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Accueil du site > Tribune Libre > Inquiétudes sur la Constitution française

Inquiétudes sur la Constitution française

Un projet de loi constitutionnelle relatif à la Nouvelle-Calédonie sera examiné le 13 décembre par les députés. Il divise la droite car il inscrit dans la Constitution un principe communautaire : seuls auraient le droit de vote aux élections régionales et départementales en Nouvelle-Calédonie les personnes installées là-bas avant 1988. Les personnes installées en Nouvelle-Calédonie après cette date n’auraient le droit de vote qu’aux municipales, législatives et présidentielles.

Ce n’est pas par traditionalisme que beaucoup de juristes et d’hommes politiques s’inquiètent des travaux en cours pour modifier le droit de vote aux élections locales de Nouvelle-Calédonie.

Point d’orgue d’un long processus de négociation, l’Accord de Nouméa de 1998 semblait avoir trouvé un équilibre entre les aspirations à une citoyenneté calédonienne et l’attachement à la République française. Il concrétisait le projet de statut autonome dont le principe avait été adopté par référendum calédonien en 1988. Dérogation exceptionnelle aux principes républicains, l’adoption de cet accord de 1998 se fit par un nouveau référendum, ouvert uniquement aux personnes qui étaient déjà inscrites sur les listes électorales en 1988.

Il serait stupide et aveugle de rejeter, comme le font certains, les évolutions actuelles du principe d’égalité. Ce principe s’est révélé trop rigide pour assurer l’intégration de populations différentes. L’évolution du droit des collectivités d’outre-mer se révèle au contraire un véritable laboratoire pour le droit français. Elle annonce une plus grande décentralisation à venir, donnant un pouvoir quasi législatif aux assemblées locales, dans le respect des compétences régaliennes. Cette évolution institutionnelle est inséparable des réflexions sur l’intégration.

Dans ce domaine, un seuil semble être franchi avec le nouveau projet de loi constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie. Ce projet consisterait à pérenniser (au moins jusqu’en 2016) l’exception au droit de vote instaurée pour le référendum de 1998 : seuls les Calédoniens ayant voté au référendum de 1988 et leurs enfants recevraient ce droit pour les élections locales, à l’exception des élections municipales. Le principe communautaire serait ainsi, dans la plus grande indifférence, installé dans notre Constitution.

La tradition juridique française ignore les différences de traitement selon l’origine des personnes. Cette ignorance est superbe, elle le fut notamment pendant l’Occupation : en 1943, un arrêt du Conseil d’Etat "Ferrand" censurait un texte de Vichy qui prévoyait l’inscription de l’origine ethnique sur les papiers d’identité. Ce beau et grand principe est nécessaire mais il n’est plus suffisant.

La population française s’est transformée en quelques années, tandis que les collectivités locales, en métropole et outre-mer, atteignaient leur maturité. Face au chômage de populations mal intégrées ou isolées géographiquement, seules des dispositions ponctuelles ont été trouvées. Or la sanction des discriminations reste difficile. Le ciblage des quartiers difficiles enraye mal la ghettoïsation. De même, on ne voit pas ce que l’instauration d’un droit de vote communautaire pourrait apporter à l’équilibre politique en Nouvelle-Calédonie.

Tout se passe comme si, en s’interdisant une réflexion courageuse sur la capacité de nos institutions et de notre système économique et social à intégrer les plus désavantagés, la France se condamnait à une fuite en avant, dont les voies se rétrécissent avec le temps. Avec le projet de loi constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie, cette fuite en avant se fait directement aux dépens de notre démocratie. Comment ne pas le regretter amèrement ?


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23 réactions à cet article    


  • chiffo (---.---.86.34) 8 décembre 2006 14:15

    Il est intéressant de voir que le débat à l’UMP s’effectue à front renversé. Nicolas sarkozy, adepte en général de la discrimination positive, s’oppose à un projet de loi qui met en oeuvre cette discrimination positive en Nouvelle-calédonie. A l’inverse, Jacques Chirac et Dominique de Villepin militent pour ce projet de loi qui discrimine de façon positive les kanaks.


