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EXILS

Pendant longtemps, « chez soi » était une idée qui n’avait pas grand-chose à voir avec un endroit. Bien sûr, il y avait la familiarité des lieux, la connaissance intime des plantes que l’on pouvait manger, de celles qui soignent et de celles qui tuent, le nom que l’on donne à la montagne dans le lointain qui sert de point de repère à tous dans le coin, le parfum particulier de la terre à cet endroit, juste après la pluie, le brouhaha reconnaissable de la faune locale et la lumière si spéciale au moment précis où le soleil s’appuie sur l’horizon, juste avant de sombrer de l’autre côté du monde, dans l’inconnu, l’obscurité… « ailleurs ».

Mais en fait, se sentir « chez soi », c’était quand même plus largement être ensemble, avec les autres, avec les siens, avec ceux que l’on connait depuis toujours et qui nous reconnaissent, ceux qui savent qui nous sommes, qui connaissent notre penchant irrépressible pour les fruits des petits arbres près de la rivière, ceux qui nous identifient rien qu’au son de notre rire, ceux de la tribu, du groupe, de la famille, ceux avec lesquels on traverse les épreuves de la vie sans jamais se sentir seul. Être chez soi était un état d’esprit et aussi une façon de vivre, un rapport au monde, un sentiment capable d’éclore partout et tout le temps. Quelque part, c’était juste se sentir bienvenu, accepté, c’était faire partie de quelque chose de plus grand et de plus important que soi.

Et puis un jour, un type a dit : voilà, entre le ruisseau, l’arbre et la pierre, c’est « chez moi ». Pas « chez nous », avec vous, mais « chez moi tout seul » et à l’exclusion de tous les autres ».

Et à partir de ce moment-là, on a cessé d’habiter le monde.

La diagonale du vide

La diagonale du vide, c’est cette bande de territoire allant du Nord-Est de la France jusqu’au Sud-Ouest en passant par le Massif central, caractérisée par une faible densité démographique et une tendance à la dépopulation. Cette expression alimente souvent un discours alarmiste, voire catastrophiste, en opposant une France urbaine supposée riche et dynamique à une France rurale abandonnée, en voie d’appauvrissement et de désertification. Cette opposition est simpliste et le tableau de la diversité territoriale de la France est beaucoup plus complexe et composite. Une étude récente de l’INSEE[1] à partir du dernier recensement le montre à nouveau.

Les paradoxes de la « diagonale du vide », par Olivier Galland, 31 janvier 2020, Telos

Depuis le travail de Christophe Guilluy sur La France périphérique, et sa grille d’analyse des fractures sociales qui divisent les territoires de la République et surtout depuis le début de l’implacable confirmation de sa vision qu’a apporté le soulèvement des Gilets jaunes, j’ai comme l’impression que les élites n’ont de cesse de vouloir décrédibiliser ces thèses qui — d’ailleurs — mettent tellement à nu leurs stratégies de domination.

Ces résultats mettent donc à mal les visions simplistes et duales1 qui opposent la « France périphérique »2 rurale, isolée, appauvrie et abandonnée par les pouvoirs publics, à la France urbaine.

Idem.

Or, il se trouve que je vis depuis plus de 20 ans dans un territoire de la diagonale du vide, je viens d’aller en visiter un autre et les données que j’en rapporte sont assez différentes.

La principale variable explicative des mouvements de population actuels est soigneusement gardée sous le boisseau, car il s’agit moins d’« attractivité » des territoires périphériques que d’un renforcement jamais égalé de la force centrifuge des métropoles par la pression immobilière.

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La France périphérique qui n’existe pas

Le premier cercle de l’exclusion

Pour la faire très courte : il n’est pas possible avec des revenus de zones périphériques de s’implanter à moins de 30 min d’une métropole régionale (c’est encore plus vrai pour la capitale). Les conditions demandées pour l’accès à des logements étriqués excluent de fait au moins 50 % de la population (en étant très généreuse). Je ne fais plus la liste des gens — pourtant pourvus de revenus supérieurs à la médiane — qui galèrent à satisfaire les innombrables exigences des agences immobilières et qui se retrouvent à mon âge à devoir… présenter la caution solidaire de leurs parents et autres stupidité dans le genre.

Plus prosaïquement, lorsque tout le monde trouve parfaitement normal de réclamer l’équivalent d’un salaire minimum pour loger dans un deux-trois pièces exigu et pas forcément très bien placé, c’est le moment où je me dis qu’il y a quelque chose de bien pourri dans les soi-disant choix résidentiels dans ce pays.

