De la démocratie à la dictature de l’opinion
Une présidentielle dictée et jouée par les sondages. Une vie politique appréciée et jugée par le même système. Des émissions télé construites par les « vrais gens ». Même Agoravox a succombé à l’illusion démocratique avec le vote systématique de chaque article, chaque commentaire publié. A quand l’appel au vote pour chaque mot prononcé ?
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH272/urne-3-e4ae1.jpg)
Le dernier exemple le plus flagrant est sans doute la condamnation ferme des indignations et des déceptions suite au résultat des présidentielles. Oui, maintenant que 53% des Français ont choisi un président, il ne reste plus aux autres qu’à fermer leur gueule "par respect pour le suffrage exprimé".
Un refrain qui se répète et devient absolument maître dans tous les échanges. La caricature qui illustre le mieux sans doute cet absurde système est de loin l’émission "L’arène de France" de Stéphane Bern diffusée chaque mercredi soir sur France 2. Alors au regard de ce produit, peut-on dire effectivement que l’on est revenu au temps des arènes ?
Un certain ministre devenu candidat employait régulièrement la formule : "Vous savez, les Français me donnent raison" (sous-entendu, regardez les sondages). Et à chaque fois, le journaliste se retrouvait interdit devant un fait aussi implacable comme si une opinion majoritaire rendait nulle ou illégitime toute autre idée différente.
Aujourd’hui, c’est absolument fabuleux. Sans bouger de chez soi, on peut agir sur le cours des choses. Il suffit de voter en ligne. Un vote anonyme, sans conviction, un vote de réaction. Un vote qui correspond à notre petit problème, insipide dans sa profondeur et finalement nul par sa portée. Puisque le lendemain, sans doute le même sondage donnera un résultat tou différent. Un vote confondu dans la masse et par la suite interprété, analysé, expliqué par une armée d’experts. Analyser les sondages, c’en est devenu une vocation professionnelle.
Le vote, j’ai envie de dire, est le prolongement du réflexe du zapping télévisuel. Un aboutissement "citoyen" de la consommation. On ne milite plus en politique, on la consomme. On adule un candidat et, quand il devient inintéressant, on le jette. Ce candidat, on l’habille, le maquille. Même que quand on appuie dessus, il sort des formules toutes faites. Même plus besoin de changer les piles. La politique ne vit que par les médias. Le média ne vit que par les recettes publicitaires. La publicité c’est du marketting. La politique c’est de la publicité. Elles ne sont pas de l’info. Elles cherchent à convaincre, jouent sur l’affectif, les sentiments, l’irrationnel et sont toujours affirmatives. Elles n’exposent pas des faits mais influencent des comportements. Toutes deux produisent des consommateurs.
Et que fait un consommateur si ce n’est zapper ? Zapper les produits, acheter ce qui se fait de mieux et le mettre en avant. Consommateur mis en valeur, isolé, individualisé, unicisé. Son intérêt compte plus qu’aucun autre. Et quelle est la meilleure arme de défense si ce n’est sa voix ? Mais en tant que consommateur, et accaparé par toutes les infos, images, sons, technologies, en recherche d’un désir jamais assouvi. Désir qu’il veut satisfait instantanément et non pas demain. Un satisfecit atteint quelques secondes dans ce bref bonheur de vote vainqueur, ce vote "citoyen".
Sur Agoravox, c’est incroyablement symptomatique. On vote oui ou non mais on n’xplique même pas pourquoi. Et même que parfois, notre pouce baissé suffira à humilier un commentateur trop impertinent en "masquant" son avis. Ainsi, par ce simple geste qu’est cliquer, on peut passer de démocrate à dictateur : c’est l’avènement de la démocrature.
32 réactions à cet article
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Excellente analyse. Alors que l’on assiste à une certaine « Berlusconisation » du pouvoir, il est bon de rappeler ce qu’est la démocratie...
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Merci pour ce soutien conditionnel.
Mon article reste toutefois modeste et la question mérite d’être approfondie. En effet, la collusion entre médias, politique et opinion est complexe à analyser.
Ce que je voulais démontrer, c’est que l’on flatte et met en exergue un des côtés pervers de la démocratie, le vote. Et par cette mise sur piédestal de cet outil et qui ne reste qu’un outil de la démocratie, on instaure un discours légitimiste sur la notion de « majorité ».
A toute.
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Bonjour Voltaire et Bourricot, (quel appariement !)
eh oui, la démocratie dans l’absolu, celà n’existe pas, ce n’est qu’une abstraction :
Ce qui fait la valeur d’un pays, c’est la qualité et la maturité du peuple qui l’habite, et non la prétendue perfection technique du système autour duquel il s’articule.
La valeur de l’ambiance et de l’amour qui règne dans une famille, du savoir et de la culture qui l’imprègne, qui sera la base du développement de ses enfants, c’est la qualité et la maturité de ses adultes et de ses ancêtres, de ses élites, en sommes.
A l’échelle d’un pays, c’est pareil : le génie d’un peuple est issu de sa base, mais il faut une élite digne de ce nom, pour réussir à le catalyser, à l’exprimer et à le réaliser.
La démocratie, ce n’est qu’un principe « technique » pour élargir l’élite au niveau du peuple, et permettre à chaque citoyen supposé en faire partie de s’exprimer ; mais celà n’a jamais été une baguette magique qui transformerait un ramassis d’ilotes soumis, déculturés et bestiaux en citoyens lucides, responsables et exigeants, ni une oligarchie cupide, hypocrite et dégénérée en une élite sincère, dévouée et aux caractères nobles, respectable en un mot.
Il serait temps de sortir de cette superstition partout répandue qui veut nous faire croire que nous seront sauvés par la technique :
Ce système produit des prodiges, mais jamais prodiges ni miracles n’ont réussi à transformer un imbécile borné, immature et égoïste en un citoyen lucide, cultivé et responsable...
cordialement Thierry
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Votre analyse, Bourricot, souligne admirablement la convergence du politique et du médiatique (hum... convergence ou phagocytage de l’un par l’autre ?).
Les media populaires ont en effet accoutumé, depuis quelques années, les plus jeunes d’entre nous à un dévoiement de la pratique électorale : on vote pour virer Machin du loft, on vote pour que Bidule remporte la starac, on vote pour établir un palmarès des cinquante « meilleurs » canulars télévisuels...
Dernièrement est revenue à l’antenne une émission des 90’, Une Famille en or, où l’opinion majoritaire dans un sondage (concernant des sujets futiles,genre « slip ou caleçon ») fait figure d’opinion légitime : même si cet exemple est dérisoire, il participe de l’actuelle tendance à assimiler « être majoritaire » et « avoir raison ». De là à ce que les sondages politiques deviennent pour certains électeurs des prescriptions et non plus de simples éléments d’information, il n’y a qu’un pas ; on peut ainsi lire (en substance)sur des forums :« Tu vas voter pour un candidat qui n’a aucune chance, tu es vraiment un looser »...
Bref, j’ai bien peur qu’on ne dérive vers un remake de « du pain (mais seulement pour ceux qui travaillent plus)et des jeux »...
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Excellent article.
Ça me fait penser à ce texte de Pierre Desproges sur la démocratie :
"Est-il en notre temps rien de plus odieux, de plus désespérant, de plus scandaleux que de ne pas croire en la démocratie ?
Et pourtant. Pourtant.
Moi-même, quand on me demande : « Etes-vous démocrate ? », je me tâte. Attitude révélatrice, dans la mesure où, face à la gravité de ce genre de question, la décence voudrait que l’on cessât plutôt de se tâter. Un ami royaliste me faisait récemment remarquer que la démocratie était la pire des dictatures parce qu’elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité. Réfléchissez une seconde : ce n’est pas idiot. Pensez-y avant de reprendre inconsidérément la Bastille. Alors que, en monarchie absolue, la loi du prince refuse cette attitude discriminatoire, puisqu’elle est la même pour les pour et pour les contre. Vous me direz que cela ne justifie pas qu’on aille dépoussiérer les bâtards d’Orléans ou ramasser les débris de Bourbon pour les poser sur le trône de France avec la couronne au front, le sceptre à la main et la plume où vous voudrez, je ne sais pas faire les bouquets.
Mais convenez avec moi que ce mépris constitutionnel des minorités qui caractérise les régimes démocratiques peut surprendre le penseur humaniste qui sommeille chez tout cochon régicide. D’autant plus que, paradoxe, les intellectuels démocrates les plus sincères n’ont souvent plus d’autre but, quand ils font partie de la majorité élue, que d’essayer d’appartenir à une minorité. Dans les milieux dits artistiques, où le souci que j’ai de refaire mes toitures me pousse encore trop souvent à sucer des joues dans des cocktails suintants de faux amour, on rencontre des brassées de démocrates militants qui préféreraient crever plutôt que d’être plus de douze à avoir compris le dernier Godard. Et qui méprisent suprêmement le troupeau de leurs électeurs qui se pressent aux belmonderies boulevardières. Parce que c’est ça aussi, la démocratie. C’est la victoire de Belmondo sur Fellini. C’est aussi l’obligation, pour ceux qui n’aiment pas ça, de subir à longueur d’antenne le football et les embrassades poilues de ces cro-magnons décérébrés qu’on a vus s’éclater de rire sur le charnier de leurs supporters. La démocratie, c’est aussi la loi du Top 50 et des mamas gloussantes reconverties en dondons tisanières. La démocratie, c’est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser ou les batailleurs de chez Polac, ou n’importe quoi d’autre qu’on puisse soupçonner d’intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s’émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d’un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire.
Cela dit, en cherchant bien, on finit par trouver au régime démocratique quelques avantages sur les seuls autres régimes qui lui font victorieusement concurrence dans le monde, ceux si semblables de la schlag en bottes noires ou du goulag rouge étoilé.
D’abord, dans l’un comme dans l’autre, au lieu de vous agacer tous les soirs entre les oreilles, je fermerais ma gueule en attendant la soupe dans ma cellule aseptisée. Et puis, dans l’un comme dans l’autre, chez les drapeaux rouges comme chez les chemises noires, les chefs eux-mêmes ont rarement le droit de sortir tout seuls le soir pour aller au cinéma, bras dessus, bras dessous avec la femme qu’ils aiment. Les chefs des drapeaux rouges et les chefs des chemises noires ne vont qu’au pas cinglant de leurs bottes guerrières, le torse pris dans un corset de fer à l’épreuve de l’amour et des balles. Ils vont, tragiques et le flingue sur le coeur. Ils vont, métalliques et la peur au ventre, vers les palais blindés où s’ordonnent leurs lois de glace. Ils marchent droits sous leurs casquettes, leurs yeux durs sous verre fumé, cernés de vingt gorilles pare-chocs qui surveillent les toits pour repérer la mort. Mais la mort n’est pas pour les chefs des drapeaux rouges ni pour les chefs des chemises noires. La mort n’est pas aux fenêtres des rideaux de fer. Elle a trop peur.
La mort est sur Stockholm. Elle signe, d’un trait rouge sur la neige blanche, son aveu d’impuissance à tuer la liberté des hommes qui vont au cinéma, tout seuls, bras dessus, bras dessous, avec la femme qu’ils aiment jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver".
Pierre Desproges - Chroniques de la haine ordinaire - texte écrit le 3 mars 1986, après l’assassinat d’Olof Palme.
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MERCI MARSU
pour ce superbe texte de Pierre Desproges .
Vive donc la république quand même ou plutôt la démocratie , la suède étant un royaume quand même et sa famille royale Bernadotte .
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Très beau texte en effet, Desproges a toujours été étonnament juste sur ces questions.
Oui fondamentalement la démocratie c’est bien un rapport de force permanent entre une majorité et une minorité.
Le problème c’est qu’on utilise ce modèle comme idéal. Or il ne s’agit que du moins mauvais.
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@ Bourricot
Tu connais la phrase de Churchill j’imagine... Je ne crois pas que beaucoup de gens pensent que le système de démocratie représentative soit l’idéal. Ce n’est qu’un des moins mauvais possibles. Pour l’améliorer il faudrait donner davantage de droits constitutionnels à l’opposition, et trouver des mécanismes régulateur qui empêchent 51% de la population d’imposer sa loi absolue à 49%. Pas évident, vu que le vainqueur d’une élection se croit toujours tout permis.
Desproges for president !
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Eh oui , çà fait plaisir de lire ceci parce que c’est vrai , et celà se fait au détriment de l’opinion , et de la liberté de penser et croire. C’est vrai , l’opinion est devenue comme un bien de consommation , du moins , ne pas pouvoir s’exprimer est tout de même une frustration bien naturelle que l’on canalise de cette maniere , exactement comme pour les achats , on cherche à toucher le compulsif , on vous fait croire que vous avez choisi , tel est le principe publicitaire de base , à part que si je n’ai pas envie d’acheter une bagnole , personne m’obligera à en acheter une , mais lorsqu’il faut élire un président ...là tout le monde y passe ... et donc c’est plus grave.
