle, la condition sine qua non pour la liberté individuelle.

Ce n’était donc pas un hasard que le chef Kondiaronk se faisait régulièrement inviter par le gouverneur français de l’époque à participer à des banquets qui réunissaient des dignitaires européens pour débattre de sujets aussi divers que le christianisme, les coutumes et traditions du mariage, le rôle de l’argent dans la société, et le concept de la liberté politique.

Etant donnée que toutes ces conversations faisaient l’objet de procès-verbaux, il est d’autant plus étonnant que leur contenu soit aujourd’hui largement absent des récits historiques, malgré des rappels insistants d’un éminent connaisseur de la matière, l’historien Georges Sioui, lui-même descendant de la nation des Huron-Wendat.

Serait-ce dû à la critique acerbe que le chef amérindien formulait à l’égard de la société européenne qu’il considérait comme irresponsable ? Il critiquait notamment le statut de la femme, l’obsession avec l’argent et le statut de pouvoir que celui-ci procure, la pauvreté endémique, le « sans-abrisme », déjà largement répandu dans les grandes agglomérations, l’état constant de compétition toujours à la recherche d’un statut social plus élevé, une notion totalement absente dans la société Iroquoise.

Si un chef des Huron-Wendat voulait rallier son peuple autour d’un projet, il ne s’y prenait pas avec des moyens coercitifs, mais par la persuasion, précédant de longs débats publics, finissant par aboutir à un consensus. Personne ne conteste actuellement que l’Europe avait adopté des coutumes culturelles des amérindiens telles que la fumée ou la consommation de boissons caféinées, mais, pour des raisons inconnues, la question, si en dehors de ces aspects sociétaux, la société européenne avait également adopté des concepts sociaux des amérindiens, n’a jamais été abordé par les historiens, car, en effet, les idées de Kandieronk ont profondément influencé la culture européenne de l’époque.

Toujours est-il, plutôt que de se contenter d’un seul modèle de société comme le fait la société européenne depuis plusieurs siècles, dans les communautés des chasseurs-cueilleurs, dont certains pratiquaient également l’agriculture, les expérimentations furent fréquentes et monnaie courante.

Certaines d’entre elles, telles les peuples autochtones des pleines canadiennes, alternaient leurs systèmes sociaux au gré des saisons. Lors de la grande migration saisonnière des troupeaux de bisons, marquant le début de la période de chasse, l’organisation de la société amérindienne se transforma en une forme autoritaire qu’on pourrait appeler « état », avec son pouvoir coercitif, avec une police et des unités militarisées. Les contrevenants aux règles pouvaient finir en prison ou même être exécutés, le but ayant été de garantir une période de chasse sans incidents, afin de pouvoir retourner rapidement au stade anarchiste habituel, après le rituel cérémoniel de la Danse du Soleil, s’éparpillant sur un territoire plus ou moins large, en formant de nombreuses petites communautés.

Ce système permettait également une rotation constante des pouvoirs coercitifs, de telle manière que l’année suivante l’ancien détenu pouvait très bien se trouver dans le rôle du policier face à son ancien bourreau. Ceci valait également pour les dirigeants dont la durée de leur mandat était limitée dans le temps.

On pourrait citer un dernier exemple. La gestion durable des centres urbains, une évidence pour de nombreuses civilisations ancestrales qui géraient des mégapoles, s’appuyant sur un appareil bureaucratique restreint, en décentralisant un maximum les centres de décision.

Pour résumer, David Wengrow soulève une simple question. Est-ce que notre modèle de société est en mesure de venir à bout des problèmes qui nous pendent au nez ? Inégalités croissantes et perte des libertés fondamentales, préservation de l’écosystème ? Les solutions se trouvent peut-être dans une analyse plus rigoureuse sans préjugés de notre passé.

« Au Commencement était…, une Nouvelle Histoire de l’Humanité », un livre de chevet à recommander, en guise de réplique anarchiste et anticapitaliste à la « Grande réinitialisation », proposée par une célèbre fondation à but non lucratif, ouvrage suivi d’ailleurs au mois de janvier de cette année, par son petit frère, l’argumentaire, « Le grand narratif, pour un avenir meilleur ».

 

  1. Kondiaronk — Wikipédia (wikipedia.org)
  2. “The Dawn of Everything” : David Wengrow & the Late David Graeber On a New History of Humanity - YouTube

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46 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 19 février 2022 12:03

    Et si l’on commençait par s’interroger sur les causes de structures sociales différentes chez les chimpanzés vs les bonobos ?

    le « merdier » est bien plus ancien que sapiens sapiens !


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 février 2022 18:33

      @Gégène

      Non, le Moyen-Age était très bien déjà. Tout s’est gâté à partir de la Renaissance avec la progressive institutionnalisation de l’usure qui a donné le capitalisme et la société mortifère et moribonde où nous sommes.

      Merci à l’auteur. Excellente présentation qui donne envie de lire l’ouvrage.


    • Gégène Gégène 19 février 2022 18:45

      @Luc-Laurent Salvador

      et ça, par exemple ?

       https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_chimpanz%C3%A9s_de_Gombe


    • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 19 février 2022 20:51

      @Luc-Laurent Salvador

      Bonsoir, je vois la même chose également...bien sur en rapport avec des lectures de livres et vision de conférences, comme de vidéo et aussi l’indispensable intuition..société moribonde, tout à fait , c’est un suicide...
      les lumières lucifériennes n’ont rien vaincu ni dompté et vivent dans un imaginaire qui n’existe nulle part, ceci donne entre autre le scientisme qui est de croire l’imaginaire comme étant des faits prouvés, il suffit de le dire et c’est un fait ...quelle dégénérescence mes aïeux, c’est biblique..

      salutations. et respects..


