L’impérieuse nécessité de réformer le système bancaire
Séparer les activités de dépôt des activités de spéculation des banques est aujourd'hui plus que jamais primordial.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH259/comparatif-banque-auto-entrepreneurs-01-e1f27.jpg)
Qui se souvient encore du septième engagement de François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012 ? « Je séparerai les activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi, de leurs opérations spéculatives » écrivait l’alors candidat à l’Elysée. Et pourtant, force est de constater que, plus de trois ans après son arrivée à la présidence, cette promesse a été rangée dans le fond des placards. Et alors ? me direz-vous, ce n’est qu’un énième renoncement de celui qui avait désigné la finance comme son premier ennemi. On n’est plus à une promesse non tenue près diront certains. Pourtant, je pense que réformer le système bancaire et séparer les activités de dépôt des activités de spéculations est primordial, non seulement pour restaurer la confiance mais aussi pour prévenir une nouvelle crise causée par les actions de certaines banques.
Aujourd’hui, avec la crise grecque, le débat doit être remis sur la table à mon sens. Les tenants forcenés de l’austérité, ceux qui ne veulent à aucun prix entendre parler d’une renégociation de la dette hellène nous expliquent qu’ils défendent cette position non seulement pour le principe mais aussi pour l’intérêt du contribuable français. Annuler la dette grecque couterait 600€ à chaque Français nous disent-ils. Et c’est bien là que la nécessité de réformer le système bancaire apparait : ce sont les banques qui ont prêté à des taux pharamineux à la Grèce, pourquoi le contribuable devrait-il payer les pots cassés d’investissements à haut risques ?
L’exemple à suivre : le Glass-Steagall Act
Nos dirigeants ou ex-dirigeants, Nicolas Sarkozy en tête passent leur temps à nous rabâcher que la crise des subprimes puis la crise de l’euro ne sont comparables qu’à la Grande Dépression de 1929. D’aucuns vont même jusqu’à affirmer que la crise actuelle est plus importante que la Grande Crise de 1929. Une question se pose alors : si tous les dirigeants s’accordent pour faire un parallèle entre la crise actuelle et la crise de 1929, pourquoi aucun d’entre eux ne met en avant l’une des mesures phares du New Deal mis en place par Franklin Roosevelt pour redresser l’économie américaine ?
La réforme bancaire mise en place par le président américain s’est déroulée en deux étapes : l’Emergency Bank Act puis le Glass-Steagall Act. Dans la première phase, le but était de vérifier la solidité des banques américaines. Il fut donc décider de fermer la totalité du système bancaire pour effectuer un audit. Si les banques passaient avec succès cet examen (c'est-à-dire si leurs réserves propres étaient supérieures à l'ensemble de leurs encours), elles étaient autorisées à rouvrir. Dans le cas contraire, elles devaient rester fermées, ou demander un emprunt à l'État pour éviter la faillite. La deuxième étape de cette grande réforme bancaire fut donc le Glass-Steagall Act quelques mois plus tard qui instaure alors l'incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d'investissement. En le supprimant en 1999 par le Gramm-Leach-Bliley Act, Bill Clinton a ouvert la porte à la crise mondiale des subprimes qui est survenue dix-huit années plus tard.
La crise de la dette souveraine n’aurait jamais vu le jour avec une telle réforme
La crise des subprimes est, dans son enchainement, assez logique et relativement facile à comprendre. Face à un marché de l’immobilier saturé, certaines banques, par excès de cupidité, se sont tournées vers les populations des classes populaires qui voulaient devenir propriétaires mais qui étaient proches de l’insolvabilité. En souscrivant des prêts à taux variables, ces personnes se sont rapidement retrouvées dans l’incapacité de rembourser au vu de la remontée fulgurantes des taux d’intérêts. Les hypothèques se sont alors succédées, faisant drastiquement chuter le cours de l’immobilier et plaçant les banques ayant investi dans ces créances douteuses au bord de la faillite. Où est le rapport avec la séparation des activités me rétorquerez-vous ? J’y viens.
Face à ce risque de faillite des banques, les Etats n’ont eu d’autres choix que de renflouer les banques par de grands plans de sauvetage. Sans cette action des Etats, les petits épargnants auraient perdu toutes leurs économies. Et c’est ici que la nécessité de séparation des activités de dépôt des activités de spéculation apparait. Si ces activités avait été séparées lors de la crise de 2007, les Etats n’auraient pas eu à mettre en place des plans de sauvetages. Ces derniers ont massivement alourdi l’endettement public et ce sont ces mêmes plans de sauvetage qui ont débouché sur la crise des dettes souveraines.
Il est aujourd’hui grand temps de mettre en place un nouveau Glass-Steagall Act ! Il est, en effet, intolérable que les banques ne mettent en commun que leurs externalités négatives et appellent les Etats au secours dès qu’elles ont un problème alors qu’elles s’empressent de mettre en place des montages financiers pour éviter la taxation sur leurs profits. Leur retirer la possibilité de procéder à un odieux chantage du type « sauvez-nous ou vos citoyens seront ruinés » me semble être une urgente nécessité.
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON