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Accueil du site > Tribune Libre > Pour une réappropriation de notre attention

Pour une réappropriation de notre attention

À une époque où le progrès technologique s’est complètement désolidarisé de toute considération morale, ne laissons pas notre vie s’organiser uniquement autour d’appareils digitaux par lesquels des multinationales et leurs algorithmes nous dictent nos comportements et s’enrichissent à partir de nos données personnelles.

En fin d’année dernière, d’anciens cadres de Facebook se sont exprimés pour dénoncer les conséquences néfastes du réseau social sur les relations humaines.

Sean Parker, premier président de Facebook qui rejoignit l’entreprises dans ses premiers mois de création, a décrit le réseau comme « une boucle infinie de validation sociale… Exactement le genre de chose qu’un hackeur comme moi inventerait, parce que vous exploitez une vulnérabilité de la psychologie humaine ». « Je crois que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social » a quant à lui déclaré Chamath Palihapitiya, ancien manager chargé de la croissance de l’audience.

En début d’année, ce sont deux actionnaires d’Apple, JANA Partners et CalSTRS (fonds de pension californien) qui ont appelé, par une lettre, la multinationale à mettre en place davantage de contrôle parental.

Dans notre monde actuel, il semble avéré que toujours plus connecté est loin de signifier toujours plus heureux. Jean Twenge, docteure en psychologie et professeure à l’université de San Diego en Californie, se penche depuis plusieurs années sur la question et, pour elle, le constat est indéniable : les smartphones ont une influence néfaste sur nos vies, en particulier celle des enfants et adolescents nés après 1995, génération que la psychologue a nommé "iGen".

Bien que les réseaux sociaux nous promettent de nous rapprocher de nos amis, leurs usagers de la génération iGen se sentent paradoxalement significativement plus seuls selon Twenge, certains passant davantage de temps sur ces plateformes virtuelles qu'avec leurs amis en chair et en os.

Une jeune américaine interrogée par Twenge, dont les propos sont rapportés dans The Atlantic, résume bien ce sentiment : "Nous n'avons pas eu le choix de connaître une vie sans iPhones ni iPads. Je crois que nous aimons nos téléphones plus que les vraies personnes", confie-t-elle.

En outre, la psychologue a conclu que l'augmentation de la prise d’antidépresseurs et même de suicides chez les adolescents américains ces dernières années est directement liée à l'utilisation intensive des smartphones et autres appareils électroniques. C'est encore plus vrai chez les filles : le nombre d'adolescentes présentant des symptômes de dépression a augmenté de 50% entre 2012 et 2015, contre 21% chez les garçons. 

A l'inverse, les collégiens passant moins de temps que la moyenne sur leur smartphone et davantage à des activités sportives ou studieuses présentent un risque de dépression significativement moins élevé. 

La qualité de notre sommeil est également affectée. En effet la grande majorité d'entre nous dormons avec notre smartphone près de nous, et c'est bien souvent la dernière chose que l'on regarde avant de se coucher, et la première au réveil. Ces habitudes tenaces ont un sérieux impact sur la qualité et la durée de notre sommeil. Des études menées par l’université de San Diego sur 360 000 sujets ont montré qu'en 2015, 40% des adolescents américains dormaient sept heures par nuit ou moins, soit 57% de plus qu'en 1991. Pour les experts, ce manque de sommeil est indéniablement lié à l'utilisation intensive des supports électroniques.

Ce constat préoccupant nous invite à réfléchir à la place que nous souhaitons accorder à ces nouvelles technologies dans notre vie et celle de nos enfants.

Il ne s’agit pas de rejeter en bloc ces technologies, qui ont considérablement amélioré notre quotidien, facilitant l’accès à l’information et au savoir, nous permettant de pouvoir converser avec des amis à l’autre bout du monde, d’organiser des manifestations, de faire passer des messages, nous aidant à nous orienter, nous donnant accès au savoir, à la musique, aux films, instantanément et sur n’importe quel support…la liste est longue.

En revanche, il me semble essentiel d’être capable d’exercer un esprit critique sur l’usage que nous faisons de nos téléphones, et ainsi d’en reprendre le contrôle.

La promesse initiale des nouvelles technologies est de nous rendre la vie plus facile, nous faire gagner du temps et améliorer notre bien-être. Or la réalité est qu’au contraire ces appareils, de par leur caractère très addictif savamment orchestré par de complexes algorithmes, nous rendent de plus en plus dépendants, accaparent notre temps, orientent notre attention et modèlent nos comportements, tout cela dans une optique purement commerciale.

Le modèle économique reposant sur la marchandisation de l’attention n’est pas fondamentalement nouveau. Les revenus de la plupart des chaines de radio, télévision et certains journaux sont en effet principalement publicitaires et l’objectif de ces médias est donc d’attirer et conserver leurs lecteurs/auditeurs/téléspectateurs le plus longtemps possible.

Cependant, l’arrivée des ordinateurs et des smartphones a permis l’émergence de nouveaux moyens de capter et de monétiser notre attention. A ce jeu-là, Facebook, Instagram, Youtube et autres Snapchat sont devenus les champions, s’appuyant sur l’expertise des ingénieurs les plus brillants pour capter et retenir notre attention par divers moyens (notifications incessantes fonctionnant comme des récompenses génératrices de dopamine renforçant notre ego à court-terme, vidéos apparaissant par défaut en lecture automatique, transitions automatiques vers le contenu suivant anticipant nos envies du moment etc.) et bien plus encore pour contrôler, stocker et analyser nos données personnelles (notre identité, nos habitudes de vie, de consommation, nos préférences en tout genre etc.), devenues le nerf de l’économie digitale. 

Tristan Harris, ancien cadre chez Google et co-fondateur de l'initiative Time Well Spent (TWS), a été l'un des premiers à dénoncer les dérives de cette économie de l'attention.

Interrogé par The Atlantic, Harris souligne que maitriser nos envies impulsives de consulter notre smartphone (ce que nous faisons en moyenne de 30 fois par jour pour un adulte à 150 fois pour un adolescent selon cette étude), ne dépend pas seulement de notre volonté. « Vous pourriez vous dire que c’est votre responsabilité, mais ce serait oublier qu’il y a mille personnes de l’autre côté de l’écran dont le métier est précisément de démolir quelque contrôle de soi que vous seriez capable de maintenir », explique Harris.

TWS identifie quatre domaines dans lesquels ces méthodes visant à nous rendre dépendants ont d’importants effets pervers sur la santé mentale, le développement des enfants, les relations sociales et la démocratie. 

L’impact sur la démocratie a été particulièrement mis en lumière au moment des élections présidentielles américaines, au cours desquelles le phénomène de « bulles de filtres », traduction du terme anglais « filter bubble » théorisé par Eli Pariser, a été pointé du doigt comme ayant potentiellement pu influencer le vote. Parce que les algorithmes nous montrent seulement des contenus que nous sommes susceptibles d’apprécier et valider, nous sommes artificiellement maintenus dans une « bulle » filtrant les informations et idées allant en contradiction avec nos opinions, et qui ne sont donc pas jugées (par l’algorithme) dignes d’intérêt pour nous.

Le mouvement TWS milite pour plus d’éthique, de déontologie et de transparence de la part des géants de la Silicon Valley, les poussant à concevoir des produits avec davantage de bienveillance.