S’il y a bien quelques retraités encore un peu dotés financièrement et quelques actifs très autonomes qui cherchent un cadre de vie de meilleure qualité dans les zones rurales, ce n’est plus du tout un mouvement majoritaire. Les jeunes ruraux (et assimilés) des zones excentrées qui espèrent avoir une éducation et/ou un boulot de qualité doivent toujours quitter le pays pour « la ville » qui concentre à un point jamais égalé la production de valeur ajoutée. Les babas & bobos qui sont arrivés jusqu’au début des années 2000 cherchent à présent à se rapprocher des centres de santé et services des métropoles régionales, qui répondent mieux aux problématiques des gens en perte d’autonomie et de santé.

Alors qui arrive dans les zones périphériques ?

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Quelque part à Foix, préfecture de l’Ariège

Depuis le début des années 2000 et encore plus intensément depuis la crise de 2007 qui a creusé vertigineusement les inégalités : les pauvres « inexploitables » des métropoles , les gens abonnés aux minima sociaux sans espoir d’en sortir un jour, les « Cassos » qui entrent frontalement en concurrence avec les jeunes restés au pays qui godillent laborieusement dans le sous-emploi sous-payé et éclaté caractéristique de ces zones portées essentiellement par 4 secteurs d’activité :

  • l’agriculture, saisonnière, morcelée, usante et extrêmement mal payée, qui ne permet généralement pas de sortir des minimas sociaux,
  • les soins aux personnes (territoires vieillissants + pression foncière pour EHPADer loin des villes, où la « vie » est moins chère), un peu plus rémunérateurs, mais très usants,
  • le tourisme, qui paie peu et de manière saisonnière, donc on reste dans les systèmes D et minima sociaux,
  • les fonctionnaires (surtout dans les préfectures) qui sont généralement les mieux payés et les mieux éduqués et qui permettent de n’avoir pas totalement une économie du tiers monde, mais que les différents gouvernements s’acharnent à faire disparaitre.

L’arrivée des pauvres éjectés des villes ne se fait pas sur le mode du choix, mais plutôt de la sanctuarisation des métropoles économiques et cela engendre sur place des comportements de rejet et de repli qui ont commencé un peu à s’exprimer il y a un peu plus d’un an.

De facto, la politique de métropolisation peut se penser comme une politique de recentralisation multipolaire. La concentration des services publics autour des centres urbains de forte densité de population produit des situations redondantes d’abandon des territoires périphériques et ruraux. Ce déséquilibre se fait par creusement des inégalités entre les urbains surconnectés, surdesservis et le reste de la population qui est repoussée de plus en plus loin des centres de vie et de décision par la force centrifuge des couts immobiliers.

Toutes les politiques des transports, de la santé, de l’éducation ou même des salaires concentrent les moyens sur une part de plus en plus réduite de la population : les jeunes urbains des catégories supérieures3. Les autoroutes, les gares, les aéroports dessinent le schéma d’un pays à deux vitesses : celui des habitants privilégiés des centres urbains qui bénéficient de l’interconnexion des transports, des services publics, des centres de formations et d’éducation, de la concentration des équipes de santé, de la rapidité de mouvement, de la multiplicité des choix ; puis celui des périphéries, des campagnes assujetties aux seuls besoins d’emprise territoriale des métropoles, des transports inexistants, des écoles qui ferment et s’éloignent, de la difficulté permanente de se déplacer, d’accéder à des professionnels de santé, à des emplois de qualité…

Concrètement, il n’y a plus aucune égalité de traitement et de chances entre les citoyens de ce pays et les ségrégations spatiales se renforcent à un niveau encore inconnu en France.

Les besoins d’une minorité de la population (pourtant celle qui cumule les meilleurs capitaux financiers, culturels, professionnels, etc.) s’imposent assez brutalement à tout le reste des citoyens. Les zones périphériques des métropoles sont des espaces de stockage d’une main-d’œuvre abondante et subalterne asservie aux besoins des populations du centre pendant que les populations rurales sont des colonisées de l’intérieur, des réservoirs d’espaces de villégiature ou de productions alimentaires à couts contrôlés, totalement inféodés à l’emprise des métropoles régionales. Les moyens de transport performants les traversent, les hachent ou les contournent, les dessertes se font uniquement en fonction du calendrier et des besoins des populations des métropoles. L’éducation et la santé sont à l’avenant.

Tout se passe comme si les citoyens des zones périphériques étaient des citoyens de seconde zone, avec moins de besoins, de perspectives et d’autonomie.

Ma contribution à un questionnaire — à présent disparu — du Sénat, 14 février 2017

S’il est bien possible que les travaux de Christophe Guilluy ne soient pas exempts de toute faiblesse et doivent donc faire l’objet de débats contradictoires, il n’en reste pas moins que cette obsession à vouloir jeter le bébé de « La France périphérique » avec le bain de son découvreur n’en reste pas moins éminemment suspect à mes yeux.

Son analyse4 est réfutée par des gens qui vivent également en centre-métropole et par des outils statistiques aussi pensés et conçus en centre-métropole.
Il y a une bonne raison à cela : il n’y a aucune place pour les professions intellectuelles supérieures en zones périphériques.

Bien sûr, il existe ponctuellement des regroupements de cadres sup. dans des trous perdus, au grès d’implantations de centres de recherches ou de boites ayant une implantation excentrée historique, mais si tu y vas en profondeur, ils se vivent comme exilés ou au vert, à la recherche de modes de vie alternatifs et gardent des habitudes ancrées dans des métropoles qu’ils veulent accessibles et pas trop éloignées → gros lobbying pour avoir des accès autoroutiers, voire privatiser des nationales pour aller plus vite là où les choses se font.

Certaines zones dynamiques périphériques décrites comme contrarguments jouissent plutôt de l’effet Bill Gates entre dans le bistrot5.

Pas loin de chez moi, il y a le Madiran. Zone viticole prospère… ouais… si on veut. Il se trouve que j’y ai été candidate. Donc ça donne :

  1. Une poignée de gros propriétaires terriens blindés, qui règnent en seigneurs sur le coin, tendance très grosse bourgeoisie, avec un mode de vie gentlemen farmers très peu éloigné de celui des gus des hypercentres friqués (manière, ils y ont souvent un beau portefeuille immobilier). Comme ils nourrissent les gueux du coin, ils profitent de la reconnaissance du ventre pour occuper (cumuler) des fonctions électives locales : ne pas oublier qu’un mandat de maire chez les blédards ouvre la porte sénatoriale, surtout si tu as du fric et de l’entregent.
  2. Une énorme masse de travailleurs captifs (problèmes récurrents d’accès à l’éducation, confirmé par d’autres études), qui n’ont pas les moyens d’accéder aux villes où se concentrent les meilleurs salaires et qui survivent avec des bouts d’emplois complétés plus ou moins bien par le RSA (le manque de services public fait que beaucoup s’assoient sur leurs droits faute de savoir et de moyens de les faire valoir, ce qui est aussi bien commode pour les statistiques !). Leur très grande pauvreté est masquée par l’abondance de l’économie informelle, pas bien mesurée non plus par les travaux et statistiques officielles.
  3. Une pseudo classe moyenne : les fonctionnaires qui même en catégorie C font figure de nantis et font remonter la moyenne des salaires, de petits commerçants en voie de disparition qui cachent le fait qu’ils complètent leurs revenus par le RSA (et qu’ils fraudent surement un peu), des employés de la grande distribution qui grâce à des empilements de crédits font semblant de ne pas être pauvres.

Bref, ce qui est particulièrement bien caché aux sociologues de centre-ville, c’est l’ampleur des inégalités (il est vrai que le problème se généralise) et surtout la perte de « chances » dans tous les domaines, suite à la disparition des services publics (partagé aussi par les banlieues populaires).
À cela s’ajoute l’éloignement qui augmente (disparition des transports périphériques, routes à 80 km/h, villes saturées et chères) qui interdit de fait toute ascension sociale (alors que le pauvre de banlieue peut encore accéder aux services et aux salaires de centre-ville).

Exemple : avec des revenus de brousse, on ne voit pas comment financer des études supérieures en ville.

Mon commentaire sur la déconstruction des thèses de Guilluy, 19 décembre 2019, Seenthis

Démétropolisation

Donc, la France périphérique n’existe pas, les Gilets jaunes n’ont aucune raison objective de battre le pavé depuis 64 semaines et l’on a bien fait de lourder l’aménagement du territoire il y a une vingtaine d’années : la main invisible du marché y pourvoit tellement mieux.

Pendant ce temps, l’on découvre que concentrer toujours plus la valeur ajoutée et la population dans des espaces toujours plus denses n’est pas forcément l’idée du siècle.

