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La bataille de Lutèce d’après le De Bello Gallico (interprétation E. Mourey)

Lutèce, mot magique pour ma génération, et pourtant, je ne suis pas Parisien ! Or, pour les nouveaux archéologues, la Lutèce des origines serait à situer à Nanterre à et non dans l'Île de la Cité. C'est ce que la télévision nous affirme encore récemment. De quoi réveiller un mort !

J'ai donc réouvert mon vieux De Bello Gallico. J'ai confronté le texte latin à la traduction qu'en donne le site très documenté de M. Philippe Remacle. J'en donne ici la reproduction en indiquant en italique gras souligné les corrections que je propose et en l'illustrant par des croquis. Je ne prétends pas à l'exactitude mais il me semble que c'est ainsi qu'il faut comprendre cette première étonnante bataille qui ensanglanta Paris.

Premier schéma.

 Labiénus ayant laissé à Agédincum (Sens), pour la garde des bagages, les recrues récemment arrivées d'ltalie, se porte avec quatre légions vers Lutèce (1, flèche rouge en bas). Cet oppidum appartient aux Parisii et est situé dans une île de la Seine (2). Au bruit de son arrivée, un grand nombre de troupes ennemies se réunirent des pays voisins. Le commandement en chef fut donné à l'Aulerque Camulogène, vieillard chargé d'années, mais à qui sa profonde expérience dans l'art militaire mérita cet honneur. Ce général ayant remarqué que tout le lieu était entouré d'un marais qui confluait à la Seine, et protégeait merveilleusement le lieu, y répartit ses troupes dans le but de nous disputer le passage. (3) Labiénus travailla d'abord à dresser des mantelets, à combler le marais de claies et de fascines, et à se frayer un chemin sûr (4 ? ). Voyant que les travaux présentaient trop de difficultés, il sortit de son camp (5 ? ) en silence à la troisième veille, et arriva à Metlosédum (Melun) par le même chemin qu'il avait pris pour venir (6). C'est un oppidum des Sénons, situé, comme nous l'avons dit de Lutèce, dans une île de la Seine. S'étant emparé d'environ cinquante bateaux, il les joignit bientôt ensemble, les chargea de soldats, et par l'effet de la peur que cette attaque inopinée causa aux habitants, dont une grande partie d'ailleurs avait été appelée sous les drapeaux de Camulogène, il entra dans l’oppidum sans éprouver de résistance. Il rétablit le pont que les ennemis avaient coupé les jours précédents, y fit passer ses troupes, et se dirigea vers Lutèce en suivant le cours du fleuve (7) L'ennemi, averti de cette marche par ceux qui s'étaient enfuis de Metlosédum, fait incendier Lutèce, couper ses ponts ; et, protégé par le marais, il vient camper sur les rives de la Seine, du côté de Lutèce (3) et en face du camp de Labiénus (8). (Note importante : Labienus n'a avec lui qu'une légion. Les trois autres légions sont toujours en 5).

… Labiénus, au milieu de si grands changements, sentit qu'il fallait adopter un tout autre système que celui qu'il avait jusque-là suivi ; il ne songea plus à faire des conquêtes ni à harceler l'ennemi, mais à ramener l'armée sans perte à Agedincum. Car d'un côté, il était menacé par les Bellovaques (9), peuple jouissant dans la Gaule d'une haute réputation de valeur ; de l'autre, Camulogène, maître du pays, avait une armée toute formée et en état de combattre ; enfin le grand fleuve éloignait les légions de leurs bagages et de la garnison qui les gardait (10). Il ne voyait contre de si grandes et si subites difficultés d'autre ressource que la valeur militaire et la bravoure.

Deuxième schéma.

