Non, l’UPR n’est pas d’extrême droite. Chronique d’une propagande ordinaire (épisode 3)
J’avoue mon agacement lorsque je lis le paragraphe ci-dessous qui mentionne l’UPR, extrait d’un article consacré à une réunion de divers partis de droite souverainistes à Oullin, banlieue lyonnaise, ce jeudi 11 octobre 2018 en soirée. Une fois de plus, le journaliste de faction veut à tout prix caser l’UPR à l’extrême droite de l’échiquier politique, et sa manœuvre apparait bien rodée, quasi instinctive. La source, RUE89 LYON, est une “officine de propagande ordinaire” appartenant désormais à l’OBS. WIKI : “Selon Claude Perdriel, fondateur du Nouvel Observateur, il s'agit d'un « journal mendésiste, social-démocrate de gauche ». En 2012, selon un sondage, 71 % de ses lecteurs se disent de gauche. Pour Aude Lancelin, [virée le 20 mai 2016 de sa rédaction avec pour prétexte sa dérive gauchiste], comme pour François Ruffin, l'évolution du journal serait caractéristique d’une gauche socialiste ralliée au néolibéralisme .” Dans les 2 cas, sa ligne éditoriale en fait donc un apôtre zélé de la sainte trinité UE-Euro-OTAN. Voyons à présent comment, en quelques lignes à peine, un journaliste anonyme se transforme en zombie de Bruxelles voire en prédicateur apocalyptique, ce qui le rapproche du modèle standard de ce qu’il appellerait lui-même un “complotiste paranoïaque”, sur le dos du Président-fondateur de l’UPR.
LE PARAGRAPHE EN QUESTION, A PRIORI ANODIN :
“Pour cela, le président de Debout la France s’évertue à envoyer le manifeste des Amoureux de la France à tous les partis de droite qu’il n’a pas encore réussi à attirer, oubliant au passage les Patriotes de Philippot (« c’est un oubli, on va lui envoyer le manifeste ») et l’UPR d’Asselineau (« on va lui envoyer le manifeste » bis). [paragraphe à la ligne] Pour l’instant, Marine Le Pen verse encore dans le refus, mais certains de ses militants et conseillers régionaux se laissent tenter, voulant réitérer l’alliance de 2017.”
MON COMMENTAIRE :
Je ne suis même pas UPR mais sympathisant, et souvent je lis à leur propos des constats journalistiques bancals... alors tentons ici d'y voir clair. Tout d’abord il est selon moi cardinal de rappeler encore une fois ici (méthode coué) que l'UPR est un parti >>temporaire<< de rassemblement transpartisan gauche-droite autour d'une charte qui revisite la déclaration du CNR. A ce titre son bureau accepte tous ceux de droite comme de gauche qui souscrivent à sa charte en fondant leur action en particulier sur la sortie de la trilogie sacralisée UE-EURO-OTAN comme la Grande-Bretagne, par l'article 50. Monsieur Nicolas Dupont-Aignan peut toujours écrire à M. Asselineau, il faut d'abord qu'il signe la charte avant d'envisager un projet commun. Cette charte est technique et non politique. Ce qu'aucun journaliste ne parvient à comprendre voire ne tient à souligner. Son but avoué est très simple : redonner son indépendance de décision politique à la France, sa marge de manœuvre diplomatique, son espace de respiration économique, pour ensuite redonner aux français leur propre pays débarrassé de ses carcans idéologiques, monétaires et militaires. Ce n'est pas une question de droite ou de gauche.
Je signale une fois encore à cet endroit, qu’invoquer le passé de haut fonctionnaire de M. Asselineau, en insistant par exemple et sans doute à des fins de diabolisation, sur sa proximité de haut fonctionnaire avec le cabinet Pasqua sous Chirac, puis avec M. Tiberi à la Mairie de Paris, est utile pour attester de ses compétences, mais absurde pour tenter de sous-entendre son bord politique qui n'est du reste d'aucune utilité dans le projet mené par l'UPR. Le mieux étant de réaliser un micro-trottoir parmi les militants de son parti lors de leur prochaine université d'Automne.
Ces prolégomènes étant posés, le paragraphe en exergue a de quoi surprendre. ... Sans doute est-ce "du journalisme" ? Vous voyez... moi aussi je peux exceller dans l'à-peu près et le sous-entendu... Donc soyons précis :
1/ M. Dupont-Aignan aurait “oublié” au passage MM. Philippot et Asselineau désignés comme “partis de droite” par le journaliste. D’où vient cette information ? Qu’est-ce qui fait dire à notre échotier piailleur que c’est un “oubli” de sa part, et que l’UPR est de droite (relire supra 10 fois si c’est si difficile que cela à comprendre, admettre ou avaler) ? J’y vois plutôt une forme de “complotisme rampant” tout droit sorti de l’idéologie pseudo-gauchiste évoquée plus haut qui imbibe les cerveaux lents de cette officine qui se veut journalistique, pas vous ?
