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Accueil du site > Tribune Libre > Par quoi remplacer le principe du commerce

Par quoi remplacer le principe du commerce

Un principe n'est pas un système !

Un article fondamental est paru sur le site Owni : Le prix de la production intellectuelle (owni.fr) provenant du site mutinerie.org

(regardez aussi celui-là : La semaine de quatre jours, solution à la crise ?
bastamag.net où l'on voit le long chemin qui prend la direction de ce qu'on tente de définir)

Il met en évidence la complexité du réseau qui amène à créer n'importe quel produit « de consommation », fut-il matériel ou immatériel. Si on devait rémunérer tous les acteurs qui ont rendu ce produit possible, on dessinerait un réseau d'une complexité exponentielle au fur et à mesure qu'on pose récursivement la question « oui mais cela, qu'est-ce qui lui a permit d'exister ? » (appelés « contributeurs »)... remontant ainsi à la maîtresse d'école qui apprenait à écrire.

Il est aussi question de l'équivalence des échanges et de l'impossibilité d'appliquer ce concept (absurde) aux biens numériques.

Si certains se disent prêts à payer une modique somme pour accéder à des biens immatériels, il n'en va pas de même des 1 milliard de personnes qui meurent de faim et qui sont totalement exclues de la partie. Ce genre de « petites » failles, sont si nombreuses et importantes qu'elles représentent quasiment la définition du système du commerce.

Pourquoi s'entêter à faire du commerce avec tout ? N'est-il pas évident que ce cadre étroit oblige à créer des milliers et des milliers d'exceptions, d'arrangements, et d'usages inconséquents ?
Ne vaut-il pas mieux briser ce principe préhistorique et incompatible avec le fait même de vouloir obtenir un système qui fonctionne correctement ?

De plus, si on arrive à la conclusion que les biens immatériels doivent être régis par un système de licence globale, un peu ce que les impôts auraient dû faire, en prenant un peu à tous et en le redistribuant équitablement en fonction du nombre de clics, de la popularité ou de l'estime, ne faut-il pas quand même créer ces fameux algorithmes destinés conférer une valeur à ces biens ? (ces biens publics)

Une fois ceci posé, la solution n'est plus très loin.

-

La « solution », le truc qui résout des problèmes, en définitive, doit générer un sentiment de justice.

Et si on possède un moyen de restituer leur gratuité originelle à des choses qui ont la même valeur que des paroles, des poèmes, des articles, ces chansons qu'on chantonne, en quoi devrait-il en être autrement pour l'éducation, la santé, l'habitation, l'alimentation et les transports ? Après tout, eux aussi sont l'héritage du travail et du génie humain, ils n'y a aucune raison pour que ce génie ne soit réservé qu'à ceux qui « acceptent » de participer à leur financement.
Et enfin, quelle serait la mentalité d'un inventeur ou d'un ingénieur, s'il devait travailler non pas pour le bien commun, mais uniquement pour son bien propre, c'est à dire en faisant un travail de moins bonne qualité pourvu que ça plaise à une minorité de personnes ? Quelle est la qualité de ce qu'il produit si il ne le fait pas en pensant le rendre universel, pratique, réutilisable, améliorable, compatible, et si le but n'est pas de contribuer positivement au bonheur des autres ?

Et enfin, comme je le disais dans le dernier épisode, si les ressources naturelles sont elles aussi des marchandises, n'est-il pas « normal » que cette injustice engendre les guerres d'accaparement des richesses qu'on connaît, qui sont financées par les impôts des états au profit des industriels, dont le job est tout sauf à caractère social ?

Il n'y a aucun moyen de s'en sortir en traînant derrière soi les casseroles tonitruantes du principe du commerce, et sont cortège invraisemblable de lois, règles, et coutumes dont les failles sont toujours possibles à trouver pour qui est motivé.

-

Certains endroits dans le monde comme à Mayotte pensent sérieusement à couper les ponts avec le monde de l'arnaque, en créant leur propre système, fonctionnement et règles. Après tout, (à part des biens inutiles rendus désirables en excitant la jalousie) on vivait très bien de la terre pendant des milliers d'années avant que le principe du commerce ne devienne lui-même « le système », supplantant ainsi l'organisation sociale tribale, qui était régie par le sentiment de justice.