    • Ecométa Ecométa 19 février 2022 20:47

      « L’homme serait un loup pour l’homme » : à Wall-Street sans aucun doute ; comme dans le monde politique, dans celui des Hauts-fonctionnaires, de l’affairisme  !

      Ces « Elites zélotes » et leurs affidés « politichiens » tellement leur cynisme est grand, sont des loups pour le reste de l’humanité dont ils se repaissent goulument ! 

      Généralement il y a bien plus d’Humanité, d’Ethique et d’Altérité, d’envi et de besoin de « Démocratie » chez Monsieur et Madame Toulemonde que chez toute cette clique de dirigeants en tout genre : économique et politique qui se réunissent tous les ans au Forum Economique Mondial de Davos ! 

      Selon eux, en 2030, tout vous sera loué et vous serez heureux quand même ! Il y aura bien des propriétaires, forcément, mais ce seront les FIRMES qui feront leur beurre ! 

      Imaginez le pire en terme d’inhumanité : vous ne serez pas loin de la réalité !

      Que penser d’un monde où des scientifiques « scientistes », avec le « transhumanisme », entendent faire des humains des « quasi-machine » obéissant au doigt et à l’œil ; et de l’autre, aussi des Scientifiques scientistes, mais d’un autre genre, qui, avec l’intelligence artificielle, entendent faire des machine des « quasi-humains » ! 

      Epiphénoménologique dans ses approches et paroxysmique dans ses applications, ce monde moderne au modernisme, paroxysme de modernité et plus simple modernité ; ce monde est savamment et délibérément malade !


      • Areole Areole 19 février 2022 22:45

        « La gestion durable des centres urbains, une évidence pour de nombreuses civilisations ancestrales qui géraient des mégapoles, s’appuyant sur un appareil bureaucratique restreint, en décentralisant un maximum les centres de décision. »

        Mouais.... Il va falloir que j’achète le livre pour connaître la validité de cette affirmation ?

        Bon, je vais plutôt en rester à ma vision d’une joyeuse organisation bordélique des mégapoles ancestrales...En attendant tranquillement le Grand Reset.



        • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 19 février 2022 22:53

          Je suis justement en train de lire le nouveau libre d’Emmanuel Todd et il y a une bonne partie consacré aux Amérindiens d’Amérique du Nord. On y apprend des choses étonnantes sur leurs innovations d’organisations en société qui ressemble à ce que vous décrivez dans ce texte. 

          Les chasseurs cueilleurs d’Amérique du Nord sont aujourd’hui considérés comme les peuples ayant eu les systèmes familiaux les plus simples et les plus conservés de la famille nucléaire car vivant sur un territoire à l’écart des innovations patrilinéaires majeur de l’Eurasie et mineur de l’Amérique Centrale suite à l’invention de l’agriculture.

          Ils étaient finalement très proche des systèmes familiaux de l’Europe de l’Ouest, notamment de la famille nucléaire égalitaire du Bassin Parisien. Ce qui explique certainement les bonnes relations entre les Amérindiens et les Français pendant les 2 siècles de cohabitation.

          La quasi disparition des Amérindiens d’Amérique du Nord et de leur modèles de sociétés est vraiment une tragédie et un véritable gâchis. Si ils étaient encore présents avec leur coutumes de nos jours, ils auraient donner une inspiration qui fait aujourd’hui cruellement défaut à ceux qui se battent désespérant contre le nouveau totalitarisme.  


          • Jonas Jonas 20 février 2022 01:59

            « Thomas Hobbes, le néolibéral si l’on puit dire, adepte de la compétition, imprégné, lui, par son époque, une période dans l’histoire anglaise marquée par de violentes guerres civiles, convaincu que l’homme est foncièrement mauvais...L’homme est un loup pour l’homme  »

            C’est le Péché Originel, la chute de l’homme. qui a toute sa vie pour trouver le Salut de son âme sur Terre en suivant le message du Christ.
            Croire que l’homme est naturellement bon est une erreur. Quelque soit l’époque, le type de société, le continent ou la religion, il y a toujours eu des guerres, des meurtres, de la jalousie, de la rancoeur, de la cupidité.

            « Le monde ne peut vous haïr ; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses oeuvres sont mauvaises. »
            Jean 7:7

            ------------------------------------------------

            « On y apprend également que « par leur engagement contre les oppressions religieuses et politiques, les membres de ce mouvement (les Lumières) se voyaient comme une élite avancée, oeuvrant pour le progrès dans le monde. » »

            Les philosophes des Lumière n’avaient rien d’idyllique, Voltaire par exemple traitait le peuple de façon vulgaire, c’était un vrai raciste et un antisémite obsessionnel qui prêchait la haine de la race juive.


            • simir simir 20 février 2022 18:03

              @Jonas

              Voltaire n’est pas antisémite  : l’antisémitisme se fonde sur l’idée de « race ». C’est une invention de la fin du XIXe siècle.
              Voltaire ne connaît absolument pas cette notion de « race » à son époque.
               

              En revanche, Voltaire est anti-juif, anti-chrétien, anti-musulman  : son point de vue est religieux. Il s’attaque violemment à la Bible, et quand il parle du « peuple juif », des Juifs, il désigne le « peuple de la Bible », le « peuple élu », les Juifs de l’Ancien Testament, les croyants d’une religion révélée.


