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Accueil du site > Tribune Libre > Les sauve-qui-peut

Les sauve-qui-peut

Revenue à mes lubies, lasse peut-être de débats d'idées qui n'en sont pas - ni débat ni idée - et ayant depuis toujours comme fond de commerce l'attachement à la contemplation sinon l'étude du comportement de mes semblables - ce qui inclut aussi les mammifères à poils -, je me suis retrouvée il y a quelques temps à rassembler mes esprits sur l'attitude extrême, ultime, irraisonnée du « sauve-qui-peut ».

Tout est dans le « qui peut », car dans ces moments-là, tant pis pour celui qui ne peut pas. On laisse son compagnon, on peut même laisser son gosse. Cela s'appelle l'instinct de survie.

 

Quelles circonstances nous poussent au « sauve-qui-peut » ?

Il y a le sauve-qui-peut des Tutsies, si bien décrit dans le livre de Jean Hatzfeld par les rescapé(e)s , qui nous livrent une horreur qui a marqué définitivement mes jours.

« Au début, c'était amusant pour les tueurs, parce qu'ils coupaient en grand nombre sans peine. Les premières victimes étaient les mamans et leurs nourrissons, et les vieillards, puis les femmes et les petits enfants galopant. Les mamans et leurs enfants allaitant n'ont pas duré plus de deux ou trois jours... On a commencé à six mille et on a fini à vingt. »

Il y a celui des villageois devant les barbares et les pillards, de tous temps, de tous lieux, l'abandon de tout pour la vie .

Il y a eu l’exode.

Aujourd’hui, c’est l’abstention. Mais abstention de tout.

Poussons le curseur de quelques millimètres ; revenons à nos exigences dont la vie dépend puisque nous avons la chance d'être en des lieux où notre vie n'est plus un cœur qui bat, mais un portefeuille garni, une petite maison, quelques objets, un semblant de privilège, quelques dus.

Notre sauve-qui-peut n'appelle plus notre courage, ne nous pousse pas à des prouesses physiques, ne nous fait pas ressentir cette tremblante fragilité de toute vie . Non, ici, le sauve-qui-peut nous rend veules, sournois, mesquins, petits.

 

On sauve sa peau ou on se débrouille quand rien dans son environnement quotidien ne laisse de place au souci de la collectivité ; quand l’impuissance est à son comble ; quand l’espoir et la colère se sont éteints. Il y a le sauve-qui-peut des financiers qui engrangent encore et encore, tout ce qu’ils peuvent, un peu à la manière des pilleurs de cadavres ou des cambrioleurs qui ont peu de temps avant d’être découverts.

« Si ce n’est pas moi, ce sera un autre » pense le cerveau acheté très cher par les néo-libéraux et leurs politiques ; de même le précaire exploité. Si toutefois ils pensent. Abdiquant toute forme de morale et de courage, chacun s'accommode d'une situation qu'il croit naturelle, en tout cas inamovible.

Nous avions l'habitude, ne serait-ce que par les histoires entendues, que le sauve-qui-peut pouvait engendrer l'héroïsme et qu'il déclenchait en tout cas une action. Aujourd'hui, on plisse les yeux pour ne pas voir à côté de son parcours ; plisser les yeux rend le champ visuel très net à deux doigts, tous les presbytes savent cela ! ( avez-vous remarqué la quantité de myopes, chez les jeunes : symbole : la peur de l'avenir !) ; on s'entrave pour surtout ne pas agir ; on met des casques sur la tête pour ne rien entendre ; on se saoule tout le temps de n'importe quoi. Le sauve-qui-peut de l'autruche, encore que je ne sache rien de l'autruche hors cette manie que je n'ai jamais vérifiée : se mettre la tête dans le sable !

On ne veut rien savoir de l'impact de nos choix dans le monde, on ne les situe pas on ne les relativise pas, on se protège avec cette nouveauté : je ne veux pas me prendre la tête et à chacun sa merde !

S'agit-il alors vraiment d'un sauve-qui-peut ? Je le pense parce que le sentiment d'utilité que l'on avait pu avoir, et quelque soit son rang, n'existe plus, si bien que notre existence ne possède plus le relief nécessaire pour faire place à notre dignité, n'a plus la profondeur pour donner de la satisfaction, mais on fonctionne quand même, comme mu par une force d'inertie. L'habitude, notre éducation, la nécessité intime rend encore les travailleurs consciencieux et cette conscience fait tourner la machine sociale dans les services publics, les affaires, la production mais de moins en moins. Quand on fuit ses responsabilités ou que l'on fonce tête baissée dans son entreprise.

Je regarde les gens travailler ; les artisans, les paysans ; tout est plat, il n'y a plus de fierté, il n'y a pas d'envergure, de moins en moins de savoir-faire, il n'y a plus de projet ( est-ce un hasard si c'est le seul mot qui reste dans « les accompagnements », comme pour conjurer le sort ?), il n'y a pas d'autre avenir que d'engranger le maximum « pour faire face » !

C'est curieux, j'ai vécu plusieurs événements politiques ou économiques dans ma vie, où « les gens de peu » fonçaient sur les supermarchés pour remplir leur caddies de sucre et d'huile ; et leurs jerrikans d'essence ; en 68, bien sûr, en 73 je crois et une ou deux autres fois Il y avait à cette époque où nous étions deux fois moins nombreux, une plus grande proportion de gens qui avait vécu la guerre. Aujourd'hui, plus personne ne l'a vécue, ou presque ! Sauf les patrons du CAC 40 !!

Quel cataclysme arrêtera ce cercle vicieux ?

C’est la guerre. Une violence sourde qui ne dit pas son nom, ce moment de silence où chacun craint de devoir partir à l’assaut ; un moment où, à l’abri de nos œillères on peut encore ne voir que son petit espoir de bonheur. Un repli pour s’économiser.

