Le dernier bastion à faire tomber
C’était prévu dans le cadre des directives de l’union européenne, la SNCF devait être soumise à la libre concurrence, vous connaissez cette idéologie qui nie le droit de tous les citoyens libres de s’entendre pour former une communauté économique qui dispose d’entreprises. La SNCF est le monopole, non pas de l’état, mais de chaque citoyen. C’est à dire que chaque citoyen en est le propriétaire via l’entité qu’est l’état. Ainsi, vouloir faire passer la SNCF au privé n’est qu’un slogan idéologique, puisque déjà la SNCF est la propriété de chaque citoyen, et que je sache chaque citoyen est un individu « privé ». Donc à quel titre tous les citoyens devraient renoncer à cette possession pour la transférer à quelques-uns d’entre-deux pour qu’ils se fassent concurrence et en retirent des profits, voire deviennent la propriété de groupes étrangers. C’est ce qu’ont refusé les citoyens en 2005 en disant non au référendum européen. Et cela n’a pas empêché les néolibéraux de poursuivre leur fin. La SNCF n’est pas une entreprise de fabriquant des bombons, elle contribue à irriguer le pays par la volonté politique de la mise en place de réseau ferroviaire dans les époques où la voiture était le privilège de quelques-uns et où le transport par bus était aussi rare.
Retour vers le XIX siècle.
Elle permettait aux hommes de circuler, sa fonction était de désenclaver la France y compris les coins les plus reculés. Certes aujourd’hui les moyens de transport sont plus diversifiés, automobile, bus, camion, avions qui, tous ont pris leur part de marché sur celle que drainait la SNCF.
Il n’y a rien à redire l’évolution technologique a apporté ses innovations qui ont trouvé leurs places dans l’économie et ont concouru au développement des moyens de communications.
Alors, l’on entend comparer le coût du transport ferroviaire à celui des bus ou des camions, sauf que l’on ne compare pas la même chose. En effet dans les coûts de circulation des bus ou camions, n’est jamais pris en compte le coût de l’installation du réseau routier qui est financé par les contribuables.
Ainsi, les bus et camions circulent gratuitement sur le réseau routier, alors que la SNCF doit financer son réseau ferroviaire, de sorte que si l’on retirait de la dette le coût du réseau ferroviaire le déficit ne serait pas aussi élevé, et les comparaisons seraient équitables. Je n’ai pas fait d’analyse avec l’aviation qui elle non plus n’a pas à construire un réseau de circulation.
Environ journellement plus de 18 millions d’automobilistes circulent pour un parc automobile de 38 millions il reste donc des citoyens pour tous les autres modes de transport.
Dans le cadre de cette obsession de la libéralisation de la SNCF pour la mettre en libre concurrence, il faut savoir que durant les périodes où l’état au XIX siècle octroyait des concessions pour la création de ligne ferroviaire, il n’y avait pas de concurrence, puisque chaque concessionnaire disposait de son réseau spécifique. En 1883, six grandes compagnies se répartissent le territoire par convention avec l’état sans se concurrencer et c’est en 1937 que sera créé la SNCF.
1946 : confrontée à une pénurie de cadres, la SNCF met en place une promotion interne de ses salariés fondée sur la culture générale, l'EFG (École de Formation Générale de la SNCF). C’est l’origine du statut des cheminots que la spécificité des emplois de ce moyen de transport à généré.
Il semble donc que cette mise en concurrence auprès de particuliers, à la suite d’un appel d’offre, ne soit qu’un retour au XIX siècle.
La poursuite d'un projet libéral capitalistique.