              Pour lui, toute religion révélée, ancrée dans l’Histoire est à éliminer .
              L.F. Céline est antisémite  : pour ce dernier, les Juifs sont une « race » à éliminer.
               


              lorsque l’abbé Grégoire écrit son livre fameux en faveur de l’émancipation des Juifs (Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs, Metz, 1789), il commence par accumuler, dans une série de chapitres, tous les reproches qu’on peut faire aux Juifs sans qu’on sache toujours s’il les prend ou non à son compte. Cette somme « anti-juive », qui a surtout l’intérêt de mieux faire connaître la mentalité du XVIIIe siècle, n’approche que de loin tout ce qu’on peut trouver d’analogue dans l’œuvre de Voltaire. Cela ne fait pas de l’abbé Grégoire un antisémite frénétique.
              Enfin
              Voltaire invite tous les croyants à « se tolérer mutuellement » et, de toute évidence, n’inspire aucune sympathie pour les inquisiteurs qui brûlaient « les hérétiques, les musulmans et les juifs » ou pour ces Romains qui « éventraient les Juifs »



            • Pierre Régnier Pierre Régnier 20 février 2022 18:45

              @simir

              Voltaire n’avait pas raison de vouloir éliminer « tout religion révélée ancrée dans l’Histoire »

              Il serait encore très utile aujourd’hui si, dans ce domaine de réflexion, il s’était contenté d’exiger la disparition de la violence divinisée et sacralisée, laquelle, contrairement à ce que laissent entendre leur religion est toujours considérée par les (faux) chrétiens comme justifiée à l’époque de l’Ancien Testament.

              Sur ce point, judaïsme et « christianisme » restent, indirectement mais bien réellement, complices du terrible islam.


            • mmbbb 21 février 2022 14:58

              @Djam LA pensée anglo saxonne , ce fut l adoption de l Habeas corpus ! 
              Quant à Voltaire il battit contre l arbitraire affaire Callas .


            • simir simir 23 février 2022 20:51

              @Djam
              Des exemples svp !
              Sinon on peut dire n’importe quoi.
              Mais peut-être l’avez vous connu ?


            • Jonas Jonas 20 février 2022 02:01

              « ce qui pourrait suggérer que l’Académie était consciente que les choses pouvaient être différentes ailleurs, où des sociétés entières étaient organisées sur le principe de la liberté sociale, l’entraide mutuelle, la condition sine qua non pour la liberté individuelle. »

              Ce n’était pas aussi paradisiaque que ça, les indiens d’Amérique pratiquaient le commerce d’esclaves entre tribus bien avant l’arrivée des Européens, en particulier les Comanches et les Utes, des guerriers redoutés, qui asservissaient des tribus voisines.
              Les Utes pratiquaient massivement le commerce d’enfants indiens capturés chez d’autres tribus.
              En Amérique du sud, la domination des autres peuples se faisait aussi par le rapt d’enfants, le cannibalisme et les sacrifices humains (empire aztèque).


              • simir simir 20 février 2022 18:12

                @Jonas

                Des nations amérindiennes prenaient souvent des prisonniers de guerre qu’elles employaient principalement pour des petits travaux Certains autres, cependant, étaient utilisés pour des sacrifices rituels Bien que les connaissances du sujet soient minces, il y a peu d’éléments pouvant appuyer la thèse que les esclavagistes considéraient leurs esclaves comme appartenant à une race inférieure Les Amérindiens ne faisait pas de commerce de captifs dans la période pré-coloniale de l’époque, mais il arrivait qu’ils les échangent en gestes de paix ou en rachat de leurs propres membres. Le mot « esclave » n’est pas approprié aux conditions de ces captifs ; ils vivaient en marge de la tribu au début, puis y étaient peu à peu intégrés

                Ce sont les colons européens qui provoquèrent un changement dans la pratique des captures et du travail forcé préexistants des Amérindiens en créant un véritable marché des prisonniers de raids

                Les colonies manquaient de main d’œuvre Les colons achetaient ou capturaient des Amérindiens pour les employer au travail forcé de la culture du tabac puis, à partir du XVIIIe siècle, du riz et de l’indigo Afin d’acquérir des marchandises de commerce, en particulier provenant du reste du monde, les indigènes commencèrent à vendre des prisonniers aux blancs plutôt que de les intégrer dans leurs propres sociétés comme ils le faisaient autrefois

                Ce sont donc les européens qui ont « poussé à la roue »


              • Eric F Eric F 20 février 2022 18:26

                @Jonas
                Je pense également que l’on a tendance à idéaliser aujourd’hui les sociétés « natives » avant l’arrivée des conquérants occidentaux. Curieuse réminiscence historico-sociologique du concept de « paradis perdu »


              • Jonas Jonas 21 février 2022 19:58

                @simir « Ce sont les colons européens qui provoquèrent un changement dans la pratique des captures et du travail forcé préexistants des Amérindiens en créant un véritable marché des prisonniers de raids »

                L’esclavage de masse a toujours existé dans toutes les civilisations, il n’a rien de spécifiquement occidental.
                Aujourd’hui encore, il existe plus de 40 millions d’esclaves dans le Monde, mais ça n’émeut et n’intéresse personne, car les esclavagistes ne sont pas des Blancs.

                Des pays comme la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Soudan et toute l’Afrique sub-saharienne pratiquent l’esclavage depuis des milliers d’années, bien avant l’arrivée de l’homme Blanc. Achats et ventes d’enfants essentiellement entre tribus.
                Dans les années 1970, on pouvait encore visiter des marchés aux esclaves florissants, produits de la traite négrière de masse des arabo-musulmans.