Ayant donc, sur le soir, convoqué un conseil, il engagea chacun à exécuter avec promptitude et adresse les ordres qu'il donnerait ; il distribua les bateaux, qu'il avait amenés de Metlosédum, à autant de chevaliers romains, et leur prescrivit de descendre la rivière à la fin de la première veille, de s'avancer en silence jusqu'à quatre mille pas (de sa position : 1500 m x 4 = 6 km) et de l'attendre là (11). Il laissa pour la garde du camp (8) les cinq cohortes qu'il jugeait les moins propres à combattre, et commanda à celles qui restaient de la même légion de remonter le fleuve au milieu de la nuit, avec tous les bagages, en faisant beaucoup de bruit (12). (Note importante : confirmation qu'en 8, il n'y a qu'une légion, soit dix cohortes que Labienus divise en deux). Il rassembla aussi des nacelles et les envoya dans la même direction à grand bruit de rames. Lui-même, peu d'instants après, partit en silence avec trois légions (5), et se rendit où il avait ordonné de conduire les bateaux (11). Note importante : il faut comprendre ici que Labienus a rejoint les trois légions de 5.

Lorsqu'on y fut arrivé (11), les éclaireurs de l'ennemi, placés sur toute la rive du fleuve (13), furent attaqués à l'improviste pendant un grand orage survenu tout à coup ; l'armée et la cavalerie passèrent rapidement de l’autre côté, avec le secours des chevaliers romains chargés de cette opération (14) (Note importante : les trois légions n'ont pas traversé le fleuve, elles ont contourné l'obstacle, erreur de traduction).

Au point du jour et presque au même instant, on annonce aux ennemis qu'il règne une agitation extraordinaire dans le camp romain (8), qu'un corps considérable de troupes remonte le fleuve (12), qu'on entend un grand bruit de rames du même côté, et qu'un peu au-dessous des bateaux transportent des soldats (11). À ce récit, persuadés que les légions s'en vont de trois endroits, et que l'effroi causé par la défection des Héduens précipite notre fuite, ils se partagent aussi en trois corps. Ils en laissent un vis-à-vis de notre camp (8) pour la garde du leur ; le second est envoyé vers Metlosédum (Melun), avec ordre de s'avancer aussi loin que les bateaux, et ils marchent contre Labiénus (5) avec le reste de leurs troupes.

Au point du jour, toutes nos troupes avaient été transportées (11 et 13) et l'on vit celles de l'ennemi rangées en bataille (16). Labiénus exhorte les soldats à se rappeler leur ancienne valeur et tant de combats glorieux, et à se croire en présence de César lui-même, sous la conduite duquel ils ont tant de fois défait leurs ennemis, puis il donne le signal du combat.

Troisième schéma .

Dès le premier choc, la septième légion, placée à l'aile droite (17), repousse les ennemis et les met en fuite ; à l'aile gauche qu'occupait la douzième légion (18), quoique les premiers rangs de l'ennemi fussent tombés percés de nos traits, les autres résistaient vigoureusement, et aucun ne songeait à la fuite. Camulogène, leur général, était lui-même avec eux, et excitait leur courage. Le succès était donc douteux sur ce point, lorsque les tribuns de la septième légion, instruits de ce qui se passait à l'aile gauche, vinrent avec leur légion prendre les ennemis en queue et les chargèrent (20). Même dans cette position, aucun Gaulois ne quitta sa place ; tous furent enveloppés et tués. Camulogène subit le même sort. D'un autre côté, ceux qu'on avait laissés à la garde du camp opposé à celui de Labiénus (8), avertis que l'on se battait, marchèrent au secours des leurs, et prirent position sur une colline (20) ; mais ils ne purent soutenir le choc de nos soldats victorieux. Entraînés dans la déroute des autres Gaulois, tous ceux qui ne purent gagner l'abri des bois ou des hauteurs, furent taillés en pièces par notre cavalerie. Après cette expédition, Labiénus retourne vers Agedincum, où avaient été laissés les bagages de toute l'armée. De là il rejoignit César avec toutes les troupes.

Croquis d'origine pris sur le net, e.histoire.net et plan ancien ?

Note  : Dans mon interprétation de la Gaule, je fais toujours une distinction entre les mots oppidum et urbs. C'est bien l'Île de la Cité que César désigne comme oppidum et comme capitale. Il n'évoque pas de urbs (ville) bien que je pense que la ville gauloise existait déjà dans la ville dite gallo-romaine. Nanterre ne peut en être qu'une dépendance (cimetière ?). Pour ceux que cela intéresse, voyez mes interprétations des autres grandes batailles de César en Gaule, contre les Helvètes, contre les Germains, contre les Nerviens, bataille de Gergovie, bataille d'Alésia, bataille d'Uxellodunum, qu'Agoravox a bien voulu publier. Vous y trouverez des schémas explicatifs que vous ne trouverez pas ailleurs, ni dans les ouvrages récents des spécialistes, ni même au musée d'Alésia, ce qui est un comble.

