Faut-il vraiment sauver la planète ?
On entend cette injonction dans les médias, ou dans la bouche de certains politiciens. Elle est également reprise dans les écoles : sauvons la planète. Les enfants pensent qu’ils font du bien à la Terre parce qu’ils répètent ce que des adultes leur assènent en boucle.
Est-ce raisonnable d’imaginer que l’espèce humaine va sauver la planète ? Je conviens volontiers que nous avons avantage à produire plus propre. Cependant je ne culpabilise pas sur la pollution : nous ne pouvions pas savoir l’ampleur qu’elle prendrait quand a été créé le moteur à explosion, pour ne parler que du CO2. Je conviens aussi que nous avons avantage à recycler pour réutiliser les matières premières.
Mais les êtres humains peuvent-ils sauver la planète d’un dérèglement climatique ?
Si les scénarii du Giec sont justes et si le temps les confirme, c’est déjà trop tard. Il faut maintenant s’adapter. On ne reviendra pas en arrière avant des siècles. Il faudrait apprendre aux enfants à se préparer, à innover, plutôt que les faire rêver d’un passé révolu. Le conservatisme écologique est contraire au changement qui s’opère.
Je mentionnais récemment l’année 2014 comme une année très chaude, avec cependant quelques réserves. Poussons un peu le bouchon. Si les théories du Giec peuvent à terme être contredites par le réel, elles ne sont pas valables. Mais si elles résistent dans les faits aux nombreuses critiques, alors on pourra commencer à y croire.
Dire que la Terre est en danger dans le siècle qui se déroule actuellement est un extraordinaire coup médiatique. Mais la vie continuera. 1, 2, 4, degrés de moyenne en plus, si cela s’avère et dure, ne détruiront pas le vivant. Les êtres vivants s’adaptent. Certains disparaîtront, d’autres apparaîtront. C’est ce qui se passe depuis aussi loin que nous puissions remonter, disons des centaines de millions d’années. Refroidissement, réchauffement, saturation en CO2, volcanisme, astéroïdes ont fait varier la présence des espèces.
Si les scénarii du Giec sont erronés, à cause des modes de mesure, de la politisation de l’agence onusienne, de la complexité des phénomènes climatiques ou de l’incapacité à prévoir les rétroactions naturelles qui vont se mettre en place, alors on ne sait pas s’il faut faire quelque chose ou non. Les gaz et poussières qui accompagnent l’éruption d’un volcan peuvent refroidir l’atmosphère. La saturation en CO2 et méthane associée à une saturation en poussière et à une augmentation de l’évaporation des océans ne pourraient-ils pas diminuer l’ensoleillement et déclencher une baisse de la température moyenne ?
De plus, la période actuelle est la plus fraîche de toute la séquence interglaciaire. Plus fraîche qu’il y a 2’000 ans, 3’000 ans, 8’000 ans. Plus fraîche qu'il y a des dizaines de millions d'années (image 1 sur 600 millions d'années). Les périodes plus chaudes de l'Holocène s’accompagnent de production agricole plus abondante. Le réchauffement actuel, s’il dure (nous n’avons pas assez de recul pour le certifier), serait donc une bonne chose et non une mauvaise.
Les scientifiques et les politiciens ne devraient pas s’en tenir à un seul scénario. Ils doivent anticiper autant sur le refroidissement que sur le réchauffement. Et envisager un réchauffement, s’il est durable, comme une chance bien meilleure que le refroidissement. Les années les plus froides que l’on connaisse ont été catastrophiques, comme l’année 1816 ou la période froide avant la révolution française.
La reconstitution des températures du passé montre le climat depuis l’Holocène, soit environ 10’000 ans (image 2 réalisée selon les carottages de glace du Groenland). Les températures actuelles sont moins chaudes que dans le passé. Un changement vers le haut est donc moins catastrophique qu’un changement vers le bas.
Si le Giec a raison, ce que nous saurons dans 50 ou cent ans au minimum, il faut accepter le réchauffement tout en améliorant l’industrie et en polluant moins. Si le Giec se trompe alors le réchauffement est dû à des causes non anthropiques sur lesquelles nous n’avons pas de prise. Donc il faut aussi l’accepter et s’y préparer.
Déplorer le réchauffement et vouloir remettre la planète comme elle était en 1880 ou en 1950 n’a pas de sens. Il n’y a rien à déplorer au vu des facilités de vie générées par l’industrie et la technologie. Et la machinerie biochimique de la Terre est très complexe. Sa puissance est immense en comparaison des moyens que les humains ont créé. Que pourrions-nous faire - et encore, en essayant de ne pas faire pire qu’avant ! - pour tenter de régler la climatologie d’une planète entière ?
La crise écologique, si on peut la nommer ainsi, nous montre nos limites. Elle remet notre présence sur Terre à sa juste place : c’est à nous de nous adapter, y compris aux conséquences de notre existence. Il n’y aura pas de solution rapide, s’il y a vraiment une solution humaine, au réchauffement ou au refroidissement.
La mythologie moderne place la Terre en état d'agonie à cause des humains. Cette mythologie pourrait être erronée. Ne mettons pas trop d’énergie à vouloir retourner en arrière et préparons-nous à l’avenir. C’est plus réaliste.
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