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Accueil du site > Tribune Libre > Mondialisation, profit et déstabilisation

Mondialisation, profit et déstabilisation

Un juste retour de boomerang ?

Le 15 novembre dernier, dans un article intitulé "Les arbres ne montent pas au ciel", je m’étonnais de la tendance de bon nombre de commentateurs à comparer les taux de croissance français et chinois sans prendre en compte l’écart entre revenu national brut (RNB) par habitant (il est en 2009 de 42680 € en France et de 3590 € en Chine)

Je viens d’avoir la curiosité de reprendre les statistiques fournies par la Banque Mondiale et de regarder l’évolution du rapport entre le RNB français par rapport aux trois pays qui font la une des commentaires, à savoir la Chine, l’Inde et le Brésil. Le graphe ci-dessous montre le résultat.

On voit que, jusqu’au milieu des années 90, l’écart entre la France versus la Chine comme l’Inde s’accroît très significativement : il passe d’environ 20 au début des années 60 à 60 versus la Chine et plus de 70 versus l’Inde. Dans le même temps, il n’y a quasiment aucune évolution par rapport au Brésil, le rapport restant quasi stable autour de 7.

A partir de mi 95, les choses changent avec une évolution rapide et parallèle de la Chine et de l’Inde. Notons que le rapport avec l’Inde reste supérieur à celui des années 60 : il est de l’ordre de celui de la fin des années 70. La Chine vient, elle, seulement depuis 2006 d’avoir un rapport meilleur que celui des années 60. La symétrie entre les courbes avant et après 95 est aussi frappante.

Le Brésil évolue, lui, beaucoup moins vite, mais c’est « logique » car il part d’une situation nettement moins défavorable. On constate aussi une oscillation du rapport : l’amélioration sensible depuis 2004 qui voit passer le rapport de 9,1 à 5,3 en 2009 va-t-elle se poursuivre ?

Je ne sais pas comment vous réagissez à la lecture de ce graphe, mais cela montre un paysage plutôt différent de celui propagé la plupart du temps : l’évolution actuelle n’est-elle pas d’abord un juste rééquilibrage ?

Si l’on observe maintenant la situation des pays d’Afrique du Nord et de nos anciennes colonies d’Afrique Noire, la situation est plus diverse :

- Le Sénégal et la Côte d’Ivoire voit leur situation se dégrader très fortement depuis les années 60, avec une légère inflexion pour la Sénégal depuis les années 90 : depuis 1962, l’écart vis-à-vis de la France a été multiplié par 4, passant de 10 à 40.

- Les autres pays ont une évolution rappelant celle de la Chine ou de l’Inde, mais avec des évolutions beaucoup plus lentes : du début des années 60 au milieu des années 90, accroissement des inégalités par rapport à la France, puis amélioration mais beaucoup plus lente. Le Gabon a très peu évolué dans un sens comme dans l’autre en restant toujours autour d’un rapport de 5.

Ainsi le développement s’est fait jusqu’au milieu des années 90 essentiellement à notre profit. Notamment la délocalisation de l’industrie textile vers l’Afrique du Nord qui a eu lieu dans les années 80 ne s’est pas du tout traduite par un rattrapage.
La baisse depuis lors est donc là aussi d’abord un rééquilibrage, mais modeste : en 2009, l’écart entre la France et le Maroc retrouve la situation de 1980, avec la Tunisie il est encore plus grand qu’au début des années 60 …

Finalement, tout ceci montre clairement que nos sociétés occidentales se construites sur et grâce à la mondialisation et aux échanges entre nations. C’est ce qui a nourri notre croissance, jusqu’à présent. Maintenant, nous « subissons » un effet boomerang, dû au rééquilibrage. Ce dernier est rapide et brutal vis-à-vis des pays les plus défavorisés comme la Chine et l’Inde, plus lent vis-à-vis des autres. Nous sommes donc « condamnés » à faire des économies, car, en quelque sorte, nous remboursons des dettes passées.

Une dernière remarque concernant la Chine. Autant notre modèle de société, d’économie et de développement repose sur l’ouverture et les échanges avec l’extérieur, autant celui de la Chine repose sur un système historiquement fermé. Jusqu’à ces dernières années, la Chine n’a quasiment pas échangé avec l’extérieur. Depuis une quinzaine d’années, ceci a changé : flux régulier, croissant et important d’étudiants chinois dans les universités occidentales, et qui reviennent tous dans leur pays d’origine (poussés notamment par l’effet de l’enfant unique qui les ramène vers leurs parents) ; diplomatie chinoise qui prend des positions loin de ses bases pour sécuriser des accès à des ressources primaires (énergie, minerai, alimentation) ; internationalisation des entreprises chinoises.