Emile Mourey, 15 octobre 2015


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34 réactions à cet article    


  • Emile Mourey Emile Mourey 15 octobre 2015 15:55

    Voir aussi mon article du 27/7/2009 : César, au secours, on a perdu Lutèce !



    Rien à faire ; cela fait six ans. Les médias racontent n’importe quoi et ça continue.

    • soi même 15 octobre 2015 16:23

      Merci pour cette réflexion profonde, mieux vaut tard que jamais d’en prendre conscience ... !

      ,


      • sls0 sls0 15 octobre 2015 17:26

        Je n’ai aucune connaissance à ce sujet, mais une erreur d’interprétation ou de traduction peut parfois tel l’effet papillon modifier beaucoup de choses et faire dévier la compréhension d’autres éléments historiques.


        • Emile Mourey Emile Mourey 15 octobre 2015 18:30

          @sls0


          Je crois plutôt au bon sens et à l’intelligence qu’on serait notamment en droit d’attendre de notre prétendue « intteligentsia » au pouvoir. Le problème, c’est que lorsqu’on n’est pas dans le consensus, cela dérange. J’en veux pour preuve le dénigrement de notre histoire avec cette thèse absurde que les Gaulois ne savaient construire qu’en bois, à Bibracte, comme à Gergovie. Nous nous enfonçons dans le trou de la dette alors que d’autres pays plus intelligents que nous font de la mise en valeur touristique de leur patrimoine une de leurs principales ressources.

        • Emile Mourey Emile Mourey 15 octobre 2015 19:06

          @Emile Mourey

          Correction : intelligentsia

        • Antenor Antenor 15 octobre 2015 17:51

          Si votre interprétation est bonne, cela signifie que la ville datée du Haut-Empire et qui présente des traces de destruction, remonte à avant la conquête.

          Quelle serait la citadelle principale des Parisi : Saint-Germain-en-Laye ? Senlis ?


          • Antenor Antenor 15 octobre 2015 18:19

            J’ai trouvé la réponse tout seul comme un grand :

            https://fr.wikipedia.org/wiki/Butte_de_Montm%C3%A9lian


          • Emile Mourey Emile Mourey 15 octobre 2015 19:04

            @Antenor


            À mon sens, il y a deux erreurs fondamentales. La première est d’avoir inventé un gallo-romain d’après une conquête romaine qui nous aurait apporté la civilisation, l’organisation de la société et le premier patrimoine construit. La deuxième est de n’avoir pas compris la splendeur de l’antiquité tardive gauloise et son étonnant patrimoine qu’on a préféré attribuer au Moyen-âge.

            Lutèce était l’oppidum des Parisiens, oppidum refuge depuis l’origine dans son île de la Cité. La ville commerciale, face à l’oppidum, s’est probablement développée dans les deux premiers siècles avant J.C., avant la conquête romaine. Comme le dit César, les Parisii étaient jadis liés aux Senons, lesquels faisaient partie de la confédération éduenne. Je ne vois pas qu’ils aient dépendu d’un autre peuple.

          • Antenor Antenor 16 octobre 2015 10:46

            @ Emile

            Lutèce était pour les Parisiens l’équivalent de Chalon pour les Eduens : la capitale commerciale. A côté de ces villes commerçantes on trouve deux citadelles de proximité, respectivement sur l’Ile de la Cité et la colline de Taisey. Vous placez Bibracte, la principale citadelle éduenne sur un troisième site, au Mont-Saint-Vincent. Je me demande donc où se trouve l’équivalent de Bibracte chez les Parisiens. La butte de Montmélian au vu de son histoire et de sa situation à relative équidistance entre la Seine, l’Oise et la Marne me semble la mieux placée pour remplir ce rôle.

