Molière a avalé sa langue ou le recul du français dans le monde
« D’ici 2036, la proportion de ceux qui ont le français comme première langue au Québec devrait chuter d’environ 10 %, passant de 79 % en 2011 à une fourchette projetée de 69 % à 72 %. » ajoute Statistique Canada. Si après tout ça personne n’a encore avalé sa langue, moi j’étouffe déjà !
Même si officiellement le nombre des personnes qui parlent la langue de Molière est estimé à plus de 270 millions la langue française perd de plus en plus du terrain dans le monde. Et pendant ce temps les politiques et hommes de communication français au lieu de promouvoir leur langue au moins en la pratiquant correctement face à l’avancée inexorable de l’anglais et du chinois ils font tout pour l’enfoncer davantage en adoptant et promouvant des mots tarabiscotés dont l’académie française a pourtant mis en garde. Du genre « liker, candidater, avocater, fuiter ou encore nominer,… » Sans contexte, Brexit ou pas, non seulement la langue de Shakespeare renforce chaque jours sa suprématie sur le français mais il est presque acquis qu’elle sera d’ici une dizaine d’années la langue la plus parlée dans le monde après le chinois, l’espagnol et l’arabe. Il y a une quinzaine de jours les Marocains ont découvert qu’Euronews émettant en clair ne diffuse plus en français, ni sur Hotbird ni sur Nilesat. Si l’abandon de la traduction française par la chaîne de télévision paneuropéenne est passée inaperçue en France c’est parce qu’il arrange des chaînes françaises concurrentes comme France 24 et TV5 Monde. On appernd ainsi l'anglais avec Euronews ! Merci à qui ? L’Europe et l’Afrique sont les terrains où la langue française recule le plus. Dans le vieux continent « si en 1997 40% des textes étaient rédigés en français, seuls 5 % étaient écrits dans la langue de Molière en 2014. Inversement, en 1997 45 % des textes étaient rédigés en anglais avant d’être traduits dans les autres langues de l’Union ; ils étaient plus de 80 % en 2014. » En France rien qu’au niveau de la langue de rédaction des thèses de doctorat la tendance est significative et en dit long sur la décrépitude du français. « En 2000, 366 thèses rédigées en français étaient diffusées en open-access sur www.theses.fr et 16 en anglais. En 2015, c’est 3838 thèses en français qui sont diffusées en open-access et 2173 en anglais. » Depuis la loi Toubon du 4 août 1994 qui fait du français « la langue de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics et qui « impose le français mais n’interdit pas l’usage d’autres langues » de l’eau aura coulé sous les ponts ! Au Maroc l’un des pays arabes et africains où le français a connu ses heures de gloire est en train de virer british. L'anglais y est désormais obligatoire pour soutenir une thèse de doctorat. « Dans une circulaire datant du 20 mai et envoyée aux présidents des universités marocaines, le ministère de l'Enseignement supérieur a énuméré les nouvelles conditions à remplir pour soutenir une thèse de doctorat. » Selon cette circulaire, qui entre en vigueur à partir du 1er septembre 2017, « le doctorant doit, pour valider sa thèse, avoir publié au moins un article en anglais. »
DECLIN PARTOUT
Mieux : deux années avant, en avril 2014, le même Maroc met en place une section internationale option anglais. « Le ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle et le British Council-Maroc ont signé à Rabat une convention de partenariat portant sur la mise en place d'une section internationale du baccalauréat marocain- option anglais (SIMB-op Ang). » Et en vertu de cette convention, paraphée conjointement par le ministre de l'Education nationale et de la Formation Professionnelle Rachid Benmokhtar, et Martin Rose, du British Council, « la rentrée scolaire 2014-2015 a vu l'ouverture de 12 classes de tronc commun, dont 6 de tronc commun scientifique et 6 de tronc commun lettres et sciences humaines. Ces classes seront réparties sur trois lycées dans les villes de Casablanca, Rabat et Tanger. » En Afrique , pourtant terre de toutes les « Francofolies », même son de cloche. « 11 pays africains seulement ont adopté le français comme unique langue officielle. Dans le reste du continent, la langue française y côtoie des langues locales ou étrangères qui relèguent la langue de Molière au rang de langue d'apprentissage dans l'enseignement ou de complément linguistique. » Là aussi au lieu de s’en alarmer et chercher à inverser la vapeur, la France du progrès entérine des décisions qui suscitent polémique et incompréhension. Lors du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) (80 Etats membres répartis en 54 Etats membres, 23 pays observateurs et 3 membres associés) organisé en octobre 2012 à Kinshasa (Congo démocratique), « Le Qatar pays où il y a autant d’habitants qui parlent le français qu’il y a d’Américains en Corée du Nord « est entré directement dans l'organisation en tant qu'+Etat associé+ sans passer par la +case observateur+ », comme c'est souvent la règle. « Un lobbying réussi qui fait grincer des dents à l'OIF » ont commenté les indignés qui attendent désormais le tour de l’Arabie saoudite. Mais que vaut réellement cette OIF que d’aucuns qualifient de coquille vide faisant office au plus d’agence de voyages. Lors de son sommet en novembre 2016 à Antananarivo (Madagascar), la participation a brillé par son faible niveau. Deux chefs d’Etat le président de France François Hollande et le roi du Maroc Mohammed VI ont quitté les lieux prématurément. « Seuls dix-sept chefs d’État et de gouvernement étaient présents à l’ouverture du sommet. Parmi les absences les plus remarquées, celle du roi du Maroc, Mohammed VI, qui était en visite d’État à Madagascar mais a quitté Antananarivo au petit matin, le 26 novembre, avant même le début des travaux. » Quant au président français, François Hollande, « il a pour sa part écourté sa visite de plusieurs heures et n’a pas fait d’apparition au deuxième jour du sommet » – il a privilégié d’autres événements à Antananarivo (…) » Last but not least, au Canada rien ne va non plus pour le français. « La population de langue maternelle française au Québec et au Canada connaîtra un important déclin d’ici 20 ans, selon divers scénarios étudiés par Statistique Canada rendus publics en janvier 2017 » « D’ici 2036, la proportion de ceux qui ont le français comme première langue au Québec devrait chuter d’environ 10 %, passant de 79 % en 2011 à une fourchette projetée de 69 % à 72 %. » ajoute Statistique Canada. Si après tout ça personne n’a encore avalé sa langue, moi j’étouffe déjà !
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