Le féminisme : jour de gloire de l’humanité
Nombre de personnes hommes ou femmes dans notre culture méconnaisse, dénigre ou sous-estime ce que l'on appelle le féminisme. En premier, les hommes pour se défendre de ce qu'ils ne comprennent pas, n'essayent pas de comprendre, et pour, pensent-ils, se protéger d'abus qui pourraient en découler ou qui en découleraient déjà. Leur réaction en général consiste à caricaturer au maximum avec toutes la panoplie des plaisanteries à disposition. Les femmes, elles, vont critiquer par peur du ridicule (histoires de bonnes-femmes....), parce qu'elles sont sous-estimées et se sous-estiment, par méconnaissance et incompréhension, par manque de culture (ce dernier point est d'ailleurs valable pour les hommes également).
Toutefois, hommes et femmes baignent tous dans une même soupe épaisse et lourde qui est tout simplement et effectivement le contraire du féminisme mais que l'on n'appelle pas par son nom car cette soupe semble naturelle, unique et inéluctable. C'est dans les cultures, dans les habitudes millénaires et même pour certains de droits divins.
Cette soupe, elle est au mieux indigeste et au pire létale pour tous, hommes et femmes, c'est l'androcentrisme dont les recettes se conjuguent à l'infini.
Malheureusement, on ne peut pas dire, cette soupe tu l'aimes ou tu la quittes car elle se retrouve dans toutes les sociétés. Dommage que les femmes n'aient pas une terre promise !!
(Quelques communautés de femmes existent en Afrique comme le village UMAJO habité que par des femmes : les hommes y sont interdits. Les habitantes sont des femmes en quête d'indépendance après avoir été violées par des soldats étrangers, puis battues et répudiées par leurs maris qui se considèrent déshonorés. http://fr.wikipedia.org/wiki/Umoja.)
Donc quand on parle de féminisme, on doit obligatoirement évoquer l'androcentrisme, ce bouillon de cultures qui désigne l'attitude qui privilégie plus ou moins (et plutôt plus que moins) l'existence, le point de vue et la pensée de l'homme (par opposition à la femme).
Les droits des hommes dans le monde sont d'ordre du divin au quotidien : puissants, omniscients, omniprésents, transcendants sur le vivant et le non vivant. Ils se croient des démiurges, des juges, alors qu'ils ne sont que des Yaldabaoth semblable au personnage du mythe de la création Gnostique.
Yaldabaoth ou La folie de l'ego : Le personnage de science-fiction le plus saisissant, dans la cosmologie Gnostique, est Yaldabaoth, le démiurge ou faux dieu créateur. Des Gnostiques tels que Marcion identifièrent Yaldabaoth avec le dieu créateur mâle de l'Ancien Testament Yahvé-Jéhovah et, par conséquent, n'accordèrent à cette entité aucun rôle dans l'évolution correcte de l'humanité. Bien au contraire, Yahvé-Yaldabaoth est une divinité démente, un dieu qui oeuvre à l'encontre de l'humanité. Dans la recension Gnostique de l'Ancien Testament, il est clair que le statut monothéiste exigé par Jéhovah est due à la folie de ce pseudo-dieu.
http://www.liberterre.fr/metahistoire/gnose/gnose-questions-/foliedelego.html
D'après Ioan P Culianu (1950-1991) (historien, philosophe, essayiste politique, professeur et expert du gnostisme. - assassiné en 1991*) : Recherches sur les dualismes d'Occident. Analyse de leurs principaux mythes
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"Les doctrines religieuses de l'époque connaissaient trois variantes, fixant le rôle de l'homme dans l'univers (le Cosmos).
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"Ce monde a été créé pour cet homme" et cet homme a été créé pour ce monde (variantes bibliques)
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"Ce monde a été créé comme cet homme" et "cet homme a été créé comme ce monde " (variantes platoniciennes).
Aux hommes ne manque que l'éternité, mais ils travaillent sur le sujet (mon dieu : pitié !).
Ils s'octroient le droit de vie et de mort : droit pour une personne ou un groupe de disposer de la vie de certains individus. Les victimes varient selon les lieux et les époques (esclaves, serfs, sorcières, enfants, épouses, hérétiques, prisonniers de guerre, victimes collatérales, indigènes, races animales....).