Comment la Chine va-t-elle faire face aux conséquences de cette ouverture ? Jusqu’où cela déstabilisera-t-il le modèle culturel et politique chinois ? Nul ne sait. Mais il est certain que ce flux lent et constant qui fait croître cette ouverture, sera porteur de changements très importants.

Finalement, la mondialisation est moins une remise en cause pour nous – nous nous sommes construits grâce à elle – que pour la Chine…


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17 réactions à cet article    


  • Agor&Acri Agor&Acri 25 novembre 2010 12:33

    @ l’auteur,

    à mes yeux, votre article est scandaleux.

    Il mérite d’être dénoncé pour son contenu insidieux, qui incite le lecteur à considérer la crise et les souffrances à venir comme une fatalité découlant d’une l’expansion dont il a profité jusqu’à présent, grâce à la Mondialisation.
    Pas de responsables (d’irresponsables), pas de coupables, juste une situation présente qu’il faut accepter passivement parce qu’elle est...un juste retour des choses  smiley

    Vous titrez votre article

    Mondialisation, profit et déstabilisation
    Un juste retour de boomerang ?

    et vous écrivez
    "Finalement, tout ceci montre clairement que nos sociétés occidentales se construites sur et grâce à la mondialisation et aux échanges entre nations. C’est ce qui a nourri notre croissance, jusqu’à présent. Maintenant, nous « subissons » un effet boomerang, dû au rééquilibrage.
    //...
    Nous sommes donc « condamnés » à faire des économies, car, en quelque sorte, nous remboursons des dettes passées
    « .

    Finalement, nous vivrions un banal rééquilibrage que 3 graphes permettent d’expliquer parfaitement. Ceci explique les violents plans d’austérité qui se mettent en place et qui sont simplement à considérer comme une fatalité.  smiley

    Et à cause de qui en est-on arrivé là ?
    Qui a imposé la mondialisation, à coup de propagande massive et mensongère et contre la volonté des peuples la plupart du temps ?

    Par un mot sur le fait que les violents déséquilibres qui amènent ce parfaitement prévisible effet boomerang, sont le fait de cénacles de décideurs apatrides, qui ont oeuvrés en arrière-plan et en violant tous les principes démocratiques.

    Vous osez écrire : »Finalement, tout ceci montre clairement que nos sociétés occidentales se sont construites sur et grâce à la mondialisation « 
    alors que la Mondialisation est précisément un chemin de déconstruction de nos sociétés, subit par les populations contre leur gré.
    La stagnation des salaires, la précarité, les délocalisations, le chômage massif, la mise en concurrence de chacun contre tous = voilà, pour les populations, les effets de la Mondialisation depuis 2 décennies.

    Qui en a profité ? Qui s’est enrichi démesurément ?
    Qui a profité du système de dettes ?
    Et qui est toujours là, toujours aux commandes, pour à présent imposer des régimes secs aux peuples ?

    La conclusion de votre article aurait dû être celle-ci :
     »Finalement, tout ceci montre clairement que nos élites occidentales se sont construites et enrichies sur et grâce à la mondialisation, en trahissant les peuples et en se moquant éperdument des inévitables conséquences pour les populations "

    Vous avez choisi, au contraire, de défendre une position de résignation (acceptez sans broncher puisque ce n’est qu’un juste retour des choses).

    Votre point de vue dénote un état d’esprit dont je laisse juge les lecteurs.


    • Robert Branche Robert Branche 25 novembre 2010 13:51

      Je comprends votre réaction : je n’ai jamais écrit et pensé que nous avions tous profité équitablement de cette croissance. Mais c’est un fait que globalement notre pays s’est enrichi considérablement et en creusant l’écart avec les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud.

      Ceci appelle le rééquilibrage en cours, et donc un appauvrissement relatif de notre pays.
      Le refuser c’est se masquer la réalité des années qui nous attendent. Les politiques de gauche comme de droite ne me semble pas en être réellement conscients.
      Reste alors à savoir comment « gérer cet appauvrissement » et le faire en anticipation.
      Cela relève d’un projet politique que je n’aborde pas dans cet article.
      Personnellement je pense que ceci devrait reposer sur les points suivants :
      - Arrêter les investissements dans les infrastructures de transport (nos routes et voies ferrées sont déjà nettement au-dessus du standard mondial et sont un avantage compétitif) et dans la défense nationale et l’armée (nous n’avons plus les moyens de nous payer une armée indépendante et nous sommes bp plus vulnérables à cause des manques de moyen de la justice et de l’éducation nationale que ce qui se passe en Afghanistan)
      - Redéployer une partie des sommes dégagées pour investir dans l’Education, la Justice et les prisons, car nous sommes dramatiquement décalés sur 3 sujets qui sont source d’affaiblissement futur et d’insécurité,
      - Augmenter très significativement la fiscalité sur tous les revenus élevés pour pouvoir continuer à financer la protection sociale de ceux qui autrement seraient les premières victimes

      Voilà la liste n’est évidemment pas exhaustive.

