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Le malaise français

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Il suffit de rentrer de l’étranger pour se rendre compte qu’il y a quelque chose qui cloche en France. Ici, tout est plus compliqué, les rapports sociaux sont beaucoup plus tendus, les moindres sentiments sont exacerbés et portés à incandescence. D’où vient le problème ? Il suffit de comparer avec les autres pays pour s’en faire une petite idée. Ailleurs, la cohésion de la société est assurée par une institution supérieure, stable et apaisée, qui domine les contingences et les mesquineries de la vie quotidienne. Il s’agit de la Reine en Grande-Bretagne, de l’Empereur au Japon, de la constitution aux États-Unis, etc. En France, nous n’avons rien de tout cela, le citoyen est le dépositaire ultime de la souveraineté nationale, et en tant que tel il est jeté sans le moindre filtre dans toutes les tempêtes de la vie publique. C’est ce qui explique la brutalité de la vie publique française et la fébrilité générale de notre société.

Pourtant, en prenant un peu de hauteur, on s’aperçoit que la France, comme les autres nations, est elle aussi habitée par un idéal qui dépasse ses simples intérêts à brève échéance. C’est un idéal de vertu, de justice, d’indépendance également. Un idéal qui ne comporte rien de transcendant (c’est là son originalité), et dans lequel le politique domine tout le reste. Cet idéal n’est pas apparu avec la France, nous l’avons hérité, et il nous vient directement de la Rome antique. S’il y a une nation qui peut légitimement se réclamer du modèle romain, ce n’est certainement pas l’Italie catholique, c’est bien la France. De nombreuses raisons historiques expliquent sans doute ce fait. On pourrait évoquer la ferveur avec laquelle la Gaule conquise a adopté les usages romains, de sorte que les Gallo-romains ont perpétué les principes et le mode de vie de Rome longtemps après que les invasions barbares eussent brouillé les choses en Italie ; on pourrait évoquer le fait que c’est Clovis qui a emporté la dernière enclave de l’empire romain en 487 à Soissons, et qu’il a déposé à cette occasion Syagrius, l’ultime souverain de Rome, de sorte qu’il y a continuité parfaite entre l’empire romain et la nation française, comme il y en avait une entre Rome et Troie par l’intermédiaire d’Énée, dernier des Troyens et premier des Romains. Mais c'est surtout dans le caractère sacré qu'ils attribuent à la chose publique que les Français descendent des Romains. Les frasques sexuelles ostentatoires d’un Berlusconi seraient inconcevables en France, où le président de la République est l’héritier des graves consuls de la République romaine. Il est aisé de déduire de tout ceci les qualités que les Français recherchent chez leurs dirigeants : ils veulent que ceux-ci manifestent ce que les Romains appelaient l'imperium, c’est-à-dire la souveraineté, la capacité de dominer les circonstances. La grande popularité dont a joui et dont continue à jouir chez certains l’ancien président Nicolas Sarkozy s’explique par le fait que, malgré son impuissance patente et sa malhonnêteté foncière, il possédait au plus haut degré les apparences de cet imperium, cette faculté de trancher, d’imposer sa volonté aux autres. De même, c’est parce que François Hollande est totalement dépourvu d’imperium, parce qu’il n’y a plus rien en lui de romain, qu’il est si impopulaire. Les Français veulent être dirigés par un César (peu scrupuleux mais efficace) ou par un Caton (austère mais vertueux) ; dans tous les cas, ils veulent mettre du sens dans l’action publique, et c’est parce que la politique n’a plus de sens qu’ils ont perdu tous leurs repères depuis tant d'années.

Si l’on prend ceci en considération, on s’apercevra que le malaise français est facile à expliquer. Les Français ont oublié leur vocation. Ils ont été séduits un temps par le modèle anglo-saxon, la dérégulation et le communautarisme. Après avoir éprouvé bien des déconvenues, ils sont perdus, ils ne savent plus qui ils sont ni ce qu’ils veulent. Il leur suffirait pourtant de relire la description que donne Tite-Live de la nation romaine dans les premières pages de son Histoire de Rome pour se reconnaître, ou du moins pour reconnaître leur propre idéal : « Aucune nation n’a montré plus de grandeur, plus de vertu, et n’a prodigué plus d’exemples profitables ; aucune cité n’a accueilli aussi tardivement la cupidité et le vice, aucune n’a tenu si longtemps la pauvreté et l’épargne en honneur. »