Pour Harris, « il faut de nouveaux critères, de nouvelles normes de conception, de certification. Il existe d’autres façons de concevoir [des applications] qui ne sont pas basées sur l’addiction »

Face à ces nouvelles habitudes digitales, la psychothérapeute américaine Nancy Colier rapporte un nombre croissant de patients se disant « déconnectés de ce qui compte vraiment, de ce qui nous fait nous sentir épanouis et vivants en tant qu’êtres humains. » Dans son ouvrage, dont le titre peut se traduire par Le pouvoir du hors-ligne, Colier recommande et donne les clés d’une relation consciente, active et maîtrisée aux appareils digitaux. « Ce sont les connexions avec les autres êtres humains qui nous nourrissent et nous font sentir que nous comptons. Notre présence, notre pleine attention est la chose la plus importante que nous pouvons apporter aux autres. Les communications digitales ne favorisent pas les relations profondes, le sentiment d’être aimé et soutenu. »

La psychologue nous suggère de prendre conscience du réel besoin que nous avons d’utiliser un appareil digital, et de faire la différence entre ce besoin (trouver son chemin, contacter un proche etc.) et ce qui relève plutôt de l’habitude, comme répondre instantanément à un message non urgent, ou dérouler machinalement son fil Instagram ou Facebook sans but précis. Elle nous incite également à faire au moins une activité par jour ne nécessitant pas l’usage d’un écran, et à dormir loin de notre téléphone.

Tristan Harris conseille quant à lui de n'avoir à portée de main que les applications pratiques et ne risquant pas de nous "hypnotiser", du type Uber ou Google Maps, et camoufler les autres en les regroupant dans des dossiers moins accessibles instantanément, voire les supprimer. En tous cas, prendre soin de désactiver les notifications non essentielles et la lecture automatique des vidéos.

Au-delà du cas des appareils électroniques, il apparaît également important d’appréhender prudemment la vague de nouvelles technologies en développement, notamment basées sur la réalité virtuelle ou l’intelligence artificielle, et potentiellement bien plus intrusives et intelligentes que les smartphones. L’excellente série d’anthologie Black Mirror, dont la quatrième saison vient de sortir sur Netflix, nous en donne d’ailleurs un aperçu glaçant.

Dans cette perspective, Crystal Beasley, entrepreneuse et créatrice d’une chaine YouTube consacrée à la réalité virtuelle, a lancé un projet ayant pour objectif de connecter les développeurs avec des neuroscientifiques et psychologues, afin d’orienter le développement des nouvelles technologies vers des modèles ne reposant pas sur l’addiction des usagers. 

Pour Beasley et de plus en plus d’autres entrepreneurs, tels que le collectif Zebra Unite fondé par 4 femmes militant pour des business modèles à la fois rentables et bénéficiant à la société (« profit & purpose »), il est impératif de concevoir des technologies faisant passer l’humain avant la machine, nous aidant à nous émanciper plutôt que nous asservissant, et nous permettant de rester en contrôle plutôt que nous contrôlant. 

Face à tout cela, il semble que, du moins au sein de ma génération ayant connu l’ère pré-Internet, de plus en plus de personnes commencent à prendre du recul et à ressentir le besoin de s’accorder du temps « hors ligne », de déconnecter pour reconnecter. La preuve en est, notre engouement grandissant pour les objets des décennies passées, ainsi que pour les séries telles que l’excellente Stranger Things, qui nous empreignent de nostalgie en nous plongeant dans l’atmosphère de ces années où la vie était nous semble-t-il plus belle.

Arianna Huffington l’a d’ailleurs bien compris et a ainsi annonçé le lancement de Thrive, une application, qui, paradoxalement, devrait nous aider à maîtriser l’usage de notre smartphone, en proposant par exemple de limiter notre temps sur telle ou telle application.

On peut aussi partir en voyage, assister à un concert, du théâtre, une exposition, s’engager pour des causes, débattre d’idées, passer du temps avec nos proches, s’embrasser, lire, rêvasser, imaginer, jouer du piano, ressortir les jeux de société, cultiver notre jardin…En bref donner du sens à notre vie plutôt que de l’attention à des appareils.

Ce à quoi nous accordons notre attention constitue en somme ce que nous faisons de notre vie, et doit ainsi impérativement résulter d’un choix conscient. Réussir à se détacher de cette dépendance technologique aliénante n’est clairement pas chose facile, mais c’est la condition nécessaire de la conservation de notre autonomie et de notre libre-arbitre.


