L’homme est né pour vivre dans les convulsions de l’inquiétude ou dans la léthargie de l’ennui. Voltaire
Je me lance dans un sujet souvent traité mais souvent maltraité, et qui déclenche les passions, bien à tort selon moi, car cette problématique est presque toujours posée en termes de conflit.
Mais que les choses soient claires pour commencer, je me place du point de vue de l’incroyant, libre penseur, athée, catégorie de gens à laquelle j’appartiens et qui n’a pas souvent l’occasion de défendre, en profondeur, ses idées et convictions.
Evidemment, je ne représente que moi dans ce domaine, tant il est vrai que l’athéisme n’est pas une doctrine et chacun peut le concevoir et le vivre à sa façon. Il en est d’ailleurs de même pour les croyances, mais la différence, c’est que l’athéisme, par nature, n’amène pas de conflits de convictions entre les athées, alors qu’on ne peut pas, hélas, en dire autant entre les différentes et nombreuses croyances.
Quant au conflit supposé entre croyants et athées, il n’a pas lieu d’exister car c’est comme si vous mettiez en concurrence une chèvre et un mérou ! Deux mondes différents parce que deux convictions intimes opposées. Mais nous, humains, avons la faculté de communiquer. Et les deux parties peuvent, chacune, expliquer sa conviction dans le respect de l’autre, sans agressivité, et surtout, sans complexe de supériorité. Car voilà deux convictions intimes qui ne peuvent, ni l’une ni l’autre, apporter la preuve de "leur vérité". D’où l’idée qu’il s’agit d’un débat sans fin et stérile, car ne pouvant aboutir à un consensus. Le seul consensus possible et souhaitable, c’est de conclure par le voeu de se respecter et même, rêvons un peu, de s’aimer.
Ici, j’exprime un opinion qui est la mienne et sans doute celle de quelques autres, mais je me garderai bien de revendiquer "la Vérité". C’est cette prétention de détenir la Vérité qui a causé - et cause encore - tant de morts et de malheurs de par le monde, que cette pseudo vérité soit de nature religieuse, économique, politique ou philosophique.
Et je récuse par avance l’amalgame simpliste ( tous les amalgames sont simplistes ) que certains ont tendance à faire entre athéisme et communisme, tout comme entre foi et guerres de religions. Nous avons d’un côté des convictions philosophiques personnelles et, de l’autre côté, des systèmes politiques mégalocratiques qui veulent imposer une vision du monde qui est la leur dans le seul but de posséder le pouvoir absolu.
Il y a les paranoïaques qui mettent Dieu dans leur camp ( "Gott mit Uns" gravé sur le ceinturon des SS ), et ceux qui le prennent comme ennemi symbolique ( communisme stalinien ), mais en réalité, ces pseudo convictions ne servent aux dictateurs qu’à mobiliser et catalyser les haines fabriquées afin d’arriver à leurs sinistres projets. Ils se fichent bien de la philosophie et la philosophie n’est pas responsable de la folie sanguinaire des hommes. De certains hommes.
Les guerres de religions avaient sans doute une plus grande connotation dogmatique, mais il y avait avant tout, au bout de l’épée, le désir de pouvoir et de domination, cette maladie infantile de l’Humanité.
Naissance de la pensée mystique.
C’est un chapitre qui pourrait être trés long, je suis donc obligé de simplifier et faire des raccourcis synthétiques.
Comment est venue aux hommes la pensée mystique, c’est à dire l’idée d’un Dieu unique, mais, avant lui, des dieux multiformes, mais encore avant, des esprits de la nature ?
L’explication en est relativement simple : l’homme ayant la faculté de penser et de réfléchir sur lui-même et sur ce qui l’entoure, il s’est trouvé, dès les premiers âges, confronté aux mystères de la vie, de la mort, de la nature, de l’Univers. Les questions existentielles, qui existent encore aujourd’hui, et pour longtemps, n’ont pas trouvé de réponses.
Donc, tout naturellement, le mystère a engendré le mysticisme
L’homme est un grand rationaliste qui s’ignore. Il supporte trés mal le mystère et il veut absolument, comme pour se rassurer, donner une explication à toutes les questions qui se posent à lui. Il a donc rationalisé le mystère en le nommant ( au début était le Verbe ...), puis en le représentant sous de multiples formes, selon les périodes et les lieux.
Cela a donné des milliers de croyances différentes qui coexistent encore de nos jours : panthéisme, animisme, vaudou, esprits de toutes sortes, mythologie, dieux et déesses, déismes et théismes. Le Dieu unique est encore divisible puisqu’il n’y a pas UN monothéisme mais plusieurs qui se combattent pour obtenir la suprématie spirituelle.
Ici, j’ouvre une parenthèse importante pour dire : d’aucuns disent et sont persuadés que la progression qui va des croyances les plus primitives vers un dieu unique, constitue un grand progrés de l’Humanité. Je pense exactement le contraire, c’est à dire que le monothéisme a été ( et continue d’être ), un désastre sociologique, du moins dans sa forme actuelle.
Un désastre à cause, précisément, de l’existence des religions.
En effet, alors que les croyances primitives restent cantonnées à leur milieu ethnique, le principe monothéiste porte en lui le virus de l’expansion totalitaire, comme il l’a prouvé dans le passé.
En disant celà, je ne condamne pas la foi mystique pure, débarrassée de tout dogme et de toute hiérarchie humaine. La foi pure n’est pas dangereuse et peut d’ailleurs cohabiter harmonieusement avec l’athéisme . Fermez la parenthèse.
J’ai donc découvert, avec un certain amusement, que le croyant était un ultra rationaliste puisque il rationalisait chaque jour le mystère à travers la religion.
L’homme est un être fragile et orgueilleux. Il ne supporte pas que des questions restent sans réponses, donc il en invente, faute de mieux. Il refuse l’idée de disparaître définitivement, donc il a imaginé l’âme, sorte d’esprit volatile indépendant du corps. Or, même Teilhard de Chardin le disait, il n’y a pas d’esprit sans matière qui le supporte.
La croyance répond donc à un besoin psychologique. En ce sens, la religion est un anxiolytique puissant, car la plupart des humains n’ont pas les capacités et la force intérieure nécessaire pour vivre une foi mystique intériorisée. C’est pourquoi il ne faut pas souhaiter la disparition prématurée des religions dans lesquelles se réfugient des millions de malheureux pour qui elles servent de béquilles. D’un autre côté, par le fatalisme qu’elles inspirent, elles retardent sûrement une évolution sociale vers plus de justice... Contradiction difficile à résoudre.
Bien que les religions soient des inventions humaines, donc des impostures, le monde en aura besoin encore longtemps. Mais ce qui serait souhaitable, c’est que toutes se fondent en une religion unique, universaliste, un peu à l’exemple de la foi Baha’is. Ce qui résoudrait beaucoup des problèmes actuels..
Ce que je souhaite affirmer, pour terminer cette partie, c’est que la croyance ( foi ) est légitime et c’est une liberté protégée par la laïcité à condition qu’elle reste dans le domaine privé.
Légitime parce que si, jusqu’à ce jour, personne n’a prouvé l’existence de Dieu qui reste donc, en toute logique, une simple hypothèse, personne ne peut, à l’inverse, "prouver" son inexistence, ce qui est, par nature, impossible puisque on ne peut prouver quelque chose qui n’existe pas...
Par contre, le mystère, lui, existe bien et existera... toujours. Désolé pour ceux qui cherchent inutilement et à grands coups de milliards, le secret de la vie aux limites de l’Univers. Comme si l’Univers avait des " limites " ! Le Big Bang n’est, lui même, qu’une hypothèse qui sera sans doute démentie un jour prochain par les nains qui se prennent pour des dieux.
J’affirme : l’homme ne connaîtra jamais le secret de l’Univers, ne serait-ce que parce que nous sommes l’englobé dans cet Univers qui est l’englobant, tout comme le jaune d’oeuf ne peut connaître, de l’intérieur, l’extérieur de sa coquille. C’est aussi simple que cela.
Mais ce n’est là que ma vérité ! (à suivre)