    • Bill Bill 8 décembre 2006 14:29

      Tout à fait d’accord avec Chiffo ! C’est une pente dangereuse, l’état se donne l’air d’être sans arrêt opposé à tout ce qui est « blanc ». La discrination positive c’est un musulman plutot qu’un chrétien, un noir plutot qu’un blanc, etc, etc... C’est la création du racisme institutionnel qui ne dit pas son nom. D’autant plus que cela se fait au mépris des principes et des lois. cette article peut en une certaine façon être mis en relation avec celui sur l’anti-racisme paru aujourd’hui aussi.

      Bill


      • Comité Cicéron 8 décembre 2006 14:49

        Cette réforme sur la Nouvelle-Calédonie peut effectivement être qualifiée de « anti-blanche », quoique les blancs présents en 1988 conservent le droit de vote.

        En revanche, la discrimination positive n’a rien d’anti-blanc selon nous. C’est une réforme « libérale » dans le sens où elle favorise une concurrence plus équitable entre les gosses de riches qui entrent facilement à Henri IV et sont jusqu’ici protégés des gosses de Saint-Denis qui, même plus talentueux, n’ont aucune chance d’y être acceptés (du simple fait que, pour se domicilier dans le Ve arrondissement, il faut des moyens). Du coup les gosses de riches intègrent les grandes écoles alors que les dionysiens se retrouvent à la rue.

        Nous ne parlerions donc pas de « front renversé » entre Sarkozy et Chirac sur cette question. Il nous semble que, dans ce début de campagne présidentielle, le président de l’UMP est le seul à faire des propositions sur l’intégration. Le PS ne propose rien que des mesurettes technocratiques sur les banlieues, et Bayrou est bien silencieux sur la question.

        Nous ne sommes pas particulièrement sarkozystes mais sur ce point crucial pour l’avenir de notre pays nous ne voyons personne d’autre faire des propositions sérieuses. Il y a toujours le clown Le Pen pour agiter ses pistolets et cracher en l’air sur le sujet mais il ne fait même plus rire.


        • monteno (---.---.179.94) 8 décembre 2006 15:22

          @ciceron

          Ce que vous dites à propos de Henry IV n’est pas exact et repose sur une pseudo demonstration superficielle ! Vous faites un raccourci erronné, soit par ignorance, soit par idéologie parce que cela convient à votre thèse !

          Pour intégrer Henry IV au niveau des classes avant le bac il faut effectivement soit habiter le quartier du cinquième soit disposer d’une dérogation ( la population qui bénéficie de ces dérogations est essentiellment celle des enseignents, qui n’est pas « riche » contrairement à ce que vous emblez indiquer). Pour intégrer une grande école il faut passer le concours qui est préparé dans des classes préparatoires qui sont accessibles par selection sur dossier après le bac ; or le recrutement des classes préparatoires n’est pas soumis à la carte scolaire, conrairement à l’inscription au lycée pour les classes avant le niveau du bac ; c’est à dire que le lycée Henry IV recrute sur dossiers des bacheliers de la france entière, en général ceux qui ont de bonnes notes sur leur dossier ; en particulier, un bachelier avec un bon dossier ne venant pas de Hery IV est recruté avant avant un bachelier enfant de riches parents habitants le cinquième comme vous dites ! La préparation à Henry IV et donc l’intégration à une grande école n’est donc pas du tout réservée comme vous l’indiquez aux enfants des riches qui habitent le cinquième ! La question est alors : pourquoi un bachelier avec un bon dossier ne pose pas sa canditature à Henry IV ou à Louis le Grand ? Sans doute son professeur de maths en terminale ne fait-il pas son travail complètement en ne l’informant pas, en ne l’orientant pas vers cette possibilité qui est complètement ouverte !


        • chiffo (---.---.86.34) 8 décembre 2006 17:12

          Il ne s’agit pas ici d’un problème d’intégration, mais plutot d’un problème de sortie de colonialisme pour aller vers l’indépendance. Il paraît donc tout à fait normal que les votants soient les personnes qui sont prêtes à abandonner leur nationalité française et vivre dans une nouvelle calédonie indépendante.

