Je suis un extrême-centriste !
Longtemps accusé d’être un « ni-ni », ni droite ni gauche, me voici, comme beaucoup d’autres, accusé d’extrême centrisme. Le « ni-ni » m’a longtemps été reproché comme une forme de résistance - dans le sens d’inertie -, et comme si ce positionnement était une fin en soi, une forme peut-être de snobisme intellectuel ! Alors qu’il s’agit d’une prise de conscience que la vie démocratique doit se renforcer par le débat, la participation citoyenne et le désir de voir finir le populisme et la mauvaise démagogie.
François Bayrou est l’inventeur de l’extrême centre selon le journal Libération (voir ici : http://www.liberation.fr/rebonds/chroniques/chronique_politique/219927.FR.php), selon le quotidien L’Humanité (http://www.humanite.fr/journal/2007-03-30/2007-03-30-848678), mais aussi Courrier International (http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=71557). L’idée est reprise même sur la télévision belge (http://www.rtbf.be/info/international/ARTICLE_086401).
Il y a donc unanimité pour dire que l’extrême centre existe bien, mais, selon les uns, cet extrême- centre aurait été créé pour nuire à la gauche, pour les autres pour embêter exclusivement la droite. Peu respectueux de mes idées, Gilles de Robien (de l’UDF) m’accuse des pires maux "Désormais, il y a le candidat de l’extrême centre ou du centre extrême et du centre qui fait prospérer les extrêmes", dit-il. Pourtant, si "extrême" veut dire "jusqu’au bout" comme me le confirme le dictionnaire Larousse, alors oui : je suis un extrême centriste !
Avant ce jour béni de l’entre-deux-tours, de l’entre-deux-chaises, j’étais un type de droite pour les socialistes avec lesquels je débattais dans les forums du Monde, un gauchiste pour les gens de l’UMP et un "centriste mou", pour tout le monde, cette dernière expression dite avec le soin nécessaire pour faire comprendre que naturellement il s’agissait là d’un pléonasme. J’étais aussi un "bobo", quelqu’un qui vit sur la planète des Bisounours (je ne sais même pas ce que c’est. De mon temps, c’était "La maison de Toutou"). Inertie, immobilisme, et même danger pour la démocratie étaient les griefs que l’on me jetait à la figure de part et d’autre. C’était à vrai dire les seuls arguments que l’on trouvait pour tenter de me décourager de suivre la voie que j’étais bien fermement décidé à suivre.
Aujourd’hui, les partisans de droite comme de gauche me regardent avec les yeux de Chimène ; ils convoitent mon vote. Pourtant, en ce qui me concerne, je n’ai pas changé. Il me semble plutôt que c’est le regard de ces partisans qui a changé à mon endroit. Le socialiste d’hier qui me rangeait définitivement à droite me donne du "cher ami centriste", Ségolène arbore son plus joli sourire et Nicolas n’est plus qu’amour et prêche l’humanisme. Si je ne vends pas mon âme à l’un des deux, on me reprochera demain mon abstentionnisme, cause évidente de la victoire de l’un sur l’autre.
C’est la magie de l’entre-deux-tours ! Par un coup de sarkotidigitation, voici que nous, centristes, avons toujours été dans la majorité UMP et que même notre place nous y attend bien au chaud, alors qu’hier on usait contre Bayrou de procédés de ralliement spectaculaires destinés à flétrir notre mouvement : Simone Veil comme caution morale (y compris du ministère à l’appellation inquiétante...) et, au dernier moment, Giscard en arme fatale ! Rien n’y fit, le centrisme grandit et se renforça au point de se présenter en trouble-fête entre les deux tours, fort d’une légitimité de 18,57 %.
Me voici donc le cul entre deux tours et sans intention de me livrer à l’un ou l’autre camp. 46 % de Français sondés annoncent qu’ils vont accomplir un vote de rejet plutôt qu’un vote d’adhésion à un projet ou à un candidat. (étude TNS-Sofres pour RTL et Le Monde). Quant à moi, j’ai voulu, en suivant Bayrou au premier tour, être artisan d’un projet et non partisan d’un rejet. Pour un centrisme et contre l’égocentrisme du PS et de l’UMP et de leurs candidats surmédiatisés. Pour le travail en bonne intelligence plutôt que l’intelligence avec l’ennemi d’un camp contre l’autre.
Mais je ne suis pas dupe. Je sais que cette bipolarisation renforcée de notre vie démocratique s’emploiera à réduire le centrisme après le sacre de Sarko ou de Ségo, comme elle a marginalisé complètement les écologistes. L’alerte verte et l’alerte rouge (communistes et apparentés) sont retombées comme deux pétards mouillés et les projecteurs sont désormais à nouveau braqués sur les deux super-vedettes fabriquées par les médias et la presse complaisante.
C’est pourquoi je reste mobilisé. "Ni Sarko ni Ségo" reste mon credo, "ni bravitude ni kärchéritude" mon slogan. La politique ne sera plus jamais comme avant, a déclaré François Bayrou le dimanche soir du premier tour. Je suis également convaincu que la vague d’extrême centrisme est sans retour, que jamais les Français, trompés une fois de plus, n’accepteront un retour en arrière et préféreront aller de l’avant, tous ensemble et non plus les uns contre les autres. Je reste un extrême centriste !
30 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON