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Accueil du site > Tribune Libre > Pour une psychologie synthétique : le cas de l’autisme

Pour une psychologie synthétique : le cas de l’autisme

Soixante-dix ans après sa découverte et malgré quelques avancées remarquables, il n’y a toujours pas d’accord sur la question de savoir ce qu’est l’autisme. La situation n’est guère meilleure concernant la conscience, les émotions, la volonté etc. La recherche scientifique est devenue une sorte de Babel croulant sous le poids des données accumulées par une multitude de disciplines et leurs différents courants. L’injonction « publier ou périr » a entraîné une fractalisation de la recherche et une insignifiance des résultats au détriment du besoin de comprendre. Sous couvert d’une mythique unité de LA science, il se joue en fait une incessante guerre des Balkans et les premiers à en faire les frais sont, comme toujours les populations, à savoir les citoyens qui financent les recherches et les différents usagers, en particulier les patients et leurs familles. Cet article est une tentative pour montrer l’intérêt d’un dépassement de Babel par une approche synthétique de la psychologie, et ce, à partir du cas de l’autisme.

 
 « C'est la théorie qui décide de ce que nous pouvons observer »
Albert Einstein, Comment je vois le monde (1934)
 
En 2009, un chercheur étasunien constatait au sujet de l’autisme que l’on n’en maîtrise rien, c’est-à-dire, ni les effets, ni les causes.[1]
 
Ce bilan honnête mais peu flatteur pour la recherche médicale explique la prudence du dernier rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui, bien que devant « établir […] un document répertoriant les données scientifiques disponibles » pour satisfaire la mesure 1 du Plan Autisme 2008-2010, s’est finalement cantonné à un « état des connaissances HORS mécanismes physiopathologiques, psychopathologiques et recherche fondamentale », écartant donc tout ce qui permet de construire un modèle.
 
Ainsi, la montagne de professionnels concertés a accouché d’une souris, c’est-à-dire d’un simple tableau descriptif qui informe sur le phénomène et sur les pratiques thérapeutiques et pédagogiques afférentes, mais qui, au final, se dispense de l’effort de comprendre et d’expliquer.
Il nous sera simplement donné à entendre que l’autisme se caractérise par « un développement nettement déficient de l’interaction sociale et de la communication, et un répertoire considérablement restreint d’activités ou d’intérêts. » [2]
Mais une telle définition est terriblement vague et sans utilité vu qu’elle pourrait même s’appliquer à ces politiciens qui deviennent autistes lorsqu’ils accèdent au pouvoir. Elle ne fait que pointer en direction d’un phénomène aux contours nuageux en se désintéressant de sa nature, c’est-à-dire, de son origine, qui reste insaisissable car égarée dans le chaos des interprétations concurrentes et/ou contradictoires.
 
Malheureusement, cela n’a rien d’exceptionnel. Il n’existe pas non plus de consensus concernant la conscience, les émotions, la volonté, ainsi que beaucoup d’autres concepts psychologiques fondamentaux qui semblent devoir éluder toutes les tentatives de définition claire et consensuelle.
 
Pour comprendre cette situation peu satisfaisante et même surprenante au regard des idéaux que nous entretenons au sujet de la science, une parole du Talmud peut nous aider :
« Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont mais telles que nous sommes. ».
 
Elle laisse entendre que le caractère énigmatique du tableau présenté par l’autisme pourrait provenir non de la complexité de cette pathologie mais de l’état babélien des sciences humaines en général, de la psychologie en particulier.
Cette dernière est, en effet, une « maison divisée contre elle-même ». Elle s’est laissé envahir par une foule de sciences concurrentes qui prétendent en baliser le territoire pour leur propre compte de sorte qu’au final la plupart de ses notions les plus fondamentales restent mal définies et dans un état de controverse permanente.
Dans le cas d’une pathologie aussi lourde que l’autisme, cette situation est regrettable car elle est préjudiciable à l’évolution des connaissances comme des pratiques thérapeutiques.
 
Il y a donc de bonnes raisons de tenter de sortir de cette Babel conceptuelle, non par un nouvel apport de données empiriques sous lesquelles nous croulons, mais, au contraire, par un effort théorique qui permette d’articuler de manière plus cohérente les connaissances disponibles.
 
À cette fin, il convient de remettre les choses, c’est-à-dire les causes à leur place. En observant tout d’abord que comprendre l’autisme consiste à identifier les mécanismes psychologiques en cause, quels que soient les facteurs génétiques, physiologiques ou neurologiques sous-jacents.
Car c’est au seul niveau psychologique que les sujets que nous sommes « habitent », c’est à ce seul niveau que le syndrome autistique est défini et c’est à ce seul niveau qu’il peut être compris.
 
