Policier une dure mission

La nov langue libérale et l’obligation de professionnalisation ont fabriqué le métier de policier et de soldat, des citoyens qui parce qu’ils ne trouvent pas d’emploi par ailleurs deviendraient policier ou soldat comme l’on devient agriculteur ou dentiste, juste pour un revenu, juste pour ne pas être chômeur.
Et bien non, être policier ce n'est pas un métier, pas plus que ne l'est, le soldat. Ce sont des fonctions régaliennes qui appartiennent à la communauté citoyenne républicaine. C'est une charge publique. L’on n’achète pas le service d'un policier ou d'un soldat, l’on n’achète pas leur vie comme s’il s’agissait d’une marchandise. L’un veille à la sécurité intérieure l'autre à la sécurité extérieure, ce sont des vocations républicaines. Il n'y a que des opportunistes libéraux accros à la loi du marché pour penser en faire des sociétés lucratives que ce soit les services de sécurité ou des troupes mercenaires, comme cela se passe dans des pays où les états ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité de ressortissants étrangers qui travaillent dans des sociétés internationales. La France ce n’est pas une Entreprise, même si Monsieur Fillon a essayé de nous le faire croire.
Le militaire sait qu'il prend le risque du suicide altruiste (lire Durkheim), c'est-à-dire qu'il risque sa vie pour défendre la sienne et celle de ses semblables, et défendre sa communauté.
Le policier lui n'est pas là pour risquer la sienne, même si son activité comporte ce risque comme n’importe lequel des citoyens fait face celui de l’activité qu’il exerce.
Le policier interpelle les manquements à la loi, et applique la loi.
Si chacun de ces corps disposent d’armements ils ne disposent pas du droit de tuer autrui sans le contrôle d’une décision citoyenne de son usage défini par la loi, que ce soit l’armée ou la police.
Ils n’ont aucun droit de faire usage de leurs armes si leur vie n'est pas en danger et si la résistance de l'interpellé ne le nécessite pas.
Il appartient donc aux institutions de contrôler ou d'ouvrir des enquêtes sur leurs faits et gestes qui entrainent la mort d’un citoyen, fut-il criminel, et à tout citoyen fut-il criminel de se plaindre de leurs actions devant une juridiction.
Partant de là, le droit français s'applique, et les droits de l’homme c’est cela.
Il n’y ait pas écrit que certains sont considérés moins homme que d’autres. Ceux qui font cette distinction entre dans la voie du racisme, qui n’est pas lié à la couleur de peau, mais à la considération que des humains puissent être inférieur à d’autres.
Aussi il faut être vigilant à ceux qui nous proposent de faire de la délinquance et de la criminalité sociale un signe distinctif de dangerosité sociale d’êtres inférieurs.
La présomption d’innocence est inaliénable de la liberté, l’on ne devient pas un coupable sous le seul regard des autres ou sous la désignation de l’opinion publique, comme c’en est devenue le jeu et spectacle permanent avec les faits divers et les émissions judiciaires. Ceci inquiète fortement les sociologues pour la stabilité et la pérennité de notre police, de notre justice et pour la liberté des citoyens. Tout citoyen est présumé innocent, même sil reconnait les faits dont il est prévenu. Cela jusqu'à ce qu'un tribunal le juge et entende les parties pour donner son verdict et apprécier les circonstances qu'on lui soumet par l'instruction et la plaidoirie.
C’est une considération indispensable garante de la liberté de tous, qu’elle que soit notre émotion ressentie.
Ce sont seulement des magistrats exerçant sous l’autorité des lois qui prononceront le jugement en audience publique au nom du peuple. Alors pour se garantie de toutes possibilités d’erreurs dont ils sont humainement susceptibles ou de nouveaux éléments dans l’instruction ou par insatisfactions des parties, chacune d’elle dispose d’un droit d’appel de la décision. De saisir également toutes les instances régulatrices de l'ensemble des règles du code civil et pénal prédisposant du droit de toutes les parties, de l'accusé comme du plaignant. Ensuite à toute fin utile la cour de cassation tranche les litiges d'ordre procédural, et relaxe toute personne qui aurait été interpelée en dehors des règles légales fixées par la loi.
C’est ce que n’autorise pas l’émotion publique instrumentalisée par les médias qui laissent dans la mémoire du citoyen le regard d’un acteur médiatique qui n’est pas lui et dont ils endossent le jugement, dans l’ignorance de l’instruction qui se mêne sous le sceau du secret. Il y a donc toutes les chances que la seule appréciation médiatique soit mal fondée, et il ne faut pas s’étonner que des citoyens éclairés par cette seule source erronée d’information en viennent à ne pas comprendre les jugements rendus par leurs magistrats qui eux disposent des secrets de l’instruction qui sont dévoilés publiquement lors de l’audience.