Après 2 années d’échanges et de co-construction, avec les territoires, les citoyens et acteurs de terrain, le projet de SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires) de la Région Occitanie a été arrêté en Assemblée plénière du 19 décembre 2019.

Le SRADDET incarne le projet d’aménagement du territoire porté par la Région à l’horizon 2040. Il dessine un cadre de vie pour les générations futures, pour un avenir plus durable et solidaire. Ainsi, le SRADDET fixe les priorités régionales en termes d’équilibre territorial et de désenclavement des territoires ruraux, d’implantation d’infrastructures, d’habitat, de transports et d’intermodalité, d’énergie, de biodiversité ou encore de lutte contre le changement climatique.

[…]

Un rééquilibrage régional pour renforcer l’égalité des territoires :
Dans un contexte de forte attractivité démographique, le rééquilibrage suppose d’une part de limiter la surconcentration dans les métropoles en engageant le desserrement des cœurs métropolitains et d’autre part de valoriser le potentiel de développement de tous les territoires, le tout en portant une attention particulière à la sobriété foncière (privilégier l’accueil dans les territoires d’équilibre et les centres-bourgs). Ce rééquilibrage doit être opéré en termes d’accueil et d’habitat, mais aussi en termes de services publics et d’activités.

SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires) de la Région Occitanie

Inverser la logique d’emprise territoriale des métropoles et de désertion des villes et bourgs secondaires, de concentration de la richesse et des équipements n’est pas une mince affaire, en ce qu’il s’agit avant tout de dépolluer nos esprits de la vérole capitaliste de l’accumulation sans fin au service d’un pouvoir sans vergogne. Mais il n’existe probablement pas d’autres voies pour sortir ensemble d’une logique mortifère qui nous exile partout et tout le temps et qui nous dépossède de notre droit fondamental d’habiter le monde.

 

Notes

  1. C’est moi qui souligne le propos en le mettant en gras, cette intéressante entreprise de déconstruction d’une théorie opposée que l’on se garde bien de nommer frontalement.
  2. Par contre, ce n’est pas moi qui met entre guillemets le titre de la thèse ennemie…
  3. … et les rentiers, bien sûr !
  4. Celle de Guilluy.
  5. Grosso modo, si Bill Gates entre dans le bistrot du bled, le revenu moyen du bar grimpe en flèche, mais en dehors du milliardaire, aucun client n’est plus riche à la fin de la bière.

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50 réactions à cet article    


  • velosolex velosolex 8 février 2020 13:07

    Les diagonales du vide ne le resteront pas indéfiniment, c’est sûr, face à l’accroissement prodigieux des populations, la violence endémique des villes, et les phénomènes de pollution de plus en plus consternant. La ville devient un concentré de populations mis en compétition, et accroissant la désespérance des moins bien lotis qui se voit reléguer dans les marges, éloignés de la vitrine du centre ville peuplé d’happy few e de bobos. A Paris, la dotation par habitant de la part de l’état, est le double de ce qui est distribué ailleurs. En clair, on aide les plus fortunés. Et cela s’accroit avec la hausse abyssale des inégalités potentialisée par la réforme des impots

    Sommes nous arrivés à un carrefour de civilisation, accompagné d’une chute du capitaliste, qui est confronté à sa plus grave contradiction : Devoir s’adapter à un système qu’il continue à détruire, s’il ne veut pas mourir. Ne pas tuer le cheval sur lequel il est monté.. 

    C’est comme de demander à un psychopathe violent de se convertir au yoga, et à la relaxation. Pourtant...

    A la fin des années 80, le communisme s’est décomposé en quelques mois, alors qu’on pensait qu’il faudrait l’année d’avant au moins un siècle. 

      Lire les 19 réponses ▼ (de titi, Captain Marlo, Shawford, xenozoid, Eric F, velosolex, Ruut)

    • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 8 février 2020 14:37

      J’ai lu 2 ouvrages de Christophe Guilly « No Society, la fin de la classe moyenne occidentale » et « le crépuscule de la France d’en haut »

      Je suis globalement d’accord avec le tableau dressé, mais je pense que la métropolisation n’est pas seulement un choix idéologique.

      C’est avant tout un choix de contrainte exercé par le déclin des ressources couplée à la nécessité d’entretenir une attractivité apparente vu de l’étranger dans un contexte de forte concurrence économique à une échelle mondialisé.