                Ils sont rachetés et libérés la majorité du temps par des ONG occidentales.


              • Et hop ! Et hop ! 20 février 2022 05:04

                « l’inégalité sociale », une notion totalement étrangère aux peuples amérindiens de l’époque, ce qui pourrait suggérer que l’Académie était consciente que les choses pouvaient être différentes ailleurs, où des sociétés entières étaient organisées sur le principe de la liberté sociale »

                Il faut n’avoir aucune connaissance d’ethnologie pour ne pas savoir que toutes les sociétés primitives et traditionnelles sont polysegmentaires, donc hiérarchisées et inégalitaires, et que la notion moderne de liberté y est impensable, c’est un anachronisme et un ethnocentrisme de l’utiliser pour en parler. La notion prémoderne de liberté est celle de jeu.

                Dans le droit public de la royauté française, les populations natives ou nations, des pays conquis ou annexés à la couronne de France acquierraient automatiquement la naturalité et les libertés françaises, à condition d’être baptisés ; ils avaient le droit de conserver leur droit coutumier, leur langue et leurs usages que le roi avait mission de faire recueillir par écrit et de conserver. Dans les îles françaises d’Amérique, les esclaves capturés et importés étaient esclaves, mais les autochtones avaient le statut de Français régnicoles libres. Sur les nations indiennes il faut lire le chevalier de la Hontan.


                • zygzornifle zygzornifle 20 février 2022 08:59

                  Il est sorti en braille ? ....


                  • Claude Courty Claude Courty 20 février 2022 09:29

                    Les certitudes sont les vérités des sots, dont chacun porte sa part selon sa crédulité et sa liberté de pensée ; les pires de ces certitudes étant érigées en dogmes, dans le déni de réalités factuelles et chiffrables concernant les fondamentaux de la condition humaine, pourtant accessibles au premier venu. C’est ainsi que d’une extrême à l’autre, l’immense majorité des croyances, doctrines et idéologies dans lesquelles baigne l’humanité, s’obstinent dans la poursuite de ce déni de réalité.

                    https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2015/03/schema-sans-commentaire.html

                    https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html


                    • PascalDemoriane 20 février 2022 10:58

                      @l’auteur, Bonne idée !
                      J’ai pas vu de traduction françaire disponible de cette « Aube de tout ».
                      On fera avec.
                      Vous avez raison de proposer cette lecture, et cet auteur, Graeber en particulier, car les panoramas de vulgarisation anthropologique, les vues macro-évolutives et macro-historiques comparées devraient être le principal référenciel commun des consciences citoyennes pour comprendre l’avenir du présent.
                      L’ennui, pour bien des publics, c’est que les notions de citoyenneté, de progrès, d’égalité, d’innovation sociale y prendraient alors elles-mêmes un sacré coup de fouet, revélant tout ce qu’elles ont de faux, de relatif ou d’arbitraire et d’artefactuel.
                      Tout le monde n’est pas prêt à risquer de se déshabiller de ses certitudes relatives et de ses fausses « valeurs » subjectives.


                      • Bruno Hubacher Bruno Hubacher 20 février 2022 11:06

                        @PascalDemoriane
                        Merci pour votre commentaire, pertinent. Le titre de la version française de l’ouvrage est « Au commencement était...Une nouvelle histoire de l’humanité » Graeber / Wengrow


                      • Deepnofin Deepnofin 20 février 2022 11:18

                        Bonjour !

                        Je me permets de laisser ce commentaire ici, car même s’il peut apparaitre complètement hors-sujet, il y a au moins un rapport avec votre article, c’est que dans la cosmologie actuelle, on baigne dans des pseudo-certitudes. Et qu’en Science, comme dans tous les autres domaines de la pensée, la certitude, c’est la mort de la réflexion et de l’évolution. 


                        Hier soir en m’endormant, je réfléchissais à la Relativité Générale et à l’Énergie Sombre, et une idée m’est venue ! Alors, c’est quelque chose de tellement évident, que je me trompe sûrement quelque part, un grand nombre de scientifiques y ont probablement déjà pensé (et je suis pas un scientifique), mais... j’ai pas le niveau pour voir où jme trompe (forcément) du coup j’aimerais partager ça avec vous, dans l’espoir qu’un fin connaisseur m’éclaire :


                        Selon la RG, plus le champ gravitationnel est intense, plus le temps passe lentement. Donc, à notre position (la Terre orbitant autour du Soleil ; le Système Solaire dans un ensemble galactique...), il y a un champ gravitationnel conséquent, donc un écoulement réduit du temps.

                        A l’inverse, dans l’immense espace vide entre les systèmes, et encore plus, entre les galaxies, il y a une absence quasi-totale de gravité... donc le temps s’écoule plus vite.


                        Donc, une seconde selon notre point de vue, c’est 2 secondes selon le point de vue du vide inter-galactique. (je dis 1sec = 2sec, mais j’ai aucune idée du réel rapport, je sors ces chiffres pour exprimer l’idée).

                        Ce phénomène ne suffirait-il pas à expliquer l’accélération de l’expansion de l’Univers ?


                        Prenons une image, celle d’une corde dont l’élasticité varie : à plein d’endroits plus ou moins ponctuels, son élasticité est faible, mais partout ailleurs, elle est grande.

                        (L’élasticité représente la différence d’écoulement du temps en fonction du champ gravitationnel, les endroits peu élastiques = les galaxies, et les endroits très élastiques = le vide intergalactique).

