Plaidoyer en faveur de l’Europe du XXIème siècle
L’Europe est actuellement magnifiquement désincarnée par son « président du Conseil » Herman Van Rompuy, et par sa « haute représentante pour les affaires étrangères et vice-présidente de la Commission » Catherine Ashton. Ce sont en effet les postes honorifiques qui viennent de leur être offert grâce à la mise en place du traité de Lisbonne l’an dernier, celui-là même dont les peuples Français, Irlandais et Hollandais ne voulaient pas .
Incapacité politique de la CE
L’Europe se caractérise aujourd’hui par une immobilité politique frustrante sur les grands dossiers sociaux et économiques de ces dernières années. Que l’on parle de crise économique ou de crise sociale (en Grèce) actuellement, elle a fait preuve d’un immobilisme qui fait pâle figure au regard des problèmes évoqués.
L’Euro, du point de vue économique, est le symbole impuissant de l’inefficacité Européenne. Sous-évalué à ses débuts, il a beaucoup été vilipendé, surévalué aujourd’hui, il est un des moteurs puissant des délocalisations. Personne ne connaît la volonté Européenne à son sujet, il est le meilleur symbole de cette Europe Wal-Mart du commerce mondialisé.
Le parti socialiste dans son document de travail à sa convention du 19 avril critiquait très justement les conditions économiques et sociales Européennes actuelles. En revanche, cette analyse s’arrêtait en chemin, comme inhibée par le choix de façade dont le parti s’est drapé en 2005 concernant la constitution Européenne. Je faisais parti des partisans de cette constitution, je dois avouer que je ne le suis plus au regard de ce bilan calamiteux. Le choix Européen de « concurrence libre et non faussée » s’est imposé en filigrane de chaque décision comme la valeur essentielle Européenne, l’emploi n’est plus qu’une variable d’ajustement d’une Europe des boudoirs feutrés des cabinets Européens.
Les dernières décisions Européennes concernent la libéralisation de l’Energie ( les prix ont augmenté), la libéralisation du transport et celle de la Poste. Bref, là où se cachent des marges juteuses pour les nouveaux entrants, il y aura concurrence, là où le service public doit l’emporter au nom de la cohésion sociale (à perte) les services publics vont perdurer. Autrement dit, un cercle vicieux de la paupérisation des services publics est en train de se mettre en route.
L’Europe actuelle est en échec comme le constate sans le dire le rapport du PS. Il faut donc tirer les conclusions de cet échec et reprendre les rênes politique dont nous nous sommes séparés afin de construire un projet sérieux. Dire cela ne veut pas dire tout envoyer balader ce qui existe, mais cerner les leviers dont nous souhaitons reprendre la souveraineté lorsque nous le jugeons utile .
Les pays membres Européens naviguent à vue dans ce bateau ivre, un peu comme cette foultitude de négociateurs dans dans les institutions transnationales. Les pays membres s’emparent de chaque dossier comme monnaie d’échange concernant un dossier davantage pertinent au niveau national. Les combinaisons qu’offre le nombre d’état-membres de la CE et le nombre de dossiers à traiter est quasiment infini, les tractations sont le seul véritable enjeu de l’Europe actuelle.
Le PS en question
Sur le futur projet du PS pèse actuellement deux épées de Damocles. Le virage libéral de 1983, même s’il a été assumé par Lionel Jospin du bout des lèvre, reste un handicap majeur à une politique alternative crédible. Son autre talon d’Achille est le vote officiel du PS en faveur de la constitution Européenne en 2005, ce choix a déchiré le parti en deux. Cette décision, une fois de plus, a été réalisée contre la volonté de la majorité de ses militants. Ces deux faits saillants, s’ils ne sont pas abordés rapidement (et c’est peu probable) nous assurerons un projet tel que celui que nous venons de voir avec beaucoup d’envolées lyriques mais sans réelle crédibilité. Ne nous y trompons pas, nous avons des électeurs qui savent faire le tri entre le bon grain et l’ivraie.
Les marges de manœuvre financières pour un projet socialiste alternatif n’existent pas actuellement, il faut donc se donner les moyens d’aller les trouver là où elles se trouvent sous peine de voir un projet sparadrap qui se heurtera rapidement à la dure réalité du pouvoir. Ce sera un échec assuré à court terme, alors qu’une formidable fenêtre s’ouvre pour la gauche à compter d’aujourd’hui.