      En effet, quand les étrangers atterrissent dans un aéroport en tant que touriste et homme d’affaires ou qu’ils visionnent un reportage sur le pays en question, les grandes villes, les zones touristiques et particulièrement la capitale occupent le devant des projecteurs, l’aménagement des lieux, la qualité de vie, les moyens de transport et le bon accueil des locaux de ces grandes bourgades est crucial pour l’attractivité et donc l’image du pays.

      Quand les chinois veulent montrer une bonne image de leur pays, ils mettent en avant la toute nouvelle modernité de Shanghai qui tranche pourtant avec le reste du territoire.

      La cote touristique tunisienne est jonchée d’hôtel de luxe et de routes entretenue alors que plus on s’enfonce à l’intérieur des terres, plus on constate le délabrement des infrastructures. 

      A contrario, personne ou presque ne portera attention sur la capacité de se faire porter assistance sur le plateau de Langres ou sur le moyen de rejoindre Decazeville en transport en commun.

      Lire la suite ▼

      • titi titi 8 février 2020 14:42

        Je crois que c’est Fabius qui avait dit « La Suisse est le reflet des erreurs de la France ».

        En Suisse, pas vraiment un état socialiste, vous pouvez naître, faire vos études, trouver un emploi qualifié, tout ça dans un rayon de 40 km, et dans ce qui pourrait s’apparenter au trou du cul du monde.

        La « diagonale du vide » c’est la faillite de l’aménagement du territoire.

        Ce sont des autoroutes qui convergent toutes à Paris.

        Ce sont des trains rapides, qui convergent tous sur Paris.

        Et après on s’étonne que l’activité et l’emploi sont concentrés en Ile de France.


        • Monolecte Monolecte 8 février 2020 15:36

          @titi
          Je vivais en zone frontalière, mais étant enfant, je n’avais pas conscience de cette qualité d’aménagement. Cela dit, j’étais à un jet de caillou de Genève qui a quand même une grande emprise territoriale.

          Mais oui, le centralisme parisien de la valeur ajoutée n’a de cesse de morceler le territoire.


        • Monolecte Monolecte 8 février 2020 15:39

          @titi
          Et dans le Bordeaux-Paris qui est maintenant direct et laisse en plan des villes comme Orléans, j’ai pu mesurer la puissance prédatrice de la capitale qui est tout simplement en train de coloniser Bordeaux pour les seuls besoins des Parisiens et dépossède et rejette toujours plus loin les populations autochtones.


        • Captain Marlo Captain Marlo 8 février 2020 14:48

          Je ne sais pas combien de temps à faudra à la Gauche pour se décider à lire les Traités européens ? Le Traité de Rome, qui contient tous les Traités signés par la suite (sauf la zone euro et le Pacte) ), ne date que de 70 ans..., on a tout le temps de voir venir... !!

          .

          La situation fâcheuse dans laquelle se trouvent la France & les Français, nous la devons essentiellement aux Traités néolibéraux : le Traité de Rome, Maastricht, Lisbonne, le TSCG et le Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro.

          Ce dernier Traité impose l’austérité à perte de vue, comme l’explique cette militante de Gauche radicale portugaise, professeur de gestion.

          .

          " (...) je dirai très fermement non, on ne peut pas se débarrasser de l’austérité en agissant dans le cadre des institutions européennes, car les traités européens – Traité de Maastricht, Pacte de Stabilité et à un degré supérieur dans l’escalade, le TSCG –, en soumettant les politiques publiques des pays à l’atteinte d’objectifs financiers de déficit et de dette, ont figé l’austérité en lui donnant un caractère perpétuel.

          Si un Etat veut procéder à des investissements et que leur financement met en cause le respect du ratio dette publique/PIB, il ne pourra le faire sans enfreindre les traités et s’exposer à des sanctions.

          De même, la décision d’embauche de nouveaux fonctionnaires, en pesant sur les dépenses publiques, se heurte sans cesse à l’obligation de respecter la barrière des 3 % de déficit public et ce d’autant plus que l’on sera en période de crise ou de faible croissance, caractérisées par la chute des recettes fiscales…


          .

          Les GOPé, rédigées par les fonctionnaires de la Commission européenne découlent du Pacte de la zone euro, et sont à exécuter fissa, sinon sanction financière de 4 milliards d’euros pour la France.

          .

          Sinon, les mégalopoles sont des outils territoriaux dans le cadre européen, pas français.Elles font partie de la banane bleue. Il faut lire attentivement la légende de la carte, avec les zones reliées, les régions marginalisées etc ...

