La complexité de la « modernité » dans le monde arabo-musulman
La « complexité des pays arabo-musulmans d’aborder la modernité » ? Une question lancinante pour beaucoup de musulmans et qui souvent n’arrivent pas à se situer dans cette effervescence de la modernité qui s’accélère partout dans le monde mais se trouve ralentie dans le monde arabo-musulman. Comment comprendre le sens de ce ralentissement ? Est-ce la faute des Arabo-musulmans ? Ou est-ce simplement une distribution des rôles de chaque communauté-monde dans la constitution de l’humanité.
Pour comprendre, raisonnons par le sens contraire, i.e. si les pays arabes et musulmans avaient abordé facilement la « modernité », que serait-il passé ? Il est évident qu’ils auraient évolué comme la Malaisie, la Corée du Sud, et tant d’autres pays émergents qui ont bien évolué aujourd’hui. Cela sous-entendrait que les pays arabes « modernisés » qui disposent en plus de richesses pétrolières, serait comme la Norvège, pays pétrolier et moderne. Si c’était le cas, il n’y aurait ni problème iranien, ni problème palestinien, ni problème irakien. Le monde arabo-musulman serait autrement vu.
Evidemment, l’Europe perdrait économiquement, la Chine perdrait ses multitudes de marchés, la Russie et les États-Unis aussi et de nombreux pays. Les pertes seraient considérables pour les pays développés et émergents. Rien qu’en armements, selon certaines estimations, les pays arabo-musulmans consomment près de 40% de la production mondiale de matériel militaire. Des pertes d’importations de marchandises et équipements par ces pays qui se compteraient par milliers de milliards de dollars. Alors que ces pays exportent essentiellement des matières premières et surtout le pétrole.
Il est évident que si le monde arabe s’est rapidement modernisé, à l’instar des pays asiatiques, avec ses richesses pétrolières et ses industries manufacturières, il se placerait au premier rang en termes de PIB par pays. Les conséquences seraient considérables. En plus du manque à gagner par les pays occidentaux et les pays émergents, ce seront les Allemands, les Français, les Hindous, les Chinois qui auraient à investir massivement dans le monde arabo-musulman. Comme ce qui se passe, aujourd’hui au Qatar, à Dubaï… Les scientifiques arabo-musulmans n’auront rien à envier de l’Occident ni de l’Asie puisqu’ils auraient parfait leur « rattrapage ».
Le « complexe du modernisme ne relève pas d’une nation, mais du stade de l’histoire de chaque nation ». Ce qui nous fait dire qu’aujourd’hui, la plupart des pays arabo-musulmans bénéficient des richesses pétrolières. Et les pays développés et les pays émergents en sont peu pourvus. La situation présente du monde arabo-musulman fait que le complexe du modernisme sert les autres pays qui ont besoin de produire pour exporter afin d’importer les matières premières et l’énergie que le monde arabe exporte. A leur tour, les pays arabo-musulmans importent les produits finis du reste du monde. Donc il existe une complémentarité.
Si tout le monde exportait les mêmes marchandises, l’économie mondiale ne fonctionnerait pas. Quant au modernisme, les pays arabes ne pourront que remonter lentement la pente. Cela demandera du temps mais se fera avec le progrès du monde.
Le monde, dans un certain sens, est harmonieux. Chaque partie du monde a sa part de richesse, tantôt par le travail, tantôt par les « richesses naturelles ». On voit bien que la « présence ou l’absence de modernisme » est un facteur qui a une fonction dans le développement du monde. Cependant, le monde s’oriente au fur et à mesure à un nivellement de la modernisation. C’est inéluctable, aucune nation ne peut rester en retrait de la marche du monde.
Aussi culpabiliser le monde arabo-musulman comme « allergique » à la modernité ou refuse la « modernité » n’est qu’un cliché, une courte vue de la réalité du monde. La « modernité n’est nécessité que si elle est réellement nécessité ». Le monde arabe qui dispose des plus grandes richesses pétrolières du monde peut se permettre de se soucier plus de son « authenticité » conforme à ses aspirations qu’à rechercher une modernité excessive qu’il conçoit comme étrangère à ses valeurs. De plus, les conflits et les guerres qui traversent le monde arabo-musulman en son sein font que les « ressources énergétiques » convoitées âprement par les grandes puissances non seulement il les paie chèrement mais elles accentuent son décalage par rapport au monde développé.
Pour qu’il y ait développement et acceptation de la modernité, il faut nécessairement la paix. Et c’est précisément ce qui manque à cette partie du monde.
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
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