(je l'ai toujours affirmé) Il suffirait d'un simple logiciel sur un simple PC pour administrer la vie de la société, en rétribuant les citoyens avec des droits (conventionnels, additionnels et exceptionnels) à condition que les producteurs soient contents de participer à un tel système.

Quand, plus tard, observant que ça fonctionne, que la dépendance diminue et que les industries fleurissent, que le niveau de vie augmente (puisque tout le travail humain y participe graduellement) d'autres voudraient faire pareil, et alors arriverait le moment d'étendre le principe entre les pays. Mais les pays ne sont que des frontières imaginaires, si le logiciel est le même à différents endroits, et si il est rendu acceptable (par la pratique) qu'il vaut mieux partager au lieu de vendre, alors c'est bon, on est sauvés !

(je veux vraiment voir ces mafieux politiciens assis sur leurs gros tas de billets dont plus personne ne voudra, et à qui on accordera des droits en fonction de ce qu'ils ont été utiles au monde, c'est à dire le minimum possible !)

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Plus sérieusement,

On sait déjà qu'on va bientôt obtenir une source d'énergie quasiment illimitée et gratuite, permettant des prouesses aussi extraordinaires que la création ex-nihilo d'eau, de protéines, sans compter les légions de robots parfaitement capables de remplir les tâches ingrates, le nettoyage, le transport et le recyclage des déchets, la plantation de graines et la récolte, puis le conditionnement et le transport des marchandises. Tout cela sera complètement automatisé, il n'y a aucun doute à avoir là-dessus.

Et même, je suis presque certain que cela pourrait déjà pu être la cas aujourd'hui si on était pas enfermés dans un monde du commerce qui oblige, contraint les gens à souffrir pour survivre.

En tous cas la probabilité que cela arrive un jour est de 100%, sans aucune hésitation.
Mais le monde du commerce empêche cela, car ce n'est pas compatible avec ses prérogatives. Il n'y a aucun moyen d'assurer la transition entre le monde du commerce et le monde de la liberté, consacré à l'épanouissement de l'âme et la recherche du bonheur au travers d'un travail dévoué à des causes formidables et fantastiques.

Si tout est gratuit et fonctionne automatiquement, comment payer les gens pour qu'ils « achètent » ces biens, pourtant légués par des générations de travailleurs acharnés ?

Cette question devrait être le point de départ de toutes les formes de théories destinée à réagencer le monde de sorte à le rendre moins injuste ; et le fait d'avoir trouvé une solution s'exprime par le fait d'avoir rendu caduque cette question.
Vous pouvez croire un ingénieurs en systèmes compliqués : aucune bonne solution n'est possible à obtenir à l'intérieur du cadre où les problèmes apparaissent !

Tiens je la redis une deuxième fois pour être sûr :

Aucune solution n'est possible à trouver à l'intérieur du cadre où les problèmes se posent.

-

La révolution est due au besoin de définir plus intelligemment les mots que nous utilisons afin d'éviter qu'ils ne deviennent des pièges linguistiques, générateurs de conflits accablants de bêtise (quiprocoquociens, dirait-on).

Le commerce, c'est le fait que le fruit de son travail soit utile à soi-même, tout en étant utile aux autres. Pour obtenir cela, il suffit de tisser un lien entre l'utilité publique et l'utilité privée, de sorte que la seconde découle mécaniquement de la première. Dès lors, il est impropre de parler de « commerce », et on est très curieux de découvrir ce mécanisme. (où les Droits supplantent les moyens)

L'argent, c'est la somme des droits acquis. Il confère le droit, ou pas, de vivre. Mais comment un pays comme la France, qui en chinois se dit avec un mot qui se traduit par « le pays des gens qui sont pointilleux avec la loi », n'a-t-on pas envie d'exprimer ces droits, d'une façon aussi simple que radicale ?

Et surtout, quand on parle de « système », afin d'évoquer les causes-conséquences inévitables de chacun de nos actes (où en fait on ne peut rien faire sans se faire posséder, et surtout, où rien ne peut évoluer indépendamment du reste), n'est-ce pas l'expression de cette inertie engendrée par des rituels, coutumes, usages et habitudes dont il est principalement constitué ?

Les gens disent « le problème est systémique », mais non ! Le problème est que le système est une entité psychique culturelle, le vrai problème est l'absence d'un réel système, fonctionnel, dont la plus basique des caractéristiques serait sa capacité à créer un équilibre, et donc une viabilité, au moins en théorie.

