Le spécisme ne tue pas que les animaux
L’épidémie massive de grippe aviaire qui s’est abattu sur notre pays doit nous inciter à repenser de toute urgence le traitement épouvantable que les humains infligent aux autres espèces.
Quand tirerons-nous des leçons de ces zoonoses à répétition ? Alors que la grippe aviaire sévit dans les élevages français et que des millions d'oiseaux sont abattus – sans oublier la pandémie de Covid-19 (d’origine zoonotique elle-aussi selon les experts) qui continue de faire des victimes chaque jour – il est urgent que nous repensions notre rapport aux autres animaux. Car ces deux maladies, ainsi que la grippe porcine, le SRAS et la maladie de Creutzfeldt-Jakob (ou maladie dite « de la vache folle »), sont liées à l’élevage et à l’abattage d'animaux à des fins alimentaires. Avons-nous besoin de davantage de preuves du danger pour la santé publique que représente l’exploitation animale ?
Tant que nous continuerons à considérer les animaux comme des marchandises – plutôt que comme des êtres sensibles faisant partie de communautés avec lesquelles nous partageons la planète – nous serons condamnés à endurer des pandémies mortelles et des restrictions économiquement et socialement désastreuses, sans parler de l’atroce cruauté envers les animaux que nous continuons à tolérer et à soutenir.
Des victimes douées de sensibilités
Le ministère de l’agriculture a recensé à ce jour 374 foyers dans des élevages en France, dont la majorité « dans les Landes, au cœur du pays du foie gras, où des abattages massifs ont été organisés ». Partout en France, des élevages ont été « dépeuplés » – un horrible euphémisme pour le massacre d’êtres sensibles et innocents. À ce jour, plus de 3 millions d’oiseaux ont été tués lors de cette épizootie, chacun d’eux un individu sensible, capable d’éprouver des émotions, de tisser des liens avec tel ou tel congénère, d’apprendre des leçons et qui tenait à sa vie comme nous tenons à la nôtre.
Quatrième épisode de grippe aviaire depuis 2015
Il s’agit du quatrième épisode de grippe aviaire qui touche l’Hexagone, et singulièrement le Sud-Ouest depuis 2015. Depuis 2000, plus de 122 millions d'oiseaux ont été abattus en France dans le cadre de tentatives de lutte contre la grippe aviaire. Bien sûr, ces animaux étaient de toute façon voués à une mort terrifiante pour que leur foie, leur chair et leurs plumes servent des intérêts humains.
Au Royaume-Uni, un humain a déjà été infecté par la grippe aviaire, et les experts avertissent que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il y ait une épidémie humaine généralisée.
Selon des chiffres de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), un record de 14 millions de cas de grippe aviaire ont été détectés en 2021 partout dans le monde, soit plus qu'au cours des cinq années précédentes, une propagation qui pose une menace majeure à la santé humaine.
En effet, cela représente une augmentation de 462 % des cas, générant des milliards d'opportunités supplémentaires pour que l'agent pathogène se propage à l’humain et circule parmi la population.
Il nous faut nous rendre compte de l’urgence sanitaire à laquelle nous faisons face, et pas seulement à cause de la grippe aviaire. La majorité des animaux exploités pour la consommation sont entassés dans des hangars surpeuplés et insalubres, et manquent souvent de soins vétérinaires adéquats. Des enquêtes montre des animaux confinés dans leurs propres déchets aux côtés d'animaux malades et mourants. Ces élevages (ainsi que les abattoirs où ces individus finiront leur triste vie) sont un terrain fertile pour les maladies zoonotiques.
Un système d’oppression, dangereux à tous les niveaux
À la racine du problème se trouve le spécisme – la perspective néfaste selon laquelle les autres animaux seraient inférieurs à nous. Cette vision basée sur des préjugés vis-à-vis de l’« autre » a conduit à normaliser l'utilisation et la maltraitance d’individus sensibles pour se divertir, se vêtir et se nourrir. Epée à double tranchant, notre traitement des animaux revient nous hanter, par le biais de ces épidémies étroitement liées à leur exploitation.
La cruelle production de foie gras montre le spécisme à son paroxysme. Des canards et des oies terrifiés se font enfoncer un long tube métallique dans la gorge et sont gavés d’immenses quantités de nourriture pour distendre leur foie et le rendre malade. Heureusement, l’opposition à ce produit issu de la torture prend de l'ampleur. Cinq villes – Strasbourg, Lyon, Grenoble, Besançon et Villeurbanne – l'ont récemment banni de leurs réceptions officielles.
Agir à son niveau
L’exploitation animale fait l’objet de plus en plus de critiques sur le plan éthique, écologique et sanitaire. Nos élus se prononcent sur le sujet et des lois entrent en vigueur – mais il nous faut en faire beaucoup plus. Chacune et chacun de nous doit se sentir responsable et capable d’agir. Chaque épidémie qui fait la une des journaux, chaque catastrophe climatique et chaque vidéo tournée dans un élevage sordide doit nous inspirer à faire ce que nous pouvons à notre niveau – et cela commence tout simplement par cesser de soutenir l’exploitation massive des autres animaux en les laissant hors de nos assiettes.
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