      Reste enfin la projet positif à construire qui pour moi doit prendre appui sur la multiculturalité de nos pays et en tirer parti. Le monde de demain sera multiculturel et nous sommes les mieux placés pour l’inventer ici et maintenant.

      Je ne suis donc pas résigné, mais lucide. Je suis aussi convaincu que le meilleur peut sortir des échanges entre personnes ayant des cultures et des histoires différentes.
      Pensez à la musique : elle s’est constamment enrichi des échanges...

    • Agor&Acri Agor&Acri 25 novembre 2010 14:35


      @ l’auteur,

      j’apprécie que vous ayez pris la peine de me répondre mais votre argumentation me laisse véritablement perplexe.

      Vous écrivez à présent
      « Les politiques de gauche comme de droite ne me semble pas en être réellement conscients ».
      Seriez-vous en train de vous moquez de nous ?
      Cette phrase décrédibilise fortement votre posture.

      C’est exactement comme si vous écriviez : «  »Les politiques de gauche comme de droite ne me semble pas connaître l’existence de Bilderberg, de la commission Trilatérale, du CFR, de l’Institut Aspen, du club Le Siècle, de l’Ifri..............."

      Essayez-vous de suggérer que les castes oligarchiques systématiquement représentées dans les cénacles que je viens de citer
      et dont les colossales fortunes se moquent des frontières ou des zones géographiques
      et qui, donc, se moquent des conséquences de ce rééquilibrage (quel joli mot !)
      n’ont pas à être mêlées au débat ?

      Seriez-vous en train d’essayez de nous faire croire que nous vivons dans un Monde tel que nous le présente les grands médias et que ce dont les médias ne parlent pas n’existe pas ?

      Essayez-vous de suggérer que notre avenir pourrait dépendre de ces marionnettes de gauche ou de droite, alors que la mascarade a fait long feu et qu’il est établi qu’ils ne sont là que pour entretenir l’illusion que nous (le peuple) disposons encore d’un peu de souveraineté ?

      Et pourquoi ne pas remplacer vos graphes par des dessins de Oui-Oui au pays des merveilles  smiley

      ...quand je dis perplexe...


    • Robert Branche Robert Branche 25 novembre 2010 14:45

      Je maintiens, au risque donc pour vous de passer pour un « oui-oui », que les politiques ne sont pas conscients de la réalité des situations. Ils sont pris dans une course effrénée qui ne leur donne plus le temps de réfléchir. 

      Cette course qui est aussi le lot de la plupart des dirigeants - je suis personnellement conseil auprès de certains, et je les vois essayant de réfléchir entre 2 avions, 2 rendez-vous, 2 décisions - est nourrie par une frénésie collective (voir les écrits de Paul Virilio là-dessus).
       Les courbes que je montre sont la réalité et illustrent les grands courants. C’est à partir d’elle qu’il faut réfléchir.
      Nos civilisations européennes, puis américaines se sont construites sur les échanges et les voyages. D’abord au sein de l’Europe, puis mondialement. Ceci a commencé dès les romains et les grecs. Le capitalisme est né sur ces bases et non l’inverse.
      Imaginer que l’on peut revenir en arrière, c’est vouloir rembobiner l’histoire sur 2000 ans, ce qui est évidemment impossible - on ne peut pas reséparer des gaz une fois qu’ils se sont mélangés et ont réagi ensemble - et n’est même pas souhaitable : nous sommes riches des différences et non pas des séparations

    • Agor&Acri Agor&Acri 25 novembre 2010 15:10


      ...et vous faites une fois de plus l’impasse totale sur les cercles de décisions qui court-circuitent la démocratie depuis des décennies. smiley smiley

      Le problème est précisément que votre argumentation s’effondre dès lors qu’on inclue cette donnée majeure dans le raisonnement.