          Pour moi, la discrimination positive a plutot une connotation négative. Et ce que je trouve drôle, c’est que Nicolas Sarkozy privilégie les riches colons au détriment au détriment des kanaks. C’est en ce sens que je parle de front renversé. Quand ça l’arrange, il préfère ne pas regarder la réalité et rester sur son qunat à soi.


          • monteno (---.---.179.94) 8 décembre 2006 17:35

            @chiffo

            Vous semblez , déja avant le vote, avoir une opinion du résultat du vote puisque vous dites que le vote est fait pour donner l’indépendance à la Nouvelle Calédonie ! Le vote est seulement fait pour décider si oui ou non la Nouvelle Calédonie sera indépendante : et pour cela on fait voter ses ’ habitants’...

            La question est : qui aura le droit de voter, donc de décider du sort de la Nouvelle Calédonie.

            En général le droit devient de circonstance dans ces cas là et justifie la raison de ceux qui sont les plus forts ( physiquement ou moralement)... la seule solution républicaine serait sans doute de faire voter le peuple français, mais ce n’est pas la solution qui a été choisie par l’éxécutif ; la seconde solution serait de faire voter le sous ensemble du peuple français qui réside en Nouvelle Calédonie ; la « raison du plus fort » propose de restreindre le vote à un sous ensemble arbitraire constitué de ceux qui ont déja voté en 88 ainsi qu’à leurs descendants ; pourquoi un descendant aurait-il plus de droits qu’un autre français arrivé en 89 donc avant la naissance de certains descendants nés ou adoptés aprés après 89 ? Quelle est la définition d’un descendant ? etc ;...


          • Comité Cicéron 8 décembre 2006 18:55

            Pour revenir sur l’admission dans les bons lycées, il faudrait tout de même arrêter d’être naïf : Oui, les classes prépa recrutent indépendamment de la carte scolaire, mais où recrutent-elles ?

            Etes-vous vraiment certains ou faites-vous semblant que le premier de la classe du lycée de Bobigny a ses chances d’entrer dans un grand lycée ? Je demande à voir : vu le nombre de lycées en France et le nombre d’élèves en prépa, il n’y a pas la place pour tous les premiers de tous les lycées...

            Le problème en France est que la sélection se fait très tôt, sans doute dès le lycée et peut-être même avant : tous les parents savent qu’il faut mettre son enfant dans tel ou tel collège pour ensuite avoir une chance d’aller dans tel lycée pour ensuite avoir la chance d’aller dans telle prepa.... sachant que collège et lycée dépendent de la carte scolaire, elle-même liée aux quartiers riches et pauvres.

            C’est pour cela que la discrimination positive dans les lycées paraît une très bonne chose, je veux dire adaptée à un problème spécifique à notre pays.

            Concernant la Nouvelle-Calédonie, le projet de loi NE PORTE PAS SUR L’INDEPENDANCE : s’il y a referendum, il est déjà prévu qu’il ne sera voté que par les habitants de 1988 !!! IL S ’AGIT DES ELECTIONS PROVINCIALES QUI N ONT PAS VOCATION A ORIENTER LE VOTE DU REFERENDUM.....

            C’est cela qui est choquant !! seules les élections municipales sont exclues du vote communautariste car la législation européenne interdit toute discrimination à ce niveau. Mais il y a fort à parier que la loi constitutionnelle qui se prépare est contraire à la convention européenne des droits de l’homme. Ca fait mauvais genre !!


            • monteno (---.---.179.94) 9 décembre 2006 00:10

              @ciceron

              Vous avez écrit :"

              Etes-vous vraiment certains ou faites-vous semblant que le premier de la classe du lycée de Bobigny a ses chances d’entrer dans un grand lycée ? "

              Qui sélectionne les candidats dans les prépas ? Sans doute les proviseurs dedites prépas au nom de l’éducation nationale. Cette sélection n’est pas faite par les parents riches qui habitent les bons quartiers.

              Comment pouvez-vous affirmer qu’un proviseur de H IV ou de LLG ne recruterait pas pour sa prépa le premier de la classe de terminale S du lycée de Bobigny, surtout s’il a en plus eu de trés bonnes notes au bac, ou a été présenté au concours général ?

