Le débat de cette affaire a finalement été détourné de fait de la réalité tangible. En effet la phrase de Sarkozy est de dire en réponse à une intervention d’Emmanuelli que si Zapatero n’était pas très intelligent cela ne l’a pas empêché d’être élu. Après avoir nié avec une violence inouïe tant du côté de l’Elysée que l’UMP, comme d’autres journaux qui avaient fait aussi leur enquête comme le Financial Time ou bien le Guardian, le pouvoir et ses séides ont bien été obligés de reconnaître que cette phrase était vraie. Alors on a joué sur deux tableaux, le on étant la cellule de communication de l’Elysée et les hommes liges du pouvoir : Kouchner, et le le moulin à communiqués Lefebvre. Deux contre-feux ont été allumés (et un troisième dont je parlerai un peu plus loin) : 1- la phrase est sortie de son contexte 2- c’est de l’humour au détriment des socialistes français et en aucun cas cela ne veut dire que Zapatero est un imbécile.
Passons sur le fait que se moquer des socialistes français serait infiniment moins grave que de se moquer de Zapatero. C’est comme si on vous accusait de mettre une claque à l’un et que vous disiez pour vos défendre : Eh les gars c’est pas grave c’est pas à lui que je l’ai mise mais à l’autre ! Ah bon ? Mais quoi qu’il en soit il est impossible de ne pas y voir d’atteinte. En fait cette façon de faire de Sarkozy n’est pas nouvelle. Il cherche toujours à prouver qu’il est le meilleur et pour cela il se sert de tout ce qui traîne à sa portée pour le démontrer. Mais au lieu de se hisser par ses exploits, il enfonce les autres. Un exemple : la baisse de la TVA en Angleterre ça ne marche pas ! (déclaration qui a obligé Sarkozy à présenter des excuses à Brown). Cela lors de son intervention où il a enfoncé à plusieurs reprise nos bons ennemis de l’autre côté du channel. Il a raconté tout et n’importe quoi, que nous étions plus industrialisés qu’eux, enfin une série d’erreurs et de bêtises à faire pâlir Zavata. Tout le monde se souvient aussi de ses attaques contre Chirac, le roi fainéant, comme autre exemple. Personne ne peut douter un instant qu’il ait pu dire cette phrase tellement cela correspond à sa manière d’être.
Donc par quelque bout que l’on prenne sa déclaration ce n’est pas un compliment pour Zapatero. Il faudra faire très fort pour m’expliquer qu’en disant : « Même si Zapatero n’est pas très intelligent il a gagné les élections », ce n’est pas insultant. Ce n’est pas parce qu’ensuite il a développé en disant que plus intelligent que lui (ironiquement) n’a pas été même capable d’être présent au second tour en pensant à Jospin. La seule chose que l’on puisse supposer a minima est que cela n’a pas d’importance et que ce soit Zapatero ou un autre ce n’est pas la personne en elle-même qui compte mais le fait que seule l’élection compte y compris si on est un âne bâté pourvu que l’on soit élu. Mais le fait est là il a bien traité Zapatero d’imbécile. Y compris dans le contexte. Ce que veulent nous faire croire les « interpréteurs » c’est qu’une manière de dire pour démontrer que lui a été élu, et même si certains le prenaient pour moins intelligent que d’autres. En fait cette interprétation le concerne lui et non Zapatero. Il se serait dans ce contexte auto-dévalorisé pour démontrer que seul ce qui comptait était l’élection et que pour sûr il l’avait été élu. Personne ne peut démontrer que dans sa comparaison, même au second degré il ne dit pas que Zapatero est un imbécile. Il le dit. On confond donc le fait qu’il s’en serve comme d’un levier pour se hausser du col, avec le fait que ce levier malgré tout existe et que dans le cas précis c’est de traiter Zapatero d’imbécile. Et si des commentateurs avisés me démontrent que j’ai tort je suis preneur de leur démonstration. Car pour l’instant on fait le court-circuit du raisonnement. On dit juste que c’est du second degré, mais personne n’en fait la parfaite démonstration. Mais il faut aller plus loin car cette phrase et le bazar actuel qui l’entoure ce n’est que l’écume des choses.