          Lire la suite ▼

          • Legestr glaz Legestr glaz 10 février 2020 09:14

            @assouline
            Les ministres « bien de chez nous » est une vision de l’esprit.

            Vous le croyez ou pas, ce sont les groupes de travail et la COREPER qui font tout le boulot.

            Seriez vous assez naïf pour avancer que ce sont les « ministres » qui se farcissent le travail ? Vous connaissez le travail d’un ministre et la manière dont il se déroule ? A un niveau inférieur, un préfet dans un département, fait quel genre de travail ? Il étudie « personnellement » les dossiers ou bien fait-il appel à différents « spécialistes », chefs de service dans des domaines bien particuliers ?

            Votre naïveté m’étonne ! Je dois vous dire que le conseil européen ne travaille pas les dossiers. Les chefs d’Etat des pays de l’Union n’ont pas « matériellement » le temps de s’intéresser aux sujets. Ils viennent et ils signent ce que les « groupes de travail » ont mis au point. Cela fonctionne très exactement de la même façon avec le conseil de l’Union européenne. Les ministres ne « travaillent » pas les dossiers. Vous pouvez le croire, mais cela n’est pas vrai. 
            Toute l’activité législative se fait par le biais de a COREPER et des groupes de travail. C’est bien là que les choses se jouent. Lorsque les affaires arrivent devant les ministres ou les chefs d’Etat, tout a déjà été posé et discuté. Les décisions sont actées (approbation ou désapprobation d’ailleurs). 

            Je crois bien que vous n’êtes pas vraiment au fait du fonctionnement des services d’un Etat, ou d’un Etat supranational. Vous avez un vision « simpliste » des choses. Mais c’est la vôtre et je la respecte tout en étant bien désappointé devant une telle simplification. 

            Lire la suite ▼

          • Désintox Désintox 8 février 2020 15:04

            Globalement d’accord avec cet article. Les politiques de « métropolisation » sont des catastrophes. Il faut réhabiliter les petites villes, à taille humaine, entourées d’une ceinture maraîchère.

            Il faudra sans doute plusieurs générations pour rattraper le coup.

              Lire les 4 réponses ▼ (de Shawford, Aita Pea Pea, L'Astronome, Captain Marlo)

            • velosolex velosolex 8 février 2020 16:38

              Croire que le modèle actuel de concentration autour de quelques pôles urbains est une illusion. Nous somme à la fin d’un modèle, qui atteint ses limites. La pollution, la catastrophe climatique en cours, la raréfaction des terres cultivables, vont rabattre les cartes. 

                Lire les 8 réponses ▼ (de Captain Marlo, velosolex, Ouam (Paria statutaire non vacciné), Shawford, JC_Lavau, Eric F)

              • Eric F Eric F 8 février 2020 19:08

                Une chose me gène un peu pour la compréhension de l’article, il est d’abord question de provinces qui se dépeuplent (Lorraine, Massif Central...), et ensuite des périphéries semi-éloignées des métropoles qui se repeuplent. Il semble que les deux sont assimilées à la « périphérie », or il me semble que cela désigne donc non pas deux mais trois types de territoires :

                -les métropoles et très proches banlieues plutôt chères et prospères

                -la périphérie des banlieues lointaines où sont repoussées les classes laborieuses des métropoles et qui attirent l’« exil rural », donc en croissance démographique

                -la « province » hors des métropoles et leur périphérie : ruralité, villes isolées petites et moyennes, globalement en déclin démographique (même s’il existe des ilôts de prospérité).

                La « décentralisation » devrait conduire à développer des villes moyennes autres que celles de la grande périphérie des métropoles.

                PS : « à 30 minute » de la métropole, cela représente parfois une dizaine de kilomètres seulement, tant les accès sont saturés.


                • velosolex velosolex 8 février 2020 19:54

                  Dans l’identité de France, Fernand Braudel dans les années 80 faisait l’histoire du territoire. Il émerveillait le regard en présentant la mosaïque du pays. Les fleuves avaient été de tous temps les lieux d’implantation des bourgs, puis des villes. Les hauteurs d’implantation étaient déterminantes, par rapport à la défense, qui était primordiale. Avec la perte d’importance de la stratégie militaire, et l’ouverture au monde, ce ne sont plus devenus les rivières, mais les cotes qui sont devenus déterminantes...Etre perché sur une montagne ne signifiait plus qu’un intérêt touristique, au mieux, mais offrait bien des inconvénients d’accés. Ainsi des villes ont vu peu à peu perdre leur importance. Il suffit d’aller faire un tour dans les anciennes villes d’eau autrefois prestigieuses, situées dans les Vosges , pour être édifié..Une ballade à Plombières, et ses palais délaissés, en ruine, fait relativiser les choses. 

