Le « mariage pour tous » ? Garder le « couple souche » de l’Humanité, et le droit de s’aimer pour tous…
Après un silence étrange attestant d’une certaine auto censure des opposants au concept de « mariage pour tous », le vrai débat attendu s’agissant d’un sujet outre passant en soi le cadre du « politique » serait-il enfin de mise ? Comme le Parisien l’annonçait récemment le président de la République « n’y croit pas tant que ça » lui-même. L’ancien Premier Ministre Lionel Jospin, dont chacun sait l’intégrité et le « parler vrai » cher à un de ses prédécesseurs, se voyait même obligé de rappeler à la préservation de la « cellule souche » de l’Humanité constituée par l’union de l’Homme et de la Femme. Au-delà de l’opposition largement rassemblée dans son refus de mettre fin à la structuration ancestrale du mariage, les doutes surgissent ainsi au sein même de la majorité. Alors ?
L’égalité en droit de tous les citoyens étant ici réaffirmée et la condamnation la plus ferme de toute forme d’homophobie pareillement renouvelée, l’urgence est là de resituer cette question de façon plus apaisée, et précise. Le mariage aujourd’hui ? La population homosexuelle au sein de la communauté nationale ? Quel est le rôle du politique au croisement de l’intérêt général et des revendications particulières ? Redéfinir un « contrat d’union » différencié pour une partie de la population marquant précisément par une sexualité différente ? Bien sûr « le droit de s’aimer pour tous », quel que soit le sexe, ne saurait faire débat. Les sentiments relevent de la vie privée de chacun.
De la dernière étude de l’Ifop, significative pour avoir été suffisamment précise et large, il ressort que 6,5% des interviewés se définissent comme « bisexuel(le) » (3%) ou « homosexuel(le) » (3,5%). Si l’on applique ces statistiques à l’échelle de la population française de 18 ans et plus, la France compterait ainsi 3,2 millions d’individus affirmant ou reconnaissant une part d’homosexualité. A noter que cette population se distingue du reste du peuple par une surreprésentation masculine Elle serait en effet aux deux tiers constituée d’hommes (67%). Une donnée à prendre en compte.
Autre différence notable par rapport à la population générale, la communauté « bi » ou homosexuelle serait essentiellement inscrite dans la jeunesse. On recense une proportion supérieure de personnes âgées de moins de 50 ans (68%, contre 55% chez les hétérosexuels). Gardons ce chiffre de 3,2 millions de personnes, sans exclure une variation légère renvoyant à la discrétion, pudeur ou évitement des personnes sondées.
Rappelons que l’Insee évaluait la population française à 65,4 millions de personnes le 17 janvier 2012. La densité de cette population doit-elle entrer en compte dans le débat ?
Selon Michel Bozon (La Découverte) la méthodologie pour comptabiliser la population homosexuelle manquerait de fiabilité. Il affirmait récemment « qu’il y a toujours un écart énorme entre les personnes qui se définissent comme homosexuelles et celles qui disent avoir des pratiques homosexuelles, et il y a encore plus de personnes qui se reconnaissent dans le critère “attirance envers”. Il ajoutait « on cherche à nous minorer, nous effacer ”. Bref, il y aurait en France moins de 1% d’homosexuels si on retenait le critère choisi par les Anglais de l’ONS. Nicolas Gougain de l'inter LGBT cité il y a peu par le journal "Têtu" estimait d’ailleurs que « connaître le nombre d’homosexuels en France n’a pas grand intérêt, il est inutile de mesurer le nombre de personnes concernées pour avancer sur la question de l’égalité des droits ».
L’égalité des droits ? Elle est nécessaire et légitimement revendiquée. Exige t-elle de voir des tendances sexuelles différentes s’unir dans un « cadre » pré défini depuis des lustres pour d’autres types de relations ? Cette question de « bon sens » n’aurait pas à être posée ?
Selon le même article du Parisien préalablement évoqué, des enquêtes réalisées par l’entourage du président assureraient d’un « trouble » croissant dans notre pays portant sur la reforme envisagée. Peut-on ainsi modifier six mois après une élection, donc après un non débat hors les assemblées, le socle même de la société française, la famille, à travers le couple (sans insister sur le « droit à l’enfant » ou adoption conjointement réclamés), autant dire reconfigurer la relation inter-citoyenne dans sa globalité ? Doit-on redéfinir un cadre général datant de plusieurs millénaires, voire, depuis que le monde est monde, pour satisfaire les exigences d’une frange de la population ? Cette dernière n’en reste pas moins recevable dans l’écoute et la prise en compte de tous ses souhaits. Répétons le, ces sujets exigent le plus grand respect. Et l'Homophobie ne sera jamais assez combatue.