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28 réactions à cet article    


  • Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno 26 juin 2018 11:24
    Il existe une forte pression sociale explicite pour utiliser ces appareils (la pression implicite étant celle qui pousse à vouloir imiter son entourage). Je prends mon cas avec 4 exemples qui me viennent à l’esprit.

    1. Je n’ai ni téléphone portable, ni smartphone (je ne sais même pas précisément ce que c’est). Eh bien, on me l’a souvent reproché. On m’a souvent demandé d’acquérir un téléphone pour pouvoir me joindre à tout moment. Problème : je ne veux surtout pas être joignable à tout moment, et je ne veux pas devoir me trimballer avec un objet de plus sur moi ; j’aime me déplacer léger.

    2. Je ne suis pas inscrit sur Twitter, Facebook, Lindkin et compagnie (dont l’utilité continue de m’échapper malgré les diverses explications qui me furent fournies) bien qu’on me le demande régulièrement.

    3. Je consulte mes mails de façon très espacée (environ une fois par mois en ce moment). On me le reproche :
    « Je t’avais envoyé un mail !
    - Tu aurais mieux fait de me téléphoner. Je réponds tous les soirs, moment où je suis le plus disponible pour répondre. »

    4. On me parle d’un sujet en vogue dans les médias dominants, ou avec des néologismes inventés par ceux-ci. Je n’ai ni téléviseur, ni radio. Je ne lis pas les journaux de propagande et ne consulte pas leurs sites sur internet. On s’étonne, on est franchement incrédule, on s’offusque, voire on se moque de mon ignorance. On veut m’« informer ». Je leur demande si ce sujet passe le tamis des 3 questions attribuées par Platon à Socrate : Est-ce vrai ? Est-ce bon ? Est-ce utile ? (ce qui peut se résumer à Est-ce pertinent ?, au sens donné à ce mot par Sperber et Wilson). Je peux aussi contre-attaquer en leur soumettant un ou plusieurs sujets dont je me doute de leur ignorance, et qui, eux, passent très bien les cribles socratiques. 

    Est-ce une question de génération ? Pas seulement. Ces reproches me furent souvent faits par des personnes plus âgées que moi.

    • Eric F Eric F 27 juin 2018 09:42

      @Giordano Bruno

      il y a quand même un effet de génération, un collégien n’a quasiment pas le choix de ne pas être connecté, il serait en marge du groupe. L’addiction n’est pas seulement individuelle, elle est collective.


    • Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno 27 juin 2018 14:00

      @Eric F
      C’est à peu près ce que que je voulais exprimer lorsque je parlais d’être poussé à imiter son entourage. Cela dit, le choix demeure. Certes, il demande de l’opiniâtreté et de la pugnacité. Mais certains, trop peu nombreux il est vrai, ont ces qualités et seraient de piètres cobayes pour l’expérience de Asch.


    • V_Parlier V_Parlier 27 juin 2018 23:00

      @Giordano Bruno
      Même dans les universités, les secrétariats peuvent à présent se permettre de bâcler leur boulot en annonçant un quart d’heure avant les cours/épreuves la classe où ils auront lieu... par e-mail !!! Et celui qu’i n’y est pas n’a qu’à avoir un smartphone ! Sidérant.


    • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 28 juin 2018 11:55
      @Giordano Bruno

      Certaines « nouveautés » technologiques obligent carrément a posséder un smartphone :
      -Les billets d’avion sur smartphone
      -le paiement par smartphone
      -le paiement par internet via un code envoyé sur smartphone

      La société tend à nous imposer ces nouveaux moyens, comme pour les impôts désormais réservés à internet (que font ceux qui en sont dépourvus), sans voir les conséquences, qui sont finalement l’exclusion par la technologie.

      Mais comment la nouvelle génération, coupée du réel via ces applications, parviendra-t-elle à créer un monde en harmonie avec l’environnement, ce qui sera bientôt la condition de notre survie ?

    • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 26 juin 2018 12:25

      Vous nous parlez de notre attention, très bien alors soyez extrêmement attentif quant au rôle de nos techniques, poussez la réflexion jusqu’à comprendre que même si on « améliore », on reste toujours dans les sciences de la gestion.
      Le mieux est de tout coupé, de tout arrêté. Allez dehors, bricolez, que sais-je, mais cessez la virtualisation de vos esprits, sinon on continue dans le neuro-piratage et dans le contrôle de masse.

      The Revolution Will Not Be Televised ... ^^

      • Taverne Taverne 26 juin 2018 12:39

        Les ressources infinies de l’être restent en jachère tant que nous laissons les sollicitations extérieures captiver notre attention. Non agir permet à l’être d’éviter les pièges du besoin primitif de réaction, les diktats du temps et du narcissisme, toutes ces dérives qui entravent l’expression de l’être et lui pèsent. L’être doit se délester pour s’élever. Il doit rester maître de ce qu’il décide de placer dans son champ de conscience.

        La contemplation de la beauté est un des moyens les plus agréables d’appliquer concrètement ces principes.


        • sls0 sls0 26 juin 2018 18:02

          Nul est a l’abri du smartphone et des applications associés telles facebook ou youtube.

          Je réside dans un pays plus pauvre mais 100 fois plus riche en sourire.
          Un pays avec une diaspora importante qui revient parfois au moment des fêtes.
          La plupart de ceux qui reviennent disent que ce n’est plus la même chose depuis 3-4 ans. C’est diffus mais ça a changé.
          Le smartphone est passé par là, avant c’était vivant et agréable la vie, elle était simple mais très conviviale.
          Aux personnes qui se posent des questions sur ce changement je leur montre les smartphones.
          Déjà il y a la mode, le paraitre, tous n’ont pas accès à internet.
          Pour ceux qui y ont accès, c’est la dégringolade dans la vie virtuelle et l’égo. Même les « paradis » tropicaux se font piéger et j’ai l’impression que c’est plus fort, ce doit être le contraste les gens étant beaucoup plus vivants et souriants.
          En Europe les gens vivent repliés sur eux même, le contraste est moindre mais coté dégâts ce doit être kif-kif.

          J’ai un smartphone, c’est quand même un sacré outil.
          En ce moment c’est mon outil principale pour une étude de risque inondations.
          Je calcule aussi les ondes de tempêtes en cas de cyclone, l’intensité sismique possible en fonction des failles et de la distance.
          Quand il atteint ses limites, je bascule sur l’ordinateur.
          Ce n’est pas l’outil qu’il faut remettre en cause, c’est son emploi guidé par un marketing ou son envie de paraitre.
          J’ai facebook, un superbe outil pour des enquêtes surtout en anglais US. La dernière fois que j’y ai écrit c’est quand j’ai migré il y a 5 ans, une fois par an je regarde comment va la vie d’une trentaines d’amis. (Deux sont morts).
          J’ai eu la chance de voir qu’un ami s’est lancé dans un tour du monde à la voile, ce qui m’a permis de faire une bouffe avec lui au Panama avant ses 8000km de traversé du Pacifique.
          Lui c’est un message et une dizaines de photos à chaque escale ce qui fait que je regarde mensuellement en ce moment.
          Je n’ai pas twiter, je n’ai pas d’avis, mais hebdomadairement j’en regarde sur les crises.fr, il y en a des géniaux et d’autres ont le temps de faire le trie.

          On a des outils ou des choses, c’est prévu normalement pour s’en servir et non être esclave de ces outils ou choses. Est on esclave de l’outil ou de notre égo ou de notre inexistance dans la vie réelle ?



          • Jean Keim Jean Keim 26 juin 2018 18:06

            Les technologies numériques accaparent nos pensées et notre concentration mais sûrement pas notre attention, quand on est attentif on est accaparé par rien d’un tout.


