La France peut très bien se passer du PS
Que de billets sur la crise au PS, avec des analyses, des pronostics, des anathèmes, des mouvements d’humeur. Et si on prenait le problème sous un autre angle. Le PS est-il vraiment indispensable à la vie politique de ces prochaines années ?
La droite, affichant une éthique de façade, est désolée que le PS soit en pleine déconfiture parce que la droite aime la démocratie et la légitimité d’un combat qu’elle gagne avec les honneurs d’une bataille contre un adversaire à sa taille. Les politiciens de droite sont moins éthiques. Ils ricanent des malheurs de la gauche, ça les soulage, et puis ça leur donne de bons présages pour espérer être encore aux affaires plus tard. Les valeurs, beaucoup n’en ont cure, à droite comme à gauche. L’essentiel, c’est d’avoir une position pour gérer les affaires. Le pouvoir, la domination, c’est ce que cherchent les politiques. Il suffit de lire en filigrane leur regard et leurs attitudes, c’est clair et limpide. Les citoyens font semblant d’ignorer ces traits de caractère pour croire en la politique. Les plus croyants deviennent des militants, les plus religieux servent la messe. Mais dans les cellules militantes on repère très tôt les jeux de pouvoir et ceux qui viennent militer pour avoir quelques miettes. Eh oui, un poste d’attaché parlementaire ou un emploi de secrétaire ou conseiller au conseil général, ça ne se refuse pas.
Bon, je me suis passablement égaré, tel un promeneur se plaisant à arpenter le chemin tracé par ses écritures spontanées. Revenons au sujet qui nous intéresse, le PS ; et une éventualité, l’idée qu’on puisse se passer du PS. Une idée à prendre avec raison et circonspection. Car il y aura toujours des Socialistes, dirigeants, élus, militants, sympathisants, électeurs. La question porte sur l’éventualité d’un PS qui ne jouera pas de rôle national dans les dix prochaines années. C’est une possibilité et d’ailleurs, le PS dans les récents votes à l’Assemblée, a montré son manque de conviction en s’abstenant. C’est un signe. S’abstenir est une infamie disent les donneurs de leçon politique quand ils s’adressent aux électeurs abstentionnistes mais qu’ont-il fait récemment dans des votes importants, comme la réponse en Afghanistan ou à la crise financière ? Rien, ils se sont abstenus. Alors qu’ils ne s’étonnent pas si une frange des électeurs de gauche, assez vaste, s’abstiendra en 2012. Surtout si c’est Ségolène Royal qui se présente. Pas plus tard que C dans l’air, un politologue nous a expliqué que l’aversion face à Mme Royal relevait de l’irrationnel et de l’émotionnel. Une minute avant, il traçait un portrait de cette même personne tout en rationalité scientifique, évoquant une incapacité de Mme Royal à composer avec les gens et donc, un comportement autocrate, autoritaire. Alors pourquoi parler d’irrationalité chez ceux qui ne veulent pas de Ségolène ? N’ont-ils pas pigé que cette dame ne peut pas composer et donc, mènera une politique aussi sectaire que peut l’être celle d’un Sarkozy au pouvoir, qui lui, au moins, parvient à composer un peu ?
Une France sans PS, ça laisse augurer d’un second mandat pour Sarkozy. Au vu des tendances actuelles et de la crise, cette reconduction n’a rien d’invraisemblable ni de scandaleux. Le système fonctionne aussi bien avec la droite que la gauche. Seuls, les partisans avérés veulent tracer un contraste saisissant entre les deux camps. Quant aux extrêmes, qu’ils y restent, ça nous fait du divertissement dans l’écran. Attention, je ne dis pas que Sarkozy c’est bien. Je dis juste que la gauche, ce n’est guère mieux. Que Mitterrand a inventé les TUC et les CES, que des tas de fonctionnaires de gauche ont accueilli ces TUC et ces CES comme des larbins, comme des sous-merdes d’humains, que beaucoup d’électeurs de gauche n’attendent qu’une seule chose, qu’on protège leur statut et qu’on leur file 100 euros de plus par mois. Alors, une France sans PS, c’est comme une France sans soleil et une France avec Sarkozy, c’est la même chose.
Ce propos s’adresse à tous ceux qui comme moi, sont éternellement ancrés à gauche et déçus du PS, pas prêts à n’importe quelle aventure à gauche, qui ne servira que les aventuriers de la politique mais pas la société dans son progrès. La gauche n’a que deux mots, régulation et protectionnisme. Deux solutions pas appropriées dans le contexte actuel ni dans d’autres contextes. L(m)a seule porte ouverte est la monéthique. Mais elle restera fermée pour l’instant. Une France sans PS, ce n’est pas bien grave. La vie va continuer. Qui a dit que le PS était indispensable à la vie politique ? Une opposition des médias, surtout des internautes, de la rue, de quelques personnalités en vue, cela suffit à faire vivre la démocratie. Et puis, qui dit que les gens se préoccupent de vie politique. C’est chacun pour soi. Sauf pour les militants pour qui soigner son soi passe par la vie des cellules du parti. Les citoyens actifs dans les associations font un travail bien plus utile à la société que les militants des partis politiques qui finissent par devenir dévots de personnalités qui les instrumentalisent. Ségolène Royal a pour seul mérite de flinguer le PS. Un acte foncièrement utile nous permettant de vivre sans illusions et sans espérance collective. Bref, vivre dans la lucidité et la vérité. Après tout, le PS n’a rien d’indispensable. Et ce qui lui arrive, sans être un bien, n’a rien d’un mal contrairement à tout ce que prétendent les faux-culs aux airs empruntés et concernés.
L’essentiel n’est pas que le PS survive ou parvienne au pouvoir, avec des aventurières pratiquant un tel culte de la personnalité qu’elles sont persuadées de représenter un salut pour la gauche à travers le salut du PS. Mais ces deux dames n’ont pas capté la société. Son ombre et ses étincelles de lumière. L’essentiel, c’est de croire en notre propre lumière et de l’entretenir, de préserver une vie éthique et le jour où des gens sérieux incarneront cette éthique de gauche, alors nous répondrons présent !
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