Vous vous rappelez tous ces gens qui tapaient sur les RMI et autres allocs , en parlant « d’assistanat » ? Et bien pour moi , c’est pire encore dans le cas cité par l’article , c’est de « l’assistanat mental ». La politique / pub est une vraie dépossession de la capacité à réflechir sur le sens , parce que comme pour l’achat , cette politique / pub déforme et parfois anihile toute possibilité de choix en stimulant l’émotionnel tout en vous faisant croire que vous avez choisi = « Les français me donnent raison »
Assistés de la pensée , si vous ne vous remettez pas au travail en batissant vos propres opinions à partir de ce-que-VOUS-avez-compris-en-reflechissant-un-peu
, mmmm , on va finir par vous couper vos allocs-TF1 , petits fainéants , attention , il y a trop d’abus et de fraude d’opinion , le pays a besoin de vraies opinions pour prendre ensemble de vraies décisions , car avec vous , je ne vous mentirai pas , je pense ... mmm , mais alors que tout est possible ! pfah , non mais sans rire ?!
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Avec un peu d’honneteté :
Oui , dans certains cas c’est pas mal , le - / + . Pourquoi ? Avez vous remarqué la cohorte de gens qui quotidiennement , naviguent entre - 10 et - OO avec leurs interventions ?
Insultes , réactions viscérales , attaques , au détriment de l’argument , volonté de choquer ?
Alors dans ce cas précis ( qui n’est pas le seul certes mais qui touche pas mal d’habitués ) on peut déduire et accepter aussi que ceux qui n’arrivent pas à formuler l’argument mais qui écrivent de maniere compulsive , par slogan , à la maniere d’un publiciste ... ( tiens tiens , çà reviendrait dans le sujet çà ) ... , sont les plus sensibles d’entre nous ... , si .
Un propos les choque , ils attaquent , une idée les boulverse , ils attaquent , ils sont toujours dans les moins , mais tous les jours sur le site , alors , on ne va tout de même pas dire d’eux qu’ils sont esclaves d’une dévalorisation , non ? Non , ils sont ici pour avancer , comme nous , dans l’élaboration de leurs idées , se protegent des fois en clans mais c’est pas grave , mais ils ne peuvent avancer que si ils ont ce retour ( les - ) . Et ce retour par le vote suffit à éviter le débat stérile consistant à répondre aux attaques. C’est donc une chance pour eux , d’avancer un peu et de sortir du slogan , vaincre leur sensibilité , et rejoindre peu à peu , l’idée... enfin , à mon sens en tout cas.
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oh grand presidium depositaire de 53% de part de pensée de la masse citoyenne que ce jeudi 24 mai grand bien vous fasse de nous etonner encore davantange de ton energie mediatique....gloire a vous grand présidium devant l’ond’ eternel !!!
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« Le dernier exemple le plus flagrant est sans doute la condamnation ferme des indignations et des déceptions suite au résultat des présidentielles. Oui, maintenant que 53% des Français ont choisi un président, il ne reste plus aux autres qu’à fermer leur gueule »par respect pour le suffrage exprimé".
Je ne sais pas où l’auteur à vu ça. La seule lecture d’Agoravox, qui est une fastidieuse suite d’articles consacrés à la diabolisation de Sarkozy devrait quand même lui donner un minimum le sens de la mesure.
Ou alors est ce que ça veut dire que le moindre argument en faveur de Sarkozy est toujours considéré comme une agression intolérable ?...
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Je tiens évedemment à préciser que je suis farouchement favorable à la liberté de la gauche ultraconservatrice à agoniser lentement (le plus lentement possible sera le mieux) en poussant les hurlements les plus effayants... Ca ne me dérange pas du tout et ça ne m’empèchera pas de dormir.
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Eh voila un avis ferme de la part de quelqu’un qui a fermement suivi l’actualité fraiche du PAF.
L’auteur fait référence aux manifestations anti-Sarkozy au lendemain de son election : la plupart des manifestants (futurs avocats, magistrats et généralement non extremistes aux casiers vierges) se sont retrouvés avec des premières condamnations fermes (et non assorties de sursis) allant jusqu’a plusieurs mois. Fait jamais vu de mémoire de jurisprudence. Est-ce cela la démocratie, anéantir les manifestations d’avis divergents ?
Concrètement, j’habite à Saint Michel, et j’ai vu un déploiement d’effectifs policiers impressionnant le 9 mai, à l’occasion de deux manifs, l’une de l’extrème gauche, l’autre de l’extrème droite, les deux devant se rencontrer. Bien évidemment, ils ne se sont jamais rencontré, la police a empeché l’affrontement. Elle a aussi écrasé sous mes yeux tout expression basique. Sur un effectif de 200 policiers il y avait à tout cassé une vingtaine de manifestants encerclés sur lesquels on a chargé en une 10 de minutes.