              Pour moi c’était cela aussi les valeurs de la République !

              Je crains que vous ne soyez impressionné par les publications pseudo scientifiques de Bourdieu ; votre thèse se résume à répeter comme une vérité première que les élites se reproduisent ! Dans le cas présent, pourquoi un proviseur, « formaté » à la défense de l’interêt général aiderait les enfants des gens riches en les recrutant de préférrence au premier du lycée de Bobigny ds ses prépas ? Pour donner a posteriori raison à Bourdieu ? Je ne le pense pas !

              Son interêt, l’interêt général, sont qu’il recrute pour ses prépas les meilleurs candidats qu’il pourra trouver, quelle que soit leur lycée d’origine.


            • Comité Cicéron 9 décembre 2006 14:20

              Je ne sais bîen sûr pas exactement comme se fait la sélection par les proviseurs. Mais il est certain qu’ils n’ont pas de réflexe « discrimination positive » : ils jouent les valeurs sûres, et apparemment de plus en plus. Ce qui est certain, c’est que c’est une cause vraisemblable pour expliquer que le nombre d’enfants issus de milieux simples et admis dans les grandes écoles a fortement chuté ces trente dernières années (divisé par 2 je crois)... et c’est quelque chose sur lequel on peut agir, contrairement aux facteurs familiaux dont parle Bourdieu.

              Je ne lis absolument pas Bourdieu et je ne crois pas que Sarkozy soit dans ses disciples non plus !! Tout l’intérêt du discours sur la discrimination positive est de rappeler aux proviseurs qu’il faut savoir prendre des risques, et essayer, comme vous le dites très bien, de déceler les talents derrière les bulletins, et au-delà du nom du lycée.

              Ce comportement idéal se faisant rare, la discrimination positive pourrait être un stimulant : prenez des élèves des lycées difficiles ou sinon nous vous obligerons à en accepter sans les choisir !!


            • monteno (---.---.179.94) 9 décembre 2006 17:26

              @ciceron

              Au risque de me répeter, j’ai l’impression que pour un proviseur de lycée à prepa, jouer sur des valeurs sûres doit-être de recruter les meilleurs éléments possibles sans se soucier ni de leur lycée d’origine, ni de la fortune ou du quartier de leur parents !

              Pourquoi affirmez-vous que le fait de sélectioner les meilleurs candidats pour une classe de prépa est un acte de discrimination positive ? Je ne comprends pas le lien entre ces deux propositions.

              Vous affirmez ensuite qu’il n’y a pas ds les grandes écoles assez d’éléments d’origine modeste ; comme la grande majorité des élèves entrant ds une grande école passent par une prépa vous vous interessez au recrutement des prépas, ce que je comprends.( je vous rappelle que ce recrutement est sous le contrôle de l’Education Nationale par ses proviseurs et aussi par les profs. de terminales qui ont j’spère aussi pour mission d’orienter ou de conseiller leurs élèves pour la suite de leurs études).

              Connait-on de façon scientifique l’origine sociale des étudiants en GE ? ( Ce comptage est-il sérieux, possible etlégal ?). Comment décider quelle serait la bonne proportion d’élèves issus de milieux modestes ? Quel est le critère pour définir quelqu’un issu d’un milieu modeste ? Est-ce la fortune, le revenu, la culture, un mixte des deux ? A quel niveau mettez vous la barre ? etc...Je crains que si on rentre ds ce domaine on aille d’arbitraire en arbitraire... puisque que vous aimez les grands principes républicains, pourquoi ne pas se referrer à la déclaration des droits de l’homme qui définit comment doivent être attribués les emplois publiques, c’est peut-être encore un bon modèle !


            • Comité Cicéron 10 décembre 2006 14:05

              Les donnée sont issues du rapport Attali de 1999. Des enquêtes sociologique sont faites régulièrement dans les grandes écoles et le phénomène dont je vous parle est PROUVE. Le nombre d’élèves issus de milieux modestes a été divisé à 2 à Centrale et à Normale Sup par comparaison avec ce qu’il était en 1975...

              ce n’est effectivement aps l’intérêt des proviseurs de ne pas prendre les bons élèves des mauvais quartiers mais c’est visiblement ce qu’ils font, soit parce qu’ils reçoivent énormément de demandes des bons lycées et les examinent en priorité soit parce qu’ils ne peuvent pas se permettre d’examiner dans le détail si le meilleur de Bobigny est vraiment bon...