Mais le sauve-qui-peut est la réaction à une menace, forte, à une attaque. Il y a le sauve-qui-peut de l’ouvrier licencié qui réclame une prime ! Le sauve-qui-peut de l’employé qui dénonce ou manque à tous ses devoirs de fraternité pour conserver son emploi. Le sauve-qui-peut du journaliste qui se plie aux diktats implicites du pouvoir. Le sauve-qui-peut ressemble à la soumission, à la lâcheté, de plus en plus à la collaboration…Partout il n’y a que des sauve-qui-peut…

Dans ce repli systématique, dans cette impuissance qui n’ose même plus rêver, il y a une menace sous-jacente que l’on ne veut pas voir ; c’est une étape normale que cette cécité mais le danger qui nous menace est grave et général, il s’agit d’interrompre la léthargie, et vite.

L’ampleur du désastre est telle que l’on ne peut guère la regarder en face ; certains tentent de le faire mais c'est leur métier, et jamais ils ne s’avisent d’avoir, ou de vouloir avoir, une vue d’ensemble ; ils nous informent, ils nous alertent mais chacun dans son domaine ; ces gens-là sont précieux, indispensables mais ils ne sont pas suffisants.

D’autres besognent sans cesse mais il leur faut un pouvoir de parole énorme pour … accoucher d’une souris ( !) parce que la presque totalité des humains qui travaillent et qui arrivent à vivre ou à survivre de leur travail le font dans la nocivité de ce travail, dans l’aliénation (quelque soit leur statut), dans la complaisance ou sinon l’obligation d’adhérer à un système qui nous mène tous à notre perte. Les plus démunis n’ont aucun temps ni aucune possibilité de prendre la conscience nécessaire au changement, les autres se cachent, se voilent la face, affichent un cynisme ou un optimisme qui ne tient pas longtemps l’analyse. Une masse énorme de gens pourraient agir (se rendre disponibles, aller dans le sens d’un partage, d’une organisation collective etc.), ou non agir (accepter l’inconfort d’une privation de futilité, changer d’habitudes, alimentaires, de transports, de loisirs etc.). Mais il faut pour ce faire, une force mentale énorme, un courage et une détermination qui sont malheureusement les attributs des seuls « héros » !

Cependant, c’est dans ces classes moyennes occidentales que se trouvent ceux qui militent et agissent politiquement. Dans d’autres contrées, c’est l’urgence qui fait bouger le peuple.

La vie est ce que l’on qualifie de « dure » depuis toujours : elle ne nous laisse guère de moments de repos, être sans cesse vigilants, actifs et entreprenants pour survivre pour la plupart, quant à ceux qui ont le privilège de l’aise, si leurs difficultés sont autres, ils en ont ou s'en trouvent !

Pendant deux mille ans le bruit courait qu’il fallait être bien sages et soumis à nos seigneurs et maîtres, ainsi, après notre mort, nous gagnerions le paradis ; celui-ci n’était, en définitive, que le repos. Et c’est bien ce que la mort nous propose.

Les possédants contemporains sont quasi aussi illettrés que le petit peuple et leurs arguments pour nous faire patienter sont différents. La consommation et l’individualisme ont ceci de précieux qu’ils occupent notre esprit (il ne serait pas bon que le « peuple » pense alors que les dirigeants en sont incapables !) et qu’ils donnent, ça et là, quelques satisfactions immédiates : des petites pierres branlantes en guise de gué pour traverser le long fleuve de la vie. Et cela semble aller ; les moyens employés pour y parvenir sont de même nature mais plus efficaces que ceux de l’Église naguère. D’un pas à l’autre, chacun pense qu’il faut être vraiment con pour tomber dans l’eau et quand un proche y tombe quand même, on s’arrête à peine car à l’horizon, peu de perspectives mais une marche forcée pour y parvenir ! Et une vague honte…

Il s’agit donc bien pour nous de faire halte, de réfléchir et trouver au fond de soi cette alternative que personne ne nous proposera jamais.

Il n’y a aucune autre solution : inventer un bon dieu n’a rien apporté ; désigner ses gouvernants n’a rien apporté. Cependant il faut bien se dire que nous ne sommes pas là pour réfléchir à « comment faire pour créer le paradis » mais bien, simplement (mais la simplicité est la chose le plus difficile qui soit) vivre : accepter ses peurs et y faire face, accepter notre condition, savoir que nous n’éviterons pas les rapports de force, les difficultés mais que nous serons aptes à les vivre.

Les vivre, pas les subir.

Or l’homme est capable d’agir, d’anticiper (n’importe quel homme est capable de cela), de décider et dessiner son destin. Et c’est bien la seule chose que nous ayons à faire.

Notre monde est tellement abrutissant que nos volontés ne sont que velléités, que notre énergie est empêchée. Nous ne réagissons que quand nous sommes touchés au cœur, mais comme nous sommes touchés au cœur ni au même endroit ni au même moment, nos révoltes, nos audaces ne sont que des bulles sporadiques, quasi confinées et sans écho, et ne servent pas d’exemple ni d’encouragement ; elles restent individuelles, peu menaçantes et finalement totalement intégrées au système.

Quand le pouvoir décrète que nos gesticulations sont risibles, elles deviennent inefficaces. Ainsi le pouvoir nous pousse à bout, sûr que nous n’aurons jamais la force ni le courage de tout risquer (certains se demandent : quoi ?) pour trouver la liberté, la dignité, notre autonomie d’adultes et notre créativité. Ceux qui sont au pouvoir réel de notre monde fou, n’ont aucune dignité, aucune créativité aussi se doutent-ils que l’on peut vivre sans.

Ne leur donnons pas raison

Notre sauve-qui-peut n'est donc qu'un repli face à un danger sourd, imprécis, multiforme ; quelque chose qui peut arriver, qu'on redoute mais en toute logique de protection, on relègue à plus tard ou à l'autre. Une insécurité qui ne nous fait pourtant pas tourner la tête sur le côté, pour voir ; un piège plutôt qu'une attaque, un filet qui se resserre, des sables mouvants qui nous contraignent à l'immobilité.

Une bête prise au collet n'a plus le choix de fuite : elle espère !