Maintenant, quelle issue peut-on trouver à ce désarroi ? Le sursaut, on le sent, ne peut venir que d’une refondation complète de notre pacte social. Cette refondation doit être incarnée par un homme, car en France le peuple ne consent aux grandes mutations que lorsque celles-ci prennent le visage de responsables auxquels il accorde sa confiance. Il faudrait que ce dirigeant possède les vertus romaines, c’est-à-dire françaises, au premier rang desquelles la probité ; qu’il soit courageux, indépendant, volontaire ; qu’il soit cultivé, car en France rien ne se fait sans la culture ; il faudrait qu’il ait des origines plutôt modestes dans la situation de crise que nous vivons, qu’il possède un lien avec la terre, qu’il ait été agriculteur par exemple, comme Cincinnatus, comme Caton l’Ancien ; il faudrait également que nous ayons enfin un dirigeant qui connaisse un peu l’histoire romaine, qui ait enseigné le latin par exemple, ou même qui soit agrégé de lettres classiques. Alors seulement la France retrouverait ses valeurs profondes, qui n’ont rien à voir avec celles de l’argent. Un tel homme politique existe-t-il en France ?


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35 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 17 décembre 2012 10:06

    À l’auteur :
    «  Un tel homme politique existe-t-il en France ? »
    NON ! ! ! Hélas...


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 17 décembre 2012 10:31

      Addendum :
      Il n’existe même pas un groupe d’hommes politiques réunissant les qualités que vous espérez.


    • jaja jaja 17 décembre 2012 10:51

      Il n’y a pas de sauveur suprême, ni César ni tribun, producteurs sauvons nous nous-mêmes....

      Partage du temps de travail et partage des richesses ne seront possibles que par la Révolution et jamais donnés par les urnes et donc par le pantin élu par les médias que les capitalistes manipulent dans les coulisses de la République....


      • le cathare 17 décembre 2012 11:05

         oui on a Jean Marie LEPEN


        • Gollum Gollum 17 décembre 2012 12:38

          Pas vraiment d’accord avec votre texte sur plusieurs points.. Je ne crois pas que la Gaule ait accepté de gaîté de cœur d’être romanisée comme vous le laissez entendre.. Pour une raison bien simple : il y a un abîme entre l’esprit gaulois, très en symbiose avec la nature, farouchement individualiste et l’esprit romain, beaucoup plus matérialiste, beaucoup plus proche de l’esprit moderne pour faire au plus court... d’où le fait d’ailleurs que ce sont eux qui l’ont emporté..


          Les gaulois ont eu le culte du chef dès Vercingétorix, non pas que ce fut dans leur nature, mais celui-ci, soutenu par le peuple, était la quintessence du peuple, qui ici s’était rassemblé pour faire face à la puissance romaine. En aucun cas ils n’ont le culte de César. César s’impose au peuple par en haut. Vercingétorix était en haut soutenu par le peuple. Les deux mouvements sont contraires..

          La tradition des Rois de France continuait cette tradition gauloise. D’où le fait que le Roi était généralement aimé du peuple, même Louis XVI était encore aimé peu de temps avant son exécution.. 

          Qui aime son président de la République française aujourd’hui ? Bien évidemment quasi personne...

          Par contre je suis d’accord avec vous là-dessus : Les Français ont oublié leur vocation. Ils ont été séduits un temps par le modèle anglo-saxon, la dérégulation et le communautarisme. Après avoir éprouvé bien des déconvenues, ils sont perdus, ils ne savent plus qui ils sont ni ce qu’ils veulent.

          Effectivement les Français sont perdus car le monde apatride, financier anglo-saxon a gagné.. La grandeur de la France n’a été telle que pendant la longue lignée royale mise à bas par la caste des marchands qui a fomentée et financée la Révolution afin de prendre la place... 

          Le destin de la France n’est pas dans le monde de l’argent. Il est ailleurs.. Aux français de découvrir cela.

