Est-ce que l’Amour fait mal ?
Pourquoi l’Amour fait-il parfois si peur ? Aime-t-on vraiment une seule fois dans sa vie ? Est ce que l’Amour fait mal ? Ce sont des questions que se posent beaucoup d’entre nous, et dont les réponses peuvent sembler si terrifiantes qu’elles finissent par nous faire craindre l’idée de l’amour lui même, et craindre également celle de se lancer totalement, « corps et âme » comme on dit, dans un Amour absolu. Cet article est un simple article d’opinion, exposant sans ambition quelques réflexions personnelles, un article de pur questionnement, qui ne prétend pas apporter la moindre réponse à ce sujet universel et éternel qu’est l’Amour, qui devrait être le sujet le plus simple du monde, et qui pourtant est peut être en réalité le plus compliqué.
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L’amour, celui qui sera nommé ici le véritable Amour, celui que l’on désigne avec un grand A, est probablement la chose la plus mystérieuse et la plus étrange qui existe. La plus rare aussi, peut être. Et la plus précieuse, sans le moindre doute.
Mystérieuse, parce qu’on ne sait pourquoi ce jour là, cela vous est tombé dessus, au moment où l’on s’y attendait le moins, pourquoi on a été frappé, terrassé, même, par la foudre, avec une telle force, une telle intensité, ni pourquoi, lorsqu’on regarde l’être aimé, ou sa photo quand on ne peut être en sa compagnie, ou quand on lit et relit quelque chose qu’il a écrit, on se sent envahis par un sentiment qui nous dépasse totalement, qui nous submerge, et par cette certitude absolue qu’il y avait, sur Terre, cette seule et unique personne à qui l’on était destiné, et cette personne, on l’a trouvée.
On se sent alors si léger, on a soudain l’impression qu’il nous est poussé des ailes, et si l’on a des soucis dans la vie, si la vie n’a jamais été tendre avec vous et qu’elle continue à vous faire des misères, on se sent alors tellement fort, prêt à affronter toutes les épreuves qui nous ont jusque là minées et amoindries. On arrive à tout supporter, les problèmes de boulot, les problèmes de fric, les tracasseries administratives qu’on vous fait subir en plus de cela, le reste et plus encore, et plus rien de tout cela n’a d’importance. Plus rien n’a d’importance parce qu’est entrée dans sa vie la seule chose qui compte, la seule chose qui fait que la vie a vraiment un sens et vaille la peine d’être vécue.
Et on balaye alors tout les malheurs de sa vie d’un revers de la main, de cette main qui ne songe plus qu’à prendre celle de l’autre, sa main à lui, pour le restant de nos jours et de nos nuits. On ne songe plus qu’à être à ses côtés quoi qu’il arrive, pour être heureuse de ce qui le rend heureux, le soutenir de toutes ses forces si ça va mal, et être là, tout simplement, pour lui et uniquement pour lui.
Parce qu’un jour deux regards se sont croisés, qu’ils se sont fondus l’un dans l’autre, qu’ils ont fusionné, et parce que son regard était si beau, si doux, si profond, si touchant et si plein de sincérité que la foudre a immédiatement frappé.
Ce qui est incompréhensible, c’est ce qui peut pousser certaines personnes à tourner le dos à quelque chose d’aussi beau, d’aussi unique et irremplaçable que l’Amour qu’on ressent ou qu’on vous offre. L’Amour exclusif, l’amour total, celui pour lequel on devient capable de tout donner et de tout sacrifier.
Ce quelque chose dont tout le monde rêve, et quand un jour il est là, il semblerait qu’il soit si effrayant que tous les prétextes soient bons pour penser que ce n’est pas à lui que l’on a affaire, cela ne se peut pas. Cela ne peut pas être aussi sérieux.
Comment peut-on imaginer qu’on ne puisse croire à l’Amour avec un immense A, alors qu’en même temps c’est celui là et pas un autre que tout le monde attend, parfois durant de longues années, parfois (malheureusement ou heureusement, selon les circonstances), sans jamais le rencontrer, mais que malgré tout, nous ne cessons jamais d’espérer qu’il vienne enfin frapper un jour à notre porte ?