            La Saône à Chalon et la Seine à Paris ont des débits équivalents. Si la première servait de frontière aux Eduens, il est très probable que la seconde jouait le même rôle pour les Parisiens. Même si cela n’empêche pas que selon le contexte politique ; il y ait des empiètements de part et d’autre des rivières.


          • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 13:06

            @Antenor

            Tout est possible mais je ne pense pas que les Éduens aient toléré une autre influence que la leur.

          • Antenor Antenor 17 octobre 2015 14:21

            @ Emile

            Ils ont bien été obligés de « tolérer » celle d’Arioviste et des Arvernes. Mon but est d’arriver à saisir la fonction précise de chaque site. Or Lutèce et ses marais ne pouvait être à mon avis le centre politique des Parisi. Elle était plutôt un site de commerce situé en périphérie du territoire et sous le contrôle d’une citadelle que je situe à Montmélian (Saint-Witz) de la même manière que Clermont était sous la tutelle du Crest.


          • Emile Mourey Emile Mourey 15 octobre 2015 20:11

            Dans cet engagement final, Labienus reconnaît aux tribuns de la septième légion l’initiative d’avoir pris à revers l’aile droite gauloise, ce qui est du simple bon sens tactique, certes. Je note seulement que lorsque le commandement est assuré et relaté par César, c’est toujours lui qui prend les bonnes initiatives. C’est oublier tout son entourage de vieux centurions blanchis sous le harnais qui ne manquaient pas de le conseiller et dont il ne parle pas ou très peu.


            • Emile Mourey Emile Mourey 15 octobre 2015 20:30

              @ Matthieu Poux


              À Matthieu Poux, archéologue et professeur d’archéologie, l’inventeur avec Vincent Guichard, d’une Gergovie construite en bois.

              Toujours fâché ?

              Emile Mourey

              • soi même 16 octobre 2015 01:12

                @Emile Mourey, je crois que vous êtes bon pour un peigne à poux bien sur .... !


              • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 06:31

                En fait, cette bataille est très simple à comprendre. L’intention de Labienus était de s’emparer de la ville (et pas forcément de l’île de la cité/oppidum refuge) et c’est d’ailleurs ce qu’il a finalement fait en s’emparant de la montagne Sainte Geneviève/mont Lucetitius. Par défaut de renseignements sur le terrain, il s’est trouvé pris comme dans une nasse dans les marais de la Bièvre, véritable obstacle qu’il n’avait pas prévu. La solution, certes étonnante, et pourtant qu’il a réussie, a été de contourner cet obstacle par le fleuve, en transportant par bateaux, l’effectif de trois légions plus la cavalerie. Ce qu’il serait intéressant d’étudier, c’est comment 40 bateaux de l’époque ont été capables de transporter dans un temps raisonnable l’effectif de trois légions et demi plus une cavalerie. Quant au camp d’une légion que Labienus a installée sur la rive droite, le simple bon sens tactique nous conduit à le mettre à l’opposé du dispositif pour y attirer Camulogène et permettre la manoeuvre d’intoxication. Camulogène pouvait très bien penser que c’est toute l’armée romaine qui était venue jusque-là pour attaquer de ce côté.


                Il n’y a donc pas et plus de mystère. Il faut que les archéologues comprennent que l’oppidum de Lutèce est ni plus ni moins que l’île de la cité et que la ville gauloise d’alors était déjà la ville dite gallo-romaine, évidemment pas aussi somptueuse qu’elle est devenue avec l’empereur Julien et la protection éduenne. 

                • cathy cathy 16 octobre 2015 09:26

                  Avez vous travailler avec google maps c’est très intéressant : 


                  • Clark Kent M de Sourcessure 16 octobre 2015 12:11

                    @cathy

                    bonjour Cathy.

                    J’ai consulté votre lien.
                    Merci de le commenter.
                    Tel quel et sans explications, cette photo aérienne ne dit rien de plus qu’un plan du grand Paris.