Pour bien saisir cela, imaginons que l’on puisse un jour établir que certaines mutations d’un gène ou d’un groupe de gènes sont les causes nécessaires et suffisantes de l’autisme. Imaginons même qu’une thérapie génique permettent de corriger complètement le matériel génétique incriminé. Isoler et traiter LA cause génétique de l’autisme constituerait en soi une formidable avancée, mais elle ne permettrait pas de comprendre la phénoménologie de l’autisme ; elle la ferait « seulement » disparaître.
 
Comme ceci vaut également pour les facteurs physiologiques ou neurologiques, nous pouvons tranquillement les écarter et en venir à la question fondamentale qui est de savoir quelles sont les fonctions psychologiques dont le déficit engendre le tableau autistique.
 
Immédiatement un douloureux constat se présente : faire table rase de la génétique, de la physiologie et de la neurophysiologie ne nous a pas encore fait sortir de l’auberge Babel. Les explications de nature psychologiques abondent et partent dans toutes les directions de sorte qu’il reste bien difficile de s’orienter.
Si on peut écarter d’emblée les nombreuses interprétations psychanalytiques de l’autisme, toutes plus saugrenues les unes que les autres (« mère frigidaire », « autisme = psychose », etc.), c’est pour découvrir très vite que la psychologie « scientifique » n’est pas en reste pour le prêt-à-penser réducteur.
 
Songeons à Uta Frith dont le livre L’Enigme de l’autisme défendait l’idée que les autistes ont un défaut de cohérence centrale, c’est-à-dire qu’ils manifestent une grande capacité d’attention aux détails mais sans parvenir à intégrer convenablement les informations en provenance de différentes sources. Comme au fond cette notion de cohérence centrale ne va pas au-delà de ce que nous appelons le bon sens ou, tout simplement, l’intelligence (comme mise en lien), elle aurait pu aussi bien dire qu’il leur manque un boulon. Cela ne nous avance guère, car le tableau de l’autisme déborde largement la question de la cohérence des représentations.
 
Ne serait-ce qu’en raison des troubles de la communication affective. Les autistes semblent, en effet, peu ou pas capables de comprendre, de reproduire et, par conséquent, de partager les émotions des autres. Le chercheur anglais Peter Hobson a, dans Autism and the Development of Mind, tenté d’en faire le déficit primaire à partir duquel découlerait tout le tableau de l’autisme.
 
Mais il est évident que ce dernier ne peut être réduit à un problème affectif de partage émotionnel car il inclut aussi la grande difficulté caractéristique des autistes à se représenter la pensée de l’autre, à se construire comme on dit à présent une théorie de l’esprit (de l’autre), ce que tout un chacun fait comme il respire, sans même y penser. En tant qu’elle traite de représentations, cette compétence relève non de l’affectif, mais du cognitif. Certains auteurs (Baron-Cohen, Leslie, Frith, 1985) ont à leur tour voulu faire de cette incapacité de l’autiste le déficit premier à partir duquel découlerait l’ensemble du tableau autistique. Mais, là encore, cette interprétation ignore superbement sa concurrente, ici la dimension affective pourtant tout aussi incontournable.
 
Ceci rappelle l’histoire indienne des aveugles et de l’éléphant. Chacun en touche une partie (la queue, la jambe, la trompe, le flanc, l’oreille) et croit que l’éléphant n’est que cela. Cette parabole est fréquente dans les manuels de psychologie mais tout se passe comme si les chercheurs eux-mêmes ne se sentaient pas concernés. Le pire, que l’histoire ne raconte pas, vient cependant des praticiens. Sous couvert d’ouverture d’esprit, de modération et de pragmatisme, nombre d’entre eux passent d’une conception à l’autre en fonction des patients en clamant haut et fort qu’ils sont sans a priori et que chaque patient est un cas particulier. Je sais bien que le comique Laurent Ruquier avait fait un slogan de l’idée qu’« il faut savoir changer de certitudes » mais ce n’est pas une raison pour le croire.
 
Imaginez que le chirurgien qui doit vous opérer de l’appendicite vous dise qu’il tente une technique personnalisée avec chacun de ses patients parce que nous sommes tous différents, vous seriez probablement inquiet.
 
L’éclectisme ou plus exactement le bricolage qui, en France, domine les approches thérapeutiques de l’autisme et auquel, malheureusement, tant de parents consentent souvent les yeux fermés, n’est pas le signe d’une maîtrise ou d’un pragmatisme mais bien plutôt celui d’une débâcle scientifique, d’un cul entre deux ou trois chaises paradigmatiques.
 
Car les aveugles ne dépassent pas leur cécité simplement en parlant à tour de rôle et en juxtaposant leurs convictions comme on alignerait les pièces d’un puzzle avant de le commencer. Pour reconstituer l’image de l’éléphant, il faut agencer correctement ses différentes parties les unes par rapport aux autres. Autrement dit, il faut penser et ne pas se contenter de collectionner les points de vue pour les « publier ».
 
Cet effort de pensée, paradoxalement, on le voit souvent chez certains parents d’enfants autistes auxquels les soins prodigués à leur enfant ne donnent pas satisfaction malgré la bonne volonté évidente des soignants. Bravant l’autorité médicale, ces parents se sont mis à penser pour eux-mêmes et dans l’effort pour donner à leur enfant toutes ses chances, ils ont souvent fait preuve d’une créativité et d’une rigueur intellectuelle extraordinaires dont, malheureusement, beaucoup de professionnels semblent dépourvus, coincés qu’ils sont dans les stéréotypes de leurs chapelles respectives. [3]
 
Mon sentiment est que comprendre l’autisme est, surtout pour les parents, un besoin intense autant que légitime. La profusion de livres et de sites internet qui y sont consacrés en atteste. Toutefois, leur diversité qui confine à la pagaille est aussi le signe sûr qu’après déjà plus de soixante années de recherche nous n’avons abouti à rien de bien solide et que nous nous trouvons, plus probablement, au point de départ, autour duquel nous n’avons fait que tourner en balayant toutes les directions.
 
Loin de se décourager, il faut se dire que nous avons peut-être maintenant toutes les pièces du puzzle en main et que, la science est décidément une affaire trop sérieuse pour être laissée aux seuls scientifiques.
 
Dans l’article suivant, nous explorerons plus avant cette idée.
 


[1] « quasiment tous les problèmes concevables qu’un enfant puisse avoir ont été trouvé chez ces malheureux enfants et quasiment toutes les [causes] concevables ont été évoquées pour rendre compte de ce grave trouble » (p. 569) in Hughes, J. R. (2009). Update on autism : A review of 1300 reports published in 2008. Epilepsy & Behavior 16 (2009) 569–589.
[2] Ce que l’on appelle classiquement la triade de Wing.
[3] Cf. par exemple : « Tony, la victoire d’un enfant autiste  ».

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15 réactions à cet article    


  • velosolex velosolex 18 février 2012 11:13

    Celui qui prétend qu’il n’y a qu’une seule vérité veut bien souvent cacher des mensonges.
     On travestit les choses à son avantage pour les rendre incorporables à sa conception.
    On voudrait maintenant tout réduire à la génétique,
     comme autant hier on le faisait du milieu.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2012 13:58

      Il me semble que les choses sont plus pernicieuses que cela.

      Plus personne ne prétend détenir LA vérité parce que chacun sait à présent que nul n’est dans « l’oeil de Dieu », nul n’a accès à la chose en soi, et le mieux que nous puissions avoir est un modèle qui est cohérent avec les données et qui ne s’est pas encore trouvé falsifié mais qui est falsifiable en principe (Popper).

      Et même quand il y a des falsifications ici et là, les modèles s’en accommodent, en protégeant le noyau dur (Lakatos), de sorte que des conceptions complètement désuètes peuvent perdurer bien au-delà du raisonnable dès lors que ses tenants parviennent toujours aux postes de pouvoir et accèdent aux flux financiers qui permettent d’entretenir et perpétuer l’organisation. Bourdieu parlerait d’assurer sa reproduction.

      C’est ce qui se joue pour la psychanalyse. C’est ce qui va se jouer pour les approches génétiques dont on va souper jusqu’à plus soif pendant encore un bon siècle j’imagine.

      Ainsi donc, il n’y a plus prétention à la vérité. Il y a prétention au « pouvoir » explicatif. Depuis la nuit des temps, cela fonctionne sur le modèle des sorciers, qui prétendaient détenir la cause des choses.... smiley


    • lsga lsga 18 février 2012 12:21

      «  La situation n’est guère meilleure concernant la conscience, les émotions, la volonté etc. »


      Matérialisme.



      Débarrassons nous du vocabulaire hérité des croyances et des superstitions. 

      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 février 2012 14:49

        Il y a une profonde naïveté à croire que se débarrasser du mot c’est se débarrasser de la chose.

        Même si un éliminativiste arrive à vous faire croire (sic) que la peur n’existe pas, cela ne vous empêchera pas d’avoir peur quand vous serez mis dans la cage aux lions.