            • franck (---.---.75.199) 8 décembre 2006 19:22

              Le problème est bien plus compliqué que cà, c’est moi qui vous le dis. La seule chose que je sais, c’est qu’à l’approche d’échéances presidentielles, La Nouvelle-Calédonie s’enflamme et Sarko ferait bien de rester tranquille


              • Comité Cicéron 8 décembre 2006 20:32

                Commentaire très constructif !

                Si je comprends bien nous devons nous mettre au garde à vous et dire « oui chef ».

                ce n’est pas tout à fait notre genre !

                Le problème est bien sûr compliqué, mais il y a une chose simple : mettre du communautarisme dans la Constitution française est inadmissible.

                Plus les choses sont compliquées, plus il faut savoir s’appuyer sur quelques règles d’or... en l’occurrence le principe d’égalité me suffit largement.


              • monteno (---.---.179.94) 9 décembre 2006 09:19

                @ciceron

                Sue le fond de la Nouvelle Calédonie je suis d’accord avec vous ! Par contre les grands principes sont un rempart isuffisant dès lors qu’il s’agit de l’intérêt de certains ! Par exemple, vous mettez en avant le principe d’égalité pour justifier une opposition ( que j’approuve) à l’introduction de règles communeautaires ds la constitution ; mais vous même ne respectez pas ce même principe d’égalité quand vous admettez la règle qui limitait aux seuls calédoniens le vote au referendum de 88 et de 98 ! Ce que vous avez appelé les accords de Matignon sont déja en opposition avec le principe d’égalité (sans doute pour de bonnes raisons)... Donc si je comprends bien, vos règles d’or et vos grands principes sont eux aussi à géomètrie variable quand cela vous arrange ou plutôt quand un intérêt supérieur fait qu’on les viole allègrement !


              • Comité Cicéron 9 décembre 2006 14:26

                La différence entre la loi constitutionnelle sur le droit de vote aux référendums et celle portant sur les élections provinciales est que, dans le premier cas, le mal est fait... et il est trop tard pour revenir sur la décision prise.

                Pour les élections provinciales, le mal n’est pas (encore) fait, et les députés peuvent encore stopper la dérive qui n’a cessé depuis 1988. Le débat sur les provinciales est beaucoup plus important que celui sur le référendum car il s’agit de la gestion courante du pays, alors que le référendum est d’un enjeu très mince : personne ne croit en réalité à l’indépendance. C’est pour cela que la pression est forte sur les provinciales !

                La discrimination positive me paraît pouvoir être justifiée par l’exigence d’intégration, mais pas la discrimination négative qui interdit certaines choses (et particulièrement le vote) à certaines personnes !


              • monteno (---.---.179.94) 9 décembre 2006 17:09

                @ciceron

                Pourquoi ne pas revenir à des principes simples et universels, ils ont le mérite d’être compréhensibles par tout le monde, au lieu de finacer, tourner autour du pot, à tel point que personne ne sache plus bien où l’on va !

                Ou bien la Nouvelle Calédonie fait partie ed la Nation Française et on lui applique les lois et la constitution de la France ; ou bien la Nouvelle Calédonie est destinée à quitter la Nation Française ; alors qu’elle la quitte au plus vite et qu’on cesse d’exiger du contribuable français qu’il la finance, sachant qu’il faut règler la transition, c’est à dire la phase entre maintenant et le moment où elle aura acquis son indépendance.

                La question est : qui est légitime pour décider si la Nouvelle Calédonie est destinée à quitter la Nation Française ?


