Gergovie, c’est Le Crest, à 12 km au sud de Clermont-Ferrand ; cela fait 30 ans que je le dis
Un lieutenant-colonel de Zouaves à la retraite, poète, soutient que Gergovie est au Crest (journal La Montagne du 9.12.1993).… Une personne qui, comme beaucoup de passionnés de son espèce, se place dans la posture de l’homme seul face au poids de la "science officielle" (Michel Duffour, secrétaire d’Etat à la Culture, lettre du 27/10/2000)... J'ai supprimé les liens renvoyant aux sites mentionnant les écrits de E. Mourey : n'étant publiés qu'à compte d'auteur, ils relèvent du travail inédit (ils sont par ailleurs totalement irrecevables du point de vue scientifique). Wikipédia, Luscianusbeneditus 7 juin 2007.
Zouave, poète, homme seul, je persiste magré le silence du ministre, des politiques et des médias. Merci à Agoravox, journal citoyen libre et indépendant, de continuer à me soutenir contre tous et contre tout. Je vous propose ici une réécriture de mon article Agoravox du 26 avril 2018 avec davantage d'explications et d'illustrations.
... Venant du nord par l'itinéraire normal qui mène à l'Auvergne, César arrive en vue de Gergovie (cf De Bello Gallico, VII, 36, 1). Sa cavalerie est en avant-garde. Après un combat de cavalerie "léger", il établit un grand camp près de la butte d'Orcet. On en a retouvé la trace
Déjà, à partir de là, en effet, on aurait dû comprendre que la cavalerie gauloise n'était pas déployée en avant du plateau de Merdogne mais en avant de la ligne de hauteurs d'après : la montagne de La Serre, et en avant de la position fortifiée de La Roche-Blanche, laquelle était tenue par une garnison gauloise relativement importante (DBG VII,36,6). Cette montagne de La Serre se redresse sous forme d'éperon dans la hauteur du Crest, position favorable pour une défense sur tous les côtés.
César venait du Nord. Il descendait plein sud. Comme tout bon militaire, il se déplace de points forts du terrain en points forts du terrain. C'est la montagne de Flavigny dont il s'empare en arrivant à Alésia. C'est de là qu'il observe la situation, qu'il décide d'en faire le siège, qu'il donne ses ordres. C'est au pied de la position conquise et sous sa protection qu'il commence à installer son grand camp K (DBG VII, 69). À Gergovie, le scénario ne peut être que le même. C'est la butte d'Orcet dont il s'empare. C'est de là qu'il fait son observation et décide de sa manooeuvre. C'est non loin de là que son grand camp s'est installé. A Alésia, l'affrontement entre les deux cavaleries avait été total et s'était terminé par la fuite des cavaliers gaulois submergés par l'arrivée sur les lieux des redoutables cavaliers germains (DBG VII, 70). À Gergovie, César n'évoque qu'un combat "léger" (levis, DBG VII,36,1) ... probablement parce que la cavalerie gauloise n'était principalement déployée que derrière l'Auzon pour protéger Le Crest.
Depuis Orcet, César avait le regard tourné vers Merdogne mais surtout vers Le Crest.
Voici ce qu'il voit depuis la butte d'Orcet :
Il voit la ville arverne (urbs) "posée" sur un mont "trés haut", difficile d'accès. Il s'agit de la ville du Crest toujours existante dont on voit ici la dernière tour.
Etant venu à La Roche-Blanche pour inspecter les travaux des petits camps, voici ce qu'il voit :
Vercingétorix avait installé ses camps sur le mont, près et en avant de l’oppidum (prope). L’oppidum, c’est la haute fortification dont on voit la dite dernière tour qui se dresse au sommet, au-dessus de la ville, qui est en contre-bas ; mais cela désigne aussi tout le plateau de La Serre défendu naturellement par ses flancs abrupts. Séparés par un simple intervalle, les camps sont autour du chef arverne (Vercingétorix étant sur le point haut). Toutes les pentes de la ligne de crête sont occupées, horrible spectacle - horribilem speciem - (DBGVII, 36, 2).
Au pied du mont et face à lui, il y a un versant, "collis" dans le texte latin, là où est prise la photo. Il s'agit du versant nord du plateau de Merdogne. Il s'agit du village de La Roche-Blanche. La place était tenue par une garnison gauloise qui n'était pas faible - non infirmo - (DBG VII,37,6) . Malgré cela, César, dans le silence de la nuit, sort de ses camps et avant qu'on ne puisse venir les secourir de l'oppidum, il déloge les Gaulois de la position. Maître de la place, il y installe deux légions. Il relie les grands camps aux petits par un double fossé de douze pieds de large, en sorte que même les hommes isolés peuvent y circuler librement à l'abri d'une attaque soudaine de l'ennemi (DBG.VII, 37, 7). Ce double fossé a été retrouvé, mais on a cru que c'était pour attaquer le plateau de Merdogne, direction Nord, alors que c'était pour attaquer Le Crest, direction sud. Incroyable ! On n'a même pas envisagé cette possibilité !
