Manuel de transition : chapitre 1, pic pétrolier et changement climatique (partie 1/2)
Afin de comprendre le mouvement de transition, nous débuterons par faire un résumé des différents chapitre du manuel de transition écrit par Rob Hopkins en 2008. Afin de comprendre les raisons de la transition, le premier chapitre traitera du pic pétrolier éminent (à l’époque) et du réchauffement climatique.
On le verra, le mouvement des initiatives de transition est avant tout un mouvement écologique essayant de trouver des solutions à échelle locale. Il y a cependant deux particularités qui le dénotent des autres ; la première, celle qui nous intéresse pour cet article ; pour la première fois on prend la question de pic pétrolier et du réchauffement climatique ensemble et non pas séparément. La deuxième différence, c’est son aspect positif et la proposition d’action locale et directe, mais nous y reviendrons dans un prochain article.
Rob Hopkins sépare son ouvrage en trois grandes parties : la tête, le cœur et les mains. Les 4 premiers chapitres font partie de la tête, c’est-à-dire qu’on approfondira la compréhension de ce que représente le pic pétrolier et le changement climatique.
Chapitre 1 : Le pic pétrolier et le changement climatique : les deux grandes omissions de notre époque.
Qu’est-ce que le pic pétrolier ?
Le pic pétrolier indique le moment X où l’extraction de pétrole sera à son plus haut point par la suite l’extraction possible n’ira qu’en descendant. Comme beaucoup d’entre nous, au départ, Rob Hopkins avait une mauvaise compréhension de ce qu’était le pic pétrolier.
« … j’avais toujours supposé que le pétrole qui alimente notre économie se comportait de la même façon que l’essence dans le réservoir d’une auto : que le moteur fonctionnerait de la même façon qu’il soit rempli ou presque vide. »
C’est-à-dire que l’on ne pourra pas extraire du pétrole jusqu’à la dernière goutte de la même manière que lorsqu’on a commencé, que l’on ne pourra pas faire fonctionner le système du début à la fin de la même manière. Pour mieux comprendre pourquoi il est important de savoir comment se créer le pétrole.
« Il s’est formé à partir de zooplancton préhistorique et d’algues qui couvraient les océans il y a 90 à 150 millions d’années de cela […] Ils coulèrent au fond de l’océan, furent couverts de sédiments amenés par les cours d’eau des terres avoisinantes, furent enterrés de plus en plus profondément et, avec le temps, furent chauffés sous des pressions extrêmes par les processus géologiques jusqu’à devenir un jour du pétrole. »
Autre facteur important à savoir : 1 gallon de pétrole extrait du sol contient l’équivalent d’environ 98 tonnes de la matière algale originale.
Pourquoi utilisons-nous alors tant de pétrole si c’est si long à se former ? Pour la même raison que l’on a utilisé le charbon plutôt que la vapeur ; c’est sa valeur énergétique extrêmement efficace qui en fait une matière inestimable à notre mode de vie. « On estime que 40 litres d’essence dans le réservoir d’une voiture contiennent l’équivalent énergétique de quatre ans de labeur manuel humain. »
Comprendre ce que représente la consommation énergétique de notre mode vie actuel explique le besoin que nous avons des ressources naturelles. Dans sa conférence gesticulée Anthony Brault nous explique que le roi de France Louis XIV avait 40 personnes pour l’assister dans ses tâches quotidiennes, or, il a été calculé qu’un français moyen, avec toutes les machines et services que l’on peut avoir chez soi, à l’équivalent de 120 esclaves énergétique.
Le pic pétrolier, c’est quand ?
Un géologue américain, King Hubbert, prédit en 1956 que les États-Unis atteindraient leur pic de production dans les années 1970 ; il eut le malheur d’avoir raison. Comment avait-il fait ? Il avait trouvé que l’on pouvait comparer les découvertes de gisements avec le pic de production de ceux-ci, « le pic des découvertes tend à se produire entre 30 et 40 ans avant un pic de production. » On appelle cela maintenant le Pic du Hubbert. Selon ces mêmes études on s’aperçoit que le pic de découvertes a eu lieu en 1965 dans le monde.
Le pic pétrolier est là, si ce n’est déjà dépassé, plusieurs indicateurs le démontrent, on en apprend quelques-uns dans le manuel ; sachant que le prix des actions d’une compagnie pétrolière dépend de ses réserves pétrolières, il est monnaie courant que des acquisitions-fusions se fassent entre compagnie afin d’augmenter sa réserve sur papier. Il y a même certaines compagnies qui rachètent leurs propres actions pour garder le prix constant.
source : http://www.exitmundi.nl
Le prix élevé du baril qui a plus que quintupler au cours des 20 dernières années, permet la rentabilité de l’extraction des sables bitumeux, le désastre de l’Alberta. Un pétrole si compliqué à atteindre qu’il utilise des tonnes d’eau pour le laver et qu’on en retire que 20 %. Il faut savoir que lorsque la ruée vers l’or commença, la production d’un derrick était de 1 pour 100, c’est-à-dire que pour une dépense énergétique, on en récoltait 100. Dorénavant, avec les sables bitumineux le gain est de 1 pour 4.
Le chapitre 1 regorge d’exemples et d’explications dont je ne parlerais pas ici afin d’alléger la lecture, mais je vous conseille vivement de regarder cette conférence gesticulée (mixe entre spectacle et conférence) d’Anthony Brault sur l’énergie où ce que j’ai expliqué est raconté d’une manière ludique et très informative. Je fais une entorse en ne parlant pas que du manuel de transition, car cette conférence pourrait remplacer le chapitre 1 pour comprendre et prendre conscience de l’importance de l’énergie dans nos vies.
Suite du chapitre 1 dans le prochain article
Note : Toute les références sont tirés du livre : "Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale" de Rob Hopkins dans sa version française éditée par Écosociété ISBN 978-2-923165-66-0
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