Justice fiscale : pour une meilleure répartition de l’impôt
En France, plus on est riche, moins on paie d’impôts, telle était déjà la conclusion des trois économistes auteurs de l’enquête Pour une révolution fiscale (Edition Seuil, 2011). En effet, selon l’Insee, un quart des Français les plus aisés se débrouillent pour n’être taxés qu’à hauteur de 25%, voire de 15%, de leurs revenus. Jamais, depuis le début du XXe siècle, l’inégalité sociale n’a atteint de tels sommets. Malgré le système de redistribution (impôts et prestations sociales), les 10 % des Français les plus riches possèdent à eux seuls plus du quart des revenus, soit dix fois plus que les 10 % les plus pauvres. Encore plus flagrant, l’ensemble des possessions des 50 % les plus pauvres ne représente que 8 % du patrimoine total, alors qu’à l’autre bout de l’échelle sociale, 1 % des Français les plus riches concentrent 17 % des richesses.
Pour retrouver un tel chiffre, il faut remonter aux années 1920, juste avant la Grande Crise. Durant les années 1960, pendant les Trente Glorieuses, alors que croissance rimait avec partage, ils n’en détenaient que 2%. Crise économique pour les uns, privilèges fiscaux pour les autres, la formule est explosive. C’est comme ça qu’en 1789, la Révolution française a éclaté : parce que le Tiers état en avait marre de régler l’addition pour une noblesse dispensée d’impôt.
L’impôt comme élément de solidarité
L’impôt devient l’un des éléments essentiels de la solidarité nationale. A côté de l’impôt, il y a maintenant d’autres prélèvements obligatoires pour financer les systèmes d’assurance sociale. La ponction fiscale devient un outil économique : en distribuant des revenus non gagnés aux personnes victimes de maladie, d’invalidité, du chômage, comme aux retraités et aux familles nombreuses, l’Etat réduit certaines inégalités, et du même coup, booste le pouvoir d’achat, donc la bonne santé du pays. L’impôt est devenu un élément essentiel pour gouverner le pays.
Edouard Balladur en 1993 effectue un virage à 180°. L’impôt sur le revenu qui était jusqu’ici découpé en douze tranches (avec un taux d’imposition de plus en plus élevé au fur et à mesure que les revenus augmentent), n’en comporte plus que sept. Le taux d’imposition des plus riches passe de 56,8% avant 1996, à 50% sous Jean-Pierre Raffarin, puis à 40% sous François Fillon. Plus récemment c’est la suppression de l’impôt sur la fortune, mesure phare du président Macron qui fera débat. Les riches sont de mieux en mieux lotis. Comment le gouvernement comble-t-il le manque à gagner ? En augmentant la TVA ! L’Etat tire désormais la moitié de ses rentrées de cet impôt indirect sur les produits de consommation courante. Or, il est particulièrement inégalitaire, « régressif » disent les fiscalistes : les plus pauvres y consacrent 8% de leurs revenus. Les plus riches seulement 3%. En temps de crise, les plus démunis doivent donc rogner sur leur consommation, d’abord sur le superflu, puis un jour sur l’alimentation.
Alors demandons une meilleure répartition de l’impôt sur le revenu en augmentant le nombre de tranches et une dernière tranche à 65%, en faisant en sorte que tous les contribuables en particulier les plus riches paient leur juste part, toute leur part et rien que leur part.
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