Il remarque que le versant occupé par les Gaulois (face à lui) est "nu” d'hommes alors que les jours précédents, on ne pouvait qu'à peine en voir le sol tant il y avait foule. Surpris, il en demande la raison aux déserteurs qui chaque jour arrivent en grand nombre dans ses lignes. Tous confirment ce que César savait déjà par ses espions, à savoir que le dos de cette crête est presque plat, mais boisé et étroit à l'endroit où l'on a accès à l'autre bout de l'oppidum (voir premier croquis). Les Gaulois craignaient beaucoup pour ce point car ils se rendaient compte que si les Romains, après avoir occupé un versant (de la Roche-Blanche) leur prenaient l'autre versant (de l'autre côté), ils se trouveraient presque encerclés et ils n'auraient plus de chemin libre, ni pour sortir, ni pour fourrager. Vercingétorix les avait tous rappelés pour fortifier cet endroit.
César envoie de ce côté plusieurs escadrons de cavalerie au milieu de la nuit (en contournant la position par la gauche)... De l'oppidum, on voyait tous ces mouvements de loin, car de Gergovie, la vue plongeait sur les camps, mais à une telle distance, il n'était pas possible d'observer ce qu'il en était dans le détail...
L'inquiétude grandit chez les Gaulois. Il appellent toutes leurs troupes sur les retranchements qui leur semblent être menacés.
César met en place son dispositif d'attaque.
Lorsque César se rend compte que les camps des Gaulois sont vides, il fait passer des soldats par groupes fractionnés des grands camps dans les petits camps (de la Roche-Blanche). Les insignes et les enseignes avaient été dissimulés de façon que, de l'oppidum, on ne remarquât rien. Il explique aux légats qu'il a placés à la tête de chaque légion ce qu'il veut que l'on fasse. iI les exhorte en premier lieu à maintenir la cohésion des troupes en veillant à ce que les soldats ne se laissent entraîner trop loin, ni par l'ardeur des combats, ni par l'espoir du butin. Il leur explique ensuite à quel point le terrain leur est défavorable. Pour remédier à cette situation, un seul moyen s'offre à eux : la rapidité. Le succès de l'opération reposait non sur le combat mais sur l'initiative. César donne le signal de l'assaut et il envoie en même temps les Eduens, à droite, par une autre montée.
Dispositif défensif des Gaulois.
La distance entre la muraille de l'oppidum et la plaine était à vol d'oiseau de mille deux cents pas, comptés à partir de l'endroit où la montée commençait (c'est exact). Il fallait ajouter à cette distance celle des détours qui rendaient la montée plus facile mais augmentaient la longueur du chemin. Les Gaulois avaient dressé en avant de l'oppidum, à mi-pente, dans la longueur, tout en suivant le relief de la montagne, un mur en grosses pierres de six pieds de haut (1m80), pour briser l'élan des Romains. Il s'agit du mur d'enceinte normal de la ville déjà existant et toujours existant mais à l'état de ruines.
Attaque des camps gaulois.
Au signal donné, les légionnaires se portent rapidement vers le retranchement gaulois et après l'avoir franchi, ils se rendent maîtres de trois camps. L'action fut si rapide que Teutomatus, chef des Nitiobroges, surpris dans sa tente en train de faire la méridienne, n'échappa que de justesse aux mains des soldats qui couraient au butin. Il réussit à s'enfuir, le torse nu, sur son cheval blessé. Il n'est pas dit qu'il s'agisse du mur d'enceinte de la ville de 1m80 de haut (croquis, à gauche). Je fais l'hypothèse de simples retranchements sommaires protégeant des camps installés en dehors de la ville, à droite sur le croquis
Fabius investit la ville.
L. Fabius, centurion de la VIIIème légion, avait dit à ses hommes ce jour-là — le fait est établi — que les récompenses accordées à Avaricum stimulaient son ardeur et qu'il avait décidé d'escalader le mur avant quiconque. Entraînant avec lui trois manipules - un manipule = deux centuries, soit 600 hommes - il se fait soulever par eux et franchit le mur (de la ville, côté ouest). Puis, il les fait passer, les uns après les autres.
Attaque de l'oppidum.
Ayant atteint son objectif, conformément au scénario qu'il avait prévu, César donne l'ordre de sonner la retraite et, haranguant les soldats, il fait dresser les enseignes pour rassembler la dixième légion avec laquelle il marche. Mais les soldats des autres légions n'entendent pas la sonnerie de trompette à cause du vallonnement assez large qui les séparait de César. Malgré les efforts des tribuns et des légats qui essaient en vain de les retenir comme César l'a prescrit, les soldats ne s'arrêtent pas. Transportés par l'espoir d'une prompte victoire, encouragés par la fuite des Gaulois et par le souvenir de leurs anciens succès, ils se persuadent qu'il n'y a aucun obstacle que leur courage ne peut surmonter. Ils ne cessent la poursuite qu'une fois arrivés au pied de la muraille de l'oppidum, puis ils se dirigent vers les portes.
Combat retardateur des femmes de Gergovie.
Alors, dans toutes les parties de la ville, une clameur éclate. Ceux qui sont plus loin, terrifiés par ce tumulte soudain, pensent que l'ennemi a franchi les portes et sortent précipitamment de l'oppidum (par la porte est, hors croquis). Les mères de famille jettent du haut des murs des étoffes et de l'argent. Les mains ouvertes dans le geste des suppliantes, elles font saillir leur poitrine nue, elles demandent aux Romains de jurer d'épargner les femmes et les enfants et de ne pas recommencer ici ce qu'ils ont fait à Avaricum. Plusieurs même, descendant des murs en s'agrippant aux pierres, se livrent aux soldats.
Contre-attaque gauloise.
Pendant ce temps-là, les Gaulois qui s'étaient regroupés à l'autre bout de l'oppidum (à l'autre bout du plateau de La Serre) pour y travailler aux retranchements, comme nous l'avons expliqué précédemment, entendent tout d'abord la clameur. Informés ensuite par ceux qui, nombreux, viennent leur annoncer que l'oppidum est tombé aux mains des Romains, ils se précipitent en masse et au pas de course (vers l'oppidum), en se faisant précéder de leurs cavaliers. Au fur et à mesure qu'ils arrivent, ils se placent au pied des murs et viennent grossir toujours davantage le nombre des combattants. Lorsqu'ils furent une multitude, les mères de famille qui, un instant plus tôt, tendaient les mains vers les Romains du haut des murs, se tournent vers les leurs en les adjurant et en leur montrant leurs cheveux défaits suivant la coutume gauloise. Puis, à bout de bras, elles lévent leurs enfants vers eux. La position et le nombre jouent contre les Romains. La lutte est trop inégale. Epuisés par la course et par le prolongement du combat, les Romains résistent difficilement face à des troupes fraîches et intactes.
César met en place un dispositif de recueil.
Voyant que les siens combattent dans une position défavorable, que le nombre des ennemis augmente sans cesse, pressentant par ailleurs que les choses vont mal tourner, César fait porter au légat T. Sextius qu'il avait laissé à la garde des petits camps le message suivant : « Fais sortir de toute urgence tes cohortes. Installe-les solidement au bas du versant, sur le côté droit face à l'ennemi pour le menacer et gêner sa poursuite au cas où les nôtres seraient rejetés de la position. » César, quant à lui, s'étant avancé avec sa légion un peu en avant de la position sur laquelle il s'est rétabli, attend l'issue du combat.
Fausse manoeuvre de César.
Le corps à corps est d'une âpreté exceptionnelle. Les Gaulois ont l'avantage de la position et du nombre. Les Romains placent leur espoir dans leur valeur militaire. César avait envoyé les Eduens (ceux d'Éporédorix) à droite (?), par un autre chemin, dans l'intention de leur faire exécuter une manœuvre à distance. Soudain, ces Eduens reviennent sur le flanc découvert des légionnaires. Leurs armes sont semblables à ceux d'en face. La panique se met dans les rangs, et bien que les nouveaux arrivés présentent leur épaule droite découverte — ce qui était le signe de reconnaissance convenu — les Romains croient que c'est une ruse.
Echec et mort du centurion Fabius.
Pendant ce temps, le centurion L. Fabius et ceux qui ont escaladé le mur de la ville en même temps que lui sont encerclés, puis massacrés et jetés au pied du rempart (du mur de la ville).
Echec et mort du centurion Petronius.