          • Laconique Laconique 17 décembre 2012 18:20

            Je vous remercie pour vos remarques, Gollum. Je vous concède volontiers que l’adoption par les Gaulois du mode de vie romain ne s’est sans doute pas faite de manière aussi indolore que je le sous-entends dans l’article. Mais force est de constater que les souverains français se sont bien plus identifiés aux Romains qu’aux Gaulois dans l’histoire. Il n’y a qu’à contempler leurs portraits : tous les symboles romains sont là, le laurier, la pourpre, etc. Louis XIV s’identifiait à Auguste, Napoléon I et III s’identifiaient à Jules César, etc. Le modèle romain a apporté au pouvoir français un idéal de rationalisme, de centralisation et d’autorité qui n’a jamais été remis en cause. On peut critiquer cet idéal, et je comprends que les natures intuitives comme la vôtre préfèrent la sagesse millénaire des Gaulois à la discipline un peu obtuse des Romains, mais la culture classique française est tout entière issue de la seconde, pour la bonne raison que les seuls textes qui nous restent sont latins ! Vous parlez de Vercingétorix, mais tout ce qu’on sait de lui c’est aux Commentaires de César qu’on le doit, ne l’oubliez pas. Après, c’est une question de goût et de sensibilité bien sûr…


          • Gollum Gollum 17 décembre 2012 19:25

            Ce que vous dites n’est pas faux effectivement. Louis XIV s’identifiait clairement à Apollon aussi, figure solaire s’il en est. 


            Mais la notion de royauté française est plus issue de celle de David que de celle de César. Même si je le concède une figure comme celle de César a été récupérée (La langue de l’Église, le latin, n’y est pas étrangère bien évidemment..).. M’enfin cela est logique ce sont des figures solaires dans tous les cas..

            Il n’empêche que les Rois de France pratiquait le lavage des pieds afin d’imiter le Christ. On voit mal César dans la Rome antique faire la même chose..

            Il y a donc bien un énorme décalage à la base. Le Roi était d’ailleurs relativement accessible au peuple alors que je doute que César le fut. Je ne suis pas assez historien pour trancher ici. Mais à mon sens l’influence du christianisme a été l’élément majeur d’humanisation des Rois..

          • Laconique Laconique 17 décembre 2012 20:49

            Oui, l’image de la monarchie française est issue d’un syncrétisme en somme... Ce que vous dites sur l’influence du christianisme est intéressant, j’avais lu quelque part que Pépin le Bref s’était effectivement appuyé sur le modèle de David et sur les Livres de Samuel pour forger sa légitimité après l’effacement des Mérovingiens. C’est dur de vous coincer, Gollum !


          • alinea Alinea 17 décembre 2012 22:29

            C’est que vous confondez « pouvoir et »peuple" laconique !


          • Captain Marlo Pilou Camomille 20 décembre 2012 08:15

            Probité, culture, courageux, indépendant et volontaire, cet homme là existe, c’est François Asselineau.... Pour un Nouveau Conseil National de la Résistance, pour que la France retrouve son indépendance, pour la sortie de l’ UE, de l’ euro et de l’ OTAN !!!


          • Romain Desbois 20 décembre 2012 08:34

            Refaire une virginité à Asselineau alors qu’il a été des années l’acolyte de Pasqua ! Vous vous moquez du monde ?


          • joelim joelim 17 décembre 2012 12:50

            Il y a bien Asselineau, mais il est quasiment interdit d’antenne. On se demande bien pourquoi. smiley 


            • non667 17 décembre 2012 16:17

              à joelim
              asselineau = monsieur depuis peu = sous marin ump financé pas les mêmes pour grignoter quelques % au F.N. itou dupont aignan ,de villiers !
               même but pour mélanchon à gauche !


            • fanc 17 décembre 2012 17:39

              d’ailleurs il est tellement bien financé qu’il passe jamais à la télé.... n’importe quoi... regardez ces conférences et vous comprendrez bien qu’il n’est pas financé.


            • ZenZoe ZenZoe 17 décembre 2012 12:58

              Bon article tiens, donne à réfléchir sans se focaliser sur un fait divers ou une personne en particulier. Rafraîchissant.
              Quelle sorte de chef veulent les Français ? Ma foi, je crois qu’ils veulent un héros et un guide, en toute simplicité. Quelqu’un qu’on admire et qu’on peut suivre les yeux fermés, point. De Gaulle par exemple, on n’a pas fait mieux depuis. La preuve, beaucoup de ses successeurs le prendront pour modèle - sans arriver à sa cheville.
              Le problème, c’est qu’un héros a besoin de circonstances tout à fait extraordinaires pour émerger, une guerre par exemple. Hum...