L’amour, du moins l’idée que la société semble se faire de l’amour, est pourtant délibérément placé au cœur de nos vies et de nos centres d’intérêts. Nous sommes presque conditionnés à l’attendre. Dès l’enfance, la fillette est d’ailleurs préparée à attendre la venue de son Prince Charmant. Et pas une semaine ne s’écoule sans que la télévision ne nous propose un film où l’Amour tient le tout premier rôle, mais dans lequel il prend toujours le visage du doute, de la peur de s’engager totalement , ou le visage hideux de la jalousie des uns, de l’égoïsme des autres, de la trahison, le visage un peu lâche, peut être, de la tromperie, ou celui de drames dans lesquels les deux personnes se déchirent, de disputes violentes ponctuées des inévitables paires de claques qui fusent d’un côté ou de l’autre sur fond de bruitage cinématographique. Espère-t-on nous faire croire que c’est cela, la passion, le grand Amour ? N’est ce pas plutôt remplir du néant que de le montrer sous un tel angle ?
Comme dans le film américain d’Arthur Hiller, « Love Story », où d’autres films aux scénarios sans doute moins dramatiques quand même, doit-on se résoudre à croire que le véritable Amour, tel que peut l’être l’amour « coup-de-foudre », l’amour « passion », l’amour où seul compte désormais l’autre et plus du tout soi même, sera toujours, à terme, condamné d’avance ? Qu’il n’est qu’une illusion, n’a en réalité pas sa place dans la vraie vie (et visiblement même plus au cinéma, l’Amour tel qu’il était montré dans les films Hollywoodiens étant désormais considéré comme de la naïveté, de la mièvrerie), et que la vie, la vraie de vraie, se chargera tôt ou tard, de remettre les pendules à l’heure et de l’ordre dans ce bouleversement ?
Tant de questions se posent à propos de l’Amour !
Pourquoi cette difficulté de trouver la véritable « âme sœur » ? Peut être parce qu’il n’y en a qu’une sur Terre, et que c’est sûrement un coup de chance extraordinaire que justement les deux chemins faits pour se rencontrer se rejoignent bel et bien un jour ? Pourquoi l’échec de tant d’histoires d’amour qui semblaient avoir si bien commencé ? Parce qu’il ne s’agissait pas du véritable Amour ? Mais qu’est ce que le véritable amour, alors ? Sans doute, entre autres, celui qui fait que l’on accepte totalement et sans condition l’autre tel qu’il est, en aimant tout autant ses défauts, si humains, que ses qualités, si nobles
Pourquoi, finalement, l’Amour est-il toujours considéré comme une prise de risque, et non l’aboutissement du chemin, certes parfois rocailleux et que l’on a parcouru en se déchirant la plante des pieds, pour aller coûte que coûte, et quelques soient les épreuves à traverser, à la rencontre de l’autre chemin, celui qui devait absolument rejoindre le nôtre ?
Pourquoi tant de personnes n’écoutent pas leur cœur quand ils se rendent compte, un jour, que dans leur vie, le véritable Amour est venu se présenter, dans toute son intensité, dans toute sa beauté et sa sincérité, mais aussi dans toute sa simplicité, avec cette envie si naturelle de s’exprimer et se vivre, pleinement et complètement…
Pourquoi, quand ils ont compris que l’âme sœur a été trouvée, que l’harmonie totale règne, ou peut régner, certaines personnes déjà engagées n’osent remettre leur vie en question, et vivre ce bonheur total quand d’autres seraient prêtes à tout laisser tomber et à suivre la personne aimée jusqu’au bout du bout du monde, même dans des régions du globe où il fait moins soixante degrés toute l’année ?
Par peur de blesser. Peut-être par manque de courage, pour d’autres. A chacun ses raisons, que l’on ne doit pas juger évidemment. Mais dans tous les cas, il ne faut pas craindre les regrets éventuels. Un film bouleversant sur le thème du grand Amour auquel l’’héroïne choisit de renoncer par loyauté envers son mari, avec qui elle vit une relation stable et sans histoires, mais dans laquelle elle semble ne pas s’épanouir, est celui réalisé et magnifiquement joué par Clint Eastwood et Meryl Streep : "Sur la route de Madison".