Je n’ai pas entendu parlé de cette manif en plein paris dans les médias. Mais j’ai une excellente photo de deux flics, qui étant trop nombreux, ont posés sans aucune demande de ma part, car j’étais interessée par les manifestants. Un très beau cliché que je devrais peut etre publier...
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Non, ceux là, je les plains, pauvres naïfs manipulés par les agitateurs professionnels de l’extrème gauche qui envoie la piétaille se faire taper par les CRS pour pouvoir ensuite crier au fascisme parce qu’ils trouvent scandaleux qu’on ne puisse plus tranquillement faire bruler les voitures.
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« On ne milite plus en politique, on la consomme. »
Je ne peux qu’approuver. Merci pour cette bouffé d’air.
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Pour moi, l’exercice démocratique actuel sert surtout à faciliter l’acceptation des masses à se soumettre. La domination s’exerce aussi parce qu’il existe un besoin de se faire dominer. Comme il est souvent difficile d’accepter notre responsabilité à la soumission, on se défoule en votant et en donnant notre avis sur tout, pour se reposer, satisfait de s’être exprimé, sur un sentiment de liberté.
Par sa posture autoritaire paternaliste, Sarkozy a répondu aux incertitudes (économiques, existentielles et spirituelles) d’une majorité désireuse de se ranger derrière une figure omnipotente et omnisciente. Je ne nie pas l’influence des médias prompts à diffuser un discours réducteur où chacun pioche ce qui lui plaît, avant et après l’élection (Cf. « On sait pourquoi Sarkozy a été élu, Merci Juppé" http://forums.france5.fr/ripostes/Special-Alain-Juppe/sarkozy-merci-juppe-sujet_12_1.htm ). Pourtant, j’ai l’impression que le choix des électeurs se résume souvent à l’évaluation du charisme présidentiel.
Et pour en rire ou en pleurer (justement, difficile à trancher), je vous conseille ce reportage radio où « Mlle sans gêne » lucide et désintéressé à la fois nous livre sa vision de la Démocratie. http://www.arteradio.com/son.html?24173
Enfin, j’aimerais savoir pourquoi on vote : Pour représenter notre intérêt personnel, celui de notre corporation ou celui de la Nation ? Et surtout, nous sommes-nous déjà poser la question ?
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cher Deminul
Vous avez pointé une bonne partie du problème.
Il n’est que de relire :« De la servitude volontaire » de La Boétie pour s’en convaincre.Le manque de formation civique, de culture politique ainsi que la domination des tendances consuméristes tiennent aussi une large part dans ces comportements...
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@ Zen
Bonne idée. Je fais le lien sur le Discours de la servitude volontaire, tiens...
Je crois que c’est aussi affaire de tempérament et de force de caractère. Quand il y a impérieuse et objective nécessité d’insoumission, il n’y a jamais beaucoup d’insoumis.
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Si soumission il y a, elle est inconsciente pour les masses. Il s’agirait plutôt de manipulation populiste et démago par les élites. La population pour la plupart n’a pas accès à l’info, à des formations économiques pointues et ne peut pas se faire un avis.
Ou peut être ne veut pas se faire d’avis. Il est toujours plus aisé de piocher dans le prêt-à-penser : préjugés et clichés, étiquettes en tout genre, analyses politiques et économiques toute faites. Pourquoi se fatiguer puisque l’on peut directement adhérer à la faciliter de penser qui n’est pas la sienne. Je noterai d’ailleurs que ce prêt-à-penser ne concerne pas seulement la foule, la plèbe. Elle se voit fréquemment dans les milieux élitistes des grandes écoles et plus tard de la politique française. Paresse intellectuelle ou langue de bois généralisée d’une élite qui embrigade toute une Nation ?
Ce qui est sure c’est que, quelle que soit la couche sociale, chaque individu ne pense qu’à son propre intéret (profit). Et prend le raccourci de la pensée dominante en libre service pour mieux assurer l’avenir de sa petite vie mercantile...
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... surtout dans un climat de marasme économique, social, culturel, identitaire...
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à Zen, A propos du manque de civisme... pas de soucis, Sarkozy a dit qu’il renforcerait son enseignement ! A suivre...