                        Si cette corde est étirée (ce qui représente l’expansion de l’Univers, due à l’impulsion originelle de la matière lors du Big Bang), alors les zones « vides » (donc, +élastiques) vont s’étirer plus rapidement que les zones galactiques.

                        Si on se place sur une de ces zones galactiques (gravité conséquente, donc peu d’élasticité), et qu’on observe les différentes zones de la corde, on verra que plus c’est lointain, plus ça s’éloigne rapidement de nous...

                        Vu qu’on part du postulat que l’élasticité de la corde est homogène, on en déduit une hypothèse ad hoc - l’Énergie Sombre - pour expliquer pourquoi l’observation diffère de la théorie de base.


                        Mais... ce phénomène d’accélération de l’expansion de l’Univers ne s’explique t-il pas simplement en appliquant la Relativité Générale d’Einstein ?


                        • Montagnais .. FRIDA Montagnais .. FRIDA 20 février 2022 11:30

                          @Deepnofin
                          ..
                          .. Une tite Westmalle Deepnofin ?


                        • Alain Dussort Alain Dussort 20 février 2022 12:06

                          @Deepnofin
                          eh oui ! plus ton esprit se sent léger, détaché des contingences sociales, plus il fonctionne vite et librement et il peut se projeter dans l’univers à une vitesse incroyable tout en restant conscient (surtout s’il passe par une porte "intemporelle) ... je suppose que tu es prêt, cela peut t’arriver bientôt ....


                        • Deepnofin Deepnofin 20 février 2022 14:51

                          @Montagnais .. FRIDA  : C’est gentil, mais j’ai arrêté la picole :D Un ptit verre de Marcillac ce midi entre amis, et ça ira bien jusqu’au weekend prochain ;) Mais sinon, y a t-il un message que je n’ai pas su saisir ?

                          @Alain Dussort : Je le souhaite ! Il y a 5 ans, j’ai vécu une micro-illumination (vraiment légère, mais assez forte pour changer ma vie ; j’étais dans une optique ultra positive et optimiste, et j’ai rencontré la personne parfaite au moment parfait, et en discutant avec lui...).

                          Il y a peu, j’ai rencontré quelqu’un qui a vécu une expérience métaphysique bien plus forte, une sortie astrale (faisant suite à des mois de prières sincères et empathiques envers tout le monde...) qui m’apparait comme comparable à celle d’Eckhart Tolle.

                          Et toi, si tu me dis ça avec cette conviction, c’est que tu as déjà commencé à « percer la bulle », n’est-ce pas ? Voudrais-tu bien me raconter ton histoire, stp ?


                        • Claude Courty Claude Courty 20 février 2022 17:36

                          @Deepnofin

                          Intéressant, mais si comme vous le précisez, «  l’élasticité de la corde est homogène », votre image qui est « celle d’une corde dont l’élasticité varie : à plein d’endroits plus ou moins ponctuels, ... », fout tout par terre. Non ?

                          Quoi qu’il en soit, ce n’est pas seulement « dans la cosmologie actuelle, [qu’]on baigne dans des pseudo-certitudes », c’est depuis toujours. Il faudrait donc commencer par se soucier de connaître et reconnaître pour ce qu’elle est, la condition humaine, plutôt que de se planquer avec son angoisse existentielle, derrière le rêve des croyances et de l’utopie.

                          https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html

                          https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2015/03/schema-sans-commentaire.html


                        • Deepnofin Deepnofin 20 février 2022 18:46

                          @Claude Courty Merci ! Mais en l’occurrence, vous avez mal compris un de mes propos.
                          Lorsque je dis "Vu qu’on part du postulat que l’élasticité de la corde est homogène, on en déduit une hypothèse ad hoc - l’Énergie Sombre - pour expliquer pourquoi l’observation diffère de la théorie de base« , j’explique ce qui se passe de nos jours, dans la cosmologie consensuelle, LambdaCDM. 

                          Justement, ce que j’ai cru comprendre hier, c’est qu’il n’y a nul besoin de rajouter une hypothétique énergie sombre pour expliquer pourquoi l’expansion de l’Univers s’accélère, puisqu’il suffirait d’appliquer la Relativité Générale... Donc, selon cette optique, la corde aurait une élasticité variable, et non homogène, et nous aurions dû le deviner aussitôt l’accélération de l’expansion découverte (bien sûr, si j’ai raison ; mais ça me parait trop évident, donc... j’attends toujours qu’un pro me vienne en aide ^^ )

                          Et pour répondre à ce que vous dites ensuite, j’avais précisé au début de mon commentaire »Et qu’en Science, comme dans tous les autres domaines de la pensée, la certitude, c’est la mort de la réflexion et de l’évolution. " . Et oui, ça a toujours été plus ou moins comme ça. Y a plein de raisons à cela, mais ce que j’aime, c’est de penser au côté positif de la chose.

                          Image : vous voulez vous éloigner de moi, mais je vous tiens fermement par le col de votre chemise. Vous forcez toujours plus sur vos jambes, votre corps penche de plus en plus, mais je ne lâche pas. Vient un moment où c’est votre chemise, ou moi (peu importe) qui lâche, et alors, pour éviter de vous étaler par terre, pour rattraper votre équilibre, vos jambes vous font courir, donc vous vous éloignez de moi bien plus rapidement que si je ne vous avais pas retenu.