              • bnosec bnosec 17 décembre 2012 13:14

                Je cite la première phrase de l’article :
                « Il suffit de rentrer de l’étranger pour se rendre compte qu’il y a quelque chose qui cloche en France »

                Effectivement, il suffit de prendre le RER pour se rendre de l’aéroport à Paris, surtout si ce n’est pas l’heure d’embauche ou de débauche des franciliens. Là le contraste est frappant !


                • volt volt 17 décembre 2012 13:17

                  Superbe.

                  Mais comment oublier que le premier acte du quinquennat nicolaïte fut un divorce… Comment ignorer que ses frasques judiciaires flirtaient parfois avec le berlusconisme le plus criant…

                  Quant au « caractère sacré que les Français attribuent à la chose publique », il est possiblement enraciné tel que vous le rapportez, mais il demeure impossible de passer outre une « usure médiatique » qu’on ne saurait compter pour accidentelle.

                  Par conséquent, on comprend mal pourquoi vous conditionnez l’idée de refondation à son incarnation par un homme providentiel ; l’histoire récente vous donnerait raison sur deux cent ans... Au-delà justement, il y a rupture – et célèbre, question Fondations -on pourrait craindre que cette mémorable repercée du grec dans le latin ne soit ainsi encore une fois évacuée.

                  Mais vous ne semblez fonder votre idée phare du « latiniste providentiel » (merci pour le fou rire) que sur ce préjugé, évacuant presque toute une Révolution Française, qui consiste à poser que : Le peuple de France « ne consent aux grandes mutations que lorsque celles-ci prennent (…) visage ». Voilà qui nous ramène au tout début de votre propos : la Reine, l’Empereur, ou son absence…

                  Sauf que cette « centralisation du visage » n’est pas la seule solution figurant au programme : Ce n’est pas du fait de la Reine qu’un Anglais vous répond dans la rue autrement que le Français qui vous rabroue pour un rien. Si les inventeurs du mot « bonjour » en ont tellement perdu le plein emploi, ils ne souffrent pas tant d’une vacuité au sommet du pouvoir, que plutôt d’un reproche portant sur leur propre socialité peut-être ? En cela je tiens votre proposition de suturation providentielle par le haut pour le signe exact de cet irrésolu de la base…


                  • travelworld travelworld 17 décembre 2012 13:31

                    Pierre Mendès France avait toutes ces qualités, hélàs, il n’est plus !!!


                    • ecolittoral ecolittoral 17 décembre 2012 14:36

                      Les gaulois ne veulent pas de romain.

                      Les gaulois veulent un chef qui leur foute la paix.
                      Et un sage qu’ils écoutent avec attention.
                      Les gaulois se chamaillent.
                      Les gaulois se font embobiner par les Césars et devins de tous poils...jusqu’au jour ou ...
                      RELISEZ LES ALBUMS D’ASTERIX ! 
                      Vous verrez qu’ils correspondent parfaitement aux quatre premières lignes de l’article.

                      • fanc 17 décembre 2012 17:43

                        pas faux mais de là à citer Astérix franchement..... vive la culture historique


                      • paul 17 décembre 2012 14:41

                        « Ailleurs, la cohésion est assurée par une institution supérieure, stable et apaisée, qui domine les contingences et les mesquineries de la vie quotidienne » .

                        Parlez en aux espagnols, aux italiens, aux portugais, aux grecs, et même aux anglais ou aux étatsuniens avec leurs 50 millions de pauvres : leurs tueries à répétition ne traduisent elles pas un très léger malaise dans leur société ?
                        C’est le malaise des démocraties, trompées par leurs élites, qu’elles soient politiques ou économiques ( ENA, na na nère ) : logique de castes, et profondes inégalités des revenus .
                        Sans oublier nos deux derniers présidents + leurs ministres qui ont des ennuis avec la justice ....
                        Le tout favorisé par des médias- toutous avec les Barbier, les Giesbert , pour endormir le bon peuple devant sa télé .
                        Article décliniste si vous pensez à une spécificité française .
                        Attendre l’imperium et l’homme providentiel, on peut attendre encore longtemps .


                        • julius 1ER 17 décembre 2012 16:25

                          comme quoi ils y en a qui vivent dans leur microcosme et qui prennent leurs désirs pour des réalités !