                  • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 12:13

                    @cathy


                    J’ai essayé mais l’option relief ne marche pas, probablement parce que le relief n’y est pas assez important (60 mètres seulement au-dessus du niveau de la mer). Ce n’est intéressant que pour constater que c’est bien la montagne de Sainte Geneviève qui était l’objectif des Romains, car c’était probablement là le centre vivant et intellectuel - il l’est toujours - de la cité. Reste maintenant à convaincre les archéologues - mission impossible - que les vestiges de destruction qu’ils y mettent au jour ne sont pas de l’époque d’Auguste mais de l’époque de César. Connaissant les moeurs de l’époque et du conquérant romain, il ne fait pas de doute que les légions de Labienus ont fait table rase avant de se retirer.

                  • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 12:33

                    @M de Sourcessure


                    Votre précédent commentaire, je cite « il faut toute votre culture qui n’est pas partagée par le plus grand nombre pour comprendre que le verset 34 de la sourate 18 du Coran n’a rien à voir avec l’utilisation qui est faite aujourd’hui des interprétations extrapolatrices de l’Islam.

                    En effet, je pense que vous avez raison sur la partie de phrase que j’ai soulignée ; et c’est bien là le problème. Parce que j’ai mis en doute, solides arguments à l’appui, les localisations de Bibracte et de Gergovie, parce que j’ai émis l’hypothèse »argumentée" que Platon s’était inspiré de la Gaule de Gergovie pour écrire son Atlantide, me voilà formellement condamné par M. Matthieu Poux, notamment dans son ouvrage sur Corent (M. Matthieu Poux est docteur en archéologie).

                    Que faire ?

                  • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 13:19
                    @M de Sourcessure

                    De quel côté êtes-vous, du côté des Bourguignons ou du côté des Armagnacs, du côté de ceux qui ont assassiné notre duc Jean au pont de Montereau ?

                  • Clark Kent M de Sourcessure 16 octobre 2015 13:26

                    @Emile Mourey

                    Je suis du côté de ceux qui ne se contentent pas des dogmes et osent se livrer au sacrilège de mettre en doute la « vérité » officielle.
                    Ce n’est pas une condition suffisante pour être sûr d’avoir raison (surtout raison des autres), mais c’est une condition nécessaire pour ne pas se laisser manipuler.

                    Je ne suis pas toujours d’accord avec vos affirmations, mais vous m’êtes sympathiques.

                  • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 13:01

                    Réflexion faite, c’est bien sur la montagne Sainte Genevieve que se dressait la ville gauloise d’avant la conquête. La nouvelle ville monumentale, dite gallio-romaine, l’a remplacée après la destruction de Labienus. Cela n’a pu se faire qu’au sein de la confédération éduenne et avec l’aide des capitaux éduens dans l’intention d’en faire une colonie avancée. Le sacre de l’empereur Julien soutenu pas les Éduens en est la preuve.


                    • Clark Kent M de Sourcessure 16 octobre 2015 13:21

                      « C’est ce que la télévision nous affirme encore récemment. »


                      La télévision n’est que l’amalgamée de chaines plus ou moins commerciales et la plupart du temps en retard d’une ou deux longueurs sur les connaissances actuelles dans tous les domaines ! 

                      Le label « vu à la télé » peut s’appliquer aux produits vaisselle comme référence, mais pas à l’archéologie, ni même à l’histoire, ce qui n’est pas la même chose. 

                      C’est l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) qui avait exhumé les vestiges d’une cité importante à Nanterre. Ils y avaient même trouvé un atelier de fonte de monnaies ! Du coup, ilas avaient décrété que Lutèce était là ! Et pour de nombreux archéologues, il ne fallait pas chercher plus loin la capitale des Parisii. Au moment de reconstruire la cité détruite par l’armée de César les Gallo-Romains auraient préféré un site plus conforme à leurs canons urbanistiques, sur la rive gauche de la Seine, face à l’île de la Cité.

                      Mais voilà que l’archéologue Xavier Peixoto (responsable de fouilles pour l’Inrap lui aussi, spécialiste du sous-sol parisien) s’est aperçu que les sous-sols du nouveau centre d’accueil de la préfecture de police de Paris, racontent une autre histoire qui n’exclut pas la présence d’un oppidum gaulois dans l’île de la Cité. 

                      Il avait pour mission de déterminer s’il y a un peu plus de 2 000 ans l’île était habitable. Et sa réponse est oui !