            • bonnes idées 26 juin 2018 19:39

              Ne vous inquiétez pas cher auteur puisque cette technologie ne durera que le temps d’un soupir que vous utilisez vous aussi avec plaisir à ce que je vois.


              • Eric F Eric F 27 juin 2018 10:20

                @bonnes idées
                on voit mal comment cela pourrait disparaitre, sauf à être remplacé par quelque chose de plus intrusif encore -eh oui, dans les années 60, les gros postes de TSF ont été relayés par les « transistors » qui suivaient jusque sur la plage : la tendance générale est à la portabilité (teléphone, télé, internet...). Et avec les objets connectés, vous trimbalez sur vous tout un cabinet médical et la commande de votre maison.


              • Montagnais .. FRIDA Montagnais 26 juin 2018 22:33

                .. Alors, vous croyez pas à l’intelligence artificielle ? à la pilule  d’immortalité (pour le mois prochain ..) aux vacances sur Bételgeuse ? 

                Vous croyez pas à la nouvelle ère de l’Humanité, à la nouvelle civilisation ? Eclairée, libérée, ré-enchantée.. datée du 21 juin, fête de la musique à l’Elysée ?

                Vous croyez à rien .. ?

                Même pas que Bipède, propulsé hors-réalité, métamorphosé tourné bredin va un jour ré-atterrir ?

                .. On en a à se « ré »-approprier" ! 

                Bon courage

                • Ruut Ruut 27 juin 2018 06:07
                  Explorer des univers virtuels entre potes ou en famille, il n’existe rien de mieux.
                  C’est safe, fun et ça rapproche énormément.

                  Mais ça les anti-jeux vidéos ne peuvent pas le comprendre, ils ne l’ont JAMAIS Vécus.


                  • V_Parlier V_Parlier 27 juin 2018 23:05

                    @Self con troll
                    Sauf que vous étiez ensemble, c’était à l’ancienne. Maintenant c’est le massivement multijoueur à distance (souvent avec des inconnus par centaines) où celui qui part dormir « perd de l’avance ». Ce n’est plus un divertissement dans la détente, c’est un véritable stress, autrement dit la vraie addiction comme pour les drogues.


                  • Elixir Elixir 27 juin 2018 08:04
                    Article intéressant mais qui tombe dans le poncif classique selon lequel il est possible de bien utiliser les technologies qui nous sont imposées...

                    C’est un peu comme si la décharge du progrès entière était justifiée par le fait que quelques uns font du tri sélectif.

                    Ou comment bien consommer avec Mac Donalds et Coca Cola ?

                    Cela fait le jeu de la propagande industrielle. Toutes ces applications qui visent à colmater les fuites sont au progrès ce que le greenwashing est à l’écologie.

                    De la poudre aux yeux qui ne conduit qu’à nous faire croire qu’il est encore possible de bien vivre du progrès technologique.

                    Souvenons-nous : ce n’est pas le progrès le problème, ce n’est pas la bonne question. La bonne question est qui décide de l’introduire dans nos vies ?

                    Et ne me parlez pas du libre-arbitre des gens. Si les gens avaient un libre-arbitre, ils ne passeraient pas leur vie dans des grandes surface ou la tête rivée sur le smartphone.

                    • L'Astronome L’Astronome 27 juin 2018 08:53

                       
                      Asservir les individus — et surtout les jeunes, les enfants — par quelque technique ou idéologie que ce soit est le principe N° 1 de tout bon fascisme. Nous sommes entrés dans l’ère du fascisme « technologique », ou techno-fascisme, alias i-fascisme.
                       


                      • zygzornifle zygzornifle 27 juin 2018 09:32

                        les politiques seront les premiers a acheter les données pour classifier leurs mougeons en catégories : a caresser dans le sens du poil ou a abattre ....


                        • Eric F Eric F 27 juin 2018 10:09

                          @zygzornifle
                          oui, les politiciens achètent sondages et données, mais en réalité ils n’ont pas besoin de ça pour connaître leur « créneau » et mettre en place les manipulations. C’est davantage utile pour les affairistes qui foncent sur les dernières tendances.