Pour tout ce qui relève de l’intime, de la parentalité, du destin des êtres les plus fragiles que sont les enfants forcément concernés par de tels « sujets de société », peut-on encore affirmer qu’il s’agisse de « Politique » au sens habituel ? Difficile de ne pas comprendre ceux qui réclament un référendum, même si cela serait constitutionnellement impossible à organiser. Par la même, gardons nous de commenter les égarements de certains « intellectuels » voguant en toute irresponsabilité dans une pseudo « néo théorie des genres » tendant à rendre « culturels » les deux seuls organes sexuels existant à ce jour selon la seule Loi incontestable, celle de la Nature. Cette constatation objective « de base » ou de bon sens, n’exempte pas du plus profond respect Humain à accorder aux personnes naissant avec certaines particularités anatomiques ou psychologiques.
Oui, l’essentiel du débat ne se trouve t-il pas dans cette aberration de prétendre « légiférer » de façon générale sur l’intime, le particulier ? Le « droit à s’aimer pour tous » étant incontestable et ne dépendant d’aucune législation, ne devrions nous pas en rester au cadre structurant et « initial » du mariage tel qu’il est, tout en permettant à tous les amoureux du monde de se réunir ou s’unir le cas échéant au travers d’autres formes de « couple » ? Garder au mariage sa dimension sacrée et civilisationnelle, en élargissant par ailleurs la diversité des cadres « conjugaux » ? Entre la notion et réalité du couple et le cadre ancestral du mariage, ce débat n’est pas sans alimenter bien des confusions, jusqu’à contraindre un ancien premier ministre socialiste occupant une place prépondérante, à rappeler que la permanence de l’Humanité repose sur la seule union "Naturellement" procréatrice, celle qui voit l’homme rencontrer la femme. Oui, répétons le.
Bien sûr, la tentation demeure pour l’Homme de s’autoriser à « charcuter » la Vie même en laboratoire, de tenter de créer artificiellement des créatures humaines. Peut-on avoir « droit à des enfants » comme à la carte vitale ? Pourquoi ne pas accepter que la Nature n'en permette pas toujours ? Nature, Culture... Face à la Vie nous n’avons tous que des devoirs. Il ne serait pas permis d’être heurté face à la marchandisation accrue des enfants à travers la rémunération facilité de ventres pour les porter ? Quoi qu’il en soit, nous touchons ici à des « domaines » infiniment plus que « politiques ». Alors ?
Le peuple dans son ensemble devrait à nouveau avoir son mot à dire, l’élection d’un président ne signifiant pas l’approbation de son programme jusque dans le moindre détail, et ce qui nous occupe n’en est pas un. Chacun sait bien le « jeu » politique et les aléas du vote, parfois entre deux hypothèses non réellement souhaitées, quand voter conduit le citoyen à « éliminer » ou choisir ce qu’il estime être « le moins pire » dans l’offre. Affirmer que durant les dernières élections présidentielles les citoyens aient majoritairement approuvés le programme de l’élu à la virgule prés relève d'une grande mauvaise foi. Une telle question « de Vie » exige de consulter directement ou indirectement le peuple.
Un homme d’état se révèle aussi dans l’insoumission à son propre camp, voire, à l’opinion majoritaire. La disparition de la peine de mort permise par le président Mitterrand peut aussi recevoir cette interprétation. Gouverner dans l’intérêt général ou « sociétal » induit forcément le fait de ne pas satisfaire pleinement les exigences de corps sociaux particuliers. En l’occurrence, une amélioration du Pacs serait indiquée, ouvrant aux mêmes droits patrimoniaux que le mariage.
Le mariage, une urgence plus étendue que le débat actuel ? Le célibat et le divorce seraient en pleine expansion. Plutôt que d’être totalement « reformé » dans son assise même, le mariage ne gagnerait-il pas à contrario à être renforcé et revalorisé dans sa forme première et ancestrale ?
Chacun sait la pleine croissance des sites de rencontres, lesquels pullulent notamment sur la Toile. Loin de la vieille agence matrimoniale de nos parents, ces sites de rencontres ne sont pas non plus pour renforcer le mariage, ni le couple, ni la société. Demandez le produit « made in love » souhaité, vous sera fourni ! Ainsi vont les sites dédiés aux cougars, aux geeks ou encore aux aventures d'un soir. Les célibataires ou divorcés ne manqueront pas raisons de ne plus croire, au mariage.