      Parce que tous les documents qui existent à leurs sujets (y compris des documents parfaitement officiels !), prouvent exactement le contraire de ce que vous prétendez :
      Peut-être que certainement qu’un certain nombre de chefs d’entreprises ou de politiques « sont pris dans une course effrénée qui ne leur donne plus le temps de réfléchir. »

      Mais ceux qui participent à ces « clubs de réflexion » mondialistes, et depuis des décennies pour certains, ceux-là l’ont le recul !

      Aussi, face à vos tentatives d’évitement des sujets qui fragilisent votre propos, mon sentiment à votre égard, évolue de la perplexité vers un scepticisme moins complaisant. smiley


    • Marc Bruxman 25 novembre 2010 19:33

      « à mes yeux, votre article est scandaleux. »

      Chacun est libre de ses opinions !

      "Finalement, nous vivrions un banal rééquilibrage que 3 graphes permettent d’expliquer parfaitement. Ceci explique les violents plans d’austérité qui se mettent en place et qui sont simplement à considérer comme une fatalité. Et à cause de qui en est-on arrivé là ?
      Qui a imposé la mondialisation, à coup de propagande massive et mensongère et contre la volonté des peuples la plupart du temps ?« 

      La mondialisation s’est imposée toute seule :

      • En 1970 suite à la fin de la reconstruction le marché intérieur des pays occidentaux est saturé. On approche de la crise, le choc pétrolier sera le déclencheur.
      • Dans le même temps, les voyages et les communications deviennent »faciles".
      Pour une entreprise sur un marché saturée, la seule solution devient exporter ou produire moins cher. Réagir de façon mondialisée devenait alors la seule voie du salut et cela permettait de prolonger la prospérité. Les politiques n’étant pas débiles et comprenant que ce changement était inévitable, ils ont facilités le mouvement. Ils n’avaient pas vraiment le choix. L’angleterre l’a d’abord refusé et si Tatcher a été élue c’est parce que le Royaume Uni était exangue. On ne lutte pas contre le courant et les politiques qui se croient puissant n’ont pas le pouvoir de changer la direction du courant. La direction du courant ce sont les inventeurs qui la font sans souvent comprendre les conséquences de leurs inventions. Plaignez vous à Clément Ader qui a inventé l’avion, aux inventeurs de l’automobile et à tous ceux qui ont rendu cette société mondialisée techniquement faisable.

      "Par un mot sur le fait que les violents déséquilibres qui amènent ce parfaitement prévisible effet boomerang, sont le fait de cénacles de décideurs apatrides, qui ont oeuvrés en arrière-plan et en violant tous les principes démocratiques.« 

      La démocratie veut dire qu’il y a des élections et une constitution à respecter. Tant que cela est respecté, nous sommes en démocratie. Malheureusement si le peuple donnait son avis sur des choses qu’il ne comprends pas, nous serions tous dans le mur.

       »alors que la Mondialisation est précisément un chemin de déconstruction de nos sociétés, subit par les populations contre leur gré.« 

      Nos sociétés pratiquent la mondialisation depuis 1492 au moins et en rélaité bien avant. Nous nous sommes enrichis grâce au commerce avec l’amérique du nord, l’orient, l’affrique, etc, ... C’est notre histoire que l’on l’aime ou non. La mondialisation des années 70 - now() n’en est que le prolongement.

       »La stagnation des salaires, la précarité, les délocalisations, le chômage massif, la mise en concurrence de chacun contre tous = voilà, pour les populations, les effets de la Mondialisation depuis 2 décennies."

      Les télés pas cher, les téléphones portables pas cher, qui en a profité ?

      « Qui en a profité ? Qui s’est enrichi démesurément ? »

      Nous tous. En 1980 peu de gens prenaient l’avion à titre privé. C’est aujourd’hui courant. Nous avons des ordinateurs personnels, internet des téléphones portables. Nous changeons de voiture plus souvent. Tout cela il a fallu le construire et le payer. Peut être que pour les 30% les plus en bas de l’échelle la mondialisation a fait du mal, mais pour les autres elle a été bénéfique.

      « Et qui est toujours là, toujours aux commandes, pour à présent imposer des régimes secs aux peuples ? »

      Ou plutot qui a fait croire au peuple que demain cela serait free-lunch ? Le régime sec n’est qu’un réajustement. Quand on distribue de l’argent que l’on a pas, on finit par être à sec. Cela marche aussi pour votre propre compte en banque.

      "Vous avez choisi, au contraire, de défendre une position de résignation (acceptez sans broncher puisque ce n’est qu’un juste retour des choses)."