                        • zygzornifle zygzornifle 27 juin 2018 09:33

                          regarder la série « Personne of interest » ça vous donnera une idée de notre futur très très proche .... 


                          • Eric F Eric F 27 juin 2018 10:12

                            @zygzornifle
                            oui, cette série est significative de ce qui se profile en terme de surveillance, et on peut aussi se référer à « Matrix » comme métaphore de la vie de plus en plus virtuelle. Entre eux, les jeunes s’appellent parfois par leur pseudo sur tel jeu ou réseau.


                          • Eric F Eric F 27 juin 2018 10:04
                            Le problème est que l’injonction de faire attention à la manipulation, de se réapproprier son attention, s’adresse au niveau individuel, alors que nous sommes face à un problème collectif quasi-général. C’est un peu comme un appel à la prudence routière dans une situation où n’existerait ni le code de la route, ni les contrôles. Il existe certes des contrôles théoriques sur l’utilisation des smartphones et tablettes, notamment l’« autorisation parentale ». Mais dès l’âge de 10 ans, les gamins savent les détourner.
                            Le piège me semble s’être refermé avec les abonnements « illimités », car c’est vraiment du 7j/7, 24h/24, ainsi par exemple tel jeune laisse son smartphone tourner sur des jeux vidéos qui fonctionnent en mode automatique lorsqu’il n’intervient pas, et l’a sous les yeux sur le tableau de bord lorsqu’il conduit. Si le modèle était resté systématiquement avec des durées et quantité de données et de SMS limitées, l’addiction permanente ne se serait pas instaurée. Cela parait peut-être simpliste, mais considérons l’eau et l’électricité : nous payons « à la quantité consommée », et avec une puissance maxi pour l’électricité, donc nous faisons gaffe à limiter l’usage. Idem la bagnole dont nous payons le carburant.

                            PS : ceci dit, des personnes âgées font pareil avec la radio ou la télé, allumée du matin au soir, mais l’accaparement de l’attention est moindre, et elle ne suit pas la personne quand elle va faire ses courses.

                            • Blé 27 juin 2018 13:08

                              Avant d’être un problème individuel, c’est d’abord un problème collectif que les industriels des nouveaux appareils avec leur nouvelle technologie imposent aux sociétés, par le travail, (il a fallu que je me forme sur l’ordi pour garder mon emploi) les loisirs,(des jeux à ne plus finir) l’administration (se procurer une fiche d’état civil, déclaration d’impôt, sécurité sociale, etc...).

                              L’essor du foot pourrait-il être aussi gigantesque sans la télé, les smartphones, les caméras, etc..., etc... y aurait-il autant d’argent qui passe des poches des spectateurs dans les poches des oligarques, des propriétaires de média, des magasins des supporters, des propriétaires de club,etc... ?

                              Le foot rassemble plus surement les français que le combat des salariés contre la privatisation de la S N C F. Il faut rendre hommage à la propagande qui fait un excellent travail de manipulation de l’opinion publique.

                              Le plus ennuyeux, c’est que beaucoup de gens ne peuvent plus imaginer un instant pouvoir vivre sans leur « nounou » portable.


                              • V_Parlier V_Parlier 27 juin 2018 23:09

                                @Blé

                                Le foot ne m’a jamais intéressé, mais entre ça et le « combat » des cheminots si malheureux (*), comment dire... je comprends cette fois les amateurs de foot.

                                (*) Qui conserveront leur statut, rappelons le. Et je ne dis pas ça pour faire de la pub à Macron, ce n’est pas mon style.