Même en acceptant ce nouveau cadre je ne vois pas l’intérêt de remettre en cause le statut des cheminots, car je ne pense pas que les nouveaux acquéreurs trouveront auprès de l’agence nationale de l’emploi les salariés ayant la compétence nécessaire. Il faut donc l’examiner dans un ensemble politique plus vaste en liaison avec la politique européenne qui prône la lutte contre l’inflation et l’endettement. Ceci a entrainé une remise en cause des acquis sociaux et un nivellement par le bas pour être concurrentiel en réduisant le coût du travail et des charges. En un mot en réduisant le train de vie des citoyens, qui plus est avec leur concours, qui comme clients réclament des prix bas, des remises, la gratuité. Ils ignorent qu’en formulant de tel désir, ils n’ont que deux possibilités, ou ils travaillent plus pour le même revenue, ou ils réduisent leurs salaires. Cela parce que tous nos biens et services n’ont comme valeur que celle des besoins la vie des individus pour survivre ou vivre socialement. Aucun bien n’a de valeur marchande intrinsèque, leur valeur marchande n’est que suggestive pour se répartir la rareté, et c’est la disponibilité financière qui sert d’arbitrage pour réaliser les échanges nécessaires. Loin de cette considération la remise en cause du statut des cheminots vise à mettre à disposition des futurs acquéreurs de la SNCF des salariés bons marchés pour la même prestation de travail. Démarche qu’a déjà entrepris la SNCF en embauchant des cheminots sous contrat CDI.
Cette ensemble de situation soulève un problème idéologique entre les affirmations des tenant du libéralisme capitalistique qui nous assurent que par la libre concurrences les prix baissent, que le pouvoir d’achat progresse, que l’emploie se pérennise et la réalité que nous constatons avec une fracture sociale fortement marquée et persistante qui repose sur la fracture intellectuelle de citoyens dans la confusion politique et l’ignorance crasse de ce qu’est le capitalisme, qu’ils entretiennent inconsciemment en faisant fructifier leurs épargnes.
Dans ce bras de fer qui s’annonce avec le gouvernement nous allons voir fleurir les associations d’usagés, pour se plaindre de la gêne qu’engendrera les grèves et le gouvernement de pousser à la roue pour rendre le mouvement impopulaire.
Le patronat revendique.
Une longue histoire d’abandon de la lutte syndicale, particulièrement après 1989 a produit un effet de contre balancier. Hier, il valait mieux pour bien gagner sa vie travailler dans le privé que dans les services publics qui, pour recruter prônaient la stabilité de l’emploi, pour compensait de petits salaires, ou offrait d’autres avantages en nature. Aujourd’hui c’est l’inverse qui s’est produit, la peur du chômage a anesthésié la revendication sociale et avoir un emploi est devenu un avantage à ne pas perdre. Alors que dans le même temps sous l’impulsion d’une économie en mouvement dans un marché à flux tendu le patronat revendiquait la flexibilité, la baisse des charges (c'est-à-dire le niveau de vie des salariés), des facilités de licencier à moindre coût. Également la remise en cause des accords de branches, qui sont des accords planchers sous lesquels aucun salarié d’une branche ne peut être employé dans le pays.
Ainsi, ce qui était des offres de recrutement sont devenus des avantages privilégiés parce que dans le privé les salariés n’ont pas su préserver les leurs. Si nous en restions là cela serait un moindre mal, mais c’est que l’opinion, boostée par les faiseurs d’opinion médiatique avec le concours des politiques, réclame qu’ils soient ravalés au niveau de ceux qui n’ont pas eu le courage de défendre leurs avantages. L’on ne peut pas trouver plus indigne et pourtant cela passe pour une pratique d’égalité. Bêtise quand tu nous tiens. Tout cela au nom d’un discours politique de redressement national pour apporter le bien être et le plein emploi dans une économie ouverte.
Depuis 1990 les citoyens ont accepté tout cela et ont voté pour des dirigeants politiques qui leur assuraient vouloir y mettre fin.
La SNCF est le dernier bastion à faire tomber et je parie que ce seront les citoyens usagés qui le feront tomber. Quand ils sont clients ils ne voient pas qu’ils creusent leur tombe, je ne vois pas pourquoi dans ce cas ils seraient plus lucides.
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