                  Les iles étaient des endroits d’épouvante, offerts au piratage. On y mettait les relégués, les « politiques ». Ce n’est que dernièrement que la valeur de l’immobilier est devenu démentiel dans ces endroits. Vu le risque de submersion du littoral, il se pourrait bien que demain toutes ces valeurs de plus values soient demain des espoirs déçus. Qu’une agriculture qui tourne demain à ses pratiques mortifères, qui tue tout le vivant, comme les SDHI, et demain un intérêt reviendra dans des régions désertées et abandonnées, porteur d’emploi et de sens

                  . Quant au tourisme, il se pourrait bien que les pratiques liées à la mondialisation porteurs d’aberrations en tous genres, lui porte un coup qui lui sera fatal, du moins dans sa conception actuelle.. Je vous parle ici du temps long. Mais parfois l’histoire l’accélére et le potentialise. Je me souviens des mémoires d’Orwell...Il se souvenait de ses copains snobs d’origine russe qui le snobaient avant la révolution russe. Des fils d’aristocrates dont les parents avaient quatre ou cinq voiture de luxe, et qui comparaient la fortune de leurs parents. Trente ans plus tard, il se demandait avec ironie ce qu’ils étaient devenus...Chauffeur de taxi à Paris. ?....

                  Lire la suite ▼

                  • Jean Keim Jean Keim 9 février 2020 08:24

                    Je ne désire pas être désagréable, mais à quoi sert cet article ? D’ailleurs un article doit-il forcément servir à qqch. ?

                    Comme dans la majorité des articles d’A.V. (et pas que), l’argent-fric est en cause, il occupe la première place dans les consciences – cf. la note nº 5 en bas de l’article – c’est sidérant et pourtant, pas même les gilets colorés et les manifestants non « gilettés » en prennent la mesure, toute le monde, même les riches, soyons honnêtes même moi et vous, désirons un peu (beaucoup ?) plus de ce qui concrètement et principalement pourrit notre civilisation, dans les rues les gens manifestent finalement pour avoir plus de ce fléau...

                    Ceux qui mènent la danse, les véritables propriétaires de l’orchestre, le savent très bien.

                    Que pouvons nous faire, ou peut-être plus sûrement que devons nous défaire ?

                    Un gros buveur ou un gros fumeur qui prend la mesure de son addiction a au minimum l’idée d’arrêter, comment arrêter le fric ?


                    • Eric F Eric F 9 février 2020 15:26

                      @Jean Keim
                      « à quoi sert cet article ? »
                      Comme disait Marchais « c’est une bonne question, et vous avez bien fait de l’avoir posée » smiley
                      Il me semble que le présent article « sert » à apporter un point de vue et le soumettre à la réflexion et au débat. Il n’est pas question seulement d’« argent fric », mais d’aménagement du territoire et de politique du logement. Ce n’est pas un point mineur car en fin de compte c’est ce qui fait notre vie quotidienne, mais ça ne fait pas la une des média.


                    • Jean Keim Jean Keim 9 février 2020 16:43

                      @Eric F

                      Essayez d’ignorer l’argent-fric (ou l’argent-profit) du contexte des politiques d’aménagement du territoire et du logement, du fonctionnement des hôpitaux publics, de la politique, ou de LA PLUPART DES PROBLÈMES sociétaux, c’est impossible, ne le voyez-vous pas, on s’y habitue depuis notre enfance, mais est-ce pour autant normal ?

                      Ne peut-on envisager de vivre autrement ?


                    • Eric F Eric F 9 février 2020 15:35

                      "5 . Grosso modo, si Bill Gates entre dans le bistrot du bled, le revenu moyen du bar grimpe en flèche, mais en dehors du milliardaire, aucun client n’est plus riche à la fin de la bière."

                      Du moins, s’il paie sa tournée, la bière aura ruisselé smiley


                      • Ruut Ruut 9 février 2020 22:08

                        @Eric F, Du moins, s’il paie sa tournée, la bière aura ruisselé , enfin pour çs il faut que la caisse du dit bar en OS Windows fasse sa mise a jour de 3h et si ça ne plante pas, il pourra enfin payer sa tournée si les clients ne se sont pas barrés depuis....