                        • julius 1ER 17 décembre 2012 16:19

                          non les français veulent autre chose que des mensonges, quand on leur annonce par exemple que l’avenir c’est la voiture électrique vendue par C Ghosn, ils ont raison car le système proposé

                          ce sera 35 réacteurs nucléaires en plus, aussi les Français ont raison de se méfier des démagos, des faux- prophètes ce qu’ils veulent c’est de la transparence, du droit mais pas celui du plus fort et surtout des perspectives et des choix clairs avec argumentation et contre-argumentation en clair de la vérité pour adhérer à des choix véritables qui tracent un avenir et pour le pays et pour l’europe, en définitif tout le contraire de ce qui perdure ici et maintenant...........

                          • Montagnais .. FRIDA Montagnais 17 décembre 2012 16:52

                            Beau texte, plein de culture, qui me fait penser à un autre beau texte lu récemment..


                            - Les Allemands.. du Père Didon, circa 1880.. qui explique le génie comparé des deux peuples..

                            Belles observations chez vous : « Aucune nation n’a montré plus de grandeur, plus de vertu, et n’a prodigué plus d’exemples profitables ; aucune cité n’a accueilli aussi tardivement la cupidité et le vice, aucune n’a tenu si longtemps la pauvreté et l’épargne en honneur. » ..ça qu’est essentiel ! Là notre ultime vocation.. si on peut..

                            Plus consternant, plus questionable..

                            « On pourrait évoquer la ferveur avec laquelle la Gaule conquise a adopté les usages romains » qui donne immédiatement : 

                            ..qui se traduit aussi..

                            « On pourrait évoquer la ferveur avec laquelle la France conquise a adopté les usages américains » 




                            On dirait que vous avez pas noté que les conditions historiques ont radicalement changé, qu’on est au bord de la Kehre annoncée par Heidegger..

                            - que le monde dans son ensemble, pas que la France, qui existe plus au passage, a été métamorphosé « anthropologiquement », fondamentalement, que dans presque tout l’ensemble, les bipèdes ont été tournés zombis

                            - que tout ce qu’on pouvait penser - les penseurs je veux dire, y’en a pas beaucoup - n’a plus du tout cours pour appréhender les questions philo, anthropo, politico, socio.. actuelles

                            - que ce monde livré à Mammon et à la société marchande, et à l’industrie de l’amusement public, et à l’omnipotente industrie de la réclame, et au sport spectacle, et à la pire complexification technologique jamais réalisée, et à la pire emprise du spectron, et à la pire entreprise de destruction du substrat des humains - ou humanoïdes désormais.. ne promet qu’un avenir, très prochain : le chaos généralisé.

                            - que le crétinisme et l’illettrisme, comme le béton et le continent de plastique et d’excréments gagnent chaque jours de nouveaux millions d’arpents. 

                            Le diagnostic se continuerait sur 100 volumes..

                            Il est vrai que dans l’antique noblesse de pensée on peut encore s’inspirer..

                            Parcere subjectiset debellare superbos

                            ..pour ne citer que. Bonne idée, non ?.. toujours d’actualité.

                            Pour revenir à votre sujet, si la France - ou ce qu’il en reste - prenait la tête de la Kehre, du basculement, cul par dessus tête, bottes au cul aux puissants corrupteurs ?..

                            .. prenne la tête du mouvement des déserteurs, s’il est encore temps..

                            Retournement. Bien plus exigeant que « le partage des richesses » dont on se contrefout. 

                            Bien cordialement.

                            www.adbusters.org / Buy Nothing Xmas

                            • easy easy 17 décembre 2012 18:49


                              Vous commencez bien, vous finissez bien, mais c’est subjectif

                              Le reste, qui aurait pu être objectif, est faux ou mythe
                              Vous me semblez tracer un sillon pour quelqu’un


                              Il y a vraiment une différence de tension entre le peuple vietnamien pourtant coincé par un appareil communiste et le peuple français. Ici les gens ont des rapports très tendus et ça ne date pas de l’arrivée des Eux comme l’écrivent certains ici.

                              Un peuple dont les enfants doivent apprendre par coeur une conjugaison aussi délirante qu’inutile n’enseignant strictement rien d’autre que le savoir par coeur, qui génère donc une élitisme par le savoir, n’est pas un peuple soudé de manière populaire.

