Etat d’urgence sanitaire et démocratie, un couple sans avenir
La démocratie n’est pas immortelle. Les prorogations incessantes des lois d’exception doivent inquiéter. Plus que jamais, les citoyens doivent réapprendre la fragilité de leur système politique. La vigilance citoyenne est le seul rempart aux multiples formes du totalitarisme.
La prorogation de l’état d’urgence sanitaire dans l’indifférence presque générale
Le 1er octobre dernier, l‘Assemblée nationale a adopté un projet de loi prorogeant le régime transitoire institué à la sortie de l’état d’urgence sanitaire. Ce projet a été débattu, puis a fait l’objet d’un vote de 46 députés présents sur 577 élus ! C’est devant un hémicycle presque déserté que Mme Martine Wonner, inlassable combattante pour la démocratie, a prononcé un discours bref et percutant. La députée du Bas-Rhin a clairement dit que c’est devant les générations futures que cet hémicycle, presque vide, allait reconduire une loi d’exception qui s’inscrit désormais dans la durée et donc dans la normalité. La députée Wonner a mis en garde contre les coups portés à la démocratie. Pendant que Mme Wonner prononçait son discours, de furtifs cadrages de la caméra sur l’hémicycle montraient des députés qui, pour la plupart, ne l’écoutaient pas. A la tribune, une élue du peuple mettait en garde contre les atteintes portées à la démocratie mais dans les travées de l’hémicycle l’indifférence et l’absence resplendissaient sur fond rouge du décor.
L’impression désagréable que le mot démocratie avait perdu de sa substance étreignait le téléspectateur. Le sentiment d’assister, en un prodigieux différé temporel, au suicide de la République romaine au sein du Sénat soumis à Octave laissait rêveur. Aujourd’hui, Octave serait devenu Macron, le Sénat l’Assemblé nationale et la République serait exactement aussi mourante que celle qui expira aux prémices du règne d’Auguste.
La sortie de l’état d’urgence sanitaire serait désormais programmée au 1er avril 2021 avant, n’en doutons pas, d’être à nouveau prorogée par une nième loi d’exception. Notre pays est entré dans un régime permanent d’urgence sanitaire. Nous nous installons durablement dans le provisoire. Certes, le texte adopté par 26 députés contre 17 est désormais transmis au Sénat par le jeu des navettes. Que le Sénat adopte ou pas ce texte, le dernier mot, ou plutôt le dernier vote, reviendra à l’Assemblée nationale et on devine la reconduite de l’état d’urgence.
Un état d’urgence sans réels fondements
Etrange état d’urgence sanitaire où le ministre de la santé ne cesse de brandir ses indicateurs et ses courbes anxiogènes sans donner ses bases chiffrées. Libération s’en agaçait récemment. Tous les automnes, les services de réanimation frôlent une occupation complète, avec ou sans Covid. D’ici quelques semaines, ces services seront occupés à plus de 60% comme cela se fait depuis plusieurs années. La fixation du seuil de 60 % par M. Véran prête à sourire car pandémie ou pas, il sera atteint et avec lui, le confinement plus ou moins général sera décrété. C’est pratique : brandir des indicateurs sans fournir les bases de données, fixer des seuils qui tous les ans sont dépassés, réduire le nombre de lits (la France dispose de 5 fois moins de lits de réanimation qu’en Allemagne !) et les moyens de l’hôpital public pour s’effarer de l’asphyxie des structures médicales en hiver est très pratique pour justifier un régime d’exception qui ne se justifie plus par la seule Covid-19.
Prendre conscience du caractère mortel de la démocratie
Cet étrange état d’urgence sanitaire nous interpelle sur les mobiles de son institution. S’agit-il de cacher le sous-dimensionnement des structures hospitalières face aux besoins quotidiens de la population en incriminant cette dernière qui aurait le tort de tomber malade ? Cynique, possible, mais tout de même bien disproportionné.
S’agit-il d’imposer à terme la vaccination générale de la population ? Les manœuvres du clan Gates et des laboratoires, les propos tenus par les politiques en France ou à l’étranger, incitent à le penser. Mais dans quel but vacciner toute la population ? La réponse à cette question est incertaine et le simple fait de la poser fait de vous un « complotiste », un « fêlé », un dangereux personnage ayant dépassé les limites de la paranoïa. Aussi, nous ne nous poserons pas cette question mais nous en évoquerons une autre, en lien avec le vote de l’Assemblée nationale du 1er octobre : indéniablement, l’état d’urgence sanitaire permet de prendre des mesures liberticides. Si ces mesures ne sont pas fondées sur une pandémie mortifère réelle, alors elles se fondent sur un mensonge et nous sommes bien en présence d’une démocratie qui, lentement mais surement, se désagrège. Une question fondamentale et capitale taraude l’observateur qui assiste aux échanges sur les réseaux sociaux, dans la presse, au Parlement : il semble que le fait de mettre en garde contre la fin de la démocratie soit un sujet clivant qui opposerait à nouveau « complotiste » et « non complotiste » (comme le monde est binaire). Or, la question utile qui taraude l’observateur est : « à supposer qu’un jour une volonté de mettre fin à la démocratie survienne, comment les citoyens pourraient s’en rendre compte ? ». Ce qui frappe, c’est une impossibilité, chez beaucoup de citoyens, d’envisager intellectuellement qu’une volonté d’instaurer un état totalitaire puisse éclore dans nos démocraties. Une telle incapacité d'envisager le pire serait le talon d’Achille de nos démocraties car dans un monde aveugle, le tyran doué de la vue en devient le maître.