              • www.jean-brice.fr (---.---.19.123) 9 décembre 2006 16:08

                Si je comprends bien ce projet concerne un pays où l’influence anglo-saxonne est très forte (le pacifique), donc délicat. Est ce la meilleure méthode qui a l’inconvénient de tripoter à la base notre constitution ? Je laisse cela aux juristes du Conseil Constitutionnel, mais s’il n’y avait que cela ? Pour en savoir plus, allez sur www.jean-brice.fr


                • chiffo (---.---.142.141) 10 décembre 2006 16:37

                  Si en 1962, on avait voulu demander aux algériens s’ils voulaient devenir indépendants, devait on permettre aux militaires français de voter ?

                  Il me semble que c’est aux kanaks de décider ce qu’ils veulent et non pas aux colons récents ;


                  • Comité Cicéron 10 décembre 2006 18:17

                    Tout à fait, mais encore une fois il ne s’agit pas des règles du vote pour ou contre l’indépendance mais des règles de l’élection provinciale de la Nouvelle-Calédonie... c’est l’équivalent des élections régionales en métropole.

                    Et si la Calédonie est française actuellement on ne voit pas pourquoi les français qui y sont installés depuis 1988 ne pourraient pas voter pour les délégués provinciaux qui les administrent ! De toute façon, le Conseil constitutionnel ne peut malheureusement pas se prononcer sur la validité d’une réforme constitutionnelle. C’est le Cour européenne des droits de l’homme qui pourrait déclarer la Constitution française modifiée par cette loi contraire au principe d’égalité.

                    Mais surtout je dirais que, pour les indépendantistes eux-mêmes, il serait plus cohérent d’attendre l’indépendance (qui sera votée uniquement par les calédoniens d’avant 1988, c’est déjà prévu) pour fixer les règles de scrutin aux élections calédoniennes.

                    Sinon cette réforme donne l’impression qu’on va se contenter de la situation actuelle (donc pas d’indépendance) moyennant un mode de scrutin communautariste qui n’est acceptable pour personne. Ce deal est CHOQUANT, on y retrouve un mode de négociation donnant donnant qui ressemble à la MAGOUILLE.

                    Le risque est que cette loi, si elle est adopée, dégoûte pas mal de métropolitains de venir en Calédonie. Si c’est le but, il me paraît dangereux pour l’avenir de cette région.


                  • Steffy (---.---.34.62) 12 décembre 2006 05:11

                    De retour de la Nouvelle-Calédonie, Marine LE PEN, Vice-Présidente, et Louis ALIOT, Secrétaire Général du Front National, ont tenu le 7 décembre 2006 une conférence de presse sur la position du FN concernant le projet de loi du gel du corps électoral insulaire.

                    Vous pouvez voir cette conférence de presse sur http://www.frontnational.com

                    Voici la lettre ouverte de Marine LE PEN aux parlementaires :

                    Madame, Monsieur,

                    Dans quelques jours vous aurez à vous prononcer sur une modification substantielle des accords de Nouméa, consistant à passer d’un corps électoral glissant pour l’élection du Congrès et des assemblées provinciales au gel de celui-ci.

                    Nous avions déjà à l’époque exprimé notre désaccord sur cette rupture d’égalité entre Français établis sur la même partie d’un territoire de la République, situation d’autant plus grave que les provinces demeurent des collectivités territoriales de la République et que l’article 188 de la loi du 19 mars 1999 retirait le droit de vote à des nationaux français qui avaient depuis de très nombreuses années ancré sur cette île le centre de leurs intérêts matériels et moraux. Or, il s’agit aujourd’hui, sans nouvelle consultation des Calédoniens, de vous faire voter une modification de ces accords souverainement entérinés par référendum. Outre le fait que cette nouvelle loi est juridiquement contraire à notre Constitution, elle est aussi politiquement antidémocratique et moralement douteuse puisque directement issue d’un pacte secret passé entre Jacques Chirac, le RPCR-UMP et les indépendantistes. C’est si vrai que monsieur Néaoutyne (UNI-FLNKS) vient de reconnaître publiquement que cette question délicate ne devait pas être abordée avant les élections de 2004 pour ne pas perturber le scrutin, en accord avec les parties signataires.