                              • Drugar Drugar 28 juin 2018 10:14

                                Bonjour,


                                article intéressant sur une tendance actuelle de nos sociétés. 
                                Au final, dans le domaine des nouvelles technologies et de la connectivité numérique, comme dans bien d’autres domaines, le trop est l’ennemi du bien. L’abus amène, effectivement, à des comportements addictifs, préjudiciables pour les personnes concernées et leur entourage.
                                Mais on peut se poser la question si le fait d’avoir des armées de consommateurs compulsifs et addictes n’est pas un but rechercher par ces multinationales du numérique nous mettant tous ces gadgets entre les mains (contre espèce sonnante et trébuchante, cela va s’en dire !). Faut bien faire marcher le commerce, nous dit-on...

                                Par ailleurs, j’ai relevé que vous utilisiez abusivement le terme « digital » en lieu et place du terme « numérique ». Je vous rappel que le terme « digital » (ainsi que digitale ou digitaux) concerne les doigts ( « empreinte digitale » par exemple), ou que le terme digitale est le nom d’une plante (la digitale, dont le poison est employé par Agatha Christie dans ses romans, par exemple). Digital en anglais, veut justement dire « numérique ». Le fait que les termes français digital et anglais digital s’écrivent de la même façon (mais se prononcent différemment !) porte à confusion (je vous invite à écouter le terme en anglais et en français sur google traduction, par exemple). Cette confusion est bien entretenue par beaucoup de sociétés (y compris du domaine du numérique !), car le terme « digital » fait surement plus branché que « numérique », plus « in » pourrait-on dire...

                                • Eric F Eric F 28 juin 2018 10:55

                                  @Drugar
                                  il y a une tendance générale à se réapproprier des termes anglais dont l’origine est française, avec le sens anglo-saxon (les « faux amis »). Qui sait, dans quelques siècles, les deux langues auront peut être fusionné. C’est vrai notamment dans le domaine technique, qui prend une place croissante dans le quotidien, alors que les mots du langage courants -surtout argotiques- n’ont aucun rapport. La question de la prononciation est d’une autre nature, mais une forme d’anglais-international pourrait peu à peu « lisser » cet aspect (l’anglais prononcé par les flamands devrait être la norme smiley


                                • Drugar Drugar 29 juin 2018 15:20

                                  @Eric F
                                  Je ne sais pas si ces deux langues fusionneront à l’avenir. Par ailleurs, il ne faut pas oublier tout ce que l’anglais doit au français (ici et ), tout comme le français emprunte à l’anglais. Si cette fusion est effective je pense que ce sera une grosse perte, car la diversité est un moteur important de l’évolution et de l’exploration des possibles. En revanche, il est positif que les langues s’influencent l’une l’autre.

                                  La tendance à l’uniformisation et la simplification (du moins c’est une raison donnée pour cette uniformisation) à l’extrême de nos sociétés, allant vers la création de galimatias informe, tel le Globish, est néfaste pour notre avenir.
                                  Qu’il existe une langue neutre, commune à tous les humains, parmi la diversité des autres langues, me parait une bonne chose (comme a tenté de le faire l’Espérento). Qu’il n’existe plus qu’une seul et unique langue est très mauvais, surtout si cette langue est un genre de Novlangue. Si nous en arrivons à cette extrémité, alors l’humanité est perdue.

                                • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 28 juin 2018 12:06
                                  Le problème est inhérent au système capitaliste actuel.

                                  Les entreprises qui détiennent les technologies, notamment les Gafas, mais pas que, n’ont comme seul but l’optimisation de leurs profits, et la capture de l’attention est une condition nécessaire pour la croissance de celui-ci.

                                  Tant que ce sont des entreprises privées qui développent un service qui tend à devenir un service public, ces effets pervers vont non seulement ne pas être limités, mais s’étendront, en mettant en cause l’équilibre général de l’économe, par l’excès de profit qu’ils enregistrent.

                                  À mon sens, il faudrait pour ces technologies, au moins les plus prégnantes, un service public international, au niveau de l’UNESCO par exemple, qui au moins régule les acteurs.

                                  Bien sûr, cette idée est utopique dans le monde actuel, mais sans cela la catastrophe risque d’être certaine.

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