Tout système s'exprime par ces principes de base :
1 des définitions arbitraires, tout à la base. Elles sont rénovées à chaque fois que c'est utile.
2 un subsystème de « boot », qui est une miniature du système global, avec ses définitions et le reste qui va suivre, qui choisi ce qui va être activé ou non.
3 des paramètres par défaut très vite supplantés par les paramètres issus des premières approximations, et qui ensuite seront affinés au fur et à mesure du fonctionnement, car il est itératif. Après le boot, c'est ici qu'on a le « point de départ ».
4 l'exécution des algorithmes, qui génèrent des résultats et des paramètres à réinjecter.
5 la compilation des données brutes obtenues, qui est parfois très compliqué ;
6 la mise en forme de ces résultats, on peut aussi dire la mise en oeuvre.

C'est à dire qu'on a :
1 un socle de droits humains inaliénables, et la manière dont ils s'expriment.
2 la définition les conditions qui constituent le cadre d'application de ce qui veut être obtenu ;
3 des routines conventionnelles (noyau dur) et d'autres complémentaires pour les cas périphériques ;
4 l'application stricte (déterministe) des paramètres volatiles à des routines qui sont définitives : les mêmes conditions produisent les mêmes effets, c'est ce qui produit le sentiment de justice.
5 les résultats sont rendus, évalués mentalement pour voir si rien ne cloche et si ça sonne juste,
6 et ensuite ils sont mis en oeuvre, dans la pratique il s'agit d'affecter des Droits.

Il y a autant de différence entre un système qui fonctionne et ce qu'on nomme « système » en étant effrayés de se trouver en fait dans une ornière fatale... qu'entre un esprit structuré qui a bien ancré ses souvenirs dans des endroits bien rangés afin de laisser de la place aux opérations mentales, et un esprit où rien n'est rangé correctement et où il n'y a aucune mémoire disponible pour pouvoir réfléchir paisiblement.

Ainsi la question « par quoi remplacer le principe du commerce » s'exprime par la solution :
1 sortir du cadre d'analyse de ce qui oblige à poser cette question ;
2 utiliser des méthodes qui rendent automatiques, de sorte que personne n'ait à s'en occuper, ce qui pourtant accable et préoccupe les esprits, ainsi enchaînés, de la plupart des humain.

Bref il faut remplacer un principe par un Système,
car après tout, le monde est aussi peut contrôlable qu'un principe, tandis qu'un système est pilotable au millimètre.

http://philum.info/59640

voir aussi : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-fin-du-principe-du-commerce-103573


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8 réactions à cet article    


  • easy easy 10 novembre 2011 13:27

    Lorsque l’intelligence se consacre à la générosité, quand elle vise à sauver tout le monde et ne condamner personne, j’apprécie.
    Alors merci de nous offrir votre travail de réflexion.

    Au délà de la réflexion sur notre habitus, pour entrer dans quelque praxis sans démonter le commerce (tâche immense qui demanderait de tout reconsidérer), il y aurait à mes yeux deux choses à vérifier en permanence dans ce que nous faisons et que nous transmettons (quand j’achète des planches et que je vends des meubles, je livre un habitus amont contenu dans mon achat et j’y ajoute mon propre habitus)

    Il y aurait à vérifier et donc juger que mon entreprise est généreuse (je sers tout le monde, moi compris), que je n’arnaque donc personne (Lorsque la banque Goldman Sachs invente des produits financiers tels les CDS, elle sait que ce sont des escroqueries, hélas légales. Lorsqu’on ajoute de la mélamine dans le lait en poudre idem)

    Et il y aurait à placer sur l’étiquette des produits injectés dans le commerce (qu’il soient concrets ou abstraits) des indications de reconnaissance ontologique, de filiation ; historique.
    Une barre de Mars comporterait alors sur son étiquette quelques indications rappelant l’historique de la plantation, du cacao, du sucre, de l’industrialisation...Alors qu’en ce moment son emballage évoque soit une planète, soit un lion.
    Actuellement et à part dans le commerce équitable, l’ontologie d’un produit n’est pas indiquée et les étiquettes ne vont qu’à livrer des indications sécuritaires. Ce qui conduit les consommateurs à ne plus considérer que leur sécurité et à n’avoir aucune considération pour les conditions qui lui auront offert cette sécurité. « Ce produit garantit ma sécurité, le reste n’est pas mon affaire » « Mon pompiste me garantit que mon essence est de bonne qualité pour mon usage, d’où elle vient ne me concerne pas »

    Avant les caravanes et transports de marchandises à travers les océans, ce qui nous fait remonter à très loin, chaque consommateur d’un produit du commerce savait à peu près l’ontologie de ce qu’il consommait. Dans le village d’Astérix, chacun sait l’historicité de chaque produit, chaque acheteur de menhir a vu Obélix suer sang et eau pour le sculpter.