                              Le ciment français actuel c’est un peu les Koh Lanta et autres Intervilles ou Tour de France qui l’offrent mais c’est surtout une pleïade de beaux causeurs qui ne sont pas là pour dire ce qu’ils aiment ou ce qu’ils n’aiment pas mais ce qu’il faut faire. Ce sont des professeurs.

                              Or, en aucun cas, un contexte professoral, universitaire, ne peut porter à la sympathie, à l’amitié, à la décontraction, à la rigolade (sinon, bien entendu, en réaction de cancre qui n’en peut plus et qui grimpe aux rideaux de la classe)


                              Nous sommes dans un pays où il faut une permission pour dire à quelqu’un qu’il est un ami. On ne peut pas passer au Tu de proximité sans autorisation (sauf en passant au Tu du mépris). Ici, on doit passer ds années à côté de collègues qu’on doit vouvoyer pour maintenir une distance (c’est bien comme ça qu’on dit, docteur ?)


                              Je passe directement à la fin où vous avez encore raison non forcément sur les causes mais en tous cas sur le constat que le Français, comme tous les peuples, a besoin d’un chef charismatique (c’est plus adapté à notre époque et à notre démocratie qu’imperium qui fait, justement, prétentieux)

                              Tous les pays ont besoin d’un chef légitimé soit par un quelconque droit naturel, soit par sa force martiale, soit par son charisme versant dans le « sourire à l’épreuve des balles »
                              L’idée de tous les peuples c’est que si le chef tient bon, ça va.
                              S’il craque, ça ne va plus. 

                              Le peuple en vient partout à protéger même un chef qui aurait pris le pouvoir par la force et qu’il n’aurait pas aimé a priori.
                              Une fois qu’un type est au pouvoir, il y a une masse significative qui accourt pour le protéger.
                              C’est un grand classique.




                              Là-dessus s’ajoute le cas des chef au pouvoir par la seule grâce des urnes.

                              Dans ces cas là, la patience joue d’avantage « Il n’est pas terrible mais on va voter autrement la prochaine fois »
                              Il n’y a donc ni nécessité de protéger au jour le jour le chef au pouvoir, ni rage à le virer.
                              On patiente, rien de plus.
                              Dans les démocraties, le regard vers le chef est souvent un regard patient donc mou, peu dynamisant. Attendre, attendre, attendre, le prochain ce sera mieux, ah ban non, bon bin ce sera le suivant alors...

                              Dans les démocraties les plus modernes, il y a un différentiel entre le regard qu’ont les gens sur leur mainstream (qui évolue vite puisqu’ils ont le droit d’exprimer des opinons variées) et leur chef. Il n’y a pas raccord entre le chef et les moeurs. Les moeurs avancent plus vite que les chefs. Les chefs sont à la remorque des actions populaires, ils n’ont pas l’initiative.

                              Au Vietnam, pour reprendre une comparaison offrant une perspective, le peuple étant coincé par un régime communiste sans fin, il n’attend rien de lui, ne le calcule pas et se démerde directement dans le allstream (dans le courant de toutes les pensées circulantes)

                              Le gouvernement prend tout de même des initiatives mais le peuple court beaucoup plus vite que lui. Le gouvernement est constamment débordé, aux abois si l’on veut forcer la trait. La dynamique du peuple s’impose au gouvernement qui déboule toujours après la bataille en feignant avoir eu l’initiative.

                              Le résultat est que le peuple, quoique toujours pauvre, se marre de dominer le régime (PIB en croissance de 6%).
                              Une habitation tube 2 étages de 80 m² dans Saigon, plutôt centre, vaut aujourd’hui 1 million de dollars 
                              Les gens s’appellent tous par quelque tonton, tata, petite soeur, grand-frère...Même un orphelin vendant des clopes dans le rue est hellé et désigné de manière familiale, petit -frère.
                              C’est vraiment une autre ambiance qu’ici.



                              Le milieu de votre papier, je ne le corrige pas, ce serait sans intérêt



                              • Jason Jason 17 décembre 2012 18:59

                                « En France, nous n’avons rien de tout cela, le citoyen est le dépositaire ultime de la souveraineté nationale, » Non, au contraire, on le lui fait croire. Et c’est là que commence l’immense quiproquo, pour ne pas dire la mystification et l’arnaque.


                                • volt volt 17 décembre 2012 21:33

                                  quoi de meilleur, deux cents plus tard, qu’un bon débat quasi bonapartiste/carliste... On peut s’étonner cependant que le plus brillant commentaire lu sur ce fil ait soudain disparu.


                                  • volt volt 17 décembre 2012 21:37

                                    oh ! désolé le revoilà, mes connections sont à revoir...


                                  • alinea Alinea 17 décembre 2012 22:26

                                    Ne dois pas être très française alors !


                                    • Jason Jason 17 décembre 2012 23:30

                                      Vous simplifiez énormément les différentes phases de l’histoire politique de la France. La France d’aujourd’hui, dans ses frontières, n’a été établie que très péniblement au cours des siècles qui ont suivi l’effondrement de l’empire romain. Et ses déboires politiques sont variés. Il y a eu des rois de toutes sortes et des chefs divers avec des gestions de territoires aux formes multiples.

                                      Et puis, les Gaulois étaient des Celtes venus de ce qui est aujourd’hui l’Allemagne. Le nom de Celte étant dérivé du grec, lesquels grecs étaient présents su le territoire français bien avant les romains (environ 400 ans), et gaulois étant le nom donné par les romains aux mêmes populations tribales ou claniques. Evoquer un esprit gaulois, une culture gauloise, comme vous le faites, me semble très hâtif.

                                      Le latin était, et est resté pendant 4 ou 5 siècles la lingua franca dans tout ce qui restait de l’Empire. Il faut attendre le court texte du Serment de Strasbourg en 842 (entre les neveux de Charlemagne), première attestation de l’existenced’une langue romane, pour voir apparaître des rudiments de français. Les populations de la Gaule étaient au moins bilingues. Le latin ne jouait un rôle que dans l’Eglise et pour une administration très rudimentaire.

                                      La France d’alors fut traversée par les Gots (venus du golfe de Suède), sans compter la pression constante des peuples à l’est de la Gaule. N’oublions pas que la France, avec la péninsule ibérique constitue l’extrêmité de l’Europe. Tout ce qui bougeait à l’est et au nord finissait par passer par la France, parfois pour finir jusqu’en Afrique du nord..

                                      Donc pas de transition harmonieuse, et intellectuellement bien commode, du régime romain au régime gaulois et avec les autres populations. La constitution de la monarchie française a été un tatonnement permanent dans son organisation et ses lois, et non une filiation comme vous l’indiquez. Vous suivez par là une sorte de propagande nationale des historiens du XIXème siècle qui ont mis en épingle la Gaule et les Gaulois. Les mythes ont la vie dure...

                                      Vous parlez de vertus romaines transvasées en vertus françaises. C’est un contresens historique et un raccourci inacceptable. D’ailleurs, votre article n’est qu’une suite de raccourcis commodes dignes du café du Commerce.


                                      • Jean-Louis CHARPAL 18 décembre 2012 00:04

                                        Tout ceci est bien gentil, érudit et savant, mais complètement à côté de la plaque.

                                        Tous les pays sont en proie à un logiciel économique et social unique et mondialisé.

                                        C’est la dictature des marchés, des spéculateurs et des banquiers, la sauvagerie économique et la barbarie financière qui oppriment et clochardisent l’Humanité toute entière.

                                        Aux Etats-Unis il y a 47 millions de pauvres, 12 millions en Allemagne, 8 millions en France.

                                        Tous les pays d’Europe sont en train de s’enfoncer dans une récession économique et une misère sans précédent.

                                        Il n’y a pas plus de sérénité en France qu’ailleurs.

                                        Tant que ce systèmen’aura pas mordu la poussière, l’angoisse, le désespoir et la peur du lendemain prévaudront partout, nonobstant les contextes historiques des uns et des autres.


