De l’art de la guerre - 1ère partie -
DE L’ART DE LA GUERRE – 1ère partie -
Le conflit qui oppose l’Ukraine/Otan et la Russie, les menaces de guerre nucléaire, apportent tous les jours leur lot de propagande, de vraies ou fausses informations ou de censure. Tous les plateaux TV s’invitent dans votre demeure pour vous parler de la « guerre », et sur ces mêmes plateaux, se succèdent des experts militaires qui se contentent de rapporter les éléments de langage ministériels. Mais la guerre n’est pas qu’une histoire de propagande elle est aussi, une réalité terrible sur le terrain, où peu se rendent pour en parler objectivement.
La guerre obéit à des règles bien précises. Je me propose, ici, à partir de divers écrits de généraux célèbres, enseignés dans les écoles de guerre, d’en tracer les grandes lignes. Et peut-être, de tenter une approche des conflits, à travers l'histoire.
1/ Considérations d’ordre général.
« La guerre est un art simple et tout d’exécution », disait Napoléon.
« Von Clauzewitz écrit sa célèbre formule : « La guerre est la continuation de la politique, par d’autres moyens ».
Enfin, Sun Tzu, moins de 500 ans avant J.-C. Notait que « l’art suprême consiste à briser la résistance de l’ennemi sans combat... Déjouer les plans de l’ennemi, empêcher la concentration des forces ennemies… attaquer l’ennemi sur le champ de bataille...la plus mauvaise, est de s’attaquer à des villes fortifiées... ».
Depuis toujours donc, deux éléments prédominent pour conduire une guerre : la tactique et la stratégie. Aujourd’hui, les experts de la guerre moderne rajoutent la logistique, ce troisième éléments considéré indispensable au « tacticien ».
Avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’un « stratège », un « tacticien » ?
La stratégie : ou dite « grande stratégie » consiste en l’art de mobiliser toutes les ressources d’une nation – leur coordination en vue des buts recherchés.
« La grande stratégie » est donc du ressort des politiques et non des militaires ; elle est menée par les gouvernements assistés de leurs conseillers militaires, diplomatiques, économiques, financiers, et...autres ».
La tactique. C’est la préparation, le déclenchement et la conduite des batailles. Emploi des forces armées sur le champ d’opérations, exécution des mouvements aux approches du champ de bataille, usage des différentes armes.
Aussi, la tactique est du seul ressort des militaires.
La stragégie consiste à assurer le lien entre la conduite de la guerre et la tactique. D’ailleurs la signification de ce terme a subi une constante évolution au cours des siècles.
Depuis l’Antiquité, jusqu’au XVIIe/XVIIIe siècle, elle était « l’art du Général » (Alexandre le Grand, Hannibal, Turenne, etc)
Au XVIIe, XVIIIe siècle, la stratégie « se limite à l’art de diriger en sûreté les mouvements d’une grande armée soit pour livrer bataille, soit pour la refuser ».
Mais Von Clauzewitz va plus loin et nous livre une définition qui fit loi pendant tout le XIXe siècle et le début du XXe siècle :
« La stratégie est l’usage de l’engagement aux fins de la guerre. Elle doit donc fixer à l’ensemble de l’acte de guerre un but qui corresponde à l’objet de guerre, c’est-à-dire qu’elle établit le plan de guerre et fixe, en fonction du but en question, une série d’actions propres à y conduire ; elle élabore donc les plans des différentes campagnes et organise les différents engagements de celles-ci ».
Dans toutes les écoles de guerre occidentales et non-occidentales, V. Clauzewitz reste la référence en la matière. La définition de Clauzewitz fut, pourtant souvent « mal interprétée ».
Elle indique que la bataille permet d’atteindre les buts de guerre. Elle indique aussi, selon Clauzewitz que la « stratégie » serait donc du seul ressort des militaires », or nous avons vu plus haut que la stratégie reste le pré-carré des gouvernements, « dans un cadre fixé par la conduite de la guerre ».
Les généraux la mènent sous l’autorité et le contrôle des politiques.
D’où, si l’on s’en tient à ces éléments, la grande difficulté « de tous temps » de différencier de manière absolue les trois éléments composant « l’art de la guerre. »
Mais la guerre, également ne se résume pas à des considérations en termes uniquement militaires. Il y a aussi une dimension philosophique à prendre en compte et qui ne doit pas nous échapper.
La guerre, « ce drame effrayant et passionné » est l’ « utilisation de la force et de la violence, par des groupes humains qu’opposent des politiques contraires, pour « imposer leur propre politique à l’adversaire ».