    Lorsque des villages on est passé aux cités, des pans de plus en plus importants de l’activité humaine n’était plus vus par tous. Un orfèvre put alors livrer de belles fibules en argent, n’exprimant que beauté et volupté voire pureté à des acheteurs ignorant que cet argent était extrait dans des mines par des êtres humains soumis à l’esclavage.

    Face à cette problématique de la vitrine et de l’arrière-boutique, il y aurait deux options éthiques. Une consistant à imprimer sur le produit qu’il provient d’une cruauté auquel cas chacun devra faire face à ses responsabilités et ne pourra pas se prétendre ange. Une autre qui consiste à proscrire son origine cruelle.
    Or, l’origine cruelle ou abusive des marchandises (concrètes et abstraites) semblant à tous les commerçants (commerce entendu au sens très large incluant même la musique) difficile à éviter, l’option la plus largement retenue a consisté depuis la nuit des temps à mentir ou dénier cette origine cruelle plutôt que de l’éviter.

    Lorsqu’ailleurs on mange au restaurant un singe écervelé vivant devant soi, on est plutôt dans la franchise « OK, je ne suis pas câlin avec les bestioles même humanoïdes »
    Lorsqu’ici on mange du surimi, on peut dénier complètement le sort cruel subi par les animaux et l’on peut se poser en ange, faire la morale à tout le monde.

    Entre les premiers qui admettent forcément leur cruauté même s’ils lui donnent une dénotation plus neutre et qui sont alors peu enclins à se poser en anges et les seconds, je ne suis pas certain de préférer ces derniers.


    Si dans le Japon médiéval le concept d’hypocrisie existait, cette mauvaise attitude dénoncée ne concernait que des périmètres courts « Il est hypocrite vis-à-vis de son voisin »
    Alors qu’en France, l’hypocrisie que nous dénonçons le plus, par exemple sur ce forum, est à grand périmètre et concerne notre habitus entier. Nous ressentons confusément que nous sommes fondamentalement hypocrites sur tous les plans et vis-à-vis de toute chose (ce qui n’était pas trop le cas sous Henri IV et qui est devenu très vrai quand nous avons commencé à dissimuler les exécutions, les prisonniers, les usines, les malades, les affamés, les mendiants...)

    C’est la raison pour laquelle, les occidentaux deviennent si désemparés et ont le sentiment confus de vivre une décadence morale (Où il leur faut alors désigner quelque bouc émissaire)

    Je ne suis pas du tout certain que nous puissions vivre d’une chaîne ou toile faite de bontés ou de douceurs de A à Z et, dans un premier temps, je verrais que nous ne modifiions que notre religion de l’angélisme où trop de gens se croyant anges ou doux, n’ont aucun scrupule à diaboliser les autres et à crier qu’il faut avoir « le courage de les exécuter »





    • 8119 10 novembre 2011 13:46

      Easy vous dites : « sans démonter le commerce (tâche immense qui demanderait de tout reconsidérer) »

      Vous démontrez exactement ce que signifie « devoir placer dans le cadre étroit du commerce toute l’activité humaine », c’est à dire la somme incommensurable de types d’arnaques possibles.

      Rejeter d’un revers de main la proposition du « démontage du commerce » sur une simple présomption force à rester dans un cadre inadapté, dont la poursuite des injustices requiert une énergie vraiment plus grande que celle nécessaire pour rendre inutile à la base toutes les sortes d’abus.

      Ce n’est pas une tâche immense et infaisable, la tâche immense et infaisable est de vouloir réparer le principe du commerce pour ne pas avoir à penser un système social fondé sur ce qui est fonctionnel.

      Pensez seulement aux vols, crimes, guerres motivées par l’argent, qui ne le seraient pas si le niveau d’organisation était suffisant pour assurer l’approvisionnement inconditionnel de l’ensemble des biens et services de première nécessité.
      Le fait que procéder de la sorte soit bien plus « économique » n’arrive qu’en second dans l’ordre des avantages majeurs !


