Deux mots sur le programme de M. Mélenchon
Quand un peuple s'unit dans une utopie commune tout devient possible !
Rêver est un acte révolutionnaire !
1 : L'union dans une utopie
Que pense-t-il un poète exilé des élections présidentielles dans son pays d’adoption ?
Au lieu de poétailler sur le printemps, que pour la cinquante septième fois me surprend par sa beauté et charge mes batteries jusqu'à la dernière, je prends la plume pour parler politique.
Je le fais car je suis un citoyen avant d'âtre un poète
Et vice versa !
Je le fais pour la même raison que j'ai fini ici
En exil :
Quand le village souffre
Et saigne
Poète ou pas
C'est interdit de se taire !
Et mon village d'adoption, la France, l'Europe, souffre et saigne. La Grèce, le berceau de notre culture, est la martyre moderne d'un bête immonde qui nous guette tous.
Il y a quelques années j'ai écris ce poème1, que j'ai dédié à Pierre Bourdieu :
Non
Le propre de l'Homme
Est de dire Non
Soyons propres
Refusons l'injustice
Croyant que la vie est le poème le plus vrai d'un poète, je mets ma plume en bandoulière et … dans une série d'articles je raconte ma manière de vivre ces élections.
Introduction
Je parle dans cette introduction du contexte historique d'aujourd'hui. Si l'Histoire vous barbe, passez au suivent. Vous allez l'adorer !
Les élections de cette année se déroulent dans une situation inédite depuis plusieurs générations : une crise sans précédente dans sa nature. L'ordre économique ultra libérale relancée par le couple Reagan-Thatcher, il y a plus de 20 ans, et basée sur la doctrine selon laquelle on doit laisser libres les mains des entreprises et la finance, et plus on réduit l'intervention de l’État dans l'économie, plus on est moderne, efficace, et … bon élève.
Pour ne pas être balayés par le vent de l'Histoire les partis Socialistes et Sociaux Démocrates se sont précipités pour se reconvertir à la nouvelle religion. Certains ont changé leurs noms et presque tous ont rejeté leurs vieux statuts qui contenaient des gros mots comme lutte de classe, prolétariat, révolution, socialisme …
La révolution libérale du capitalisme nous a conduit à la catastrophe économique et sociale que l'on vit en nous faisant croire, par un jeu comptable qui consistait à inventer des valeurs qui n'existaient pas, qu'il s'agissait d'un système ultra performant. On générait de plus en plus de richesse en produisant de moins en moins ! Ils fermaient des usines pour pouvoir investir à la bourse. La financiarisation de l'économie en prenant pour modèle le City. La nouvelle Mecque de l'économie occidentale ! Qu'elle aille au diable l'industrie ! On se contente de la finance !
Et avec la nouvelle étape de la globalisation le cancer national de la spéculation devient ce monstre incontrôlable qui broie l'Homme et la planète et que personne ne maîtrise.
A part se transformer en une fabrique de pauvreté, à part une course folle au profit à tout crin et le productivisme effréné aggravant l'équilibre écologique de notre maison, la Terre, ce nouvel ordre mondial, se met à démonter pièce après pièce notre plus grand acquis de toute l'Histoire, la Démocratie, obtenue par l'ensemble de toutes les luttes des générations passées2.
C'est dans ce contexte que j'ai décidé de voter pour M. Mélenchon. Je consacre ce premier article au pourquoi de cette décision.
L'utopie commune du peuple
La démission des partis Socialistes de leur rôle historique de la critique du capitalisme et leur conversion en gestionnaire du système, d'un côté, et la colère dû à l'aggravation de la situation économique des couches populaires et même la classe moyenne, d'un autre côté, a crée un vide politique et historique que les partis communistes, étant donné la chute de l'Union Soviétique et le discrédit idéologique qu'ils ont subi, n'étaient pas en mesure de mettre en échec.
Ce vide a offert un espace politique énorme aux partis populistes et xénophobes qui, sans avoir nullement l'intention d'attaquer aux privilèges du capital, jetaient des slogans anti-systèmes par la fenêtre et s’implantaient dans les quartiers populaires. Le progrès du FN en France, Ligue du Nord en Italie et leurs cousins ailleurs, dans le vote des couches populaires est avant tout dû à cette démission.
Ma compréhension de l'Histoire m'assurait d'une seule chose : cette situation n'est qu'un passage à vide historique. Une de ces pentes que l'on voit dans n'importe quelle courbe scientifique décrivant n'importe quel phénomène naturel ou social. Je n'ai jamais adhéré au cœur pessimiste de ceux qui pleuraient la mort de l'Histoire et croyaient à la Domination Totale du capital. Bref, la fatalité ! Je croyais, par contre, que la définition d'un nouveau modèle alternatif que l'on puisse proposer en parallèle avec notre critique du capitalisme, viendrait très probablement des penseurs de l'Europe de l'Est qui ont vécu les deux systèmes et qui seraient mieux placés pour faire le travail de synthèse. Même si aujourd'hui je ne considère pas encore le programme du FG comme ce modèle alternatif dont l'Histoire est enceinte, mais je crois qu'il fait parti de cet accouchement tant attendu.
Rompre avec le respect des règles d'un jeu macabre qui est conçu pour perpétuer la domination du capital est l'âme du programme et la campagne du FG. La colère populaire issue d'une crise, quelque soit sa dureté, n'aboutit pas automatiquement à l'insurrection, sans parler d'ébranler le système. L'incapacité du haut à gouverner comme avant et l'impossibilité du bas de vivre comme avant ne mènent à une insurrection que si la colère du peuple est doté d'un projet politique. Le capitalisme a une capacité énorme d'encaisser des coups. Ils laissent très souvent les mouvements pourrir en les isolant du peuple, soit par la censure quand c'est possible, soit par la désinformation quand ils sont obligés d'en parler.
La formation du Front de Gauche, qui témoigne de la maturité politique des ses composants, semble être le processus qui, à condition de garder son unité, va mener à terme le remplissage de l'espace politique qui manquait. Le Front a une analyse, un programme et un représentant. Son analyse qui point du doigt la structure prédatrice du système, au lieu d'attaquer le Président afin de prendre sa place, me comble de satisfaction. Il a un programme qui va au-delà des programmes de gauche que j'avais connu. A part des éléments plus classiques comme l'augmentation du SMIC ou l’impôt sur les grands revenus, il comporte des éléments nouveaux avec une dimension historique et même philosophique, comme le revenue maximum, la limite de écart salarial, la création des pôles publics comme la Petite Enfance … et déclarer que l'humain est le centre du programme, et non pas les règles obscures de la Commission Européenne ou je ne sais quelle autre institution ou banque.
Et il a un représentant qui a le cœur, le talent, le verbe, l'humour et l'art de la pédagogie populaire d'un leader historique. Ce cocktail unique d'atouts aide à porter le message au plus loin, à déjouer les jeux sophistiqués des chiens de garde et à percer des murs de méfiance plus vite que même les plus optimistes ne pouvaient espérer.
Quand un peuple s'unit dans une utopie commune tout devient possible !
Rêver est un acte révolutionnaire !
Reza Hiwa
2012-04-11#04.15
La Grotte
1Rêve et Châtiment, l'Harmattan, 2009
2 Emmanuel Todd, Après la démocratie
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