La confiscation du champ démocratique est consommée, en effet invoquer aujourd’hui des alternatives se donnant les moyens de ses ambitions, emmène inéluctablement ses opposants à argumenter de la sorte : êtes-vous pour l’Europe ou contre l’Europe. je suis persuadé qu’il est désormais possible d’être pour une Europe proche de ses citoyens avec davantage de contrôle nationaux.
Si le PS n’arrive pas à tordre le cou à ses deux actes manqués, ses projets ne pourront être à la hauteur de la détermination qu’il est nécessaire d’avoir pour lutter contre le libéralisme ambiant.
L’Europe aux abonnés absents
Pierre Lelouche, secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, se pose également ce type de question, à droite. Il vient de déclarer : "Avec la mondialisation, la question c’est : que reste-t-il du modèle européen, de la place de l’Europe dans la gouvernance mondiale ? De ce point de vue, je suis très inquiet". Il se pose également la question de savoir si : "la survie du modèle de société européen face à un monde qui a radicalement changé" est encore possible. Il prévient également : "Attention, l’Europe n’est pas en train de se faire respecter ! (…) il est urgent que nous réagissions. Or nous passons notre temps à palabrer !"
Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC, n’implorerait-il pas , au mois de mars dernier, les sept pays européens participant au G20 « d’au moins s’assurer qu’ils s’exprimeraient au travers d’une seule bouche [...] sur chacun des sujets à l’ordre du jour". On croit rêver !
L’Europe est un processus libéral abouti, qui s’est affranchi de la politique. Même au sujet des droits Humains élémentaires, l’Europe n’a pas été capable de tenir un discours ferme vis-à-vis de la Chine. Barack Obama, lui ne s’est pas gêné, il vient d’inviter le Dalaï-lama à la maison blanche, le symbole est fort.
La CE possède plusieurs strates dynamiques indépendantes
L’Europe actuelle permet aux gouvernements nationaux de se dédouaner à bon compte des législations libérales devant être mise en place sous le prétexte fallacieux : c’est la faute à Bruxelles. Et réciproquement, elle est le bouc-émissaire idéal pour toutes les réformes devant être corbeillées. Je pense à la taxe Carbone, bien entendu. De ce jeu ambivalent, le jeu des urnes, et la position du citoyen n’est que du second ordre.
La seconde strate dont j’évoquais un des mécanisme précédemment est la négociation perpétuelle entre états-membres pour tirer son épingle du jeu du salmigondis ambiant. Et dans ce magma de négociation en ébullition permanente, les lobbyistes industriels et financiers s’insèrent naturellement dépossédant ainsi une nouvelle fois le citoyen Européen de ses choix politiques.
La dernière strate concerne les relations internationales. L’Europe n’ayant pas de politique claire et affirmée, une cacophonie permanente est d’usage dans le concert international des nations. Les Chinois arrivent grâce à ces négociations permanentes avec la nuée Européenne a systématiquement prendre le dessus sur la volonté des peuples Européens.
Le bien-fondé de l’Europe ne résiste pas à l’analyse, même si un bon point poussé par les classes dirigeantes Européennes dans les années ‘90 : la création de l’Euro fait désormais partie de l’histoire ancienne.
Alors pourquoi maintenir le statu-quo actuel qui ne dessert que des intérêts libéraux contraires à nos besoins actuels. Un choc Français dans cette fourmilière lors des élections de 2012 pourrait être un formidable aiguillon afin que ce géant économique endormi bouge enfin. Il est évident que nous ne prendrons une place mieux comprise par nos homologues internationaux lorsque nous serons au point avec nous-même. Ce qui reste pour l’instant un rêve au regard de ce que nous constatons.
Nous devons être respecté dans notre rôle de modérateur social, tout d’abord sur le continent européen mais également sur la scène internationale, et en premier lieu avec l’Afrique avec qui nos liens sont indéfectibles. Nous avons incontestablement cette vocation et nous devons nous donner les moyens de nos ambitions.
Un électrochoc en 2012 se doit d’être infligé à l’hydre Européenne finissante, simplement pour nous tous. Et c’est le parti socialiste qui se doit d’être le fer de lance de ce projet non pas révolutionnaire mais fécond à moyen terme.
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Publié sur Peuples.net
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