                          Et bien, je crois que c’est la face cachée, positive, du statisme consensuel : plus une situation similaire à la notre (le consensus cosmologique qui semble interdire toute sortie en dehors des clous) développe de la tension, plus la libération est salvatrice, et propulse la science, la pensée... plus loin et plus rapidement que s’il n’y avait eu ce blocage. On peut sans doute trouver des images plus parlantes pour exprimer cette idée, mais vous voyez où je veux en venir ;)


                        • Eric F Eric F 20 février 2022 19:29

                          @Deepnofin
                          Les forces de gravitation tendent au contraire à faire converger l’ensemble des entités de l’univers (centrifuge), donc leur résultante est opposée à l’expansion de l’espace-temps (centripète).
                          Le « moteur » de l’expansion résulte de l’énergie contenue dans l’univers (densité, pression...), l’accélération de cette expansion -dont on s’attendrait qu’elle ralentisse du fait de la gravitation- viendrait d’une forme d’énergie dite « noire » non encore identifiée.

                          [je résume de manière ultra simpliste ce que j’en ai compris]


                        • Eric F Eric F 20 février 2022 19:45

                          ...la distorsion de l’écoulement du temps liée à l’effet gravitationnel est locale, mais selon la modélisation il est question d’une dilation cosmologique du temps liée à l’expansion de l’espace-temps (en tant que conséquence, non comme cause).


                        • Eric F Eric F 21 février 2022 09:35

                          @cyrus
                          J’ai essayé de recroiser des sources, et notamment cette présentation didactique
                          extrait/synthèse :
                          "C’est l’espace-temps qui est dynamique. C’est la distance qui [..] sépare |les galaxies] qui augmente au cours du temps. Et c’est ce phénomène-là qu’on va appeler l’expansion de l’univers, qu’il faut comprendre comme étant non pas l’histoire des choses qui sont dans l’univers, mais une dilatation de l’espace-temps lui-même"



                        • Deepnofin Deepnofin 21 février 2022 10:10

                          @cyrus : D’après ce que j’ai compris, l’Univers n’a pas de centre, et on ignore s’il a une bordure...
                          Pour l’instant, on ne sait pas s’il est infini ou pas, et on se doute qu’il est « plat » (qu’il n’y a pas de grande variation en fonction des zones, en gros, qu’il est relativement homogène) mais bon, c’est 1) ske j’ai compris, et j’ai pas le bac 2) c’est de la science, donc susceptible d’évoluer, voire de s’écrouler pour laisser place à une nouvelle théorie.
                          Peut-être le télescope James Webb nous aidera t-il ?
                          PS : dans un sens, on pourrait dire que nous sommes dans le centre de l’Univers, par rapport à la Sphère de Hubble, c’est à dire l’horizon au delà duquel l’expansion de l’Univers devient supraluminique par rapport à nous, et dont la lumière ne nous parvient plus (centre de cette sphère = notre point de vue, et le bord = 13,5 milliards d’A.L.). En tout cas, j’aime bien penser ça, non pas par volonté de tout ramener à nous, mais que j’aime l’idée que la Création soit d’une telle perfection qu’elle soit centrée sur chaque individu qui la vit, partout dans l’Univers).

                          @Eric F : merci, j’essaye de comprendre votre premier lien, mais j’ai clairement pas le niveau. J’fonctionne malheureusement qu’avec la vulgarisation (et merci à tous ceux qui la pratiquent avec brio !). Jvais regarder la vidéo d’Etienne Klein, qui, pour le coup, excelle dans ce domaine (même si j’ai un peu de mal avec lui, pour d’autres raisons).
                          M’enfin, pour l’instant, je comprends toujours pas ce qui invalide ma théorie, car soit c’est l’espace-temps qui a une expansion variable en fonction de la gravité (comme ma théorie de la corde à élasticité variable), ou alors c’est la lumière qui est déviée par la variation de ces champs gravitationnels... Enfin je sais que sa vitesse reste inchangée, mais peut-être que ces champs variables lui confèrent un décalage vers le rouge plus important et qu’on en déduit l’accélération de l’expansion.... enfin bon, j’en sais rien lol, mais merci à vous pour votre aide et vos liens !


                        • Montagnais .. FRIDA Montagnais .. FRIDA 20 février 2022 11:25

                          Crépuscule .. oui .. suite logique des « Lumières »

                          ..

                          « Lorsque l’homme aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière goutte d’eau, tué le dernier animal et pêché le dernier poisson, alors il se rendra compte que l’argent n’est pas comestible. » 

                          ..

                          Chacun sait maintenant que le devenir de la technologie .. c’est la déchetterie 


                          • Pierre Régnier Pierre Régnier 20 février 2022 18:30

                            @Montagnais .. FRIDA

                            Il devrait exister deux sortes de « déchetterie » : celle où l’on jette ce qui est vraiment déchet inutilisable, et celle où l’on mettrait à disposition gratuitement ce dont, simplement, on n’a plus l’usage mais qui est en état de pouvoir servir à d’autres qui ont, dans l’immédiat, une vie nécessitant la possession de ces faux déchets. 


                          • Pierre Régnier Pierre Régnier 20 février 2022 11:44

                            Oui, mais pourquoi cette sorte de fatalisme qui consiste à croire qu’on ne peut plus imaginer un autre avenir qu’au sein de la folie moderniste actuelle ?

                            Pourquoi ne pas vouloir, au moins quand on se prétend écologiste, une décroissance de la consommation, d’une part, de la population mondiale d’autre part, avec une répartition radicalement différente des produits du travail des hommes ?

                            Bref, pourquoi ne pas (plus) vouloir le socialisme ?