Comment se rendre compte des dangers ?
Supposer que nos démocraties sont à tout jamais immortelles et préservées de tout danger totalitaire est une bien grande confiance en nos institutions, en l’extinction des ambitions démesurées chez certains êtres humains et au partage, par le plus grand nombre, des grands principes de notre République. En résumé, croire que les démocraties ne sont pas en danger permanent est une grande naïveté. Pourtant, que chaque lecteur tente de se livrer à cet exercice de politique fiction : supposons que nos démocraties soient actuellement mises en périls par une volonté totalitaire. Dans ce cas, qu’est-ce qui pourrait nous alerter sur ce danger, sur un tel projet ? Qu’est-ce qui pourrait nous mettre la puce à l’oreille ? Sur qui, et sur quoi, pourrions-nous nous reposer pour assurer la défense des valeurs républicaines ? En y réfléchissant bien, nous répondons à ces questions en nous disant que nous serions alertés par le développement de mesures liberticides, par des choix politiques en déphasage complet avec le réel et donc dictés par des intérêts cachés, par la mise sous silence des opposants en les enfermant ou en dévalorisant leur parole. Si cela arrivait, on se rassurerait en se disant que nos institutions nous préserveraient d’éventuels dérapages et que des contre-pouvoirs viendraient contrecarrer des projets liberticides. Oui, mais aujourd’hui qu’observe-t-on ? Toute personne qui pose un constat accablant sur les décisions prises pour gérer cette crise sanitaire est taxée de « complotisme » et sa parole est dévalorisée. Le contre-pouvoir exercé par la presse est très limité dès lors que la plupart des organes de presse sont la propriété de quelques individus très liés au pouvoir. Le contre-pouvoir exercé par les réseaux sociaux est de plus en plus censuré par les applications supports de ces réseaux. Les contre-pouvoirs institutionnels se montrent timides. L’Assemblée nationale vote des prorogations de lois d’exception avec seulement 7% de ses membres. La justice rejette des référés contre des mesures suspectées d’illégalité en reprenant le discours du gouvernement et la logorrhée du ministre de la santé sur les indicateurs qui se dégradent alors que nous n’avons pas accès aux tableaux des données à partir desquelles les indicateurs sont déterminés. Le pire est qu’un accès à ces données vient contredire le ministre de la santé. Seule la défenseure des droits manifeste son inquiétude mais qui l'écoute ? Le Gouvernement, en toute liberté, adopte des mesures sans lien avec la réalité vécue. Si les indicateurs sont dans le rouge ce ne sont pas ceux exhibés par M. Véran mais bien ceux qui doivent nous alerter sur les atteintes à la démocratie.
Ce qui se passe à l’étranger n’est pas pour nous rassurer : en Australie, en Nouvelle Zélande ou au Québec les mesures liberticides se développent jusqu’à violer l’intimité des citoyens, si ce n’est leur corps (obligation de vaccination).
L’urgence du réveil des citoyens
Il est urgent que les citoyens se réveillent. Ce réveil n’est pas un réveil destiné à favoriser l’agressivité, la violence ou les insultes. Ce réveil est celui de la prise de conscience que quelque chose est en train de déraper dans nos démocraties. Ce réveil est celui de la prise de conscience que jamais, depuis la période fasciste, le danger n’a été aussi grand en Europe et dans le monde, d’un basculement dans un totalitarisme pervers car présentant les meilleurs intentions au monde (la préservation de votre santé) pour un résultat des plus inquiétants : le contrôle de chaque individu. Il est donc urgent de prendre conscience de la fragilité des démocraties et de du fait que l’histoire continue son avancée. Rien n’est plus faux que de croire que nous étions arrivés à un stade figé et immuable de nos systèmes politiques. Il y a des intérêts économiques majeurs dans ce monde, des ressources naturelles de plus en plus limitées et des puissances financières supérieures à celles de nombreux Etats. Il y a des conflits d’intérêts qui dévastent la planète. L’homme ne doit pas devenir la variable d’ajustements des contradictions entre ces intérêts en conflit.
Il faut regarder ce qui se passe autour de nous avec un regard lucide. Il faut, plus que jamais, vérifier les assertions du gouvernement. Plus que jamais, il faut saisir la justice contre des mesures liberticides. Plus que jamais, il faut songer à des modalités pacifiques de ripostes pour sauvegarder nos droits et ceux des générations futures. Plus que jamais, les citoyens vont devoir aiguiser leur vigilance. Il est impératif de se rendre aux urnes en 2022 pour sanctionner celles et ceux qui ont cautionné des mesures liberticides dangereuses et sans fondements. L’abstention en politique revient désormais à signer un chèque en blanc à des inconnus dont on ignore les ambitions et les soumissions. Le retour du citoyen dans le débat politique est une clef de survie de nos démocraties. Ce retour doit se faire par le vote, par la participation aux débats, par un investissement de chacun dans la gestion de la chose publique.
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