      Plus exactement, il faut se remettre dans la partie ce qui inclut les plans d’austérité afin de redevenir compétitif. Quand on sait comment cela se passe en Chine, nous pouvons tout à fait être compétitifs face à eux. Si l’on parvient à baisser réellement les taxes (pas plus de 20% de prélévements obligatoires) la prospérité reviendra d’elle mêmes.

      Si l’état revient à ses missions régaliennes nous pouvons largement revenir à des prélévements ne dépassant pas 20% sous forme d’une flat taxe unique : la tva. Investissons dans une société d’entreprenatiat et de création plutot que dans l’assistanat !


    • Agor&Acri Agor&Acri 26 novembre 2010 13:06

       

      @ Marc Bruxman


      vous exprimez votre foi dans l’idéologie libérale, c’est votre droit le plus strict.


      Malheureusement pour la cause que vous souhaitez défendre, vos arguments sont objectivement contestables pour la plupart, ne serait-ce que parce que vous mettez les connotations qui vous conviennent derrière certains termes, sans respecter l’esprit de ce que j’ai précédemment écrit.


      Ceci révèle une volonté de tordre la réalité pour l’adapter à vos idées et rend bien fragile votre démonstration.


      Vous dites :

      « La mondialisation s’est imposée toute seule »

       smiley  smiley  smiley


      Pour l’aspect « échanges commerciaux internationaux », c’est exact, depuis des siècles…justement, précisément, depuis des siècles.

      Pour la « Mondialisation » telle que nous l’entendons aujourd’hui (capitalisme sauvage dérégulé, ouvrant les économies nationales aux 4 vents), c’est profondément faux et vous le savez pertinemment.


      Jouer sur l’amalgame, entre les 2 acceptations du terme, révèle une tentative de manipulation rhétorique parfaitement malhonnête de votre part. smiley

       

      Qui pourrait nier, par exemple, les gigantesques opérations de déstabilisation des pays d’Amérique du Sud conduites par les USA au cours du 20ème siècle :interventions de la CIA allant jusqu’à l’assassinat de personnalités politiques, financement de groupuscules révolutionnaires ou contre-révolutionnaires, etc. ???

      Et après avoir semé le chaos et conduit les pays à la ruine quelle était l’étape suivante ?

      La mise sous tutelle du bras financier armé de la Mondialisation heureuse, à savoir le FMI, qui se chargeait de casser tous les ressorts nationaux de protectionnismes (eau, énergie, transport, système bancaire, etc) et de livrer la proie sans défense aux multinationales avides de sang frais.

      Comment osez-vous affirmer : "La mondialisation s’est imposée toute seule"

      Chercheriez-vous à réécrire l’histoire ?


      Et si nous parlions de la dérive libérale imposée par Bruxelles dans le cadre, notamment, d’un traité qui a été rejeté par certains peuples européens mais imposé in fine au prix d’un déni de démocratie !

      Vous avez l’air fin de venir affirmer : "La mondialisation s’est imposée toute seule" smiley

      Je pourrais reprendre point par point votre argumentation pour en souligner la vacuité et la pénible subjectivité.

      Ce serait trop long.

      Alors 2 derniers points :

      1- A mon argument :

      "La stagnation des salaires, la précarité, les délocalisations, le chômage massif, la mise en concurrence de chacun contre tous = voilà, pour les populations, les effets de la Mondialisation depuis 2 décennies."

      Vous répondez :

      "Les télés pas cher, les téléphones portables pas cher, qui en a profité ?"


      Sublime ! smiley

      « Brave peuple, soumets-toi corps et âme à la loi du marché imposée par quelques castes élitistes et en échange tu pourras acheter des téléphones portables pas cher…à condition bien sûr que tu souscrives à autant de forfaits d’abonnement que ton foyer possèdera de téléphones, ce qui représentera une facture annuelle substantielle … mais n’y penses pas et signes ici ».


      2- tout comme l’auteur, vous faites l’impasse totale sur les cercles de décisions qui court-circuitent la démocratie depuis des décennies.

      Cf. mon message de 15 :10, qui précède le vôtre.


      Conclusion :

      Etonnez-vous après que les gens aient du mal à adhérer à la doctrine libérale.



    • Marc Bruxman 26 novembre 2010 14:56

      Je ne cherches pas à réecrire l’histoire. Je vais donc clarifier ma position.

      Vous admettez donc que la mondialisation au sens commerciale du terme existe depuis plusieurs siécles mais qu’elle était « limitée » et différente de celle que nous conaissons depuis les années 70. Vrai !