        Et même si vous continuez à dire que vous n’avez pas peur, seulement des sueurs froides, des tremblements et des palpitations cardiaques, tout le monde autour de vous verra bien que vous avez peur et votre refus d’appeler ça de la peur apparaîtra pour ce qu’il est : du snobisme.

        Le jeu auquel jouent les Churchland est de cet ordre : un vain exercice intellectuel. Les émotions sont une réalité incontestable. Mais il est clair qu’elle nous échappe car n’avons pas des outils intellectuels ou conceptuels suffisamment cohérents pour cela.

        Pour la question de l’autisme, il va de même. Il nous faut encore mettre l’ouvrage sur le métier.

        Quoi qu’il en soit, merci pour les deux références que je trouve assez bien faites.


      • lsga lsga 19 février 2012 13:51

        « Il y a une profonde naïveté à croire que se débarrasser du mot c’est se débarrasser de la chose.
         »


        Et l’Hystérie, vous en êtes où ?

      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 février 2012 14:54

        J’en ai un modèle opératoire, pourquoi ?

        Z’êtes concerné(e) ?


      • crazycaze 18 février 2012 17:15

        Dr en psychologie du développement, j’ai trouvé votre article intéressant, car je constate comme vous que si enfin l’approche psychanalytique qui reste dominatrice et intégriste en France commence à être sérieusement remise en cause, c’est malheureusement au profit d’une approche neurobiologique qui place le déterminisme biologique à la base de toute chose... on revient donc aux mêmes querelles du début du 19eme siècle.

        Pourtant, dès cette époque, des partisans d’une approche holistique tentait de faire entendre un autre discours, comme James Mark Baldwin ou Pierre Janet. Par votre positionnement, il me semble que vous pourriez être intéressé par l’approche écologique en psychologie, une approche développée par James J. Gibson, puis Urie Bronfenbrenner, qui a ses racines dans le courant phénoménologiste. 

        Cette approche est compatible avec les théories générales des systèmes dynamiques et les théories du chaos. Elle considère le développement et la construction des personnes comme la résultante d’interactions bidirectionnelles indissociables entre différents systèmes enchâssés, depuis les interactions géniques dans un environnement physico-chimique cellulaire, jusqu’aux interactions liant l’individu à la culture. Dans cette perspective, une variation infime au niveau d’un des systèmes peut affecter peu ou prou, à court terme ou à long terme, la trajectoire développementale des individus.

        Bien qu’étant assez peu informé sur l’autisme malgré quelques échanges ou participation à des séminaires avec Bernadette Rogé, il me semble que sous une seule étiquette « autisme » sont rassemblés différents troubles du comportement qui ont en commun un ensemble de symptomes observables. Or, dans ne approche écologique, on considèrera que différents chemins peuvent conduire à une même situation. Autrement dit, il est fort probable que chercher une cause unique est une démarche erronée qui conduit inévitablement à l’échec de toute mise en oeuvre thérapeutique.




        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 février 2012 15:17

          Merci pour ce commentaire très bien vu.

          Oui, je suis très proche de Baldwin, et accessoirement Janet en tant que, précisément, il a été lecteur de Baldwin.

          Ce dernier est un de mes « maîtres à penser », avec Piaget et Girard. Je lui dois le modèle dont je me sers actuellement et que je tente de déployer dans toutes les directions, notamment celle de l’autisme.

          Bien qu’un des plus anciens, ce modèle est complètement dans la mouvance de la théorie des systèmes dynamiques comme des théories de l’auto-organisation.

          Etant basé sur le cycle sensorimoteur, il a plein d’affinités avec Gibson bien sûr, dont il faut noter qu’il était élève de Holt, lui-même, fatalement lecteur de Baldwin puisque comme DSK, ce dernier était au sommet au moment où il s’est fait éjecter pour une sombre affaire de moeurs comme il peut seulement s’en inventer au USA smiley

          Je ne vois pas a priori le problème de la cause unique dès lors que cette unicité ne se bâtit pas sur un déni de réalité.

          Je reconnais à l’autisme un caractère plurifactoriel. Il est je crois assez évident. Mais les causalités sous-jacentes à la psychologie me laissent indifférent car, précisément, elles ne me concernent pas. Qu’une bactérie puisse engendrer l’autisme ne devient intéressant qu’à partir du moment où on peut suivre la cascade causale qui vient impacter le niveau psychologique, c’est-à-dire, la fonction psychologique, peut-être unique, qui, par sa déficience, suscite la phénoménologie de l’autisme au niveau psychologique.

          C’est cette fonction qu’il s’agit de cerner. La multitude de facteurs biologiques susceptibles d’impacter la structure neurologique sous-jacente ne va pas nous éclairer au plan théorique, dans la compréhension de l’autisme. Par contre, dans le soin et le traitement, il est clair qu’il convient d’y prêter attention comme l’ont fait les parents du petit Tony en soupçonnant qu’une réaction allergique au lait puisse impacter le fonctionnement cérébral, voire même avoir son siège dans le cerveau.
          La non consommation de lait devient alors un impératif.

          Mais vous m’accorderez que la mise en evidence de ce lien de cause à effet n’éclaire en rien l’autisme au plan conceptuel.


        • crazycaze 20 février 2012 23:47

          J’ai beaucoup aimé le rapprochement entre Baldwin et DSK !! smiley !! Même si je suis moins sensible aux théories économiques du second... smiley !!

          Plus sérieusement, il me semble qu’effectivement les théories de Gibson sur l’information et sur les affordances sociales, associées au modèle de Bronfenbrenner, pourraient constituer un canevas intéressant pour comprendre les divers cheminenements conduisant à l’autisme. L’intérêt est de comprendre comment différentes variations des paramètres de contrôle des processus psychologiques au niveau des différents systèmes peuvent affecter les trajectoires développementales en les canalisant vers les troubles du comportement regroupées sous la désignation de troubles autistiques. 

          Il est même possible, comme le suggère Abrahams dans son article « Neuronal positivism and chaos bifurcation » qu’il existe des points de rupture, des moments où une variation minimale d’un paramètre de contrôle au niveau d’un système, entraîne de profondes variations à l’échelle de l’organisme, un peu comme lorsqu’on ajouter un centième de gramme sur un des plateaux d’une balance en équilibre et qui suffit à rompre totalement cet équilibre.

          Par exemple, concernant l’origine bactérienne de l’autisme, cela me fait penser à la mise en évidence de l’origine des ulcères stomacaux par la prolifération d’une bactérie. Fort bien... mais quelle est l’origine de cette soudaine prolifération ? Comme je l’ai dit, je ne suis que très peu informé sur l’autisme, mais il me semble que l’approche écologique constitue une méthodologie fort prometteuse pour comprendre la diversité des trajectoires conduisant à un même phénomène. 

          Par exemple, on utilisant des méthodologies statistiques non-paramétriques et non- linéaires, il me semble qu’il serait possible au travers d’un large échantillon d’autistes, de discriminer différentes « populations » sur la base d’une convergence de variables. Ceci étant fait, il serait alors possible d’entrevoir les différentes pistes thérapeutiques adaptées à chacune de ces populations.


        • rocla (haddock) rocla (haddock) 18 février 2012 17:28

          L’ autisme aurait pour cause un genre de bactérie . Apparenté à la maladie de lyme . Un enfant , autiste qui a été traité contre cette maladie a vu son état s’ améliorer très considérablement .


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 février 2012 15:22

            Merci Rocla pour cette information que le Science et Vie de ce mois développe assez bien.

            Elle me permet de rappeler cette position avancée dans l’article qui veut que les causes biologiques de l’autisme ne vont nous intéresser pour la compréhension de l’autisme qu’à partir du moment où on pourra suivre la cascade causale et remonter jusqu’à la fonction psychologique qui se trouve alors atteinte.

            Le traitement qui tue la bactérie, s’il fait disparaître l’autisme, ne nous aidera pas à le comprendre pour autant. C’est ça que j’essaie de dire : tant que de l’autisme continuera d’exister, il importera de le comprendre.

            Quand cela n’existera plus (mais c’est pas pour demain), alors cet effort de réflexion ne sera plus utile, j’en conviens.


          • Annie 18 février 2012 21:49

            Il est dommage que votre article, très consensuel dans le sens où il recherchait plus le dialogue que la confrontation, n’ait pas été plus commenté. J’aurai aimé en savoir plus et vous avez fait beaucoup d’efforts pour présenter votre point de vue, avec des arguments qui se tiennent.


            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 février 2012 15:26

              Merci Annie pour votre commentaire très encourageant.

              Je pense que la suite vous permettra d’en savoir plus et peut-être même qu’elle suscitera un regain d’activité sur cet article en y ramenant les lecteurs.

              Nous verrons bien.
              Je prends les choses comme elles sont.
              L’objectif pour moi est juste de dire ce que j’ai à dire pour en « tester » la cohérence, en soumettant la chose aux lecteurs intéressés.

              L’idée sera ensuite de ressaisir tout cela pour en faire un livre.


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