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#31 des Tendances

Le drame de la Révolution française : l’exécution du roi Louis XVI

Le 21 janvier 1793, la France assistait à un spectacle d'une barbarie inouïe : l'exécution de son roi, Louis XVI. Ce geste violent, l'un des actes fondateurs de la Première République, loin d'apaiser les tensions, ouvrit une nouvelle page sanglante dans l'histoire de la Révolution française.

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Les tremblements d'une couronne

Pour saisir toute la complexité de l'exécution de Louis XVI, il convient de replacer cet événement dans le contexte tumultueux de la fin du XVIIIe siècle. La France de cette époque est secouée par de profondes crises économiques et sociales, exacerbées par un système fiscal injuste et des inégalités sociales criantes. Le mécontentement populaire, alimenté par les idées des Lumières et les exemples révolutionnaires américains, pousse à la rupture avec l'Ancien Régime.

Louis XVI avait tenté de réformer le royaume, en convoquant les États généraux et en soutenant des mesures visant à alléger le fardeau fiscal des classes populaires. Quelques années auparavant, il avait aboli le servage dans les domaines royaux et, avec l'édit de Versailles ; il avait accordé un état civil aux protestants et aux juifs, tout en leur assurant le droit d'exister sans y être troublés sous prétexte de religion. Ces efforts, bien que souvent entravés par l'opposition des nobles et des parlementaires, témoignent d'une volonté de changement.

Loin d'être un tyran, Louis XVI était un roi qui cherchait à naviguer dans des eaux tumultueuses. Son arrestation en juin 1791, alors qu'il tentait de fuir à Varennes, a été interprétée par ses ennemis comme une trahison, mais il s'agissait plutôt d'une tentative désespérée de sauver la monarchie face à une situation de plus en plus chaotique.

 

 

Un procès politique

Le procès de Louis XVI, qui débute le 26 décembre 1792, quelques mois seulement après la destitution du souverain, est souvent présenté comme une procédure légale. Cependant, il s'agit en réalité d'un procès politique, où les règles de la justice sont largement bafouées. Les accusations portées contre le roi incluent la trahison et la conspiration contre la nation, mais ces charges sont largement infondées. Les preuves présentées sont souvent basées sur des interprétations biaisées de ses actions et de ses intentions. De plus, la Convention nationale, qui juge Louis XVI, est composée de nombreux députés qui ont un intérêt direct à voir le roi condamné à mort, afin d'étendre leurs pouvoirs et d'instaurer un régime autoritaire et brutal.

Le manque d'impartialité du procès est flagrant. Louis XVI n'a pas bénéficié d'une défense adéquate, et ses avocats ont été réduits au silence face à l'hostilité ambiante. Les principes fondamentaux du droit, tels que la présomption d'innocence et le droit à un procès équitable, ont été ignorés. En outre, le climat de peur et de violence qui règne à Paris à cette époque, avec la montée des sans-culottes et des factions radicales, a exercé une pression énorme sur la Convention nationale pour qu'elle prononce une condamnation à mort, le 17 janvier 1793. Il s'en faut d'une voix que le roi des Français échappe à la guillotine. Dans ce contexte, l'exécution de Louis XVI, six jours après le verdict, apparaît non seulement comme une décision injuste, mais aussi comme un acte de vengeance politique.

 

 

Un tournant tragique

L'exécution de Louis XVI a eu des conséquences profondes et durables sur la France et sur l'Europe. En mettant à mort le roi, les révolutionnaires ont franchi une ligne rouge, marquant la fin de la monarchie et le début d'une ère de violence et de terreur. La mort du roi a exacerbé les tensions internes et a conduit à une radicalisation des mouvements révolutionnaires. Les Girondins, modérés, ont été éliminés au profit des Montagnards, qui ont instauré un régime de terreur, entraînant des milliers d'exécutions.

Sur le plan international, l'exécution de Louis XVI a provoqué une réaction immédiate des monarchies européennes, qui ont vu dans cet acte une menace pour leur propre pouvoir. La France est rapidement devenue isolée, et la guerre contre les puissances coalisées a débuté, entraînant des pertes humaines et des souffrances considérables. L'exécution du roi, loin de stabiliser la situation, a plongé le pays dans un cycle de violence et de chaos qui a duré des années. En somme, cet acte tragique a non seulement été injustifié sur le plan moral et légal, mais il a également ouvert la voie à une période de troubles qui a profondément marqué l'histoire de France.

 

 

Les estimations du bilan humain de la Révolution française sont élevées et font état d'entre 600 000 et 800 000 morts. Ces décès sont en grande partie dus aux guerres civiles, notamment la Guerre de Vendée et les Chouanneries qui, à elles seules, auraient causé plus de 200 000 morts, principalement entre 1793 et 1796.

 

"Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France".

 

Louis XVI, 21 janvier 1793

 


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6 réactions à cet article    


  • mursili mursili 30 novembre 16:14

    Comment ça ? Louis XVI n’a pas pu bénéficier de son immunité ? C’est pourtant une tradition juridique bien ancrée en France, de protéger les puissants et d’accabler les misérables (dixit La Fontaine).

    Cela dit, en termes de régicide les Anglais nous avaient précédés puisqu’ils avaient décapité Charles 1er en 1649, avant d’instaurer une courte république (« commonwealth ») jusqu’en 1660.


    • @mursili

      La situation était différente en France. Louis XVI n’était plus roi de France mais roi des Français, depuis 1791. De plus, il avait prêté serment à la Constitution. Il ne disposait plus que d’un droit de veto. Le caractère divin de la monarchie française n’existait plus. Il convient de rappeler que la Révolution française n’avait pas pour but de renverser le roi.

      Effectivement, Charles Ier a été décapité à la suite d’une parodie de justice organisée par Oliver Cromwell. Le monarque anglais avait refusé de signer la loi qui faisait de lui un roi constutionnel, sans réels pouvoirs. Il voulait absolument garder son statut de roi de droit divin. C’est ce qui a causé sa perte. Les Anglais ont regretté Charles Ier car le régime de Cromwell n’avait pas amélioré leur situation, bien au contraire !


    • Correction : « la loi qui faisait de lui un roi constitutionnel ».


      • mursili mursili 30 novembre 17:11

        En mettant à mort le roi, les révolutionnaires ont franchi une ligne rouge, marquant la fin de la monarchie


        Si je ne m’abuse, ce qui met fin à la monarchie c’est la proclamation de la république le 22 septembre 1792, alors que Louis XVI est guillotiné quatre mois plus tard.


        • @mursili

          Oui, c’est exact. En fait la mort de Louis XVI mettait fin à la monarchie définitivement. Beaucoup de Français l’appréciaient et la jeune République n’était pas à l’abri d’un renversement de situation : le retour de la monarchie. De même que l’on dit que l’exécution de Louis XVI est l’un des actes fondateurs de la République, alors qu’elle avait été proclamée quelques mois auparavant.

          Il faut noter que jusqu’à la fin du premier semestre de 1793, toutes les monnaies françaises comportaient encore l’effigie de Louis XVI et la mention « La nation, la loi, le roi ». C’est assez curieux...


        • Eric F Eric F 30 novembre 18:16

          Dans les archives saisies aux Tuileries figurait une correspondance de Louis XVI avec les chefs des armées ennemies, livrant des informations stratégiques (le pays était en guerre), c’est un crime de haute trahison, comme ce fut le cas de Laval !

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