« Le but essentiel de toute guerre étant d’amener l’ennemi à abandonner sa politique, la stratégie a donc pour objet d’annihiler chez l’ennemi sa volonté de poursuivre sa politique. »
Divers moyens sont utilisés :
La pression des armes,
La pression de la propagande.
« On a vu rarement des chefs de guerre se rendre avant tout combat ou à la suite d’un simulacre de combat, après s’être laissé persuader par leur adversaire qu’ils étaient dans une situation désespérée. On a vu plus souvent des forces armées démoralisées par une action psychologique bienmenée se disloquer au premier choc. On a vu, plus souvent encore des pays minés par la propagande passer, après quelques convulsions intérieures et sous la simple pression des armes, dans le camp adverse. »1
Après les progrès de la science et l’évolution des techniques très rapides depuis la dernière guerre mondiale, l’art de la guerre » s’est renouvelé par étapes successives.
Cependant, comme le professait le Maréchal Foch en 1918, où l’armement s’était considérablement perfectionné, modernisé, de plus en plus meurtrier, « les vérités fondamentales qui régissent l’art de la guerre restent immuables, de même que les principes de la mécanique régissent toujours l’architecture, qu’il s’agisse de constructions en bois, en pierre, en fer ou en ciment armé, de même que les principes de l’harmonie régissent la musique, quel qu’en soit le genre. Il reste donc toujours nécessaire d’établir les principes de guerre ».
Ce que nous explique le Maréchal Foch, c’est qu’une armée peut bien disposer d’un équipement de Titan, les principes restent les mêmes. Pendant des siècles, les guerres se sont déroulées sur des « champs de bataille », au XXe siècle, les stratèges changent de braquet, ils inaugurent les « fronts » (1ère guerre mondiale), et plus récemment, on nous parle de « théâtres d’opérations ».
Bien des théoriciens de la guerre en concluent à un total changement qualitatif en matière stratégique, à la caducité des principes admis jusque là.
Or, s’ils n’ont pas tout à fait tord en cas de confusion des domaines « stratégie » (gouvernement) et « tactique » (militaire), il reste les « principes » immuables.
Ces principes ne sont autres que les « procédés » employés.
1/ Principe de la concentration des effets,
2/ Principe de la concentration des moyens,
3/ Principe de la surprise,
A la condition que le domaine stratégique n’ait pas envahi le « tactique », c’est-à-dire l’empiétement du politique sur le militaire.
Il peut exister aussi des « principes visant à imposer sa volonté à l’ennemi, aux aptitudes à frapper fort. »
A travers les siècles et l’histoire nous avons pu en mesurer la portée.
Alexandre, Hannibal, Epaminondas, Scipion l’Africain, César, Gutave le Grand, Turenne, Napoléon, Général Lee, Von Moltke, Guderian, Joukov, Timochenko, Manstein, etc.
Il existe 8 principes :
1er principe :
Adaptation des fins aux moyens.
« Viser plus haut et plus loin que ne le permettent réellement les moyens dont on dispose a toujours conduit au désastre malgré tout l’héroïsme déployé ».
Il ne s’agit pas ici, d’ « inaction », ni d’une infériorité globale de moyens par rapport à l’adversaire ne permette, en certains circonstances grâce à de judicieuses applications de l’économie des forces, de remporter des victoires parfois décisives ».
2eme principe :
Conserver toujours à l’esprit le but stratégique. Plusieurs voies peuvent conduire au « but stratégique », les utiliser tour à tour, mais toutes celles qu’on emprunte doivent obligatoirement y conduire.
Un succès même très important, remporté par une voie qui ne mène pas vers le but stratégique, peut provoquer le désastre.
3eme principe :
« choisir la direction stratégique à laquelle l’ennemi doit s’attendre le moins ».
4ème principe :
Le 4ème principe consiste à exploiter le succès dans la direction de moindre résistance, devant permettre d’atteindre le but stratégique.
5ème principe :
Prendre une ligne d’opération qui permette de choisir entre plusieurs objectifs, pour atteindre le but stratégique.
6ème principe :
Souplesse des plans, et adaptation des dispositions qu’ils impliquent à leurs possibilités adaptation aux circonstances.
7eme principe :
Il consiste à ne pas jeter le gros de ses forces contre un ennemi « sur ses gardes ». Qu’il soit en mesure d’accepter la bataille ou de la refuser.
8ème principe :
Ne pas répéter une manœuvre ayant déjà échoué, même avec des moyens plus importants.
Ces 8 principes de base – immuables – sont des procédés d’application – offensifs ou défensifs.
.../...
1Général Billote
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