      • easy easy 10 novembre 2011 15:08

        Nul n’a jamais échangé un kilo de blé contre un kilo de blé.
        Depuis la nuit des temps on aura échangé un fruit contre un poisson.
        (Il n’y a que dans le commerce amoureux -car j’entends commerce au sens très large-que l’amoureux et l’amoureuse s’échangent et s’offrent en même temps, une égale satisfaction en particulier dans le baiser. A noter alors qu’ils s’échangent un bien dont ils ne détiennent chacun que la potentialité)

        Parce que nous nous échangeons fruit contre poisson, il ressort d’une part la problématique de dépendance plus ou moins prononcée et vitale de chacun par rapport à ce produit, d’autre part le jugement bilatéralement accepté de cette dépendance qui forme alors le prix. Si le sel est très rare dans une région abondante en riz, je vais vendre un kilo de sel contre 100 kilos de riz. Et inversement si c’est le riz qui est rare.

        Ce commerce est antédiluvien et ce n’est pas parce qu’en ce moment nous avons l’impression de nous retrouver dans un cul-de-sac civilisationnel que nous devons nous en prendre à l’échange de biens et services différents, au commerce.

        Il suffit que nous traitions de qu’il y a de moche non dans le commerce mais dans les moyens méthodes et éthiques qui le sous-tendent.

        Tant qu’on n’en était qu’au village où tout était transparent et où chacun passait sa vie sous les yeux de ses voisins avec qui il échangeait, le troc suffisait.
        Dès qu’on est passé aux cités et donc aux caravanes et caravelles, chacun opérant alors de plus en plus en secret. Rien n’était plus important qu’un secret commercial. Les commerçants inventaient même des grammaires spéciales incompréhensibles aux profanes et tuaient ceux qui avaient découvert leurs passages et voies.
        Je pense que l’ésotérisme dans tous les domaines est né de l’ésotérisme commercial (Citons alors les contre exemples assez exceptionnels de Marco Polo ou Guillaume de Robroeck qui n’ont jamais cherché à vivre du secret)


        L’ésotérisme, la propension à créer et’ entretenir du mystère, du secret d’arrière-boutique, s’il avait connu son acmé pendant le Moyen-âge, n’a jamais été dénoncé sur le fond malgré d’innombrables demandes et règles dites de transparence, de traçabilité ou de contrôle d’Etat. Nous exigeons certains détails ontologiquesn d’une marchandise mais nous acceptons largement d’acheter une voiture sans rien savoir de l’endroit ou des conditions de sa production. C’est que fondamentalement, nous n’exigeons pas de savoir quel est le bénéfice de celui à qui nous achetons un produit. Nous payons 100€ pour écouter Pavarotti mais nous n’exigeons pas de savoir combien il gagne. Nous achetons 20€ un livre sur la pauvreté mais nous n’exigeons pas de savoir combien ça rapporte à son auteur.


        Alors que le secret des comptes des commerçants n’est généralement pas un secret absolu puique le fisc y a accès, ils ne paraissent jamais aux clients pourtant très concernés. Sur les chaussures Nike, on commence à voir dans quel payselles sont fabriquées mais on ne voit pas à quel prix Nike les a payées à son sous-traitant, ni la marge de ce dernier. Sur le plan technique, ce ne serait pas très difficile d’indiquer ces choses sur les emballages mais on préfère le secret. Les produits ressortant alors purs et miraculeux.

        C’est cette acceptation d’une très grande part de mystère sur les produits échangés depuis l’invention des cités, qui a permis les arnaques.

        Le principe du commerce est très valable et même particulièrement humain puisque seul l’homme est capable de convenir que 100 kilos de riz peuvent équivaloir 20 kilos de sel et 5 grammes d’or.
        Mais nonobstant l’apparition de la monnaie qui lui est liée, c’est le passage aux cités, aux échanges lointains (hors vue, off shore) qui a permis que s’y greffe le secret ontologique de la marchandise et donc l’arnaque.

        Je rappelle qu’au Tibet, dans les villages, il y a quelques petits groupes se spécialisant dans le commerce caravanier aidé de yacks. Chacun de ces groupes, qui vise une ou deux sortes de marchandises, pratique un vocabulaire secret. Au delà de leur mérite de transporteur qui n’est pas peu de chose (ils risquent souvent des chutes) ils ressentent encore le besoin de dissimuler leurs sources et prix d’achats. La partie saine de ce commerce est dans la valeur du transport que nul ne peut contester, sa partie malsaine est dans le secret des chiffres d’achat, des bénéfices. Inversement, quand on achète des tomates à un maraîcher solitaire, des poissons à un pêcheur solitaire, tout est transparent et il n’y a aucune opportunité de tricherie.