Se sauver veut dire courir, pour ne pas se faire prendre, la plupart du temps parce qu'on a fait une bêtise ; sauver, c'est faire acte courageux ou judicieux pour quelqu'un et pourtant, dans le comportement actuel, je sens ce besoin de se sauver, au sens de rester sauf, se cacher plus que fuir ; l'insécurité qui prend toutes les formes de l'irrésolution, se traduit par une fuite immobile, un délire, la drogue, la violence, la destruction, le repli. Actes extrêmes pour certains, soumission pour d'autres. L'irrésolution parce qu'on ne sait pas où aller, vers quel lieu protégé ; le mensonge et la traîtrise pour se mettre à une place qui nous paraît enviable. On se résout à quelques compensations dont je ne sais mesurer la conscience.

Les riches bougent beaucoup ; les pauvres mangent n'importe quoi et boivent. Tous consomment.

Mais tout ça c'est de l'écume, de l'ombre projetée sur les écrans blancs des médias, des retours informels d'un monde, du monde qui m'entoure et qu'on me raconte. Décrypter avant de comprendre, si on a le temps.

À ce propos je voudrais juste rappeler que le peuple, la « masse », n'est pas plus aidé qu'au cours des derniers millénaires : on lui a laissé juste les outils pour se débrouiller dans cette société-ci : lire, écrire, (compter, l'homme a toujours su !), se repérer dans une gare, dans un parking souterrain ( toutes choses que je fais avec beaucoup de difficultés), dans un supermarché , hyper géant, mais pour le reste, se trouve aussi démuni face au pouvoir qui l'étrangle.

Il y a, pour les plus avertis, une expectative, plus qu'une inquiétude, une horreur et pour certains une stupéfaction. Des va- et- vient entre lassitude et espoir, entre abandon et réveil. Et pour les inconscients, les jeunes, les nantis, une acceptation globale des nouvelles données et, avec elles, un chemin de vie qui se dessine « naturellement ». Les normes, comme on le sait, étant imposées par des hommes et très rarement remises en question par les autres !

La seule question que l'on peut se poser, si l'on admet cette attitude générale comme un repli ou un sauve-qui-peut, est de savoir si, d'une réaction théoriquement ponctuelle et extrême, on peut faire un fondement de société.

Le désespoir est créatif ; nous n'en sommes même plus là !


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37 réactions à cet article    


  • Fred94 28 janvier 2013 18:05

    Le sauve qui peut est l’inclinaison naturelle d’une nation ayant pour majorité des égoistes. Une guerre ne ferait que diminuer la tension sociale mais ne résoudrait pas les problèmes dus à ce manque de valeurs. La réponse est l’émergence de partis politiques citoyens, partis qui n’existent pas à l’heure actuelle.


    • alinea Alinea 28 janvier 2013 19:28

      Fred : la guerre dont je parle, nous y sommes ; mais elle n’a pas été déclarée, elle ne dit pas son nom. On peut encore ne pas la voir !!!


    • Gabriel Gabriel 28 janvier 2013 18:13

      Bonsoir Alinea,

      Le sauve qui peut de quoi et pourquoi ? Le premier pas est déjà de se poser la question ce que vous faites si bien dans ce texte. Il n’y a pas de héros qui viendra vous sauvez sauf en vous même. Il n’y a pas de paradis non plus excepté aussi en vous même et, le bon Dieu n’a jamais été inventé. Vous voulez le faire rire ? Alors parlez lui de votre avenir… Comme vous l’avez spécifié, l’homme doit accepter sa condition car, de toute façon, il n’a pas le choix. A lui de la transcender. Quel est le sens, la finalité entre un petit africain qui naît sur la paille et mourra très tôt le ventre vide et celui dont le berceau est doré et qui vivra dans l’opulence, le diabète et le cholestérol, tout en ignorant le premier ? Qu’avons-nous oublié ? Je crois que l’homme possède toutes les réponses mais qu’il ne se pose pas les bonnes questions, qu’il ne se pose d’ailleurs plus aucune question. Il s’épuise dans une course imbécile ou plus il possède et moins il est satisfait de ce qu’il a et, comme une fuite en avant, il louche sur ses manques créés par son désir qui s’annulera aussitôt ceux-ci comblés pour s’en créer d’autres. Il devient possédé par ses possessions car celles ci sont passées maître dans l’art de le contraindre en lui  inspirant la peur de les perdre. Ce qu’il lui arrivera pourtant à l’aube de son dernier instant ou nu, comme le jour de sa naissance, il partira uniquement avec la somme de ses actions passées qui pèseront dans la balance et qui seront avocat ou accusateur selon les cas. En occident, dans les pays dit (développés) l’homme à la chance d’avoir la liberté de choisir ses principes et le cheminement de sa vie, même si ces choix s’avèrent difficiles. Evidement, ceux-ci sont fonctions de l’environnement dans lequel il évolue, ce ne sont pas les mêmes pour un président de société ou pour un SDF, mais qu’importe, dans tous les cas cela restera une question de choix… Ne jamais oublier que la vie n’est qu’un bref instant et son échéance quoi qu’incertaine dans le temps n’est jamais remise en cause. Qu’aurons nous appris et qu’aurons nous fait pour partir en paix… Que voudriez vous laisser comme souvenir ? Personnellement,  rien de spécial, j’aimerai juste que lorsque l’on pensera à moi, cela déclenche un petit sourire…

       


      • alinea Alinea 28 janvier 2013 21:43

        Je suis toujours étonnée, ici, dans mon coin, d’entendre les gens dire : « on aura juste besoin de deux mètres carré de terre, à quoi bon accumuler ! ». Ce qui ne les empêche pas, dans leur vie, de se bagarrer, de se fâcher avec le voisin et tout... Il y a dans le peuple, celui qui a pu garder un minimum de sa sagesse, cette extraordinaire lucidité sur le peu de chose que l’on est !
        Je ne retrouve jamais cela chez mes amis bobos, même si, au cours d’une discussion, il peuvent le dire, mais ce n’est pas ressenti de manière aussi profonde, aussi vraie !
        Votre dernière phrase sonne très juste à mes oreilles : au fond, pourquoi tout ça, pourquoi toute cette haine, cet égoïsme ?
        Merci Gabriel


      • cevennevive cevennevive 28 janvier 2013 18:33

        Bonjour Alinéa,

        Je ne sais qui avait dit : « pour ne pas mourir tout-à-fait, il faut, au cours de sa vie, avoir fait un enfant, avoir planté un arbre et avoir écrit un livre. »

        C’est aussi une sorte de « sauve qui peut »...

