Le massacre du « verbe »...

Un article paru sur le point, intitulé Massacre de la langue française, signé par Louise Cuneo, m'a amusée : cet article évoque un ouvrage de Jean Maillet : Langue française, arrêtez le massacre...
Les exemples donnés de ces manquements à l'usage concernent le genre des noms, "antidote", "apogée", "armistice", "augure", "soldes", "termite" ou "tentacule" sont du genre masculin, alors qu'"échappatoire", "espèce" ou "oasis" sont féminins. En revanche, les termes "alvéole", "réglisse" admettent les deux genres.
D'autres exemples sont en relation avec la construction des verbes : ainsi, le grammairien et lexicographe précise qu'on se "souvient d'un événement" et qu'on se "rappelle un événement", qu'on "pallie une pénurie" (et non "à une pénurie"), qu'on habite "à Paris" et non "sur Paris".
L'auteur dénonce, aussi, les fautes de liaison fréquentes à l'oral... dans les médias ou ailleurs.
Ces erreurs sont récurrentes, mais au fond, assez vénielles... elles méritent, certes, d'être corrigées.
Pour autant, l'auteur semble ne pas avoir conscience du réel massacre de la langue française commis par les élèves, dans certains devoirs et exercices de français.
On assiste à un véritable massacre du "verbe", au sens étymologique du terme. Le verbe, c'est au sens originel, le pouvoir de la parole, ce sont les mots qui s'enchaînent.
Or, nombre d' élèves arrivent en seconde et ne maîtrisent pas leur propre langue : comment rattraper un tel retard, alors que les classes de lycées comportent souvent 36 élèves ?
Comment les professeurs peuvent-ils apporter une aide et un soutien à ces élèves quand les classes sont surchargées ?
Les fautes commises sont tellement graves qu'elles rendent certaines phrases incompréhensibles... des fautes d'accord, des erreurs de vocabulaire, une méconnaissance de règles élémentaires...
Certains élèves ne savent plus rédiger : on peut trouver des phrases de ce type : "les progrès nous sommes indispensables." On voit, aussitôt, que cette faute d'accord traduit une incompréhension du mécanisme grammatical de la langue.
Les élèves utilisent souvent un style elliptique : phrases sans verbe, non construites.
Ils manquent de vocabulaire et répètent plusieurs fois les mêmes mots, dans des phrases qui se suivent.
Ils n'ont pas l'habitude de se relire : le brouillon est parfois recopié tel quel, sans correction.
On relève des confusions entre noms et verbes : "on vous conseil."
Récemment, une étude a montré que la méthode globale était désastreuse pour l'apprentissage fondamental de la lecture : il faudrait, sans doute, revenir à une compréhension syllabique et remettre à l'honneur, au plus tôt, l'enseignement de la grammaire.
Les dégâts sur certains élèves sont considérables : il faut arrêter ce massacre et revenir à l'essentiel : la connaissance et la maîtrise de la langue !
Comment expliquer toutes ces lacunes accumulées ? L'enseignement a été détourné par de prétendus pédagogues qui ont voulu privilégier tout ce qui est ludique et ont négligé l'essentiel...
L'enseignement a même perdu, parfois, sa vocation principale : transmettre des connaissances, les consolider par des révisions constantes, au fil du cursus scolaire.
Le massacre du verbe, c'est aussi, d'une certaine façon, le massacre de la pensée, de la réflexion : comment communiquer, quand on ne maîtrise pas bien sa langue ?
Le massacre du verbe rend difficile l'expression des idées qui se réduisent à peau de chagrin : la pensée en arrive à se diluer et s'effacer en raison de ces lacunes.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/article-le-massacre-du-verbe-124659051.html
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