La tuerie du Musée Juif de Bruxelles - Appel aux intellectuels musulmans : pour la paix des braves !
Le 24 mai dernier, il y a un peu plus d'une semaine à peine, a eu lieu, en plein cœur de Bruxelles, capitale de la Belgique et de l'Europe, un acte antisémite d'une rare violence : un fusillade, au Musée Juif, ayant provoqué la mort de trois personnes (deux citoyens israéliens et une ressortissante française) et blessé grièvement un jeune belge, prénommé Alexandre, âgé de 25 ans seulement.
A ce que je n'ai pas alors hésité à qualifier aussitôt d' « effroyable acte antisémite », je publiais le jour même, à la « une » de quelques-uns des plus importants sites de la presse européenne francophone, une tribune intitulée, en hommage aux victimes de cette barbarie, « Nous sommes tous juifs ! ».
Il va sans dire que, récusant tout communautarisme religieux et prônant au contraire un humanisme de type universaliste, l'intellectuel juif mais laïc que je suis (le paradoxe n'est qu'apparent) aurait pu conférer comme titre à cette même tribune, si ç'avait été des musulmans ou des chrétiens à être les cibles de pareille tuerie, « Nous sommes tous musulmans ! » ou « Nous sommes tous chrétiens ! ».
Voici, à toutes fins utiles, le renvoi électronique vers cet article, repris depuis lors sur de nombreux sites à travers le monde : http://www.lalibre.be/debats/opinions/nous-sommes-tous-juifs-5381a21735704f05d69c662b
LES FOUS D'ALLAH
Les lecteurs les plus attentifs y auront remarqué que j'établissais alors déjà là un un lien idéologique, fût-il discret faute de preuves concrètes à ce moment-là, avec Mohammed Merah, ce terroriste, autre fou d'Allah, qui se rendit lui aussi coupable, le 19 mars 2012, de l'un des pires carnages, dans une école juive de Toulouse, que la France puisse dénombrer en ce début de XXIe siècle ;
Et, certes, aurais-je pu effectuer également là le lien, du même et odieux acabit, avec le non moins zélé et tout aussi dangereusement fanatique Zakaria Moussaoui, l'un des responsables, au sein de la frange européenne d' Al Qaïda, des attentats du 11 septembre 2001, à New York.
Car il se fait que le principal suspect et présumé coupable du massacre au Musée Juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, que les vigilantes autorités françaises viennent donc d'arrêter (c'est tout à leur honneur !) à Marseille, s'avère, tout comme les tristement célèbres Merah et Moussaoui, un citoyen français ayant longuement milité au sein des groupuscules islamistes les plus radicaux, tant en Afghanistan qu'au Pakistan, en Irak ou en Libye (que certains de nos « nouveaux philosophes » s'évertuent à nous vendre, contre l'évidence, comme le fief de la « nouvelle démocratie » au sein de l'Islam).
Car c'est bien de cela dont il s'agit avec cet autre embrigadé de Nemmouche : un djihadiste revenu sur le sol européen, après avoir combattu dans les milices syriennes du prétendu « État Islamique en Irak et au Levant », afin de tuer un maximum, non seulement de juifs ou de chrétiens, mais, plus généralement, d'Occidentaux, réputés, par leur mode de vie et leur attachement aux valeurs de la démocratie, « infidèles » ou, pis, ennemis de la rétrograde et tout aussi périlleuse « charia » (la supposée et moyenâgeuse « loi coranique »).
UNE MEUTE ENRAGEE PLUS QUE DES « LOUPS SOLITAIRES »
Ainsi t-on tort de taxer Mehdi Nemmouche, à l'instar de Mohammed Merah ou de Zakaria Moussaoui, de « loup solitaire », ainsi qu'on l'entend ou le lit trop souvent, ces derniers jours, dans nos médias. Non, au contraire : ces trois individus (comme, je le crains, bien d'autres) font partie d'un nébuleux mais vaste réseau, parfaitement organisé et hiérarchiquement structuré, parfois même infiltré au sein de nos services secrets les plus performants (c'est dire !), n'attendant que la « bonne » occasion pour perpétrer, par surprise, ses infâmes et lâches crimes.