        Mais ce terme peut s’entendre de deux façons : soit on fait tout ce que l’on peut pour se sauver soi-même, soit on fait tout ce que l’on peut pour sauver son prochain, ceux que l’on aime, ceux qui nous entourent.

        Ce que je vient d’écrire n’ajoute rien au débat, et votre article est bien sombre...

        Alors, « courage, fuyons !!! »

        Fuyons la consommation à outrance, les inepties de la télévision, la ville et ses néons trompeurs, les mirages de l’argent pourrisseur d’humanité, la politique nauséabonde, et tout ce qui nous asservit.

        Ce n’est pas facile, mais c’est un réflexe de survie.

        Alors, SAUVE QUI PEUT ! Là est la sagesse, non ?

        Bonne soirée Alinéa et tous.


        • alinea Alinea 28 janvier 2013 19:26

          Vous avez absolument raison cevennevive, fuir tout ça c’est aussi se sauver ; donc une espèce de sauve-qui-peut.
          Pour répondre en même temps aux posts précédents, je pense que la consommation n’a pas toujours été un sauve-qui-peut ; elle a été assez jouissive au début. Il y a bel et bien une menace indiscernable, quoique, à laquelle la plupart répond par une fuite en avant. Mais une fuite immobile
          Dans le sauve-qui-peut que vous proposez cevennevive ; il y a la lucidité et le courage, et encore le temps de l’altruisme. Dans le sens que je voulais donner ( et qui n’a rien, évidemment, de définitif) cela se perd... la pensée se perd...


        • nicolas_d nicolas_d 29 janvier 2013 10:35

          Bonjour,

          Personnellement j’ai pris la décision de fuir. Fuir pour me sauver moi même... et par là même sauver mon prochain.
          Rester dans ma situation (en ville, à faire un boulot coupé de l’essentiel, voire qui participe à notre décadence) aurait été suicidaire et meurtrier en même temps.
          En quittant la ville telle que je la vie, je cesse d’être un meurtrier.

          C’est le désespoir qui m’a amené à cette décision. Mais c’est plein d’espoir que je m’engage sur ce nouveau chemin.
          Plein d’espoir ne veut pas dire plein de facilités. Et c’est tant mieux. La facilité des uns tue les autres.

          Dans ce « sauve qui peut » je vois deux aspects positifs : on a conscience qu’on peut se sauver, et on a conscience qu’un grand nombre le peut. Beaucoup d’autre y laisseront des plumes. C’est triste individuellement bien sûr.

          On ne peut pas sauver tout le monde car la nature ne le peut pas. Elle est affaiblie, appauvrie. Je ne peux pas lui en vouloir. Je n’en veux pas non plus à l’homme de ne pas pouvoir se sortir lui même de la situation inextricable dans laquelle il s’est mis.
          J’en veux juste à l’homme de s’être mis dans cette situation, et d’avoir entraîné la nature avec lui.

          Dans la fuite il y a de l’espoir.
          L’espoir de ne plus alimenter la bête, et de n’avoir plus besoin d’elle.
          L’espoir de montrer l’exemple, qu’une vie meilleure est possible.
          L’espoir que l’harmonie avec la nature, et donc avec les humains, est possible.


        • alinea Alinea 29 janvier 2013 10:57

          nicolas : quand , il y a un peu plus de trente ans, j’ai fait ce chemin que vous décrivez, ce n’était pas une fuite ; le mouvement ( certes minoritaire) de l’époque était au contraire une volonté active de construire un idéal !
          Ce que j’appelle le sauve-qui-peut, c’est justement le contraire de ce que vous faîtes : c’est une attitude pavlovienne si j’ose dire qui n’est pas le résultat d’une prise de conscience ; quand il y a prise de conscience, peut-on parler de sauve-qui-peut ?
          Sûr qu’on le fait pour préserver son intégrité, sa créativité mais trouver sa place à côté des sentiers battus, inventer sa vie, je ne l’associe guère à la fuite ! On quitte un système mortifère, on le fuit si vous voulez, mais ce n’est pas « réflexe » !!


        • Pierre Régnier Pierre Régnier 28 janvier 2013 20:51


          Alinéa

           

          L’inespoir peut être créatif, pas le désespoir. L’inespoir est très créatif chez Camus, par exemple. Le désespoir, c’est autre chose, c’est quand on a déjà été détruit par l’absence d’espoir. Mais il n’est jamais fatal, en tous cas dans le domaine de la vie collective, on peut toujours décider de simplement constater l’absence d’espoir, se battre malgré tout et attendre des jours meilleurs. Evidemment on ne peut en dire autant du désespoir des autres, on ne peut décider que, si l’on avait subi ce qu’ils ont subi on serait encore capable de ne pas franchir la limite entre inespoir et désespoir.

           


          • alinea Alinea 28 janvier 2013 21:33

            D’accord avec cette rectification ; cependant, le désespoir n’est pas toujours synonyme d’anéantissement ; parfois, il libère des énergies ou des expressions qui étaient restées contenues par l’idée que les choses pourraient continuer ; alors, on joue son va-tout !
            Le désespoir peut signifier que l’on a pris conscience que le cours normal des choses n’est plus possible ; on voit la réalité mais on reste vivant !
            Je le souhaite à tous...
            Mais c’est une question de mot, alors, l’inespoir est moins ambigu !
            Merci à vous


          • Hervé Hum Hervé Hum 29 janvier 2013 00:45

            Bonsoir Alinea,

            Les « sauves qui peut » dont vous parlez, me font penser à cette blague où un gars tombant du 30ème étage se dit à lui même en passant devant la fenêtre de chaque étage « jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien » Et de ce point de vue, il peut même se dire, « je vole, je vole, je vole ». C’est plus optimiste que de se dire « je vais m’écraser, je vais m’écraser », même si le résultat est identique. Sauf si vous avez un parachute !


            • alinea Alinea 29 janvier 2013 09:24

              Salut Hervé ; très bien vu !


            • bernard29 bernard29 29 janvier 2013 02:02

               un bel article romantique et un peu sombre...