ça me rappelle l’élection de Délégué de classe en 3e. J’y ai raflé le scrutin en amusant la galerie avec un tract débile, évinçant ainsi l’autre candidat, pourtant bien plus compétent. Comme j’étais de Droite à l’époque (!), c’était une façon de jouer à la guéguerre de la propagande avec mon pote socialo ! Le directeur est même venu nous féliciter pour notre implication civique !
Encore une autre anecdote pour rire : On m’a rapporté une « Question pour un champion » : Quel satellite tourne autour de la Terre ? La Lune, le Soleil... ?
- L’avis du public : à 53%, le Soleil !! Allez, on fait comme si Copernic n’avait jamais existé, on retourne au Moyen-âge, on se prend pour le centre de l’univers et on vote à 53% pour... le Soleil ! -
Oui, les révolutionnaires en peau de lapin qui lutte férocement contre le fascisme anonymement sur internet, merci... continuez
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Concernant le système de vote d’Agoravox, je trouve pas mal de poser la question « Constructif ou non ? » plutôt que de se servir d’un vote comme une sanction. Car finalement, je trouve assez intéressant que s’expriment des pensées que je n’aurais jamais imaginées. Il faut se garder de les mépriser et de les rejetter. Cela peut nous éclairer sur leur façon de justifier l’injustifiable. Par exemple, j’ai pu lire à propos du conflit d’intérêt de Sarkozy avec Bolloré (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=23987) : « ça t’es jamais arrivé de profiter d’un piston ? » ou « ou »Je me doute bien qu’il va s’en mettre plein les poches, mais à sa place, je ferai pareil...« (quoique là, je doute que le Posteur ne joue pas au provocateur) ou »C’est bien que le Président soit copain avec des industriels ; comme ça, il peut lui demander de ne pas licencier"... cela permet de se souvenir de notre enfance, de notre naïveté. On ne peut pas construire notre avenir en oubliant notre passé ! J’exagère mais dans l’absolu, toute compréhension de l’autre nous construit, non ?
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Je vote « non constructive » l’intervention de Nicolas car :
- L’auteur parle de l’habitude de vote, pas seulement du vote exercé lors du scrutin présidentiel.
- Il parle de « vote à la profondeur incipide » cad sans goût, sans réel désir.
- la portée général de ce texte ne remet pas forcément eu cause votre désir de changement -
Bein les sondages avaient de la profondeur, puisque Sarkozy a été élus.
Donc on ne peut qu’au contraire admirer la constance et la détermination de l’electorat, qui sait trés bien ce qu’il veut.
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Quelle belle leçon de démocratie ! Est-ce que le rédacteur aurait la même réaction si son favori avait été élu ?
J’en conclus que l’auteur est ===> anti-démocrate ===> Limite un peu facho ===> intolérant ===> incapable de s’adapter à ce qui n’est pas sa pensée ===> étroit d’esprit
Agoravox ne rassemble que des rédacteurs s’opposant à Sarko, il devient un défouloir haineux
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Oui, marchandisation du vote, de la politique. C’est fondamental.
Dans cette « Nikisation » de la politique le programme disparaît, la politique sera rangée au rayon poussiéreux des langues mortes. Demain nous voterons pour l’image la plus léchée et la plus excitante. Demain les discours politiques seront ajustés en direct, seconde par seconde, sur l’analyse de contenu générée par les logiciels GoogleMotionSpace sur la popularité de chaque mot.
Demain nous voterons tous, chacun contre tous et tous en même temps, pour l’intelligence artificielle la plus performante.
Demain, à moins que ce ne soit déjà là.
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Si seulement ont été en dictature ,qu’on s’amuserait mieux, Hein ! mon pote ! « La marchandisation du vote politique » superbe ! la « Nikisation de la politique » subtile ! et que pensez vous de « l’Addasisation de la démocratie » Non c’est moins bien, y’a pas le « niquer nike », c’est un peu comme Harry Cover, quoique...couac
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@ Mako : quels sont les éléments que vous avez à votre disposition, qui vous permettent de tenir un tel langage ? Je trouve le propos violent et déplacé, en fait.
Déjà, l’habeas corpus est issu d’un système de droit jurisprudentiel (UK, USA, entre autre), ce qui n’est pas le cas en France, où nous suivons le code Napoléon. Dans un cas, la loi émane de la pratique, dans l’autre, de textes. Il faut donc dire, oui, que cet « habeas corpus » ne fait pas partie de notre système juridique, historiquement en tout cas.
De plus, l’habeas corpus a été pondu dans un système ’achement démocratique, la royauté anglaise au moyen âge (rappel : cela devait protéger le commun de la détention arbitraire et sans justification). Cela est devenu un pilier des libertés publiques anglaises. Pas de démocratie, donc, comme élément constituant. Même s’il faut admettre que c’est effectivement un élément important dans toute démocratie.