                      • Michel DROUET Michel DROUET 10 février 2020 08:47

                        Bien au chaud entourées de leurs rocades, les métropoles sont en train de construire leurs propres zones périphériques avec les communes périurbaines. Elles disposent désormais pour cela de différents outils réglementaires : le PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) et le PLH (Plan Local de l’Habitat). Ces outils leur permettent au travers de la « Rénovation Urbaine » dans les communes périphériques de faire à peu près tout et n’importe quoi en matière d’urbanisme, c’est à dire en particulier d’affecter des espaces verts à la construction ou abattre des logements anciens avec jardins pour y construire des R+4 ou 5 (avec attiques, ça fait mieux).

                        Donc ces communes accueillent des populations rejetées de la ville centre à cause de la pression financière sur l’immobilier et comme les transports en commun en sites propres s’arrêtent à la rocade et que de nouvelles lignes de bus ne sont pas prévues avant 8 ou 10 ans, les habitants de ces communes périphériques sont en quelque sorte assignées à résidence.

                        Ajoutons que le dogme de la non consommation des terres agricoles (polluées par les produits phytosanitaires) se traduit par une densification de l’habitat et par l’absence de projets de lignes de transports en commun en sites propres desservant ces communes périphériques. Donc, on favorise les bouchon à l’entrée de la ville en créant de la pollution : double peine pour ces périphéries qui deviendront bientôt des banlieues destinées à nourrir la bête métropolitaine avec ses locations Rb’nB et ses quartiers bobo.


                        • Surya Surya 10 février 2020 10:40

                          « dépolluer nos esprits de la vérole capitaliste »


                          Quel dommage de lire des trucs pareils ! L’article était intéressant, bien argumenté, et tout à coup il y a cet espèce de crachat haineux qui tombe à la fin et qui gâche tout.

                          On dirait un tract de propagande Khmère Rouge ! Honnêtement, ayez la curiosité de vous documenter et lire ces slogans révolutionnaires (il y a des livres qui les recensent), vous verrez que c’est exactement le même genre de vocabulaire, éructé sur le même ton venimeux, des phrases toute faites écrites par des militants sectaires, obsédés par la pureté, l’anticapitalisme totalement primaire, et la haine sauvage de tous ceux qui ne pensaient pas comme eux.

                          Ca m’a immédiatement sauté aux yeux.

                          Vos intentions sont sans doute bonnes, mais faites gaffe, car si vous continuez sur cette voie, vous allez finir extrémiste, sectaire, et devenir (ou peut-être êtes vous déjà ? J’espère pour vous que non...) haineuse et aigrie.

                          Même si ce que l’on dit est vrai, on n’a jamais changé le monde avec de la haine et du ressentiment.


                          • tashrin 10 février 2020 11:59

                            je suis plutot d’accord avec le diagnostic, que je pondérerai toutefois un peu : 

                            Toutes les politiques des transports, de la santé, de l’éducation ou même des salaires concentrent les moyens sur une part de plus en plus réduite de la population : les jeunes urbains des catégories supérieures3.

                            Pour faire partie des jeunes (bon, plus trop...) urbains soit disant privilégiés, il ne faut pas negliger que la segregation que vous decrivez s’applique egalement au sein même des metropoles en question.

                            A lyon (5000 € du m² mais sans les salaires parisiens), ne peuvent plus habiter le centre ville que des personnes aisées, voire très aisées. Ou de grands propriétaires institutionnels bailleurs. Les personnes dont les revenus peinent à suivre l’evolution des prix immobiliers (quasi tous, donc) sont relégués en premiere voire seconde couronne et doivent composer avec des temps de transport toujours plus longs sur des voies de plus en plus encombrées.

                            Ca, ajouté aux politiques visant à exclure les bagnoles du centre ville (Lyon, Paris, entre autres), aux revendications de plus en plus insistantes de pseudo privatisation (les lyonnais résidents excédés des nuisances sonores notamment voudraient bien interdire la presqu’ile à la circulation... des autres)

                            L’accès aux services publics, aux soins, etc... est évidemment facilité par le fait d’habiter pres d’un grand centre urbain. Mais ca genere également d’autres problematiques, à commencer par le cout du logement (pour le prix d’un t3 à Lyon, on achete la mairie de St Etienne, un manoir en bretagne, ou un corps de ferme entier en creuse...)

                            Ceci étant, je suis d’accord avec vous sur la défaillance de l’aménagement du territoire, battu en breche par les velleités regionales (Lyon s’enorgueillit d’être une place forte économique... européenne !)

                            Lire la suite ▼

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