      Mais jusqu’alors il y avait une limite à ce qui pouvait être fait en termes de transports, de télécoms, etc, etc, ... Des limites d’ordres techniques. Une mondialisation comme nous la définissons aujourd’hui n’auraient pas eu de sens en 1850. De toute façon, on ne produisait pas assez de marchandise et souvent vendre dans sa région suffisait à écouler sa marchandise et faire vivre son entrreprise.

      Sauf que progressivement notre niveau technique a évolué. On a appris à communiquer vite et bien, on a voyagé plus vite, on a mieux parlé les langues étrangéres, et on a produit plus vite. C’est un nouvel état technique. A ce moment la, on reste dans la droite ligne de ce que l’on fesait, on applique juste ce qui est devenu techniquement faisable. Dès les années 70, on a nos premiéres délocalisations (vers Singapour entre autres). Sur un point vous avez raison à ce moment la l’environnement politique n’a pas changé.

      Dans le même temps, on entre en surproduction au niveau nationale. Ce qui impose de trouver à la fois des débouchés ou des sources d’approvisionnement à l’étranger (pour bouffer ses concurents) si l’on veut survivre. On entre en crise et le politique constate (il constate juste) que ceux qui s’en sortent le mieux dans cette crise sont ceux qui louvoient entre les législations et qui mondialisent leur activité. Ils en déduisent logiquement que si l’on réforme cette législation pour rendre cela plus facile cela ira mieux. Certains pays commencent, d’autres trainent. Et ceux qui le font voient leur économie repartir plus vite. Car personne ne peut nier qu’après Tatcher l’angleterre a connue une forte croissance. (On peut juste arguer sur le prix de cette croissance). A partir de la tout s’accélére, et cela s’accélére d’autant plus vite que cette mondialisation va faire une victime à l’automne 1989 : Le communisme, incapable de s’adapter à cette nouvelle donne.

      Les politiques n’ont pas tant de pouvoir de décisions qu’on le croit, ils ne sont que des pantins ballotés par le vent du changement qui ne réussissent que quand justement ils arrivent à se faire porter par le sens du vent. Leur principal rôle est de faire accepter par leur peuple d’aller dans le sens du courant. De la même façon qu’on vous apprend en école de management qu’un bon manager sait faire passer ses idées mais surtout sait faire en sorte que son employé s’approprie complétement son idée et finisse par croire qu’elle vient de lui. Dans certains cas, c’est facile à faire dans d’autre c’est plus compliqué.

      Comme l’a dit Gorbachvev a Honecker, « La vie punit ceux qui retardent l’inévitable ». A une époque, l’inévitable était la mondialisation. Ce qui ne veut pas dire que cela ne changera pas dans le futur. Honecker n’a pas écouté Gorbachev (qui voulait juste qu’il réforme son parti de l’intérieur pour rendre son pays plus viable). Un peu plus d’un mois et une semaine plus tard, le mur de berlin tombait.

      Pour les opérations américaines en amérique du sud qui sont fortement discutables, on rappellera quand même qu’à l’époque la menace communiste existait et que dans une période de guerre froide. Pour autant je ne suis pas fan de l’idée de renverser des gouvernements démocratiquement élus sauf cas de force majeure (qui ne semblait pas exister ici). Je suis donc d’accord avec vous sur ce point : Les USA ont abusés de leur pouvoir.

      Pour autant ces pays n’ont pas été ruinés, prenez le Chili. Sur le plan des droits de l’homme, Pinochet s’est comporté comme un salaud. Sur le plan économique, le Chili a aujourd’hui la meilleure compétitivité d’amérique du sud. Prenez le graphe suivant :

      http://en.wikipedia.org/wiki/File:GDP_per_capita_LA-Chile.png

      On y voit que la transition a été difficile (détruire la structure étatique coute avant de rapporter), mais le résultat sur le long terme est sans appel.

      De même en europe de l’est ou les polonais qui ont eu la libéralisation la plus violente après la chute du mur ont passés des années 90 très difficiles mais ont aujourd’hui une économie saine et florissante. Si l’on fait les réformes que l’on doit faire en Europe, il en sera de même chez nous.


    • lebigben 25 novembre 2010 13:58

      Bonjour, le constat est dans les chiffres et il n’y a aucun scandale à les lire.
      J’approuve les grandes lignes de l’article de R. Branche.
      L’accès du plus grand nombre de pays aux niveaux de vie que nous avons est la condition de paix et de sécurité pour demain ; ainsi, il est normal que les « avances » que nous avons saisies soient en partie rattrapées par le développement ; la mondialisation n’est plus un choix, c’est un état de fait du fonctionnement de la planète et le partage des richesses nous oblige à faire en occident davantage attention qu’hier où nous avons un peu sur-exploité les capacités de plus faibles : juste retour ? peut-être mais cela ne nous empêche pas de créer de nouvelles richesses par nos innovations, nos idées et nos recherches...
      Allons, ce n’est pas la fin du monde, c’est le début !