Cependant avant de poursuivre il faut revenir sur un point qui est sans doute le summum des perles de Lefebvre qui pourtant en a plusieurs colliers autour du cou. Cela en est fascinant mais aussi inquiétant. Dans cette vidéo vous verrez qu’il refuse de répondre, qu’il détourne la conversation. Il va jusqu’à bâtir un scénario de la pire espèce, une espèce de soap opera pour demeurés. Il dit fier de lui qu’il a trouvé et qu’il va s’expliquer. La déclaration de Ségolène Royal à Dakar, ses excuses donc de début avril et sa lettre d’excuse à Zapatero en fin de semaine dernière n’ont d’autre objet que de faire du bruit pour étouffer le jugement de la cour de cassation qui confirme la responsabilité de Ségolène Royal dans l’affaire qui l’a opposée à deux anciennes collaboratrices. Or cette affaire est connue et archi-connue. Elle avait même fait la une par ricochet quand le Saigneur des Carpates et la belle de Versailles voulaient assassiner l’AFP qui n’avait pas passé un communiqué sans intérêt du chien de garde du château et de l’United Money Profit. Avec cette accusation-là, Lefebvre atteint des sommets. Mais c’est très inquiétant cette incapacité profonde à débattre, cette hargne et cette grossièreté intellectuelle. Ainsi cet aboyeur au lieu de répondre sur un fait précis : la phrase a-t-elle ou non été prononcée ?, répond-il que Royal fait du bruit. Si l’on n’est pas assis on se retrouve immédiatement le cul par terre. Est-ce Royal qui a écrit l’article de Libé ? Est-ce Royal qui a prononcé cette phrase qui a été confirmée en dernier ressort par l’Elysée ? Une bêtise de ce calibre devrait le rendre honteux jusqu’à la fin de ses jours. Mais je crois, moi, qu’au contraire il doit en être fier comme Artaban et se faire applaudir pas les militants sarkozyaques en se réjouissant de tant de stupidité.
En fait le fond de l’affaire n’est pas cette phrase. Finalement si c’est plus qu’un détail, car cela a fait chauffer les claviers, les journaux et les ambassades, cela a entraîné de multiples déclarations, ce qui est beaucoup plus grave c’est le constat de la permanence de la manière d’être de notre Kondukator. Comme dit plus haut tout le monde sait sa propension à insulter ses collaborateurs, les ministres, les députés, ses adversaires, à faire de l’ironie publique dégradante (contre Joffrin en janvier 2008, contre un journaliste du Monde à Lisbonne, contre les chercheurs), on même des engueulades publiques (comme ce pauvre policier à Toulouse, contre les militaires qui sont incompétents). Tous ses innombrables écarts ont toujours paru - ce qui me fascine - comme définitivement secondaires alors qu’ils sont récurrents et fort dangereux. Ils sont si nombreux en passant par Cass’toi pauv’con, par les Irlandais qui sont des imbéciles, par son extraordinaire conversation avec le pouvoir tchèque avant la passation de pouvoir à la tête de l’Europe où il dit que lui seul sait manier les arabes qui sont difficiles et en arrivant à cette dernière affaire que l’on ne peut qu’être inquiet si l’on n’est pas étonné. Et pour ne pas être étonnés, nombreux sont ceux qui le savaient et avaient dit que ce gars-là n’était pas de niveau. Il est d’une incompétence crasse et compense par la seule capacité qu’il a eu poussée à la caricature : accéder au pouvoir. Or ce qu’il a pu faire de la mairie de Neuilly à la Présidence de la République, il n’a pu le faire que grâce à de nombreuses trahisons, l’abus de pouvoir, la peur et l’extraordinaire couverture médiatique dont il a odieusement bénéficié durant tout ce temps. Mais une fois au sommet, il n’est qu’au sommet de la France et non du monde et là cela se corse. C’est exactement ce que je disais il y a un an et demi. En haut il y a des autres chefs d’Etat, et parmi eux il y a des pointures, d’autres dont la nation surpasse en population ou en PNB ou en science ou en bien d’autres choses notre pays. Et à la tête de ces nations, quand elles sont démocratiques, leur chef a été élu. Et ceux-là n’ont pas peur de Sarkozy. Et ceux-là certains sont beaucoup plus forts que lui. Et si cela a fait rire les balourds de l’UMP ses « bons » mots, ses insultes publiques, ses critique acerbes, ses mensonges, s’il a pu impunément attaquer violemment ses adversaires dans son parti, dans sa ville, dans la combat politique, il ne peut plus le faire au niveau international. Car dans ces autres pays, tous ses bons mots, toutes ses insultes ne font rire personne et dressent ces pays contre nous. Et ce capitaine qui a transformé notre France en Titanic, le dirige justement dans les eaux internationales vers des icebergs dont cette phrase concernant Zapatero n’en est que la pointe. Le danger pour nous, pour notre pays, c’est ce qu’il y a en-dessous. Et ce qu’il y a en-dessous c’est la vantardise infinie de ce gars, c’est son arrogance abyssale, c’est sa façon de se valoriser en dénigrant les autres. Et ce danger on le voit. Car nos commentateurs n’ont pas bien lu la presse internationale. Certes il y a la presse espagnole. Et on s’est focalisé à tort là-dessus, car le pire est ailleurs.