2/ Lorsque M. Dupont-Aignan déclare « on va lui envoyer le manifeste », il parle à qui ? Au journaliste bien sûr. Mais alors c'était suite à une question de ce journaliste... or sommes-nous sûrs que SANS cette question, M. Dupont-Aignan aurait pensé à écrire à M. Asselineau ? Il n'a peut-être pas de lui-même pensé à M. Asselineau comme un homme politique de son bord... proximité fantasmée que le journaliste sous-entend par le fait même de l'évoquer, suivez mon regard dans les intentions cachées ou si peu, voire pire, dans le formatage idéologique forcené du susdit journaliste qui semble bien peu connaitre l'UPR ? D'ailleurs le journaliste précise que M. Dupont-Aignan aurait répondu à la même question concernant M. Philippot, cité juste avant dans l'article "C'est un oubli", alors que concernant M. Asselineau, il semble s’être contenté de répondre qu’il allait lui envoyer le “manifeste”. (Je rappelle au passage que l’UPR a sa propre charte depuis 11 ans et que M. Dupont-Aignan peut la télécharger comme nous tous. Bon courage)... Quant à la réponse même de M. Dupont-Aignan, elle fait partie de la tentation permanente de jouer la connivence. Lire ma remarque 5 qui procède de la même complaisance politique, un pain dont M. Asselineau ne mange pas. Ce ne sont que détails me direz-vous ? "Le diable se cache dans les détails", disait encore cette semaine Angela Merkel à propos du BREXIT, un des enjeux qui sous-tend cet article justement. Et ici, le complotisme du journaliste semble bien “s’être caché dans les détails”.
3/ M. Dupont-Aignan a-t-il ajouté "bis" ? Bien sûr que non. Alors “de quoi je me mêle ?” Comment dés lors ne pas renforcer notre suspicion de partialité de la part du journaliste dans sa question à M. Dupont-Aignan... Car à qui fait référence ce "bis" ? A M. Philippot dont -à nouveau- le cadre idéologique affirmé auquel tout-un-chacun du monde médiatique voudrait rattacher M. Asselineau est bel et bien une droite souverainiste fourre-tout, voire ici vaguement populiste, un peu comme si il “bissait” au passage un Michel Sardou à la fin d’un de ses tours de chant provinciaux. Voilà l’univers mental de ce journaliste, gavé d’a-prioris et de préjugés (souverainisme = extrême droite ou gauche...) auxquels ipso-facto il veut rattacher M. Asselineau par ces pirouettes amalgamantes, sans doute histoire de faire peur au citoyen-électeur et éviter toute idée contagieuse de Brexit à la française face à son promoteur le plus crédible de l’hexagone, contre lequel les propriétaires de RUE89 LYON sont n’en doutons pas vent debout.
4/ Pour la bonne mesure, on notera qu’inconsciemment ou opportunément notre couple improbable Philippot-Asselineau se retrouve en compagnie de Marine Le Pen citée juste après au beau milieu d’un nuage sémantique qui a de quoi laisser rêveur le complotiste le plus exigeant : “refus”, “tentation”, “alliance”. Une proximité visuelle et lexicale censée sans doute illustrer celle, plus absconse, des idées. Seul détail qui tue soigneusement éludé ici : MLP ne souhaite ni sortir de l’UE, ni de l’Euro, ni de l’OTAN, ce qui, avouez-le, constitue une sacrée différence de vue, qui du coup nous permet de mieux cerner la portée réelle des bidouillages psychologiques auxquels se livre ce journaliste.
5/ Mais au fait... moi aussi je pourrais pratiquer l’amalgame : Une insinuation, deux diabolisations et un rapprochement en quelques phrases, qui de plus déforment la pensée de M. Dupont-Aignan faute de savoir si oui ou non et pourquoi vraiment il aurait "oublié" M. Asselineau... cela me fait penser à ce fripon de Phillipon, pardon, pot, qui osa s'ériger en parangon national unique du FREXIT sur une grande radio nationale interrogé par M. JJ Bourdin après sa rupture avec MLP... alors que c'est le cheval de bataille de l'UPR depuis sa fondation en 2007, que 31000 adhérents y souscrivent là où M. Philippot n'en compte qu'un quarteron, et que ce fripon (bis) était encore en culotte courte lorsque M. Asselineau militait déjà.
Avouez que cela fait beaucoup, non ? On peut reprocher beaucoup de choses à l'UPR et à M. Asselineau comme à tout parti politique et à ses personnalités emblématiques, mais pas leur volonté d'être parfaitement clairs. La moindre des choses eût été d'en faire autant. M. Asselineau se fait une toute autre idée de la France, que celle d'un pays en proie aux passions des extrêmes.
Chronique de la propagande ordinaire #02 :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/syrie-ce-que-france5-a-oublie-de-203921
Chronique de la propagande ordinaire #01 :
https://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/matthieu-aron-sur-france-info-93788
93 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON