L’écho des sondages résonne dans les médias
Parce qu’ils sont publiés en rafales et que nous allons être submergés de chiffres et données sur les intentions de vote, nous devrons prendre du recul dans une période qui ne nous permettra pas d’en prendre.
Chaque média, grosso modo, a son institut de sondage qui réalise une enquête au minimum mensuelle, et maintenant soyons-en sûrs, un sondage par quinzaine (bon, franchement, moi je les lis comme un roman-photo).
Regardons les derniers sondages : tous donnent les mêmes tendances du moment. Mais ils sont publiés les uns après les autres, ce qui donne de l’écho à une information qui en fait est la même (pour en juger, regardez les posts de mon blog sur fin janvier et début février). Cette même information diffusée du 25 janvier au 3 février et reprise sur tous les médias fait donc caisse de résonance et entretient l’idée que Ségolène a perdu.
Qu’y apprend-on ? D’abord, que Ségolène est décrochée par Nicolas. Faisons un rapide tour d’horizon :
- Chez LH2 au 3 février l’écart est de 6 points en faveur de Sarkozy (contre 3 dans le sondage précédent).
- Chez TNS Sofres au 1er février l’écart est de 6 points contre 4 dans le précédent mais les deux baissent, Royal plus fortement que Sarkozy.
- Chez Ipsos au 29 janvier l’écart est de 9 points contre 3 précédemment.
- Chez Ifop au 25 janvier l’écart n’a pas bougé, reste de 4,5 points.
- Enfin chez CSA l’écart est de 4 points au 31 janvier contre 1 dans le sondage précédent.
Cinq instituts, cinq sondages pour une information : l’écart est net, et il s’accentue. Mais Ségolène Royal n’a pas dévissé. Elle reste en deuxième position avec un écart confortable de 13 à 17 points d’avance sur François Bayrou.
C’est ici que se joue la campagne présidentielle, pour la partie sondages, la dernière surprise possible concernera la non-obtention par Le Pen de ses 500 signatures, c’est un épisode qui se joue actuellement en coulisse. Tout le monde sait qu’en 2002 Chirac a habilement fait pression pour que Le Pen obtienne ses signatures.
Le scénario de 2007 ne sera peut être pas très différent si l’UMP s’y retrouve. En effet, l’ombre du troisième homme Bayrou plane, et l’absence de Le Pen dans le jeu brouillerait considérablement les cartes ; non pas que Bayrou obtiendrait les voix du FN, je n’en sais strictement rien, mais le risque de libérer un fonds de commerce de 10% non maîtrisable n’est pas à prendre à la légère. De plus, Le Pen en a besoin, le FN ayant déjà commencé la campagne, il compte bien retoucher quelques subsides (s’il fait plus de 5%), un coup de main via l’UMP serait donc apprécié à sa juste valeur.
Donner sa signature, pour les maires de France, à Le Pen est difficile, il y a le souvenir de 2002, Le Pen au deuxième tour et ensuite les hargneux anti-Le Pen qui les ont marqués d’une croix rouge pour collaboration avec le Front, pression inacceptable en démocratie. Les maires qui l’ont fait ont donc eu des remords, et ont été en même temps désignés comme boucs émissaires.
Mais Le Pen, s’il n’a pas son précieux sésame, n’a à s’en prendre qu’à lui ! Il connaît les règles du jeu et n’a rien fait pour conquérir suffisamment de communes et acquérir ainsi son indépendance électorale. La politique n’est pas qu’un show une fois tous les cinq ans (sept ans avant), c’est un engagement permanent pour faire progresser ses idées, surtout pour agir. Les expériences frontistes en matière communale ont été particulièrement fantaisistes (Marignane pour les époux Mégret passant du FN au MNR, Toulon pour Bompard).
Dans 74 jours, nous votons, dans quatre jours Ségolène Royal dévoilera son programme présidentiel à Montreuil, espérons pour elle qu’elle réussira à mieux convaincre et à effacer le doute qui plane sur sa cohérence. En effet, si elle ne convainc pas, elle ne pourra pas rattraper son retard. Et le risque est grand pour elle, le fait qu’elle finisse seulement sa synthèse d’écoute peut l’entraîner à commettre d’autres erreurs (en particulier sur les chiffrages de programme). Elle serait alors dans une situation intenable face aux apparatchiks du PS.
Pour François Bayrou, enfin, la deuxième phase de campagne va débuter courant février avec l’annonce de son programme présidentiel. Mais là, moins de surprises, car François Bayrou a des objectifs simples et un message clair : pas de promesses non finançables. Le pari électoral de François Bayrou marque déjà les esprits, et il montre une force de conviction, une ténacité qui séduisent sans donner dans les coups bas.
Alors, que reste-t-il ? Avons-nous seulement trois héros en campagne ? Non, chaque candidat(e) représente un visage de la France, une certaine idée de la France.
Ségolène représente un mix un peu difficile à cerner. Ce qui est clair, c’est qu’elle a habilement joué de son image de femme, incarnant ainsi le progrès social de la femme qui arrive aux commandes. Avec un discours de "réalité" sur les 35 heures, elle a séduit. Avec son discours sur la famille et un certain ordre moral, le rappel de valeurs, elle a fait mouche. Ce message a été brouillé par le programme socialiste incluant la généralisation des 35 heures. Brouillé aussi car son parler vrai de politique intérieure correspond aux attentes des Français. Par contre, son parler international a déçu, les Français pensent que leur pays sur la scène international doit avoir une image forte. Le programme, c’est le PS ; que lui reste-t-il ?
Nicolas, c’est le ministre de l’Intérieur, le super flic qui prône la culture du résultat, qui veut réinstaurer la valeur travail. Il séduit les patrons (fortement) en leur parlant de libéralisme, de baisse de charges et de baisse des prélèvements. Son programme est assez classique de la droite. Il assume pleinement cet aspect. La valeur travail mérite un débat de fond car cette valeur présente une forte dose idéologique du programme. Tout le social repose sur le mérite. En cela, il y a une réelle différence avec la gauche. Le programme, c’est lui.
François (Bayrou) a incarné la résistance au système pendant cinq ans. Il a pour objectif n°1 de traiter la dette. Fort justement, dépenser 40 milliards d’euros (20% du budget) pour payer des intérêts, est-ce raisonnable ? Donc pas de baisse d’impôt à court terme, c’est inimaginable. Le Small Business Act, il le veut, il travaille dessus en France et dans le cadre du Parlement européen, c’est un point important de son programme. Enfin, il est l’incarnation non pas des petits contre les grands, mais de l’Etat de droit, droit qui doit s’appliquer aux petits, certes, mais plus encore aux grands.
Sources sondages : Le Monde
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