Avec 18 millions de célibataires en France, il est aisé d'imaginer le potentiel que peut représenter ce marché. Mais pour peu que l’on prenne le chiffre de la population française dans son ensemble, le mariage « traditionnel » rassemble encore une grande majorité de citoyens. Le célibat resterait « l’antichambre » du mariage. Seules 2 % des personnes choisissent volontairement ce mode de vie célibataire, et près d’une personne concernée sur deux souffre de solitude. Le mariage ? Oui ! Les petits garçons et les petites filles jouent toujours « au papa et à la maman » dans les cours de nos écoles. Cela reste leur premier rêve. Le mariage dans sa configuration actuelle serait-il inscrit dans les gènes ? En tout cas exiger « le divorce pour tous » ne serait d’aucune utilité, le phénomène reste hélas en pleine expansion. Le grand divorce culturel d'avec le mariage ? Pas sûr.
En France, chaque jour 363 divorces sont prononcés, soit 132 594 divorces par an (2010). Dans 3 cas sur 4, le demandeur du divorce serait la femme. En France, en 2011, 44,7% des mariages évoluent vers un divorce et créent une population de nouveaux célibataires divorcés : ils ont en moyenne 41,7 ans pour les hommes et 44,3 ans pour les femmes. Le nombre de divorces prononcés après moins de 3 ans de mariage a augmenté de 50 % entre 1998 et 2003. Pour mille mariages célébrés en 2002, 25 se sont terminés par un divorce, au cours de la sixième année d'union. Pour mille mariages célébrés en 2007, 6,3 se sont ainsi terminés par un divorce l'année suivante (Sources : ministère de la Justice - Insee.). Non pas brouiller la configuration du mariage, mais le promouvoir ?
La femme française reste beaucoup plus féconde que celles d’autres pays. La « cellule de base » conjugale devrait être valorisée. Un rêve pieu ? Le couple « traditionnel » garde en tout cas une grande longueur d’avance sur tous les autres « styles de vie ».
Chaque année, depuis les 15 dernières, le nombre de divorces en France est d'environ 110.000 à 120.000. En 1972 on en comptait 44 738. En 2000, le chiffre se portait à 114 620, jusque 134 601 en 2004, puis 152 020 en 2005. Les homosexuels seraient-ils les sauveurs de l’institution du mariage ? Cette boutade viendra attrister certains réseaux se servant de cette « cause » essentiellement pour détruire le fameux « héritage judéo chrétien » tant décrié, surtout par les moins érudits en théologie. En tout cas, le taux de divorce en France en 2010 était de 35%, soit environ un mariage sur trois finissant par un divorce.
Le concept du « mariage pour tous » pourrait-il se retourner contre ses promoteurs jusque s’apparenter à un appel à sauver cette union « Historique » et civilisationnelle ? ! Répétons le, en 2010, 251.654 mariages ont été enregistrés, et près de 134.000 divorces ont prononcés, selon l'Insee. Sauver le mariage ?
Entre le célibat et le divorce de masse, en période de grave crise économique venant parasiter ou affaiblir bien des repères, cette idée de « s’attaquer » à un des derniers socles structurants de la société semble bien incongrue en début de mandat, sauf à être plus encore, dangereuse.
Même si les personnes homosexuelles n’ont pas à être lésées en quoi que ce soit s’agissant de leurs contrats d’union, inscrites comme tout un chacun dans « le droit de s’aimer », le mariage gagnerait plutôt à être promu et renforcé dans sa configuration ancestrale. Cette « cellule souche » de l’Humanité seule à même de permettre « Naturellement » la procréation fonde l'Humanité, jusque dans les sociétés "primitives". Cette spécificité la distingue de toutes autres formes de contrats « conjugaux ». Pour la source de la vie même que le mariage "homme-femme" permet, parler « d’erreur » face à l’Histoire serait un moindre mot, s’agissant de ne plus attribuer cette qualification de « mariage » à la seule et unique union d’un Homme et d’une Femme.
Ce couple originel permet à chacun d’être de ce monde, y compris tous ceux qui le contestent ou le réclament pour des raisons souvent idéologiques. Cette appréciation ne concerne pas la population homosexuelle. Certains idéologues stratèges électoralistes paraissent très habiles dans l’instrumentalisation de certaines parties de la population.
Bien sûr, les couples homosexuels ont droit à un Pacs amélioré, ouvrant notamment à une cérémonie plus complète en intensité symbolique. Toute forme d’homophobe doit être réprimée avec plus de force encore, notamment dans les provinces. Le « mariage » ne participe pas de cette dimension là.
Le « mariage pour tous » ? Oui, souhaiter que « chacun » rencontre sa « chacune » et « qu’ils se marièrent et firent beaucoup enfants » selon le plus conte de fée qui soit, celui de l’Humanité... un conte bien réel.
Puisqu’il s’agit d’amour, ce « débat » doit garder de la hauteur. Oui, le droit de s'aimer pour tous.
Guillaume Boucard
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