On nous vend un Sarkozy actif qui domine le monde. Mais lisez bien ces phrases :
- Dans un article au vitriol, le quotidien britannique The Guardian note que le chef de l’Etat, qui avait « déjà irrité ses homologues avec sa vantardise, les avait épuisé avec son hyperactivité et offensé avec sa tendance à envoyer des textos lors des réunions », s’est « surpassé ».
- Même ironie dans le Telegraph, pour qui « Sarkozy n’est pas connu pour son tact » et possède « une réputation de grossièreté ». L’article consacré par le quotidien aux sorties présidentielles est d’ailleurs titré « Nicolas Sarkozy insulte les leaders mondiaux autour d’un déjeuner ».
- "Stupide, immature, hors de propos : le jugement de Sarkozy sur ses homologues", titrait en Une le quotidien britannique The Guardian
- President Nicolas Sarkozy is well known for his blunt speaking and ascerbic observations. But even by his standards, insulting his American, Spanish and German counterparts – three of his closest allies – over a brief lunch is quite an achievement. (Financial Time)
Ce qu’il faut retenir de ces quelques extraits est, ma foi, primordial. 1- Ils ne parlent pas que de Zapatero, et de loin. Donc seuls les journalistes français se sont focalisés (et espagnols) sur cette affaire. Les autres ont remarqué qu’il n’y avait pas que cela. 2- Mais le pire c’est que ce que pensent ces journaux est antérieur à cette affaire : il avait déjà irrité par ses vantardises, offensé par l’envoi de textos lors des réunions internationales, ou aileurs il n’est pas connu (donc antérieur à cette affaire) pour son tact et possède une réputation (idem) de grossièreté et il est well known for his blunt speaking and ascerbic observations. Il ressort donc que son image et de longue date est extraordinairement négative, malgré ce que l’on veut nous faire croire. Son activisme n’est que fatigant. Mais il est vantard et très mal élevé. Cette affaire n’apporte rien, sinon qu’il s’est surpassé. Et en se focalisant sur le seul Zapatero c’est un contre-feu efficace car cela embrume tout le reste qui lui est permanent et profond. On détourne l’attention et on crée une polémique sur aiguë, faite de noms d’oiseaux, d’anathèmes alors que le gros de l’histoire est dans tout le reste et dans ces phrases citées plus haut.
Sarkozy doit avoir l’image internationale la pire de tous les présidents français. Je ne crois jamais avoir lu quoi que ce soit de pire. Souvent nous avons été traité d’arrogants. Mais jamais de vulgaire, de vantard. Jamais les chefs d’Etat étrangers n’ont été traités comme le fait Sarkozy lorsqu’il envoie des SMS devant le Pape, en Inde, lors des réunions internationales, jamais aucun autre chef d’Etat français n’a écourté les visites internationales pour aller retrouver sa Carlita à Cap Nègre (comme pour la Géorgie ou en Inde ce qui avait scandalisé tout le monde). Cette phrase est anecdotique mais emblématique de Sarkozy. Il considère tous les autres pour des nuls et le dit pour se valoriser. Cette phrase est sans importance en fait - bien qu’elle ait pris une importance majeure, et dans ce fait j’espère que ce scandale aura été révélateur, mais je n’y crois pas -, elle n’est qu’un reflet, c’est tout le reste, tout ce qui est derrière qui est le pire.
Pauvre de nous. Le Titanic ne s’en est pas remis. Espérons que la France ait plus que des cloisons étanches qui ne fonctionnent pas.
Vignette Zapatero Wikipédia