Le chef de famille en vertu de son autorité absolue possédait et possèdent encore dans de nombreuses cultures le droit de vie, de mort ou de bannissement sur les membres de sa famille.
Ils imposent leurs systèmes aux plus faibles et aux plus vulnérables, dont les femmes. Ceux-ci reproduisent et acceptent ces systèmes par peur, maintien dans l'ignorance et manque d'autres repères. La cause esclavagiste, celle de certains peuples arabes actuellement face à leurs dictateurs ont pu, avec le temps et les sacrifices, plus ou moins surmonter les inégalités, mais pas la cause de femmes. Et ces ex-esclaves, ex-dominés maintiennent ou vont maintenir en soumission, plus ou moins contrôlée, les femmes de leur communauté qui ont combattu comme eux.
Bien sûr, cela peut paraître assez caricatural, mais tout d'abord dans certains pays (au Moyen-Orient, en Afrique noire, en Asie) c'est la vie ordinaire, normale. Les castes des hommes s'entredéchirent ou se confrontent à l'envi pour faire valoir et évoluer leurs droits mais ils sont tous d'accord dans leur ensemble pour traiter à part femmes et enfants qui n'ont pas les mêmes droits et ont à subir et accepter leurs diktats (exigences absolues) sous peine de représailles (je passe les « détails pratiques » sordides et inhumains utilisés).
Par ailleurs, pour nous, les occidentaux, soit disant « plus civilisés », l'émergence d'un système de proportionnalité s'est fait jour petit à petit de par les volontés des hommes et des femmes combattant les ignorances et les injustices en général. Les luttes depuis notre révolution française et au cours de l'industrialisation de notre pays ont mis en exergue les injustices les plus flagrantes concernant la gent féminine, avec des tentatives de réajustements toujours à un moment ou à un autre remis en question. (la balançoire de l'histoire).
Malheureusement pour les androcentristes, en ce qui concerne l'évolution de la femme en France, selon l'adage : on leur donne un doigt, elles veulent le bras (ces hommes ne veulent même pas donné un bras, mais ils peuvent par contre tout prendre !), elles (ou un grand nombre d'entre elles), ont commencé à comprendre qu'elles étaient capable de s'auto-administrer. Elles ont réalisé que les idées féministes n'étaient pas toutes à rejeter car elles correspondaient à des réclamations justifiées. Cette appréhension de leur situation a gagné dans toutes les couches de la société dans les années d'après-guerre. Le féminisme n'était plus réservé à une élite considérée un peu « farfelue ».
Et le féminisme qui a été pendant si longtemps dans l'adolescence est maintenant dans nos sociétés occidentales beaucoup plus mature. Il a par ailleurs de nombreuses facettes.
L'androcentrisme n'est pas uniforme. Il se manifeste sous différents aspects en fonction des cultures, des religions et de l'état de progrès des sociétés. Ainsi l'androcentrisme des Français, et en général des Européens n'a rien en commun avec celui Iraniens, des Tunisiens ou des Arabes ou des Chinois. Il est aussi diversifié à l'intérieur de chaque culture d'un individu à un autre. Il en est exactement de même du féminisme (**). Et pourtant, le féminisme est traité comme une anomalie, une généralité sans nuance et sans diversification pour en nier les valeurs humaines et sociales.
Ce n'est pas une matière enseignée correctement malgré sa richesse et bien qu'elle soit l'histoire de plus de la moitié des humains. Elle ne fait pas partie des matières scolaires à étudier et est habilement noyée ou complètement ignorée dans l'histoire, la géographie, les sciences, les religions, etc. C'est dans l'enseignement un sujet anecdotique et exceptionnel, une sorte d'exotisme, de bizarrerie, de mode un peu cocasse.
Un des arguments présenté contre la lutte des femmes est le suivant : en France, nous avons des femmes à des postes de responsabilité et toutes les portes leur sont ouvertes, alors pourquoi n'en profitent-elles pas plus ?. Dans les élections, il est souvent très difficile de trouver des femmes afin d'obtenir une parité, etc, etc.