                                        • franc tireur 18 décembre 2012 00:21

                                          L’article et les commentaires pointent formidablement le problème francais : fort en histoire,nostalgiques ,adeptes des interminables discussion de café riva gauche a refaire le monde ,mais nuls ,irrémédiablement nuls en économie et peut etre insolubles dans la mondialisation ,celle qui ne fait pas peur a nos voisins
                                          On a beau avoir les meilleures écoles de commerce, au pouvoir on a les talibans de l’économie,sortis du moule énarchique et de ses théories keynesianos collectivistes

                                          Oui le malaise francais existe il est la depuis que je suis né après le second choc pétrolier ,toujours ce mot « crise » depuis plus de 30 ans ,un climat anxyogène surlequel surfe une classe politique qui a besoin de se sentir utile .Cette France est triste,hystérique ,bref maniaco dépréssive

                                          L’histoire montre en effet que la France ne fut grande que guidée par les grands hommes,comme si les francais étaient voués a etre médiocres lorsqu on les laisse décider pour leur pays ,qu ils transformerait en cloaque ingouvernable(III et IVème république en symbole),en somme que donner trop de démocratie aux francais n’était pas un service a leur rendre

                                          La race des grands hommes n existant plus le pays va pourtant devoir apprendre la langue du compromis,du consensus ,la solution ne peut venir que de la
                                          Ou alors ,plus conformément a notre terreau ,notre histoire ,les changements nous seront imposés brutalement,de l’extérieur ,dans le cri et les larmes,ce qui n est pas a exclure étant donné la pente mortifère empruntée par le socialiste Hollande


                                          • Ruut Ruut 18 décembre 2012 06:20

                                            Seul un dictateur ou un monarque, sort une nation du chaos, une fois le chaos terminé, un régime plus souple est souhaitable.

                                            Les girouettes sont toujours la source de tous les maux.


                                            • Garrigue Garrigue 18 décembre 2012 09:48

                                              @ l’auteur

                                              Voyons voir faisons un tour de l’Europe :

                                              Grande Bretagne : L’Ecosse songe à prendre son indépendance

                                              Espagne : La Catalogne songe à prendre son indépendance

                                              Belgique : Il existe toujours une grande tension entre Flamands et Wallons et les Flamands songe toujours à leur indépendance.

                                              Avec seulement 3 exemples proches on voit qu’il n’y a pas qu’en France qu’il y a quelque chose qui cloche. Au fait, avez vous entendu parler du Texas ? Pour une part grandissante de la population texane une sortie de l’Union est envisageable ... Allez un petit dernier pour la route ? Au Canada le Quebec revendique de plus en plus son indépendance ...

                                               


                                              • Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 19 décembre 2012 14:00

                                                Bonjour !

                                                A lire le titre de votre billet ainsi que les trois premières phrases, on s’attend à une autre analyse de la situation que celle du rapprochement que vous faites avec l’Empire romain et surtout de la nécessité pour la France de trouver un homme providentiel en tant que dirigeant suprême.

                                                Pourquoi donc la France aurait-elle besoin d’un homme providentiel à sa tête, alors que la Constitution actuelle de la Vème République fait précisément appel à un Président omnipotent, autant dire à un monarque élu ? De fait la France est actuellement une sorte de monarchie élective et c’est peut-être précisément là, dans cet anachronisme institutionnel presque unique, qu’il faut rechercher les maux que vous décrivez.

                                                A mon humble avis, la source du mal viendrait plutôt de la Constitution de la Vème République, totalement inadaptée à la situation actuelle, que dans la vaine recherche d’un homme providentiel, autant dire d’un monarque élu par à peine plus de la moitié des électeurs.

                                                La Constitution actuelle date de 1958, une époque instable et troublée (Guerre d’Algérie notamment) pour la France qui détenait précisément un homme providentiel auquel il fallait tailler un costume sur mesures. Ce costume c’est la Constitution actuelle et l’homme fut le Général de Gaulle. Mais aujourd’hui, plus de 50 ans plus tard, la France a beaucoup changé, la situation s’est apaisée, la France est fortement intégrée à l’UE, l’économie s’est ouverte, la nature des problèmes n’est plus la même.

                                                Aujourd’hui n’est-il pas temps de changer de Constitution pour s’adapter à notre époque ?

                                                Pourquoi donc les Français devraient-ils aujourd’hui encore se voir confisquer leurs droits démocratiques ?
                                                 Les Français, au même titre que les autres Européens, sont des adultes parfaitement capables de discernement, ce sont des êtres matures qu’il faut associer plus étroitement aux choix politiques, qu’il faut responsabiliser. Or c’est exactement l’inverse que vous préconisez dans votre billet en appelant de vos voeux un « homme providentiel », un père de la Nation en quelque sorte.
                                                Votre vision de la gouvernance de la France est une vision passéiste. C’est surprenant pour quelqu’un qui rentre de l’étranger.

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