M. Petronius, centurion de la même légion, s'efforçait d'enfoncer les portes (de l'oppidum). Accablé sous le nombre, couvert de blessures et se voyant perdu, il s'écrie à l'adresse des soldats de son manipule qui le suivaient : « Puisqu'il ne m'est pas possible de me sauver avec vous, laissez-moi au moins assurer le salut de vos vies que mon amour de la gloire a mises en péril. » Ayant prononcé ces mots, il se précipite au milieu des Gaulois. Il ouvre un passage dans l'encerclement en tuant les Gaulois deux par deux (duobus). Il les fait reculer de la porte. Comme ses hommes viennent à son secours, il leur dit : « Vous voulez me sauver la vie. Votre tentative est vaine, j'ai perdu trop de sang et mes forces m'abandonnent. Partez d'ici, il est encore temps, rejoignez la légion ! » Puis, les armes à la main, il tombe au champ d'honneur en sauvant la vie des siens.
Recueil des légions en déroute et décrochage des légions placées en soutien.
Après avoir perdu quarante-six centurions, les Romains, pressés de tous côtés, sont rejetés de la position. Les Gaulois les poursuivent de très près. La dixième légion, qui s'est établie en réserve sur une position où le terrain est un peu moins en pente, brise leur élan. A leur tour, les cohortes de la treizième légion, que le légat T. Sextius a fait sortir des petits camps et installer sur un point haut, assurent le recueil de la dixième légion. Dès que les Romains arrivent dans la plaine, ils retournent contre ceux qui les poursuivent les enseignes un moment mises en péril. Vercingétorix, qui est descendu avec les siens jusqu'au pied du versant, les ramène alors à l'intérieur des fortifications. Ce jour-là, les Romains déplorèrent la perte d'un peu moins de sept cents hommes.
Piètre discours de César devant le front des troupes.
Le lendemain, César, devant le front des troupes, blâme la témérité et la cupidité des soldats. « Vous avez décidé de vous-mêmes ce qu'il vous semblait bon de faire, fixant vous-mêmes la limite de votre action. Rien n'a pu vous retenir, ni le signal du repli, ni les tribuns, ni les légats. » Il leur explique ce qui fait l'avantage et le désavantage d'une position. Il leur rappelle la décision qu'il avait prise après mûre réflexion, alors qu'il faisait route vers Avaricum. « Nous avions surpris les troupes ennemies sans chef et sans cavalerie, mais j'ai renoncé à une victoire pourtant assurée pour la simple raison que je ne voulais pas subir de pertes même légères dans un combat où le terrain m'était défavorable. Autant j'admire le courage exceptionnel de ceux qui ne se sont laissé impressionner ni par les retranchements des camps, ni par la hauteur de la montagne, ni par la muraille de l'oppidum, autant je blâme la présomption et l'indiscipline. Ainsi, on s'est cru capable, mieux que le général, de décider sur le terme d'une action ou sur sa poursuite jusqu'à la victoire. Ce que je demande aux soldats, c'est autant de modestie et de discipline que de courage et de valeur militaire. » Sa harangue terminée, César, pour remonter le moral des troupes, ajoute qu'il ne faut pas se troubler l'esprit sur la cause de cet échec et qu'on ne doit pas attribuer à la valeur militaire des Gaulois ce qui n'est dû qu'à la pente du terrain.
César réfléchissait aux projets qu'il avait conçus antérieurement. Il fait sortir des camps les légions et les déploya en lignes de bataille sur de bonnes positions. Comme Vercingétorix n'en restait pas moins à l'intérieur de ses retranchements et comme il ne voulait manifestement pas descendre sur un terrain plat (et équitable), après un petit combat de cavalerie où il eut l'avantage, César fait rentrer son armée aux camps. Le lendemain, il fait de même. Estimant avoir ramené la parade des Gaulois à son véritable niveau, en même temps qu'il relevait le courage de ses soldats, César fait lever les camps et se met en route vers le pays des Eduens.
Voici la ville de Gergovie que César a vue.
Voici, peut-être, le temple de Poséidon
Voici, peut-être, le palais de Vercingétorix
La dernière tour
Gergovie Le Crest
C'est une grave erreur que d'avoir identifié la capitale des Éduens au mont Beuvray. La vraie Bibracte est l'ancienne ville murée de Mont-Saint-Vincent, non loin de la Saône, laquelle était construite en pierre. Il s'ensuit que toutes les déductions que font les archéologues du mont Beuvray sont fausses. Les traces de pieux prouvent seulement que des maisons ont été construites en bois dans l'urgence pour abriter les Boïens que César y avait installés après sa victoire sur les Helvètes... que les nombreux débris d'amphores prouvent seulement qu'il a fallu les ravitailler... enfin, que c'est une vue de l'esprit que de voir des "murus gallicus" dans des enceintes réalisées également dans l'urgence, etc...
Emile Mourey, 12 juin 2020, croquis et dessins de l'auteur.
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