                    On évoque à ce jour pour justifier cette forfaiture « la parole de l’État ». Nous vous rappelons solennellement que la seule parole que l’État se doit de respecter est celle des Calédoniens qui, en votant les accords de Nouméa, ont choisi un corps électoral glissant. Tout le reste relève d’une manœuvre dont le RPCR, les indépendantistes et Jacques Chirac portent l’entière responsabilité.

                    Enfin, il serait paradoxal que vous votiez ce projet de loi « gelant » le corps électoral en Nouvelle-Calédonie aux élections locales au moment où vos formations politiques se prononcent pour le droit de vote des immigrés en métropole, à ces mêmes élections.

                    Le Front National et les millions d’électeurs qu’il représente vous demandent avec force de respecter notre Constitution et notre République Française et, en conséquence, de rejeter ce projet de loi constitutionnelle qui, au-delà de la trahison morale qu’elle contient, peut s’avérer un précédent dramatique pour l’unité nationale. Il vous demande au minimum de consulter les Calédoniens sur cette question précise par la voie d’un nouveau référendum.

                    Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma haute considération.

                    Marine LE PEN Vice-Présidente du Front National Députée Française au Parlement Européen


                    • poipoi 15 décembre 2006 07:30

                      Pour le clore le débat sur les grandes écoles : monteno, le comité ciceron a raison. Il est prouvé que les jeunes qui vont en classe prépa sont des fils de cadres et de gens issus de milieux aisés (62% en 2002). Voir le rapport de la Conférence des Grandes Ecoles là-dessus, ici : http://www.cge.asso.fr/SYNTHORIGINECSP2004B1406.pdf

                      Et je peux en parler, je suis passée par la case « Grande Ecole » moi-même, et mes petits camarades sont fils (ou filles) de docteur, ingénieurs informatiques, dentistes pour pas mal d’entre eux.

                      Pour le projet de loi, il a été adopté...D’après France 2, Jacques LAFLEUR s’était prononcé contre et a d’ailleurs voté contre, tout comme Pierre FROGIER, les deux députés de NC. Et ils ont exprimé le vote qu’aurait fait pas mal de politiques de Nouméa s’ils avaient été à leur place d’ailleurs : http://suffrage-universel.nc.over-blog.com/ qui ont assisté au débat public du 4 décembre, à Nouméa.

                      Et l’idée de ce que pensent probablement beaucoup de monde à Nouméa. Effectivement, les accords de Nouméa ont été approuvés par 72% de la population locale. Et dans ces accords figure effectivement le gel du corps électorales pour les assemblées de Provinces et celles du Congrès.

                      La question est, en 1998, est-ce que les gens ont voté parce qu’ils étaient d’accord avec l’ensemble du contenu des accords, ou bien est-ce qu’ils ont voté parce qu’ils en avaient marre des tensions et qu’enfin les accords semblaient être une lumière de paix ?

                      Je me souviens qu’il y avait eu beaucoup de débat à l’époque, et comme je n’étais pas en âge de voter, je n’ai suivi qu’à moitié...Je me souviens juste du soulagement et de l’effervescence qui a suivi l’annonce de la signature des accords entre les différents acteurs politiques...


                      • (---.---.229.236) 15 décembre 2006 07:35

                        Je trouve aussi que les immigrés de nationalité française ne devraient pas avoir le droit de vote. Qu’ils votent dans leur 93, trés bien, mais pas nationalement. Bref, comme on protége les kanak, il faut protéger les français des conséquences de la colonisation en cour.


                        • Comité Cicéron 18 décembre 2006 21:38

                          Ces remarques n’engagent que vous !

                          Les débats ont été très intéressants à l’Assemblée nationale, il n’était pas besoin d’être FN pour s’opposer à ce texte : http://www.assemblee-nationale.fr/12/cra/2006-2007/093.asp#P156_37274

                          Apparemment, la loi a été adoptée sans décompte des mains levées, et certains députés disent que, si on avait fait le décompte, le nombre de « non » l’aurait peut-être emporté de justesse !

                          Merci aux contributions sur les grandes écoles, le lien est intéressant, il manque juste la comparaison avec les années 1960, j’avoue que je ne trouve pas le lien sur l’internet... une prochaine fois peut-être !

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