                            • Pierre Régnier Pierre Régnier 20 février 2022 18:17

                              @Claude Courty

                              Merci pour ces articles, tous traitant de la réalité actuelle sans y associer le fatalisme, le négationnisme dominants.

                              Je souhaite vivement leur lecture par un maximum de lecteurs d’Agoravox.

                              Peut-être n’y est-il pas assez souligné que les médias ET TOUS les partis sont NÉGATIONNISTES face à de nombreux problèmes réels, parmi lesquels est le plus important : la folie de vouloir poursuivre la croissance pour tous. 


                            • Aristide Aristide 20 février 2022 13:22

                              Ouahh, cela fait rêver, le retour à la tribu sous ses différentes formes !!!


                              • Hervé Hum Hervé Hum 21 février 2022 00:45

                                Sortir ce que dit Voltaire hors de son contexte est mal interpréter son propos.

                                Voltaire rend compte d’un état de fait en disant « L’esprit d’une nation réside toujours dans le petit nombre, qui fait travailler le grand, est nourri par lui, et le gouverne ». Mais ce serait lui faire injure de ne pas citer la suite, c’est à dire

                                "C’est une suite naturelle de l’inégalité que les mauvaises lois mettent entre les fortunes, et de cette quantité d’hommes que le culte religieux, une jurisprudence compliquée, un système fiscal absurde et tyrannique, l’agiotage, et la manie des grandes armées, obligent le peuple d’entretenir aux dépens de son travail. Il n’y a de populace ni à Genève, ni dans la principauté de Neuchâtel. Il y en a beaucoup moins en Hollande et en Angleterre qu’en France, moins dans les pays protestants que dans les pays catholiques (ou musulmans). Dans tout pays qui aura de bonnes lois, le peuple même aura le temps de s’instruire, et d’acquérir le petit nombre d’idées dont il a besoin pour se conduire par la raison" (et non se laisser manipuler par la passion, d’une culture faites pour cimenter la populace à servir les intérêts de ses maîtres).

                                Sinon, l’histoire de l’humanité depuis 200 000 ans, c’est celle de la colonisation de la terre et qui arrive à un point singulier, celui qui veut que cette colonisation est terminé et soit l’humain en prend conscience et d’agir en conséquence, qui impose l’inversion de polarité entre le principe capitaliste et communiste, soit il refuse et la conséquence sera une violente régression.

                                Dans la réalité, c’est la causalité qui est l’ordre premier et ne peut pas être violé, sauf dans notre imaginaire dans lequel la causalité est un ordre secondaire.

                                Bref, il n’y a de certitude que celle de la causalité, mais ce n’est pas celle qui sert de mode de pensé...


                                • Bruno Hubacher Bruno Hubacher 23 février 2022 13:53

                                  @Hervé Hum
                                  Je n’ai pas choisi Voltaire et son « idée de l’état » par hasard, vous vous en doutez, ni Graeber/Wengrow le siècle des Lumières et son élite « qui sait », car nous y sommes encore à ce jour. 

                                  Le système scolaire, le vôtre en l’occurrence, conçu par Napoléon 1er, remis au goût du jour pas Falloux (ecclésiastique) et Ferry (capitaliste), le nôtre (suisse) moins élitaire, grâce à son fédéralisme, voulu par... Napoléon 1er, sur le point de tourner au vinaigre « néolibéral » également, n’est pas là pour former le peuple, mais pour former l’élite, dans le but de préserver la structure du pouvoir,

                                  Selon le même précepte fonctionnent par ailleurs les médias, dirigés par une élite autoproclamée, les journalistes, qui distille le savoir selon son bon vouloir, (jusqu’à l’arrivée d’internet) le principe de la propagande, dans le sens bienveillant du terme, concept développé au début du siècle passé par Walter Lippmann, « Public Opinion » 1922.


                                • Jean Keim Jean Keim 21 février 2022 08:44

                                  Merci pour cet article intelligent, j’espère que livre servant de support à son développement sera traduit en français.

                                  Dans la plupart des vies d’un être humain confronté à la modernité, il manque une dimension spirituelle qui était probablement présente dans la vie de certains des amérindiens et que ne donnent pas les religions qui sont devenues pratiquement dès leur avènement des idéologies, c’est-à-dire un assemblage d’idées organisées en une doctrine.

                                  A sa naissance un bébé n’est ni bon, ni mauvais, ce qui n’est pas incompatible avec la possibilité que dans une mémoire un lourd contentieux ancestral l’attende aux détours de son chemin de vie ; l’éducation des adultes, épanouissante ou sclérosante, fera toute la différence, une vie saine peut annuler toutes les casseroles que nous traînons comme un chemin de croix.

                                  Il est possible que nous idéalisions un peu trop la vie des amérindiens, si nous regardons une carte de l’Amérique du Nord sur laquelle sont notés les noms des peuples présents avant l’invasion des européens, nous constatons qu’ils sont légions, il y avait des langues, des cultures et des coutumes parfois très différentes et tout ce patchwork ethnique commerçait et se chamaillait parfois très durement ; au fil du temps, leur division face aux envahisseurs et parfois leur collaboration ont facilité leur perte ; maintenant il y eut parmi eux bien évidemment des personnalités exceptionnelles dans le bien comme dans le mal, comme en tout temps et en tout lieu de notre planète, l’histoire les retient de préférence.

                                  La mentalisation de notre espèce a eu lieu absolument partout, comme si elle était un passage obligé.