Conclusion ? Plus que de « loups solitaires », délinquants imprévisibles et socialement paumés, c'est - les pauvres et innocentes victimes de Bruxelles, de Toulouse ou de New York en savent quelque chose ! - d'une meute enragée, la bave à la bouche, les crocs acérés et les griffes sanglantes, dont il s'agit malheureusement là. Mehdi Nemmouche, de cette obscure mouvance, n'en est que la pointe, visible à cause de cette tragique actualité, de l'iceberg !
BOSNIE-KOSOVO : LE FUNESTE « GANG DE ROUBAIX »
Mais, en ce qui concerne de manière plus spécifique Mehdi Nemmouche, l'assassin de Bruxelles, il y a pis encore, si cela est possible : il provient d'un quartier sensible (mal nommé « La Bourgogne ») de Tourcoing, cette petite ville ouvrière du nord de la France, où sévissait, dans les années 90, le funeste « Gang de Roubaix » : des français, tels Christophe Caze et Lionel Dumont, convertis au fondamentalisme islamiste et qui s'en allaient alors déjà combattre eux aussi, armes à la main, en Bosnie (que nos mêmes « nouveaux philosophes » se sont échinés là encore, au comble d'une énième imposture, à nous présenter comme un exemple de « démocratie islamique et moderne ») lors de la guerre en ex-Yougoslavie, contre les Croates catholiques mais, surtout, les Serbes orthodoxes.
De ces extrémistes à l'effarante cruauté, qui tuaient au nom d'Allah et décapitaient leurs victimes avant de jouer au football avec leur tête (de terribles photos, que j'ai vues, témoignent, hélas, de cette barbarie inouïe), j'ai d'ailleurs également publié en son temps, sur les même sites de la presse européenne francophone, une série de tribunes, dont une intitulée « Bosnie-Kosovo : quand Allah s'en allait en guerre », où je les fustigeais. En voici, ici aussi, l'incontestable preuve : http://www.lepoint.fr/societe/bosnie-kosovo-quand-allah-s-en-allait-en-guerre-15-11-2012-1529277_23.php
A l'alarme, donc, citoyens : la peste brune, celle qui horrifia jadis nos pères, s'est parée aujourd'hui, pour doubler sa mortifère mise, du fascisme vert !
APPEL AUX INTELLECTUELS MUSULMANS : LA PAIX DES BRAVES
Ainsi, en ces terribles conditions, est-ce un appel solennel que j'adresse, dès lors, à mes amis arabes et musulmans (ils sont nombreux lorsque ces hommes et femmes de bonne volonté partagent, comme moi, les vertus de la tolérance ou les valeurs du cosmopolitisme) : ne permettez que des fachos invétérés travestissent, pour leurs macabres objectifs, votre belle culture ; n'acceptez pas pas que le Coran, ce livre saint, serve aujourd'hui au plus innommables des alibis idéologiques, telle naguère la Bible sous l'inquisition, pour trucider, au nom de je ne sais quel Dieu, vos semblables !
Davantage : ayez le courage de dénoncer, haut et fort, le crime, d'où qu'il vienne, y compris de vos contrées, comme l'intellectuel juif que je suis condamne, à l'instar de bon nombre de mes pairs, Israël lorsqu'il opprime injustement les Palestiniens !
Osez, enfin : on appelle cela, de difficile mais lucide mémoire, « la paix des braves » !
L'Histoire, en vous insurgeant de la sorte contre cet obscurantisme d'un autre âge, vous en saura éternellement gré : c'est la plus belle, noble et grande, malgré parfois l'adversité, le malentendu philosophique et la solitude intellectuelle, des récompenses humaines.
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
* Philosophe, signataire du JCall (groupe d'intellectuels juifs progressistes appelant à la coexistence, dans une paix juste et durable, d'un État juif et d'un État palestinien), auteur de La Philosophie d'Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique (Presses Universitaires de France, 2007) et Les Intellos ou la dérive d'une caste – de Dreyfus à Sarajevo (Ed. L'Âge d'Homme, 1995).
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