La sécurité routière et la poule aux oeufs d’or
Un fait divers a attiré mon attention dans mon département là où il a sa place dans la rubrique locale, c’est un gendarme qui se fait en permanence réprimander par sa hiérarchie pour procès verbal de délits routiers insuffisants. De quoi faire taire ce qui démentait cela.
Et le journaliste de commenter tous les griefs et les points précis qu’il lui était reproché. Tout cela naturellement dévoilé à la presse par son épouse, devant le devoir de réserve de son mari.
C’est la dégradation de l’état de santé de se dernier qui l’a poussé à la délation publique. Mais je ne vais pas m’appesantir sur ce fait divers qui ne relate ni plus ni moins ce que subissent des milliers de salariés dans leurs entreprises sous la pression de la culture du résultat, qui produit ses effets néfastes où qu’elle soit mise en place.
Mais cela me sert d’entré en matière pour dénoncer ce qui s’est installé depuis un certain nombre d’années, et qui fait la quasi unanimité des citoyens, la lutte pour la sécurité routière.
Il ne s’agit pas pour moi de dire que je suis contre, mais de dire que dans la vie l’on meurt, et que la liberté à un prix humain.
Au titre de la sécurité routière le gouvernement se fixe comme objectif un chiffre toujours plus bas, et pour l’atteindre, accroit la réglementation, le nombre de personnels et le nombre de radars pour la surveillance des délits.
Des actions lourdes de sécurité routière sont menées depuis de longues années, ce sont les évitements, les rocades, les ronds points, l’effort des constructeurs etc. Il suffit d’aller dans une DDE pour connaître leurs préoccupations en la matière qui parfois nous indispose, pour ne penser qu’aux ralentisseurs, quant aux constructeurs nous le mesurons avec les équipements des véhicules.
Mais ils ont l’avantage de ne pas être vicieux, ce qui n’est pas le cas de notre gendarmerie qui sillonne et surveille la circulation routière. Ne me faite pas dire que je suis favorable aux infractions, je sais que je traite un sujet sensible par les dégâts humains qu’il cause et le malheur qu’il entraine, mais à ce titre personne n’a à me donner de leçon, car dans un cas comme dans l’autre la vie m’a servi, c’est peut-être pour cela que je peux aller sur cette route glissante.
Ce n’est pas pour autant que je vais nier la dictature du « sécuritarisme » qui s’installe, il va falloir que je commente ce terme. Car il ne signifie pas, que je nie la réalité, ni les besoins d’ordres, de sécurité et de règles, ni la pression de la force du droit sur lequel il faut qu’elles s’appuient.
Mais la généralisation de la tromperie comme moyen de duper le client dans le quotidien, a justifié toute sorte de mesures de contrôles de notre activité. Cela fait que chacun se sent en permanence soumis à une situation dont il ne peut maîtriser les tenants et les aboutissants, dont la conséquence de cette méfiance justifiée est une traçabilité des productions pour ne pas être victime de tricheries.
Je ne vais pas dire que c’est une nouveauté, mais elles se sont accrus d’une manière exponentielle avec en plus les produits venants de l’extérieur dont la finalité est moins la fiabilité que le profit. Ces tricherie se sont montrées si pernicieuses que nous en avons perdu la confiance envers les producteurs pour renforcer notre méfiance par une surveillance au point qu’il nous est difficile de discuter d’une activité économique sans toujours faire une référence sournoise signifiant toujours qu’elles ne s’enrichissent pas proprement. Ce climat dans lequel nous nous sommes encastré depuis si longtemps, ne peut pas ne pas affecter notre manière de penser, ni de regarder notre liberté d’agir. Et c’est pour cela que je le mentionne.
Si bien que lorsque les responsables de la sécurité routière, nous fixent des objectifs de baisse de mortalité et d’accidents de la route, qui donc peut s’y opposer, personne, mais cette acceptation entraîne avec elle une séries de mesures de rétorsions qui s’enchaînent dans une escalade permanente. Et c’est seulement ce processus là qui est pernicieux.
Au fur et à mesure que se mettent en place des réglementations, les chances d’y faire des entorses, qui exigeront un accroissement de mesures de rétorsions, croissent.
C’est donc un cycle de surenchère permanant dont l’aboutissement se traduira par la criminalisation d’infractions routières, dans le confusionnisme le plus total de la gravité d’une telle finalité qui se banalise.
Mais le plus choquant, est le marché du procès verbal porté par la sécurité routière, donc ce gendarme est devenue une victime collatérale pour absence de résultats.