C'est vrai. Mais c'est parce que cette soupe androcentriste est étouffante, et ne leur permet pas de s'épanouir vraiment. Elle ne peuvent y être elles-mêmes à part entière. Il n'y a pas d'autre choix mais cette soupe. Il y a une forme de renoncement dans l'attitude de beaucoup de femmes qui ne croient pas que cela puisse changer en profondeur, et pour lesquelles il s'agit déjà d'essayer de vivre à peu près correctement, sinon survivre. Ajouter ce nouveau combat de vie dans la bagarre au quotidien est au-dessus de leurs forces. Donc, elles louvoient, elles s'arrangent pour essayer de garder leurs quelques acquis qui sont régulièrement regrignotés, et tentent d'en gagner d'autres.
Un autre argument également est celui de prétendre qu'elles veulent prendre la place des hommes, les assujettir ou les rabaisser (c'est à dire les traiter comme elles sont elles-mêmes traitées). Dans la soupe actuelle, il semblerait que ce soit la seule solution : faire un nouveau potage au parfum de revanche.
Mais ce n'est pas ce que veulent les femmes dans leur majorité car elles ne sont pas des Yaldabaoth et n'ont pas cette folie de l'ego. Par ailleurs, je soupçonne toutes les femmes d'être si sensiblement intelligentes qu'elles savent par avance que leur propre potage ne sera pas non plus parfaitement digeste et donc elles ont la sagesse de ne pas vouloir l'imposer.
Ce qu'elles veulent avant tout (malgré les différences dans les courants féministes), c'est disposer d'elles-mêmes à leur gré, sans subir de pressions ni de jugements, et de pouvoir utiliser les systèmes existants d'une façon neutre. Le genre devrait pouvoir être oublié, mais pas comme il l'a été jusqu'à présent.
Elles veulent être partenaires dans l'entreprise humaine, mais ne le peuvent pas.
Quand à sa relation plus intime avec l'homme ou les hommes, il suffit d'écouter l'intelligence d'un féministe, misogyne, pacifiste, guerrier, fidèle, infidèle, croyant, non croyant, bref un homme, un vrai : Georges Brassens dans « la non-demande en mariage ».
Pour l'instant, on en est toujours à Georges Brassens mais dans la chanson suivante : « L'âge ne fait rien à l'affaire » et c'est valable au féminin et au masculin.
(*) son meurtre serait la conséquence de ses critiques à l'égard de la politique nationale Roumaine. Certains éléments de l'extrême droite politique Roumaine ont ouvertement célébrés son assassinat. Les services de Sécurité roumain, qu'il avait copieusement vilipendé comme la plus stupide force de l'époque, ont également été soupçonnés d'être mêlés à son assassinat tout en utilisant l'extrême droite comme couverture.
(**) Il y a plusieurs féminismes comme l'explique Susan Bordo, philosophe féministe moderne connue pour ses contributions dans le domaine des études culturelles contemporaines. (elle est née en 1947). Elle critique, réévalue et reconfigure à partir des méthodologies des études des genres l'ancien et le nouveau féminismes. Elle réfute les classifications simplistes oppresseurs/oppressés, victimes, le corps féminin socialement et historiquement « colonisé », société patriarcale versus soumission et passivité des femmes. Allant au delà de ces concepts, elle écrit que les critiques des féministes actuelles sont plus tournées vers le racisme, les différences de classes et les différences économiques parmi les femmes, et également vers les collusions des femmes avec la culture patriarcale et leurs efforts de résistance à cette même culture.
Sources :
Wikipedia
http://www.feminisme.wikibis.com/androcentrisme.php
Umoja, le village interdit aux hommes, film documentaire de Jean-Marc Sainclair et Jean Crousillac (2008)
Sexe et Religion (présentation Sabine Le Blanc et Maxime Fellon
Le poids des préjugés : la marche vers le suffrage universel ...sans les femmes
Ioan P Culianu Recherches sur les dualismes d'Occident. Analyse de leurs principaux mythes
Ecrits de Susan Bordo
Code Napoléon
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