        • easy easy 10 novembre 2011 15:44

          «  »« tout est transparent et il n’y a aucune opportunité de tricherie »«  »"

          La question de l’opportunité de tricherie valant pour bien des commerces complexes (et je rappelle encore avec plaisir que le commerce le plus équitable est dans l’échange de baiser langoureux entre amoureux) elle se pose aussi dans le principe de l’héritage.

          Le principe de l’héritage que vous n’avez pas abordé a des conséquences énormes. Il suffirait de l’abandonner, ce qui techniquement ne serait pas compliqué, pour que bien des choses changent dans nos relations.
          Tout ado qui commence à piger qu’il va hériter (donc posséder un plus sur ceux qui n’hériteront pas ou peu) se fait naturellement à l’idée qu’il a droit à une position supérieure, qu’il est d’une essence supérieure.
          Des enfants devenus rois très jeunes se sont senti un droit naturel de décapiter qui ils voulaient (Pierre le Grand a décapité en personne et sur la Place Rouge des centaines d’opposants. A seulement 23 ans, Louis XIV a trouvé naturel de faire exécuter (finalement emprisonner à vie) Nicolas Fouquet). Y compris leurs propres parents. Les affaires Bettencourt et Dessange en sont la preuve.


          Nous vivons un moment paniquant qui nous hystérise. Du coup, chacun angoissé pour son avenir, focalise de plus en plus sur ce dont il pourrait hériter et se met à avoir des pensées très malsaines dont nous ne parlons pas alors que surgissent soudain des milliers de procès contre les parents. Du coup, chacun s’accrochant aux trois ou quatre sous qu’il pourrait récupérer de ses ascendants et collatéraux, personne ne dit que l’héritage est une erreur.

          Tant que l’héritage était de petite taille, il était aussi sain que l’est le commerce primordial, intra villageois. Hériter d’une chaumière et de trois casseroles ne provoquait pas un énorme avantage sur les autres puisque toutes les famlilles avaient une chaumière et que toutes en léguaient.

          Mais progressivement (loi salique) bien des gens se mirent à hériter du pouvoir royal de leur père, de leur château, de leurs revenus pendant que d’autres n’étaient plus propriétaires de rien et ne transmettaient donc rien à leurs descendants. (Le tout favorisant les garçons et lésant les filles)

          De nos jours, il y a des garçons et filles de 12 ans qui commencent à réaliser qu’ils possèdent déjà les milliards de leur parents.
          (A signaler alors le contre exemple Bill Gates qui a très fortement limité l’héritage à ses enfants et Dodon Vallet, un simple prof de collège, qui a donné à une association les 100 millions d’Euros dont il avait hérité, laissant son propre fils sans héritage géant)

           


        • 8119 10 novembre 2011 17:35

          C’est très intéressant, c’est sûr que c’est très difficile de transpercer les habitudes pour faire valoir un niveau d’organisation supérieur, à côté duquel le principe du commerce paraîtrait obsolète.

          Pour arriver à cela il faut se demander ce à quoi rime le principe du commerce à l’échelle d’une société, qu’est-ce que c’est sensé faire ? (on parle de « main invisible que personne n’a jamais vue !).
          Le fait est que inexorablement, tout sur terre soit devenu une marchandise, y compris les humains qu’on se refourgue dans des cartons (pour schématiser mais des fois c’est vrai !).
          Et cela est fait sous l’égide d’un principe qui a été érigé en système, qui peut être qualifié de niveau organisationnel insuffisant pour répondre aux aspirations d’une civilisation.

          La mouvance qui consistait à avoir un espace publics, produisant des biens et services que personne ne veut payer mais dont tout le monde a besoin (en premier, l’eau courante, puis les routes, puis les écoles, les hôpitaux...), ce courant a été inversé malheureusement. (et les impôts servent plutôt à faire des guerres d’accaparement des richesses).

          Or la plupart des biens vitaux devraient être le fruit d’un travail collectif destiné à les rendre disponibles de façon équitable pour tous. Il peut même être question d’abondance de ces biens (pourvu que cela ne soit pas compris comme une abondance de déchets !)