              « Le sauve qui peut » ou la survie est une réaction individuelle, même si ce sentiment peut sembler actuellement trés partagé. . Si on parle de soi, je crois que la seule solution à cette question est la poésie.

              Mais si, d’une réaction théoriquement ponctuelle et extrême, on veut faire un fondement de société, là, il faut savoir se situer dans le temps et dans l’espace. D’où je parle et de quoi je vous parle ? Cela fixé, on peut agir ou au moins commencer une action avec ses moyens et ses possibilités , même si la lenteur de réactions, s’il y en a, est désespérante. Comme dit l’autre « l’important est le chemin ».

              Bonsoir Alinéa.




              • alinea Alinea 29 janvier 2013 09:32

                Vous pointez toute l’ambiguïté du « partage » ; en effet, dit-on ou peut-on dire qu’un sort commun est un partage ?
                Oui, des actions qui ne soient pas ds fuites, il y en a beaucoup : la poésie n’est pas la plus désagréable ! Quand on a compris que « l’important c’est le chemin », on a déjà fait un grand pas, non ? On n’est plus dans le sauve-qui-peut....


              • Fred94 29 janvier 2013 11:01

                La guerre actuelle était prévisible car les ouvirers-pions ne voient que le bout de leur nez. Est ce de leur faute ? Je ne crois pas car on les maintient (avec leur accord affiché ou tacite) dans leur immoralité. Il faut donc aller vers l’éducation de masse pour fonder une société républicaine.


                • alinea Alinea 29 janvier 2013 11:42

                  Fred : éducation populaire, trois fois oui, mais faîte par les mêmes qui ont tant à faire ailleurs, dans des luttes incessantes ! Si on a du temps... mais si on en a peu ?


                • ecolittoral ecolittoral 29 janvier 2013 11:04

                  « Que le monde EST ! Et que tu peux y apporter ta rime !

                  Messieurs ! Quelle sera votre rime ? »                 Extrait du cercle des poètes disparus.

                  « La question est : que faire du temps qui nous est imparti. ?Il y a d’autres forces à l’oeuvre dans le monde hormis les forces du mal... »                 Extrait de la communauté de l’anneau.

                  Les sauve-qui-peut ne sont pas encore étranglés.
                  Ceux qui font autrement sont à l’oeuvre depuis longtemps...et ils sont de plus en plus nombreux.
                  Par choix et maintenant par obligation.
                  Le problème, c’est qu’on ne les voit pas et ils sont rarement médiatisés.

                  • alinea Alinea 29 janvier 2013 11:40

                    ecolittoral : la rime des libéraux : « trime pour ma bonne mine et s’il n’y a plus de mines, survis dans les ruines... » Bof !  smiley

                    C’est ça, exactement : ; trouvailles, courage... restent sans écho ! Relégués au niveau de délires d’hurluberlus ! Alors, espérons qu’il y ait de plus en plus d’hurluberlus, hein ?!!


                  • Ruut Ruut 29 janvier 2013 14:29

                    Lorsque les conditions de vie ne sont plus tenable, il est préférable d’aller construire ailleurs.
                    Dans un endroit moins contraignants par les pressions extérieures.

                    Le problème est que plus nous vieillissons plus il est difficile de tout reconstruire.

                    La France meurt de ses trops nombreuses lois.
                    Certes réguler est utile, mais trop réguler tue toute initiative.

                    Blesser un voleur dans sa maison en France et direction la prison pour le cambriolé.
                    Il est normal qu’avec de telles lois un agresseur ne soit pas inquiété en ville le jour.


                    • lulupipistrelle 29 janvier 2013 14:50

                      Ma famille n’existe que parce que de part et d’autre , il y eut des aïeux clairvoyants qui se sont dit « sauve qui peut’... et qui se sont sauvés. 

                      Quand l’inertie du groupe vous condamne, il faut s’en extraire. Quelquefois pas tout seul : mon beau-père a réussi à convaincre son frère et ses amis les plus proches de fuir avec lui. Il leur en a aussi donné les moyens en partageant avec eux son pécule . 

                      Finalement au sauve qui peut, je préfère »run for your life"... parce que le mouvement (concret ou mental) est toujours supérieur à l’immobilisme. 

                      • alinea Alinea 29 janvier 2013 14:55

                        lulupipistrelle : le sauve-qui-peut dont je parle est la version perverse de ce que vous décrivez : rester sous le joug mais tirer à soi la couverture.
                        Au fond, j’ai dû mal choisir mon mot, et pourtant, je n’en vois pas d’autres...


                      • lulupipistrelle 29 janvier 2013 17:26

                        Moi je ne connais que des personnes qui travaillent à l’avenir de leurs enfants.De différentes conditions. Ils vivent en retrait parce qu’ils se concentrent sur leur objectif. Ils s’entraident. Si ça ne fait pas l’affaire du reste de la société, tant pis. Ils ne sont nullement responsables de la crise quelle qu’elle soit, et ils s’emploient à la surmonter, eux-mêmes.

                        Leur défection se ressent ? qu’on paye leur talent, et ils le mettront à la disposition d’autrui. Mais avec tous ces inactifs, vaut mieux s’adresser à quelqu’un qui n’a rien à faire. Tous les citoyens de ce pays se valent, pas vrai ? 

                      • alinea Alinea 29 janvier 2013 14:51

                        Ruut : vous tirez sur une ficelle, mais si on tire un peu plus fort, c’est presque tout qui vient ; ces milliers de lois que personne ne peut connaître, ne sont peut-être qu’un symptôme, celui au fond de vouloir tout maîtriser en infantilisant ce que l’on ne peut décemment pas appeler citoyen ! Puisque celui-ci est sensé être adulte, responsable et actif dans la « Chose Commune » !,
                        Cerner jusqu’à étouffer le sens commun et nous rendre tous, à un moment ou à un autre, des contrevenants !!


                        • joletaxi 29 janvier 2013 16:23

                          sauve-qui-peut
                          alinea est de retour pour nous casser le moral.


                          • alinea Alinea 29 janvier 2013 16:36

                            ........ smiley  !