                                  • Hervé Hum Hervé Hum 21 février 2022 09:13

                                    @Jean Keim

                                    Le nom iroquois ne désignait pas un peuple, mais une confédération de 5 nations ayant édictée une constitution orale qui s’appelait « grande loi de paix » et avait la particularité d’interdire la prise de pouvoir par un chef, ce dernier étant seulement le porte parole. Celui qui était accusé de vouloir prendre le pouvoir pouvant être banni, voir exécuté.

                                    Mais un principe étant invariant fondamentalement, le seul cas où il y avait un chef désigné était en cas de guerre, donc, en état d’urgence qui nécessite d’avoir un chef.

                                    D’où la raison pour laquelle il est toujours vital pour une société fondée sur le culte du chef d’être en état d’urgence permanent, que ce soit sur le plan militaire ou économique, sans cela, la nécessité du chef s’effondre d’elle même.

                                    Aussi, pour ceux qui veulent êtres chefs, il leur faudra toujours l’état d’urgence et si nécessaire, la créer de toute pièce. C’est ce qu’on appelle le principe du pompier pyromane ou comme dans le Kid de Chaplin, le gosse casse les vitres avant que Charlot arrive pour les réparer.

                                    Mais si vous voulez vivre en paix, votre pire ennemi (et réciproquement), c’est le chef, que ce soit le votre ou celui d’en face.

                                    Autrement dit, ce sont aux citoyens eux même voulant vivre en paix avec tous les autres de se débarrasser de leur propre chefs. Un bon chef étant un chef mort !

                                    Qui veut vivre en paix, ne prépare pas la guerre, mais prépare la confiance, car préparer la guerre, c’est vouloir faire la guerre et instaurer la défiance. Quid de la crise ukrainienne, attisée par les dirigeants occidentaux, jouant aux pompier pyromanes.


                                  • Jean Keim Jean Keim 21 février 2022 10:18

                                    @Hervé Hum

                                    Merci pour ce commentaire, quand j’ai écrit le mien, j’ai effectivement hésité entre ‘’peuple’’ et ‘’nation’’, ce matin j’ai entendu à la radio une émission sur les Francs, ils étaient divisés en peuples mais dans le sens de tribus, mot que l’on utilise également au sujet des amérindiens.

                                    Je ne suis pas savant sur eux, simplement ils avaient c’est évident, des qualités et des défauts.


                                  • Hervé Hum Hervé Hum 21 février 2022 10:56

                                    @Jean Keim

                                    Anatole France écrivait

                                    "Ce que les hommes appellent civilisation, c’est l’état actuel des moeurs et ce qu’ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs. Les moeurs présentes, on les appellera barbares quand elles seront des moeurs passées."

                                    La notion de civilisation est vu ici comme relative, en fonction du point de vue de chacun.

                                    Cela dit, un peuple n’est pas une tribu, car un peuple peut être constitué de plusieurs tribus, mais pas l’inverse !

                                    La différence entre un peuple et une nation, c’est qu’on parle de nation uniquement lorsqu’il y a des frontières établies, ce qui n’est pas nécessaire pour définir un peuple.

                                    Par exemple pour les amérindiens d’Amériques du Nord, à l’origine, c’est à dire, avant la conquête par les colons européens, il s’agissait de nations, puis une fois perdu leur territoire, ils ont été réduit à la notion de peuple, voir de tribu.

                                    C’est le seul génocide qui fait l’objet de fierté pour leur bourreau et ayant réussi à convaincre les autres qu’il ne s’agit pas d’un génocide, mais d’une conquête « héroique ».


                                  • mmbbb 21 février 2022 14:41

                                    L anthroplogue Harari ayant écrit " Une brève histoire de l’humanité " a écrit dans le POINT dont la thémtique érait l origine de notre espèce , il ne faut pas tomber dans le exaltation rousseauiste des sociétes passées notamment celles chasseurs cueilleurs,

                                    Un autre anthroplogue du collège de France , M Hublin a noter que nos ancêtes étaient déjà à l orogine de la dispartion des grands prédateurs et n etaient pas tres précautionnaux de leur environement ,

                                    Vous tombez dans ce travers facile , c est dans la mouvance actuelle , Au temps des chasseurs cuielleurs l espérance de vie ne devait pas dépasser les 30 ans ,

                                    Toujours est-il, plutôt que de se contenter d’un seul modèle de société comme le fait la société européenne depuis plusieurs siècles, dans les communautés des chasseurs-cueilleurs, dont certains pratiquaient également l’agriculture, les expérimentations furent fréquentes et monnaie courante. “ , C est assez étonnant , notre modèle agricole a subit une réeelle mutation que tres récemment , Quant à la structure sociale , elle a beaucoup évoluée ,

                                    Vous comparez des choux et des carottes tant ces structures de sociétes sont si différentes .


                                    • osap osap 21 février 2022 21:31

                                      L’homme serait devenu victime de sa cupidité. Le problème est qu’on a créer une société non viable. On cherche à avoir toujours de la croissance économique, hors l’économie ne peut pas croitre à l’infini. On finira par tomber sur des limites physiques. On doit donc renoncer à l’augmentation du pouvoir d’achat. Ensuite, le système financier a besoin de croissance parce qu’il est fondé sur la dette. L’argent est crée à partir de la dette, et quand on a des dettes, il vaux mieux s’enrichir que s’appauvrir. Quand des personnes ne dépensent pas l’argent qu’elles ont gagnées ou quand il y a des déficits commerciaux, ça créer de la dette. Il faudrait rééquilibrer le système à l’échelle mondiale en sachant que le premier pays qui agirait risquerait de se faire bouffer (pardon dépassé) par les autres.

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