          Pour cette raison il est question d’imaginer le mécanisme, le système qui rendrait cela possible ( »système« au sens d’un logiciel, ou si vous voulez d’un moteur de voiture où l’élan donné par l’explosion produit la pression rendant possible la prochaine explosion, faisant que »ça tourne« , ou que »ça fonctionne« ).

          On ne peut pas dire »le commerce a toujours existé, donc...", de nos jours, notre cortex est bien plus dense qu’il y a mille et cinq mille ans. Même il y a un siècle personne ne se souciait des pauvres, même on préférait leur reprocher la condition qui est la leur, ce qui les enfonce encore plus.
          Devant cette prise de conscience, il est question d’envisager le mécanisme qui permette, dans la pratique, d’assurer les moyens matériels qui font une société humaine (c’est à dire les dispositions prises d’un commun accord dans l’intérêt général), et sur le plan moral, dans le but de voir les injustices aller en diminuant (là où, voyant tout devenir l’objet d’un commerce, on voit les injustices s’accroître ; et quelle que soient les pansements ou arrangements, même en l’absence de volonté de mal faire, elles continuent de s’accroître).

          -
          La question de l’héritage est encore une autre voie d’accès à cette étude, car il y en a beaucoup ! J’avais simplement noté qu’il n’était pas inopportun de vouloir que les mineurs n’aient à disposer que des droits légaux, conventionnels et parfaitement égaux, et qu’aucune différence sociale n’aie à définir l’enfant.
          Si l’argent est une somme de droits obtenus qui dépendent de chacun (tel que proposé), alors les salaires sont individuels, les enfants traités à part, et ainsi un père de 5 enfants ou un célibataire, avec le même salaire, reçoivent la même gratification en fin de compte.

          (les autres articles : http://newworld.philum.org)


          • easy easy 10 novembre 2011 18:45

            Lorsque je raisonne sur l’économie, je me garde surtout de ne pas verser dans une religion. Même Michel Onfray, je le trouve trop religieux « Je suis de gauche et je tiens à le montrer »

            Vous voyez que nous souffrons de quelque chose, vous cherchez de quoi, vous tombez sur des articles qui remettent en cause le commerce, ça vous inspire et vous entrez alors dans cette religion où il faudrait coûte que coûte démolir le commerce.

            Moi, je lis tout mais je n’entre dans aucune des religions proposées. Je pars des problèmes que je constate dans les engrenages existants pour voir s’il y manque d’huile, s’il y a usure, s’il y a pièce à changer ou si l’horlogerie ne pourrait pas être améliorée.
            (Examinez l’historique de l’horloge et vous verrez que selon cette démarche, nous n’avons fait que progresser vers plus de précision sans jamais emmerder personne)

            On peut cependant se demander, le jour où l’on arrive en retard et qu’on se fait tirer l’oreille, s’il ne conviendrait pas de jeter toutes les horloges.
            Loin de penser à jeter notre système économique (quand une religion veut s’implanter elle doit renverser les anciennes idoles) loin de fantasmer à créer ou soutenir une nouvelle religion, je ne pense à améliorer des éléments de notre système qui ont viré pervers.

            Le secret du commerce que les Tibétains, Vénitiens, Hollandais et maquignons exercent, ça passe. Mais ce même sous-principe du commerce, quand il est appliqué à des échelles de géants, c’est catastrophique. Pour faire simple, empoisonner un client pour lui avoir vendu une viande pourrie n’est pas une catastrophe planétaire, empoisonner avec un agent orange, une mélamine ou une centrale nucléaire, c’est une catastrophe mondiale qui appelle le monde à réagir.

            N’étant pas religieux, je suis capable de dire que le secret du commerce est sans danger dans les petites échelles et très dangereux dans les grandes


            Non, je ne dis pas « Il faut conserver le commerce parce qu’il a toujours existé » je ne suis même pas de cette religion conservatiste (peu intelligente et très paresseuse)

            Je dis qu’à part dans le baiser langoureux, chacun est obligé, à moins d’être hyper polyvalent, d’échanger ses quenouilles de laine contre du pain et du pain contre des fers à chevaux. Un aveugle offrira de la musique et un sourd offrira des peintures.