                          • easy easy 29 janvier 2013 16:52

                            Bon sujet que le « sauve-qui-peut » 

                            Je trouve que vous péchez de généralisation sur un sujet très protéiforme 

                            Je vais exposer différents cas


                            Commençons par un cas-contexte carrément sans « sauve-qui -peut »
                            C’était vers 1976, du jour au lendemain, vers le 15 décembre, la station des Arcs 1800 s’ouvre pour la première fois (peut-être 2000 lits neufs) 
                            Dans les mois qui ont précédé, 500 personnes (futurs moniteurs de ski, futurs commerçants, futurs adminstratifs, architectes, maçons, plombiers, ...) se sont affairés à la fabriquer cette station ex nihilo. Avant cette ouverture et dans les années qui suivirent, la station formait, pour ceux qui y vivaient, une sorte de Lune ou d’île, détachée des problématiques du monde et l’ambiance y était archi optimiste. Chacun avait mille problèmes à résoudre mais il n’y avait pas une once de défaite dans l’air.
                            « Sauve-qui-peut » inconnu.
                            (Ce serait bien que chacun puisse vivre ce genre de situation au moins pendant les premières années de sa vie active) 




                            Bazar de la charité 1897 (Un an avant la mort de Sissi). Dans cet endroit, sont rassemblés des stands tenus par des dames de rang élevé qui exposent des bidules afin de rentrer des sous pour les pauvres. Lorsque l’incendie démarre, s’il y a plus de femmes que d’hommes derrières les stands, il y a plus d’hommes que de femmes dans les allées. Avant l’incendie, on a donc un ensemble de gens qui sont tous dans une démarche, à ce moment là, altruiste et généreuse envers la gueusaille. Lorsque l’incendie démarre, pas une seule personne ne s’occupe à éteindre les premières flammes. Chacun est très habillé, il n’y a ni pompier ni moyen de lutte contre les incendies.
                            Les morts sont en fait des mortes (deux hommes morts, un vieux médecin et un gamin)

                            Les hommes étaient en pantalon, les femmes en robes à crinolines. Celles qui couraient dans les allées ont été bousculées et piétinées par les hommes. 
                            Il s’agit ici d’un sauve-qui-peut hystérique-seconde (car j’estime qu’il y a des hystéries longues, moins visibles)
                            Il a été rapporté des cas de dames ayant disons aidé d’autres dames en se sacrifiant. Il n’a été rapporté aucun cas d’homme aidant qui que ce soit.
                            Dans ces cas d’hystérie-seconde, je ne commenterais pas, je ne jugerais pas parce qu’il me semble que ce n’est pas maîtrisable ou éducable



                            Ghetto de Varsovie. Là il y avait aussi de quoi hystériser mais pas à la seconde. On hystérisait-mois. Et bien on a vu de tout. Il y en a qui ont marché sur les autres, qui ont vendu ou dénoncé les autres pour s’en sortir. On en a vu qui sont sortis et rentrés tous les jours en passant par des trous afin d’approvisionner leur famille en bouffe (Martin Grey). On en a vu qui se sont évadés en groupes. Et on en a vu qui n’ont fait qu’introduire des armes pour se battre jusqu’au bout sans plier. Toutes sortes d’attitudes depuis le « sauve-qui-peut » le plus égoïste au « sauve-qui-peut » le plus altruiste.

                            Entre l’incendie du Bazar de la charité et le Ghetto de Varsovie, on pourrait placer le naufrage du Titanic qui a provoqué une hystérie-heure et qui a démontré plusieurs sortes de « sauve-qui-peut » 



                            Concernant la bourse, tous les krachs ont des allures d’hystérie-heure et donnent à penser qu’il n’y a que des « sauve-qui-peut » égoïstes. Et c’est plutôt vrai.
                            Mais à bien y regarder, on peut voir des gens qui ont risqué gros pour sauver le navire entier. Ainsi, en 1907, il y a eu une crise bancaire (frappant la confiance entre banques) ; JP Morgan et Rockefeller ont osé mettre leur fortune sur la table pour rassurer tout le monde (et ça a été encore très limite). 


                            Là, vous nous parlez plutôt du « sauve-qui-peut » qui résulte de l’hystérie-décennie qui frappe notre peuple et consorts. Cette hystérie étant très sourde, elle ne provoque pas des mouvements très visibles mais elle est trop longue alors elle épuise et ce qui se produit le plus ce n’est pas du vandalisme accéléré, du piétinement les uns sur les autres en manière de panique d’incendie mais plutôt un retrait de chacun. 
                            Ce retrait ou repli sur soi généralisé n’est pas égoïste ni pervers au sens individuel. Il produit des effets pervers m’enfin ce n’est qu’un mal décroissanciste. Ce n’est pas plus affreux que ça. 

                            Le « sauve-qui peut » actuel, si on tient à le schématiser, à dire qu’il est commun à tous, est essentiellement du découragement, de la perte d’optimisme, et ne conduit qu’à un retrait de soi, non à un piétinement des autres. Ce qui est piétinement des autres c’est quand par exemple certains arrachent les métaux des installations collectives. Ça existe, mais c’est marginal. Le grand mouvement d’ensemble consiste plutôt à un retrait sans plus. 


                             


                            • alinea Alinea 29 janvier 2013 17:41

                              Oui « easy, je vous suis bien ; il y a les tutsies ; il y a l’exode ; ce n’est pas une panique de foule comme sur le Titanic ou dans le grand bazar ; là c’est encore autre chose !
                              Actuellement, même si c’est un grand bazar, il me semble bien qu’il y ait piétinement, certes pas physique mais : » à chacun sa merde" ! Non ?
                              Et la situation rend cette attitude tout à fait naturelle : nous n’avons plus le loisir de nous intéresser à la chose publique ! Non ?
                              Donc, ici ( et même si, comme je l’ai dit le mot est peut-être inapproprié) le sauve-qui-peut n’est pas panique mais disons, ressemble à la course de char de ben-hur où tous les coups sont permis. L’ultra-libéralisme nous en donne le modèle, nous en montre le chemin !
                              Le sauve-qui-peut qui jusqu’ici était provoqué par des attaques ou des circonstances, violentes ( ou accidentelles), ponctuelles, est devenu notre fond de commerce !
                              Je parle de ce fait ; je ne parle pas de l’entraide, la solidarité, tout ce qui fort heureusement existe encore et qui fait que, plus ou moins, on peut encore à peu près vivre.
                              Pendant les guerres, il y a la délation, le marché noir et, plus exceptionnelles bien que toujours mises en avant, la solidarité et la résistance.
                              La situation dure...s’installe... c’est là où la bas blesse...
                              Bien à vous