Ensuite, il y a un savant mélange, je pense, entre le droit constitutionnel, dit public, qui découle directement de la Constitution de 1958 et de ses articles, et le droit civil, qui lui a une source codifiée ET d’interprétation/jurisprudence. Les deux ne servent pas la même finalité. De plus, ces droits sont eux mêmes subordonnés aux droits et chartes internationales, auxquelles la France a décidé d’abandonnner tout ou partie de sa souveraineté. La France repose sur un Etat de droit, et il n’est pas difficile de le reconnaître : tout y est conditionné pas des codes : commerce, civil, pénal, ... Ces codes ne datent pas d’aujourd’hui, même si beaucoup de textes sont ajoutés chaque année à ceux-ci.
Quant à la présomption d’innocence, pardonnez-moi, mais qu’avez vous pu voir qui la remette en cause ? Les lynchages médiatiques, les comportements systématiques de certains devant d’autres ? Des détentions arbitraires ? Pas de loi d’exception à date en France, nous ne sommes pas les USA.
Pour finir, le régime présidentiel absolu, oui, cela n’est pas forcément faux. Au moins avez-vous la chance de ne pas avoir forcément le même larron aux commandes à la fin de ces 5 ans. Cela restera un choix, qui lui aussi sera soumis à la nation dans son ensemble. Après, on apprécie ou pas, c’est une autre histoire.
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Aux states, on est plus avance : la technique journalistique de fox pour justifier leur positions : « some peolpe said » bilan sans aucune preuve a l appui 55% des spectateurs regardant fox pensent que les armes de destructions massives existaient alors que seulement 7% regardant PBS le pensaientt ; some people said it ! sachant qe le television est ICI partout , je vous dis pas les degats. En europe vous avez malgre tout, une plus grande diversite dans la source des infos .... pour ceux qui vont repondre : il y a internet. allez sur google US, UK FR GER et comparer les pages les plus vues et comprendrez tout de suite qu internet n est que le reflet de la societe. si tu regardes fox et pas pbs , tu vas lire AZ today et pas NY times ...meme chose pour internet
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Je trouve cet article intéressant car il soulève bien des questions dont certaines ont été abordées par les intervenants.
Toutefois il faut relativiser ce que l’on entend par « démocratie » : Je connais nombre de personnes qui souhaiteraient instaurer un « permis de voter », réservé aux gens ayant une « certaine » connaissance de la chose publique, le « bas peuple » étant trop ignorant pour savoir ce qui est bon pour lui.
Dans le l’ouvrage de science-fiction des années 60 : « Starship Trooper » de Robert Heinlein (le livre, pas le navet cinématographique) l’auteur développe l’idée que la citoyenneté, et donc le droit de vote, est réservé à celles et ceux qui, ayant accompli leur service miltaire, ont montré qu’ils étaient capables de placer l’intérêt collectif au dessus de leur intérêt égoïste, voire de leur vie - ce qui valut à Robert Heinlein le qualificatif de « fasciste ».
Comme quoi ce questionnement, et la diversité des réponse, ne sont pas nouveaux.
(Parenthèse : j’adore la science-fiction car elle permet d’aborder de nombreux sujets de société sans avoir l’air d’y toucher).
Mais j’aimerais revenir à ce que l’on entend par « démocratie » dans nos systèmes actuels, par le biais de quelques citations :
« La démocratie est un système où vous pouvez faire tout ce que vous voulez tant que vous faites ce que nous vous disons ».
Noam Chomsky « la doctrine des bonnes intentions »
"Là où le libéralisme fonctionne le mieux, c’est où existe une démocratie formelle, mais où la population se voit privée de l’accès à l’information et aux forums publics nécessaire à sa participation sérieuse à la prise de décision. ... La démocratie est permise aussi longtemps que le contrôle exercé par le grand capital échappe aux délibérations et aux changements voulus par le peuple, c’est-à-dire aussi longtemps qu’elle n’est pas la démocratie. ... A certains égards, la médiocrité du débat et du choix lors des élections évoque plutôt les Etats communistes à parti unique qu’une authentique démocratie.