                      « Après avoir atteint les niveaux les plus profonds, nous pouvons affirmer qu’à l’époque de la conquête romaine l’île était déjà hors crue, rien ne s’opposait donc à une occupation humaine. » 

                      Et M ;Peixoto a également mis au jour sous la préfecture de police des indices de la présence d’une grosse structure existant à une époque très proche de la conquête. 

                      « Nous avons découvert l’emplacement de sept poteaux sur une dizaine de mètres carrés. C’est le signe d’une occupation très dense juste après l’occupation romaine. Or, il est difficile à concevoir que celle-ci se soit faite du jour au lendemain. » 

                      Conclusion : une occupation gauloise de l’île est fort probable avant la période romaine.

                      Mais pour cela faut-il en conclure qu’il s’agissait d’une cité, de Lutèce ? M. Peixoto se garde bien de le faire.

                      « Il nous faut encore étudier les tessons de poteries et autres objets que nous avons trouvés sur place, et puis ne pas oublier que nous n’avons fouillé qu’une très petite surface. » 

                      Donc, la querelle sur l’emplacement de la première Lutèce gauloise n’est pas éteinte, mais pour ce genre de question, il vaut mieux consulter M. Peixoto que Stéphane Bern ou .Lorant Deutsch qui n’ont strictement aucune légitimité en la matière et privilégien l’anecdote plutôt que l’analyse et l’examen.



                      • Clark Kent M de Sourcessure 16 octobre 2015 13:31

                        @M de Sourcessure

                        J’ai encore oublié le lien !!!!!


                      • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 13:46

                        @M de Sourcessure


                        Enfin, nous voici au centre du débat. Exit une Lutèce nanterroise entourée d’une boucle de rivière qui se serait mystérieusement tarie. Nous voici de retour à Paris. Je n’ai aucune idée préconçue à l’encontre de M. Peixoto, bien au contraire. Qu’il ait existé des constructions anté-césarienne, à la fois dans l’île de la cité et sur la montagne Sainte-Geneviève, j’en suis persuadé. La montagne sainte Geneviève, position haute, se devait d’être honorée, au minimum, par un temple en pierre. De même, l’île de la cité, oppidum refuge en cas de danger pour que la divinité y protège les réfugiés en armes.

                        Mais il faudra que M. Peixoto se libère des chaînes intellectuelles et des thèses que lui imposent les archéologues Vincent Guichard au mont Beuvray et Matthieu Poux à Corent, à savoir que tout ce qui est en pierre ne peut être que romain.

                      • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 14:27

                        @M de Sourcessure



                        Très intéressant ! Surtout la position de Saint-Eloi. S’il est un emplacement de choix pour y installer un des deux premiers temples dont je viens de parler pour sanctifier le lieu « oppidum/île de la cité », c’est bien là, au centre, à la croisée des ponts nord et sud. Mais, bien évidemment, vu toutes les constructions qui s’y sont succédées, on ne peut espérer que d’y retrouver des pierres de réemploi de l’époque d’avant la conquête et encore.

                        Là où je ne suis pas M. Peixoto, c’est quand il pense que la ville primitive s’est déplacée. Cela ne s’explique pas. Comme je l’ai dit, les deux lieux ont dû être sanctifiés en même temps. Ces deux lieux sont un tout indissociable dès l’installation de la cité (colons venus d’ailleurs ?).

                        Qu’était l’île de la cité au temps des chasseurs cueilleurs, probablement un simple refuge pour se protéger contre les bêtes féroces, dans la mesure où elle n’était pas inondable.

                      • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 15:04

                        @M de Sourcessure

                        D’ailleurs, quand Labienus précise que l’accés à l’ensemble du lieu était interdit par un marais/marécage continu qui confluait à la Seine, cela montre bien qu’il voyait la cité un peu comme je l’ai délimité par mes 3 de mon premier croquis, à condition, bien sûr de prolonger mes 3 du côté de la forêt, suivant une courbe englobant tout le Paris actuel.

                      • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 15:56

                        @Emile Mourey

                        Rectificatif : tout le Paris dit gallo-romain.