      Le bigben


      • Agor&Acri Agor&Acri 25 novembre 2010 14:50

        @ lebigben,

        « la mondialisation n’est plus un choix, c’est un état de fait »
        Et c’est ça votre argument pour soutenir la thèse de l’auteur qui nous incite à nous conduire en gentils moutons placés devant le fait accompli ?

        Vous vous êtes fait berner durant des années ?
        = oubliez cela, c’est du passé !
        Ce sont les mêmes qui vous ont bernés qui sont encore en train de construire votre avenir à leur façon ?
        = pensez à autre chose !

        « Allons, ce n’est pas la fin du monde, c’est le début ! »

        C’est ça, oui.
        Ne tentez pas de résister.
        Laissez-vous faire bien sagement, ça ne sera pas douloureux, vous verrez.
        Ayez confiance.

        Et bienvenue dans...le Meilleur des Mondes !


      • Jean-Fred 25 novembre 2010 15:28

        Vos graphiques et votre démonstration auraient pu être intéressantes si vous aviez tenu compte du facteur de croissance du RNB des pays.

        La France exporte peu comparé aux pays que vous présentez (Brésil, Chine, Inde), ce qui tire le RNB vers le haut dans notre pays, ce n’est pas l’exportation mais la consommation des ménages.

        Aucune conclusion objective ne peut être formulée à la lecture de ces deux graphiques si ce n’est le fait que la chine et l’inde rattrapent leur retard (grâce à l’export ou à la consommation des ménages ?)


        • Robert Branche Robert Branche 25 novembre 2010 15:46

          Vous avez raison tout présentation est incomplète. J’ai pris le parti de me centrer sur l’évolution du rapport entre le RNB France versus qq autres pays. Mon but était seulement de montrer que jusqu’à une période récente, l’écart entre nous et ces pays s’était accru, ceci de façon globale, sans entrer dans le détail du pourquoi et du comment...


        • Robert Branche Robert Branche 25 novembre 2010 20:16

          Je ne développe aucune vison de la Chine dans cet article, juste quelques faits. Ceci n’a rien de condescendant. J’aime la Chine et sa culture. J’ai partagé pendant plus de 3 ans ma vie avec un chinois. J’aime aussi la Thaïlande et l’Inde. J’aime le bouddhisme et son ouverture. Lisez mes livres et mon blog, vous verrez... 

          Ceci n’empêche pas un brin de recul et de lucidité.

        • Robert Branche Robert Branche 25 novembre 2010 23:33

          La Chine est « historiquement fermée », ce n’est pas un jugement de valeur, mais juste un fait historique. A la différence de la plupart des autres pays, la Chine n’a quasiment jamais été ouverte vers l’extérieur, ce depuis son origine (depuis 2000 ans). Les échanges n’ont été que superficiels (la route de la soie) ou occasionnel ( le jésuite de l’empereur, l’invasion anglo-française fin 1800), les comptoirs de Shanghai.

          Pour la 1ère fois, la Chine échange en profondeur avec l’extérieur : grands nombres d’étudiants, diaspora, voyage à l’étranger, implantations d’entreprises étrangères (même en partenariat) à l’intérieur... Ceci est une rupture profonde par rapport à toute l’histoire de la Chine.
          La « société de consommation » que vous évoquez en est une autre dimension, par son mélange de produit et d’entreprises, même si la Chine reste moins perméable que les autres pays à ce qui vient du dehors (mais il y a qd même des Mc Do et des StarBuck).
          Donc c’est bien la mondialisation qui change la Chine, car la société de consommation en fait aussi partie.
          Et c’est bien de l’intérieur que je parlais : les étudiants qui reviennent en Chine font partie de l’intérieur, les entreprises chinoises qui se développent à l’international aussi, les diplomates qui cherchent à annexer l’Afrique aussi...
          Notons que c’est ce que nos pays avaient fait dans le passé... Effet boomerang...

        • nightflight nightflight 26 novembre 2010 06:30

          Merci pour votre article.

          J’aurais tendance à penser, peut être à tord, que le PNB par habitant devrait inévitablement être rapproché du coût de la vie, du moins pour les éléments comparables d’un pays à un autre.

          Pour simplifier, si l’on avait les mêmes courbes, mais pondérées suivant le coût de la vie dans chacun des pays considéré, on aurait un point de vue plus objectif.

          Pourquoi ?

          Simplement parce que la richesse apparente d’un pays, valorisation du parc immobilier par exemple, ou plus précisément valorisation du foncier (Plus parlant) est complètement illusoire et risque de se dévaluer à terme, à moins que ce ne soit l’inverse (Les pays émergeants qui voient la valorisation de leurs terres augmenter), mais on admettra que la terre est grande.

          Donc si l’on pondère le PNB à l’aide d’un indice qui représente le coût de la vie, on risque d’avoir comparaison plus objective entre les différents pays.


          • Robert Branche Robert Branche 26 novembre 2010 06:41

            Effectivement, si l’on mesurer le niveau de vie, vous avez raison, il faut pondérer le RNB par le coût de la vie. Mais si l’on prend le cas de la Chine, une telle pondération est complexe car il y a un gd écart entre villes et campagne,ventre produits manufacturés (qui ont un prix proche du notre, surtout si ce sont des produits internationaux) et les autres (où là l’écart est très important)


            Mais mon objectif là était une comparaison internationale, dans la logique de l’impact sur les échanges et la mondialisation. Dans ce cas, c’est bien le RNB qui est significatif pour observer la position d’un pays, son évolution et son impact.

          • Internaute Internaute 26 novembre 2010 10:18

            RB dit « Finalement, tout ceci montre clairement que nos sociétés occidentales se construites sur et grâce à la mondialisation et aux échanges entre nations. »

            Non. Vos courbes ne montrent rien du tout. Si on considère que la mondialisation commence réellement en 1993 (suppression des barrières douanières de l’Europe) on pourrait déduire de vos courbes qu’on se portait trés bien avant et qu’on a commencé à couler après. Ce serait vrai mais basé encore sur une fausse démonstration.

            D’ailleurs, le fait qu’on coule n’est pas traduit dans vos courbes qui comparent des choux et des carottes. Vos courbes montrent simplement que le tiers-monde s’enrichit. C’est trés bien pour eux, tant mieux pour eux. Il ne montre pas que l’occident s’appauvrit car le jeu n’est pas à somme nulle. Ce que gagne l’un n’est pas au détriment de l’autre.

            Max Bruman dit une chose trés juste sur l’évolution économique. Lorsque le marché intérieur a été saturé, les industriels ont cherché à s’implanter à l’étranger. Mais il faut bien comprendre que le développement d’une multinationale à l’étranger n’a presque aucun impact positif ni négatif sur l’activité économique du pays d’origine. C’est une erreur politique que de vouloir s’approprier les succès de nos multinationales à l’étranger et de faire croire aux citoyens que c’est un avantage. En se mettant dans ce mode de pensée on est tout prêt à leur accorder la rupture des cloisons du bassin pour qu’elles puissent profiter au maximum du différentiel de marge entre des systèmes économiques différents. C’est ce qui a été fait avec la suppression des protections douanières.

            Notre déficit commercial avec l’Asie du SE était de 26,6 milliards d’euros en 2008 (Stat INSEE). Cela c’est une réalité tangible. Elle signifie que si nous n’avions vendu aucun airbus au Japon ni à la Chine ni à la Corée, ni vendu aucune centrale nucléaire à ces pays (on aurait pu leur laisser Anne Lauvergeon en guise de dédomagement) et qu’on avait produit chez nous les slips, les chemises et les jouets de noël, la quincaillerie, la vaisselle, l’ameublement, les chaussures, les téléphones et tout le reste que nous avons importé de là-bas et que nous fabriquions auparavant, nous aurions résorbé une bonne partie de notre chômage et nous aurions encore 26,6 milliards de plus à injecter dans l’économie française. Si je me trompe, dites-moi où. Si le prix à payer était d’avoir un peu moins de produits chez soi, cela en vaut cent fois la peine.

            La mondialisation est nocive, elle n’a pas contribué à notre dévelopement et en plus elle n’a rien d’inéluctable. Elle a lieu uniquement parceque les grands marchands internationaux ont les moyens d’arroser les députés avec des études économiques ronflantes et dorées sur tranche qui les poussent à leur laisser le champ libre. Les échanges peuvent être relativement libres au sein de blocs homogènes sur le plan des coûts du travail. Ils doivent être régulés entre des blocs différents car sinon c’est le moins-disant qui gagne.

            La démission des politiques est patente. Qu’on ne vienne pas nous parler de fait-accomplis et d’inéluctabilité de la désertification industrielle de nos pays.

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