Robert W. McChesney : Préface au « profit avant l’homme »
« Faire des profits est l’essence même de la démocratie ; tout gouvernement qui poursuit une politique contraire aux intérêts du marché est antidémocratique quand bien même il jouirait d’un large soutien populaire. »
« Milton Friedman : Capitalisme et liberté »
"Malgré tout, cela ne compte pas tant que les élections sont habilement gérées afin d’esquiver les problèmes de fond et de marginaliser la « population du dessous », pour user à nouveau de la terminologie de Veblen, ce qui laisse aux dirigeants élus toute liberté de servir les « gens d’importance ». Et c’est ce qui s’est produit.
Ferguson et Rogers décrivaient les premiers effets de la puissante riposte coordonnée à la « crise de la démocratie » des années 1960 dont s’inquiétait tant la Commission Trilatérale, à qui l’on doit cette expression. La commission se composait d’importants internationalistes libéraux issus des trois grandes régions du monde industrialisé : l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon. Pour avoir une idée de leur vision générale, il suffit de préciser que l’administration Carter est essentiellement sortie de leurs rangs. La crise dont ils discutaient était fort préoccupante : les années 1960 avaient suscité, disaient-ils, un « excès de démocratie ». Des milieux, en général passifs et marginalisés - les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les syndicalistes, les minorités et d’autres composantes de la « population du dessous » - commençaient à entrer sur la scène politique pour promouvoir leurs revendications. La « crise de la démocratie » était jugée encore plus dangereuse par les milieux de l’élite qui, idéologiquement, se situaient à droite de la commission, et par le monde des affaires en général."
Noam Chomsky : « Les états manqués »
« Conformément aux habitudes de ces dernières années, les campagnes électorales de 2004 (aux USA NdT) ont été organisées par l’industrie des relations publiques, dont la vocation normale est de vendre du dentifrice, des médicaments de confort, des automobiles et d’autres marchandises. Son principe fondamental est la tromperie. La publicité a pour mission de miner les libres marchés qu’on nous apprend à admirer, ces entités mythiques où des consommateurs informés font des choix rationnels. Dans de tels cadres les entreprises se limiteraient à donner des informations sur leurs produits : bon marché, facile, simple. Elles n’agissent pas ainsi, ce n’est pas un secret. Elles dépensent ces centaines de milliards de dollars par an pour projeter une imagerie visant à induire en erreur le consommateur. Tout le monde en convient : tel est l’objectif de la publicité - et non d’apporter de l’information. [...] De plus -Veblen l’a souligné il y a longtemps -, l’une des premières tâches de la propagande d’entreprise est la « fabrication des consommateurs » activité qui consiste à induire « tous les symptômes classiques du totalitarisme d’état : atomisation, irrationalité et apathie politique, perte de sens et banalisation de procédures politiques prétendument démocratiques, frustration croissante de la population, etc ... ». »
Noam Chomsky : « Les états manqués »
"Platon avait un mot magnifique pour tous ces gens, celui de doxosophe : ce « technicien-de-l’opinion-qui-se-croit-savant » pose les problèmes de la politique dans les termes mêmes où se les posent les hommes d’affaire, les hommes politiques et les journalistes politiques (c’est-à-dire très exactement ceux qui peuvent se payer des sondages ...).
Le philosophe s’oppose au doxosophe, comme le philosophe, en ce qu’il met en question les évidences et surtout celles qui se présentent sous la forme de questions, les siennes autant que celles des autres. C’est ce qui choque profondément le doxosophe, qui voit un préjugé politique dans le fait de refuser la soumission politique qu’implique l’acceptation inconsciente des lieux communs au sens d’Aristote : des notions ou des thèses avec lesquelles on argumente, mais sur lesquelles on n’argumente pas.
... Ce que je défends avant tout, c’est la possibilité et le nécessité de l’intellectuel critique, et critique d’abord de la doxa intellectuelle que sécrètent les doxosophes. Il n’y a pas de démocratie sans véritable contre-pouvoir critique. L’intellectuel en est un et de première grandeur. C’est pourquoi je considère que le travail de démolition de l’intellectuel critique, mort ou vivant - Marx, Nietzsche, Sartre Foucault, et quelques autres que l’on classe en bloc sous l’étiquette de « pensée 68 » -, est aussi dangereux que la démolition de la chose publique et qu’il s’inscrit dans la même entreprise globale de restauration."
Pierre Bourdieu : « Contre-feux »
Et je vous recommande la lecture des ouvrages de Noam Chomsky : « La fabrique de l’opinion publique », « Propagande Médias et Démocratie ». Ces ouvrages très éclairants sur ce qu’il appelle (et d’autres avec lui) la « démocratie formelle » dans laquelle nous vivons.
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