                      • Clark Kent M de Sourcessure 16 octobre 2015 17:32

                        @Emile Mourey

                        Les Celtes qui étaient des agriculteurs indo-européens se sont établis dans cette région vers le 5ème siècle av JC.
                        On ne sait pas grand chose de leurs prédécesseurs qui ont laissé des mégalithes, mais ils étaient déjà des agriculteurs, le néolithique commençant dans cette zone entre le 10ième et le 8ème siècle.

                        Les chasseurs cueilleurs qui les avaient précédés étaient très peu nombreux et mobiles, ils suivaient le gibier et les plantes comestibles.

                        Si le Gaulois n’ont laissé que des traces, des trous de poteaux ou des pierres réutilisées difficiles à identifier comme les leurs, il ne resterait vraiment rien de ces populations dont on ne sait pas grand chose.

                      • Emile Mourey Emile Mourey 16 octobre 2015 18:26

                        @Emile Mourey


                        Chasseurs cueilleurs, grottes ornées, pierres dressées, pas de traces écrites, il n’ y a pas à imaginer autres choses que ce que l’on a trouvé.

                        Néolithique : apparition de l’agriculture et de l’élevage, techniques venues du Proche Orient (Syrie ?), tribus se fixant. Vu la place existante, il n’y a pas à imaginer autres choses.

                        En revanche, dès le Xème siècle avant J.C., ou même avant, les voies de l’étain sont ouvertes à travers le territoire au profit du Proche-Orient depuis Chypre et les côtes cananéennes, Tyr notamment. C’est là que commence notre histoire à rebondissements. Voyez mes précédents articles. Les habitants de la Gaule sont des Gaulois. Les Celtes sont issus d’une immigration venue du Proche Orient etc... Lutèce est issue de leur symbiose dans un processus logique d’essaimage de colonies mixtes.

                        Il n’y a pas de mystère.

                      • Clark Kent M de Sourcessure 17 octobre 2015 10:11

                        Il n’y a pas de mystère mais une chronologie.

                        Pour la plupart des auteurs, Gaulois = Celtes = maitrise du fer et du travoil du bois, tonneau, cervoise, etc... Tout ça après le 5ème siècle av JC.
                        Les précédents occupants des lieux étaient déjà des agriculteurs depui le 7ème millénaire dans nos régions.
                        Ils on cohabité avec les chasseurs-cueilleurs pendant 2 000 ans, mais quand les Celtes ont imposé leur domination, leur langue et leurs techniques, il n’y avait plus de chasseurs cueilleurs depuis 2 000 ans.
                        Obélix ne pouvait pas livrer de menhirs, ce n’est pas la même époque ni la même population, ni la même culture.
                         


                        • Emile Mourey Emile Mourey 17 octobre 2015 13:22

                          @M de Sourcessure

                          Il n’y a pas de mystère, c’est ce que je dis. Pour moi, la référence ne sont pas les auteurs, ni les médias, mais les textes, les vestiges et leur bonne interprétation.

                        • Antenor Antenor 17 octobre 2015 14:03

                          On lit souvent qu’aucun vestige gaulois n’a retrouvé sur l’Ile de la Cité, or c’est faux. Des céramiques datées de plusieurs siècles avant la conquête romaine ont été mises au jour :

                          http://patrimoine-environnement.fr/des-vestiges-de-la-lutece-antique-retrouves-au-coeur-de-lile-de-la-cite-a-paris/

                          http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/patrimoine/les-origines-de-paris-cachees-sous-lile-de-la-cite-137213

                          Maintenant, il reste à ceux qui pensent que Lutèce est sur l’Ile de la Cité d’en tirer les conclusions concernant l’architecture gauloise de cette époque...


                          • Emile Mourey Emile Mourey 17 octobre 2015 15:21

                            @Antenor


                            Tout à fait d’accord. Il y a là quelque chose d’illogique. Les archéologues nous disent que les céramiques permettent de dater un site. En mettant au jour, dans leur chantier de fouilles, des céramiques gauloises du IVème siècle avant J.C., ils devraient donc être amenés à dater de même les constructions qui s’y trouvent, toujours existantes, ou détruites. 

                            Et si les importantes fondations de pierre mises au jour sous la préfecture de police ne sont pas celles de l’église originelle de saint Éloi, pourquoi ne seraient-elles pas celles d’un temple gaulois ?

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