            Le commerce (étendu au sens large et incluant donc tout ce qui est abstrait dont les sentiments et les caresses) est incontournable et les pies ne peuvent pas s’en passer ; Chacun même pour un câlin, doit commercer, échanger, qu’il soit Massaï ou éléphant et seuls les lichens se passent vraiment de tout commerce.
            Les singes qui s’échangent sexage, épouillages et participation aux combats ne commercent que des services mais ils commercent.

            Je souhaiterais donc deux améliorations au commerce actuel parce qu’il est parfois gigantesque. Transparence de la chaîne avec indication des étapes de bénéfice pour le grand commerce et fin du gros héritage (qui induit un des commerces les plus sordides où un enfant court chez un psy ou un avocat pour faire valoir que son père est à enfermer)

            Le gros héritage conduit à deux folies. L’héritier a une vision de lui et des autres totalement anormale ; On ne peut plus lui parler alors qu’il détient un énorme pouvoir. Et le parent déjà riche, déjà comblé pour sa part, est tenté d’accumuler, d’accaparer tous les trésors du monde pour sa desendance, ce qui tire alors vers les dévorations infinies « Tu laisses combien à ton fils ? Bin 3 milliards. Pffff, c’est rien, moi je lui en laisse dix fois plus »
            .
            On aurait interdit tout héritage de plus de 3 millions, les trois quart des milliardaires se seraient contentés d’être millionnaires.


            Le fait qu’aucun d’entre nous, pourtant pauvre, ne dénonce le principe du gros héritage, le valide. Tout héritier qui se retrouve avec des milliards se retrouve face au silence approbateur de la masse et ne se voit donc aucune limite éthique ou morale. En aucun moment Françoise Bettencourt n’a eu à lire la moindre critique sur son attitude que d’autres peuples trouveraient indécente et irrespectueuse. Quand elle aura tué sa mère, elle ne se censurera pas plus qu’aujourd’hui. Idem pour le fils de Jacques Dessange ou Cousteau
            Nous avons passé notre temps à ricaner des révélations Bettencourt Woerth (corruption hyper classique) et n’avons accordé aucune attention à l’horreur morale (tout à fait inédite) que perpètre Françoise.


            La fortune matérielle étant devenu l’élément essentiel du pouvoir, permettre à des enfants d’hériter de milliards c’est perpétuer une nouvelle loi salique à l’échelle mondiale.
             


            • 8119 10 novembre 2011 22:28

              - sur le thème de l’horloge, ou des logiciels que je fais évoluer :
              1 : une mécanique trop vieille ne gagne pas si n’en change que quelques pièces, au contraire elle risque de ne plus marcher du tout.
              2 : pareil pour un logiciel, ou même la théorie de l’évolution, elle se fait par strates structurelles, entre lesquelles seules des petites améliorations sont apportées.

              - sur la thématique de la religion : en effet, il ne faut pas croire sans savoir, seulement questionner et comprendre les articulations ; le commerce est une croyance, le capitalisme aussi, car on s’imagine que c’est suffisant pour tout faire fonctionner, or que ça ne l’est pas.

              - sur la thématique du baiser / de la non équivalence / rupture de symétrie : c’est pareil avec les atomes, en mettant en commun un électron, il est compté deux fois, les deux atomes obtiennent un électron de plus, grâce à quoi 2H+O=H2O ; cela peut s’appliquer aux numérique, un produit numérique n’est pas soustrait au vendeur, dès lors, le commerce obtient une nouvelle acception, c’est elle qu’il faut élucider et nommer.

              - sur le thème de l’héritage, c’est vrai que ce serait une bonne chose qu’il soit rendu inutile, dans la mesure où les droits (vague synonyme de l’argent dans le mécanisme que j’expose) sont supérieurs aux besoins, ceux qui sont inusités le restent définitivement, ce dont il résulte une abondance.

              je ne sais pas si l’idée de s’en prendre directement au principe du commerce avait déjà été dite quelque part avant, mais en tous cas, je sais que c’est comme s’en prendre aux catholiques pour leur expliquer que leur bilan historique est négatif, ou que de nouveaux manuscrits découverts ridiculise puissamment ce qui sont pourtant devenus des dogmes.
              Et pourtant !
              et pourtant bientôt il va falloir parler, selon l’expression d’Hugo Chavez, de « démocratie scientifique ».


              • 8119 11 novembre 2011 00:18

                ahaha,
                c’est ça qui est hérétique, quand une telle idée énoncée faisant appel au sens logique arrive moins à convaincre que les platitudes d’un politicien / religieux / économiste (etc...)

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