                            • easy easy 29 janvier 2013 17:59

                              ***Actuellement, même si c’est un grand bazar, il me semble bien qu’il y ait piétinement, certes pas physique mais : » à chacun sa merde" ! Non ?***


                              Sous l’Ancien Régime, il y avait obligation pour les gueux de participer à 100 sortes de fêtes liturgiques par an (oui ils avaient des congés). Messes et processions incluses. S’y ajoutaient les corvées communales. Il y avait donc une implication de chacun dans la chose publique, extinction d’incendies, enterrements, milice et combats compris.
                              Depuis la FONCTION, ou spécialisation, chacun se concentre sur sa fonction et a très logiquement moins à faire avec la chose publique (sauf pour lui réclamer) 


                               

                              **** Et la situation rend cette attitude tout à fait naturelle : nous n’avons plus le loisir de nous intéresser à la chose publique ! Non ? ****

                              C’est la fonction ou spécialisation qui a fait ça
                              (Et dès l’école on interdit aux enfants de s’entraider. Interdiction de copier)


                            • alinea Alinea 29 janvier 2013 18:03

                              easy : parler de la spécialisation me titille ; je l’ai déjà fait ailleurs, mais franchement je trouve que c’est bien par là que l’on fait « une société-ruche » !
                              Je vais tâcher de faire un corpus d’exemples...
                              Merci


                            • easy easy 29 janvier 2013 19:19

                              Un corpus d’exemples ?
                              Vous n’aurez pas à vous casser la tête puisque chacun convient que nous sommes (à toutes échelles) organisés en termitière (les termites sont plus spécialisés que les fourmis ou les abeilles). Mais de manière cent fois plus spécialisée.

                              Il y a 20 ans, il était convenu que si l’on voyait un accidenté, on faisait ceci cela pour essayer de le sauver.
                              De nos jours, si t’es pas spécialisé, tu n’as pas le droit d’y toucher.

                              Pour empêcher une gamine de 6 ans qui frappe son prof, il faut être policier en uniforme et en patrouille de 3
                               
                              De cette hyper spécialisation ou fonctionnarisation, nous sommes très conscients et d’accord.
                              Nos paysans étant ceux d’entre nous qui sont les plus polyvalents


                              La question que nous pouvons nous poser c’est si cette spécialisation qui nous fait des oeillères est chouette ou pas, efficace ou pas, agréable à vivre ou pas, optimiste ou pas. 

                              Nietzsche semblait trouver ça décadent


                            • alinea Alinea 29 janvier 2013 19:30

                              easy : je suis d’accord avec Nietzsche !
                              Tout a commencé à l’école quand les entreprise et « l’Économie » se sont mêlées d’éducation ; à la sortie de la quatrième, il fallait que le gamin sache dans quelle voie il irait ! Les choses se sont fermées de plus en plus. Je pense que les politiques qui ont voulu cela ou qui ont laissé faire savaient pertinemment que l’ouverture rend responsable et autonome, tandis que le chemin étroit soumet ! Pourtant, tout le monde a suivi sans moufter !


                            • easy easy 29 janvier 2013 19:54

                              C’est étrange comme nous nous sommes si facilement soumis à cette spécialisation.
                              Peut-être y avions-nous vu moins de prise de tête

                              Mais au fond, il y a 3 siècles, il n’y avait guère que les paysans qui étaient polyvalents 
                              En cité, chacun était déjà un peu spécialisé (alors que les études, pour ceux qui en suivaient, étaient très transversales)

                              On dirait que la spécialisation est correlée à l’anonymat (qui n’existe que dans la cité)

                              Toujours est-il que c’est cette spécialisation de chacun qui produit des bidules hyper techniques que chacun utilise sans avoir la moindre idée de comment le fabriquer. 
                              Un type qui produit des bouteilles (vides) ignore comment un cultivateur produit des lentilles et réciproquement.
                              Dans un village, chacun voit comment font les autres.
                              En cité, les ateliers sont secrets. Le savoir n’est plus partagé.


                            • alinea Alinea 29 janvier 2013 20:27

                              À une époque ou l’efficacité, puis la rentabilité sont devenus les maîtres mots, il a dû sembler logique « qu’à chacun son boulon » ( son boulot) on irait plus vite ; je me souviens de Volvo qui avait (re)découvert que non : mettre l’homme au coeur de la création- de la fabrication- était plus judicieux.
                              Les choses se font sans qu’on s’en rende compte, c’est pour ça ; quand on s’en rend compte, il est trop tard ! Aujourd’hui nous en sommes à un stade où l’effet pervers nous renverse de plein fouet ! L’industrie, je ne sais pas trop, mais l’administration, nous en subissons tous les conséquences !
                              Et puis, on peut être très pointu dans un domaine manuel, technique ou technologique, et néanmoins poète, musicien, philosophe ou botaniste...
                              Savoir où on se situe dans un « corps » tentaculaire, savoir son rôle et ce que font les autres, serait, me semble-t-il, le minimum pour trouver un quelconque intérêt à son travail !
                              Mais c’est peut-être trop demander ?


                            • gaston gaston 29 janvier 2013 17:27

                              Bonjour Alinéa,

                              Je ne suis pas très à l’aise pour participer au débat
                              auquel vous nous invitez...me semble-t-il.
                              Beaucoup de vos observations paraissent justes.
                              Et elles le sont probablement,du moins partiellement.
                              Pour moi,qui suis un simple ( je n’ironise pas.),le « Sauve
                              qui peut »,c’est le Titanic,Pearl Harbor,Dunkerque,un
                              Tsunami,un tremblement de terre,un bombardement violent qui
                              ébranle la cave dont on sait bien qu’elle est fragile,l’incendie dans
                              une discothèque,La panique devant l’invasion imminente de
                              troupes ennemies .Par exemple,ces images de l’ambassade Américaine
                              à Saïgon, en 1975,lors de l’invasion du Sud-Vietnam par les troupes du Nord.
                              La liste entre dangers naturels,et dangers provoqués par l’Homme,est évidemment
                              très longue,et...non exhaustive !
                              Vous écrivez :<<...car dans ces moments-là,tant pis pour celui qui ne peut pas.On laisse
                              son compagnon,on peut même laisser son gosse.Cela s’appelle l’instinct de survie >>.
                              Si la fuite-panique concerne beaucoup de monde,alors oui,en général l’expérience le montre :« tant
                              pis pour celui qui ne peut pas »...s’il est seul. Mais pas toujours !Et cela mérite peut-être de le signaler,et de s’y arrêter...
                              En ce qui concerne l’abandon du compagnon ou de l’enfant,je serais beaucoup plus nuancé.Bien entendu,on trouvera toujours quelques cas.Mais c’est probablement extrêmement rare.
                              Plus généralement dans ces circonstances,la cellule familiale fait corps.Elle cherche à sauver « le
                              ensemble ».Et s’il n’y a pas moyen de faire autrement,oui,tant pis pour les autres.Mais pas toujours !
                              Je ne m’exprime là qu’en fonction de l’homme que je suis,et qui aura bientôt 70 ans.Ce n’est pas
                              forcément significatif,mais mon expérience a été,et est encore partagée avec d’autres,beaucoup
                              d’autres,forcément.Je ne prétends pas pour autant détenir la Vérité. Je sais seulement que je ne suis pas fier de mon comportement dans certaines circonstances,et heureux ( sans fierté particulière ),de mon comportement,dans d’autres.
                              Cela est valable et pour l’aspect physique ( j’ai pratiqué l’alpinisme « facile » depuis l’âge de 8 ans.),
                              et pour l’aspect social,et sociétal ( je suis entré à l’usine à 17 ans ,puis après quelques années
                              d’apprentissage,suis devenu militant ouvrier.).
                              Dans le combat ( toujours un peu contre soi-même.Que ce soit en montagne sous l’orage,ou à l’usine,face à un patron qui pratique le chantage et le harcèlement,il faut d’abord combattre sa peur,
                              sa trouille.) Mais il n’y a pas de héros !
                              Oui,en ce qui concerne l’état de l’individu dans la société d’aujourd’hui,je partage pas mal de vos
                              observations.
                              Pourtant,quand vous écrivez : <<...tout est plat,il n’y a plus de fierté [...] il n’y a plus de projet >>,je
                              vous trouve très pessimiste.Regardez autour de vous.Écoutez les ouvrières et ouvriers de Florange,de PSA,les agriculteurs- aidés par de nombreux jeunes de tous milieux -de Notre Dame des Landes.De celles et de ceux qui luttent contre le Nucléaire.De celles et ceux qui se battent
                              contre les promoteurs ( des charognards,je suis bien d’accord avec vous ),dans la Vanoise,dans les 
                              Chambarans,dans le Massif Central.Dans le froid,la boue,les charges des CRS ( violences et
                              lacrymogènes ),ils ne se battent pas uniquement pour conserver leur situation ( Ouvriers en usine !Bruit,cadences,flicage,mouchardage,accidents,maladies,salaires ridicules qui ne permettent
                              pas de vivre,mais de survivre),mais aussi pour garder la tête haute.Dans ces combats,depuis
                              toujours,la revendication de la dignité de l’humain à toujours été présente.
                              Et pouvez-vous faire l’impasse sur le mouvement des indignés ? Du combat du peuple Grec ?
                              Du peuple Espagnol,d’autres ailleurs.Y compris au Japon,aux USA,en Amazonie,et j’en passe.
                              En matière de solidarité,allez passer quelque temps comme volontaire aux « restos »,au 
                              Secours populaire ou Catholique,au DAL,chez Emmaüs,à Resf,Médecins du Monde,etc.
                              Non,Alinea, ,tout n’est pas plat. Sauf le couvercle sur la casserole d’eau qui chauffe,qui boue peut-être, je n’en sais pas plus que vous.
                              Ah aussi !Si ce n’est déjà fait,je vous invite à lire le dernier bouquin d’Edgar Morin.Ou de Jean Claude Guillebaud,que vous pouvez écouter sur ce lien ( pourvu qu’ça marche !)


                              Je suis bien d’accord avec vous,quand vous écrivez : << Il s’agit donc bien pour nous de faire halte,
                              de réfléchir et trouver au fond de soi cette alternative que personne ne nous proposera jamais >>.

                              Et puis j’aime bien ce poème d’Antonio Machado :
                              Mort pour ses idées...


                              Marcheur, ce sont tes traces

                              ce chemin, et rien de plus ;

                              Marcheur, il n’y a pas de chemin,

                              Le chemin se construit en marchant.

                              En marchant se construit le chemin,

                              Et en regardant en arričre

                              On voit la sente que jamais

                              On ne foulera ŕ nouveau.

                              Marcheur, il n’y a pas de chemin,

                              Seulement des sillages sur la mer.


                                                  ( Extrait )

                              Merci pour votre article.

                              En toute cordialité.

                              P/S : Ne m’en veuillez pas si je ne réponds pas à un éventuel commentaire.Je suis fatigué,maintenant.


                              • alinea Alinea 29 janvier 2013 17:47

                                Marci Gaston : c’est juste que mon article ne parlait pas de ceux qui luttent, de ceux qui combattent, de ceux qui créent, de cette minorité courageuse et éclairée, mais de la majorité de ceux qui sont à ce point pressurés qu’ils s’en sortent comme ils peuvent ; avec lâcheté souvent...
                                Voilà, pour le reste, et à tous les autres commentaires qui vont dans votre sens, je ne peux dire que je suis d’accord avec eux, mais que ce n’était pas le sujet de mon article !


                              • Fred94 29 janvier 2013 19:28

                                Sauve qui peut avec peu de temps... Vivre ensemble ou être en guerre ? Partager ou accumuler ?

                                Aider à vivre ou aider à mourir ? en bref, démocratie ou ploutocratie ?

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