C’est donc l’instrumentalisation qui fait courir un risque à nos institutions de police et justice, et non la rigueur avec laquelle ils appliquent la loi pour garantir la liberté de tous, malgré les manquements que nous connaissons car il n’en reste pas moins des hommes et des humains.
Et s’il nous venait à l’esprit de penser que des machines ne se tromperaient pas, autant nous suicider.
Le risque Zéro est une folie criminelle, il ferait de nous des assassins en liberté.
Sachons prendre conscience que si à chaque affaires émotionnelles la justice et la police n’avait pas protégé les citoyens mis en cause, nous les aurions lynché sous le coup de l’émotion, sans même nous préoccuper de savoir quoi que ce soit, en pensant seulement qu’un de nos proches ou nous même pourrions en être atteint. Pousser les citoyens tous les jours dans ce sentiment par l’usage des faits divers dépasse de loin la seule information des risques qu’il peut rencontrer dans son existence. Il y a derrière cette persistance la recherche d’une ambiance « insécuritaire », n’importe lequel des sociologues nous expliquerait cela, compte tenu de la périodicité et de leur nature.
Pourtant nous n’avons pas la même analyse quand tous les jours nous sortons de chez nous affronter les milliers de situations qui nous font courir un risque de mort ou d’handicap, nous devrions nous cloitrer et mourir d’angoisse.
Pourtant nous sortons même sans y penser, heureusement que notre psychisme fait indépendamment de nous le ménage, et ne retient que les risques qu’il perçoit dans son environnement direct lié à nos sens.
C’est pour cela, que nous savons que nous polluons la planète, mais nous n’arrêtons pas nos actions pour autant, le même processus, sauf quand les, médias nous parlent d’un Erika et nous nous indignons au volant de notre voiture.
Aussi ,entrainer les citoyens dans de tels ressentiments envers la justice et la police et irresponsable encore plus venant de citoyen ayant la vocation de présider le pays.
Cela met en danger notre justice et notre liberté d'égalité de tous les citoyens devant elle, y compris les délinquants, les voyous, les criminels, jusqu'à ce que la justice se prononce en ayant en cas de dangerosité d’une ou de l’autre des parties pris les mesures de sécurité dont elle dispose pour garantir la vie de chacune.
Quand j’écoute les commentaires médiatiques, j’ai l’impression qu’ils parlent d’un autre monde, celui ou la police pourrait tirer à vue à sa seule appréciation de la dangerosité d’un fait, sans même se préoccuper d’une quelconque vérification, comme le cas de ce jeune tué par un autre parce qu’il se sentait en danger. Qu’ai-je pour juger ce que me racontent les médias, leur crédibilité dont nous savons qu’ils s’assoient dessus pour faire du scoop et de l’audimat.
Heureusement notre police suit des règles, est formée aux respects des libertés et agit sous le contrôle de magistrats, et pas des pulsions ou complussions médiatiques ou citoyennes.
Des commentaires médiatiques il ressort que l'ignorance des citoyens est grande en la matière, et la perte de confiance dans l’efficacité de nos institutions pour garantir la sécurité et la liberté de tous ouvre la voie à l’intolérance et à la vengeance.
Il n'y a donc aucune raison qu'un corps particulier de citoyen se trouve autorisé à une présomption de légitime défense, être chauffeur poids lourd présente autant de risques. Le policier qui a fait l’objet d’une mise en garde à vue dans l’affaire qui agite les médias, et les politiciens en campagne, est présumé innocent jusqu'à ce que la justice se prononce. Ce sera à lui d’expliquer qu’il agissait en légitime défense et aux juges de l’instruction d’établir la réalité des fait en toute équité, avec la marge d’erreur que nous connaissons là aussi (affaire Outreau).
Les technologies permettent d’éviter de mettre en danger la vie des policiers les flagrant délits photographiques sont moins risqués qu’une arrestation organisé après coup, ils savent en faire usage dans des confrontations de groupes violents comme ce fut le cas dans la lutte contre le hooliganisme.
La justice juge des faits et un sentiment de dangerosité avéré et non celui développé depuis trente ans autour du commerce de l’insécurité. Se sentir en danger n'emporte pas de mettre tous les citoyens sous surveillance ou en garde à vue. C'est pourtant à cela que nous en sommes arrivés sans avoir solutionné la délinquance sociale, qui s'installe durablement dans des zones urbaines périphériques. Celle qui fait l’objet de ce débat et à laquelle les policiers sont confrontés tous les jours sans qu’ils aient le sentiment qu’elle recule.