Pour certains, qui voient peut-être la vie à travers le filtre de la peur, on peut penser qu’il s’agit de l’anxiété à l’idée de s’engager dans l’inconnu, peut être craignent-ils de perdre la maîtrise d’eux-mêmes, de leur libre arbitre, le contrôle de leur vie, d’une vie dans laquelle ils ont construit une forme de régularité parfois simplement rassurante, à défaut d’être satisfaisante ? C’est peut être là le problème du « Est-ce bien raisonnable ? »
Peut-être pense-t-on également, comme cela semble être le cas dans les fictions télévisées, qu’un Amour aussi intense ne peut que s’accompagner de possessivité, de jalousie, ou d’une certaine perte de sa liberté et de son individualité ?
Il faut bien évidemment respecter toutes les opinions et les choix concernant la forme d’amour considérée la plus appropriée pour une personne donnée. Tout le monde n’a peut-être pas envie de vivre une passion. Mais ce qui est désolant, c’est qu’en dehors de l’amour que l’on pourrait appeler « construction progressive », c’est-à-dire basé sur le schéma considéré comme idéal de la maison dont on poserait méticuleusement chaque pierre l’une après l’autre, l’amour « coup de foudre », l’amour « passion » est trop souvent, pour ne pas dire toujours, présenté, notamment dans les fictions, donc, comme quelque chose de forcément éphémère, de forcément dramatique et pathétique, et donc voué à l’échec, puisqu’au départ les sentiments étaient trop forts, trop intenses, pour donner lieu à une relation équilibrée et durable.
Ne serait-ce pas au contraire ces sentiments d’une force inouïe, considérés à tort comme excessifs au point que certains en viennent même à douter de leur sincérité, qui permettent de pleinement et totalement accepter l’autre tel qu’il est, avec tous ses petits défauts de rien du tout, alors que chez tant de couples, ces défauts finissent malheureusement par entamer petit à petit le quotidien, puis la relation, la ronger, et la mener peut-être, finalement vers le néant ? Un néant dont on apprend à se satisfaire au jour le jour, et la vie continue, imperturbable, faute de mieux, ou un néant dont on finit par prendre conscience de l’absurdité, et qui se termine un jour par une séparation.
Pourquoi, va-t-on dire en effet, considérer que seule la passion, l’amour total valent la peine d’être vécus, et ne pas vouloir admettre cette peur de s’engager dans une relation totale et fusionnelle, si l’occasion se présente un jour de la connaître, quand on sait qu’il est toujours plus facile et moins douloureux d’assumer une séparation éventuelle (même les contrats de mariage garantissent -en principe- de rester ensemble, mais non de s’aimer jusqu’à la fin de sa vie) avec une personne que l’on a aimée sur un mode moins enflammé, moins fusionnel et moins passionnel ?
Comment ne pas comprendre également la peur de s’engager dans une histoire d’Amour absolue, par crainte des conséquences possibles si l’on doit perdre la seule personne à qui on a eu envie de tout donner, à qui on voulait consacrer sa vie entière ?
Est-ce parce que l’on parle tant d’Amour dans notre société, mais qu’on le met toujours en scène sous une forme dramatique, voire destructrice, qu’il peut faire si peur et si mal, et que cela incite plutôt tant de personnes à chercher à l’éviter ?
Autant de questions, posées en vrac et de façon un peu confuses, auxquelles je n’ai pas de réponse, alors je terminerai en citant une réplique du film "Le Dernier Métro" de François Truffaut qui était, d’après ce que l’on connait de lui, une personne hypersensible et hyperémotive, qui a lui même connu de grandes passions amoureuses, et s’est souvent posé des questions très justes et fondamentales.
« Est-ce que l’Amour fait mal ?" demande l’un des personnages du film.
-Oui, l’amour fait mal. Comme les grands oiseaux rapaces il plane au dessus de nous, il s’immobilise et nous menace, mais cette menace est aussi une promesse de Bonheur. »
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