Connaissez vous un marché où vous vous rendez en n’importe quel lieu, n’importe quelle heure et dont vous êtes certain qu’en vous dissimulant vous récolterez votre produit. C’est le marché de la sécurité routière, et vous pouvez demander tout ce que vous voulez comme résultat en tant que PV, ils seront atteints.
Aussi je comprend que ce gendarme se soit fait réprimander, car son supérieur pense qu’il met de la mauvaise volonté à dresser des PV , ou le trouve trop complaisant.
Comment cela se fait-il ?
Je ne vous apprendrais rien, nous avons un réseau routier qui n’est pas adapté à la puissance des véhicules, tandis que leur fiabilité modifie la perception de la vitesse, et sans regarder le compteur, le conducteur à 100 km /h à l’impression de rouler à beaucoup moins, et il doit en permanence adapter cette perception, source d’entorse à la règlementation.
Mais mieux, et c’est pour cela que ce marché est porteur, aucun conducteur ne peut circuler sans contrevenir à la règlementation. Ainsi tous les jours nous commettons des manquements, même ceux des associations qui exercent leurs lobbies. Il y a donc des milliards d’infractions, il suffit de se mettre au bord de la route un peut discrètement et de faire son marché, et c’est cela qui constitue une dictature.
Parce que l’interdépendance du véhicule, du réseau et de la densité du trafic, rend impossible le respect pointilleux de la règlementation. Il y a là un paradoxe qui est au bord du délire avec la répression policière qui s’accroit pour obtenir des résultats de taux de mortalité toujours plus bas.
Et le fait de baigner, de vivre dans ce sécuritarisme nous empêche de le percevoir.
Nous sommes en permanence dans l’impossibilité de respecter la totalité de la règlementation, que le matériel, la vie trépidante et professionnelle, et le réseau nous conduisent à transgresser, il devient donc délirant de punir quelqu’un que l’on met dans la situation de commettre inévitablement une faute.
La nouvelle génération de radar peut prendre le respect des distances entre les véhicules, ce ne seront plus des procès verbaux, mais une levée d’impôts sur les automobilistes.
Naturellement beaucoup d’infractions sont vénielles comme nous le disons, mais lorsque nous aurons atteint le taux en dessous du quel nous ne pourrons raisonnablement pas descendre, que nous aurons criminalisé certains délits, alors, l’on s’attachera à eux, en pensant que pour sauver une vie de plus, dont nous convenons qu’elle n’a pas de prix, nous aurons réduit la capacité de maitriser sa conduite comme moyen de compétence de la perception d’une autre mesure de déplacement, en un parcours du combattant, ou chaque fois que l’on prendra son véhicule, nous ferons comme ce gendarme, nous en deviendrons malade à la pensée de devoir en permanence comme c’est le cas, surveiller avec méfiance chaque coin de rue, chaque barrière de sécurité, chaque poubelle en bordure de route, chaque bosquet, chaque panneau publicitaire, chaque voiture banalisée, et j’en passe des planques utilisées, pour au bout dire que nous sommes libre de circuler.
Il y a d’autres possibilité que la répression, mais le lobby automobile est aussi fort que celui des associations de victimes de la route, si bien que celui qui n’a pas la possibilité de se révolté subit, il serait donc bien temps que les automobilistes se mobilisent aussi, non pour réclamer le droit de tuer sur les routes, mais pour ne pas être la poule aux œufs d’or.
Quand je travaillais dans l’aéronautique à la production de pièces d’avions, le taux de sécurité de leurs productions était très élevé, et pour cause, tout le monde comprend. Dans le meilleur des cas il atteignait 99,6 % parfois 99.8%, cela permis par un contrôle draconien, une traçabilité exemplaire et une surveillance constante des produits dans chaque main où ils passaient. C’est le succès du peu de catastrophe.
Pour en arriver à cela dans la sécurité routière il faudrait confier la conduite à un gendarme, qui deviendrait le chauffeur des automobilistes, avec je le pense des taux moins bons qu’en aéronautique car ils sont, comme le montre le cas de ce gendarme, encore humain. Ainsi la liberté humaine à un prix humain, que même reliée à un gendarme l’on ne saurait éviter, de la même manière que les dictatures policières n’ont pas résorbé les crimes et délits.
Ne pas saisir ces seuils et les nuances, devient l’exercice d’une dictature, ou au minimum de l’intégrisme.
Evolution du nombre de PV issus des radars automatiques sur les 4 derniers quadrimestres :
- Q2 2007 : 2.495.940 PV avec 1.539 radars automatiques
- Q3 2007 : 2.399.180 PV avec 1.780 radars automatiques
- Q1 2008 : 2.490.982 PV avec 2.031 radars automatiques
- Q2 2008 : 2.850.247 PV avec 2.056 radars automatiques
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