En cela ils ont raison, mais ce n’est pas à eux de décider en tant que corps de l’état des politiques sociales et économique mise place pour diminuer la délinquance, sauf quand ils défendent leurs intérêts particuliers fondés ou non, comme c’est le cas avec leur défilé, ou quand ils votent comme tous citoyens.
L’arrestation des délinquants n'est pas une chasse, (comme la chasse au pas nous pas nous restée célèbre) ils sont citoyens et humains quoi qu'ils aient fait. Oublier ce trait des droits de l'homme et de l'humanité qui habite chacun d'entre nous, même si l'autre n'en a pas conscience, c'est s'éviter d'avoir à construire de nouveaux "fours crématoires" pour éliminer ce que nous trouvons en trop parce qu'ils nous pourrissent la vie d'être pauvre ou violent.
Le jour où nous ne serons plus capables de percevoir le caractère d’humain chez un semblable qu’elle que soit l’atrocité de ses actes, nous le considèrerons comme un être inférieur et un jour nous n’aurons plus peur de le brûler.
Notre histoire en est pleine de cette indignation durant le moyen âge, elle s’est achevée dans une industrialisation de la mort avec le nazisme, car il a commencé par les criminels de droit commun, vous ou moi demain, ou votre enfant à naitre.
Aucune condition humaine ne nous épargne de cela, aucune naissance ne nous épargne d’en être un jour, car le crime est social et c’est nous qui définissons lesquels de nos actes seront reconnus comme asociaux. Personne ne nait délinquant ou criminel, on le devient socialement.
il n'y a jamais eu de société aussi sûre que celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui et cet engouement pour les drames est sociologiquement problématique, car de plus en plus les citoyens, par sentiment d'insécurité répercuté par les médias, abandonnent leur contrôle interne pour passer au contrôle externe( surveillance police), si cela est nécessaire, ce ne doit pas conduire à une privation de liberté ni à des condamnations en dehors de règles d'égalités sur le coup d'une émotion.
La justice ce n'est pas la vengeance et je dis souvent que c'est seulement la victime qui peut crier vengeance, mais la société n'a pas à l'écouter, mais à l'aider, des moyens existent pour prendre en charge les victimes. Si nous faisons cela le monde serait un enfer, et compte tenu de l'ambiance développeé et entretenue par notre président, les rues auraient des bûchers à chaque coin allumés par les médias, comme les loubars allument à chaque problème des voitures et font des concours parce que les médias en parlent.
Cet événement n’est pas neutre, ceux qui connaissent le milieu savent qu’il existe un syndicat Alliance qui a de discrète affinités aux thèses du FN, c’est son droit, et un syndicat majoritaire Unite sgp police issu d’un rapprochement avec la centrale Force ouvrière, qui ne glisse jamais sur ce terrain. C’est à cette situation que faisait allusion dans l’émission « des paroles et des actes » Hollande sur le sujet. Son concurrent n’hésite pas lui à endosser les thèses du FN, imaginant qu’un humain puisse être enfermé à vie. Et nous trouverions cette persécution plus humaine, il y a de quoi s’interroger sur ce que nous pourrions faire contre l’irraison qui cueille des voix. Essayons donc de nous imaginer un enfermement à vie, quelle folie, la folie humaine n’atteint pas que les criminels. Quand un humain est dangereux à vie c’est d’un espace psychiatrique dont il a besoin. La prison est faite pour que l’on en sorte car les punitions infligées par les juges donnent un sens à la peine. Et si les conditions sociales ne permettent pas leurs réinsertions ce sont elles que nous devons changer.
Le danger de notre civilisation est d'aller vers la "criminalisation" de l'existence. Et il serait regrettable que nous en arrivions à définir l'homme, l'humain comme un criminel, ce qui serait une marque de folie et de névrose, d’une dérive collective.
Les actes à ce jour les plus criminels ne sont pas ceux des délinquants et des crimes de droit commun, mais bien nos relations guerrières qui ont assassiné durant des siècles dans des conflits des millions d'hommes de femmes et d'enfants comme victimes collatérales inévitables, et pour lesquelles nous trouvons une activité économique « rétributive » pour fabriquer et vendre des armes au monde. Même nous y trouvons une raison cyclique économique (l’hiver de komdratieff), le capitalisme se réorganise par les guerres, et nous voulons enfermer des humains à vie. Lutter plutôt contre le capitalisme et nous épargnerons beaucoup plus de vie humaine.
Il me semble que de plus en plus en période électorale nous perdons de la mesure et du discernement.
Photo : Metropolitan Police
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