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Pourquoi des dictateurs nous gouvernent-ils ? Essai de compréhension de notre structure mentale

A voir les dictateurs défiler au sommet de nos Etats, à voir toutes ces personnes qui ont personnalisé le pouvoir nous gouverner, à voir tous ceux qui autour d’eux applaudissent cette personnalisation, nous nous sommes posés la question : y aurait-il quelque chose de caché en nous qui, inconsciemment, nous détermine à accepter le pouvoir personnifié et à l’exercer quand nous accédons au pouvoir. Qu’est-ce qui fait que des personnes affichant des valeurs démocratiques, se transforment en dictateurs aussitôt arrivées au pouvoir ?

Y a-t-il en nous un déterminisme qui fait que nous sommes des dictateurs potentiels aussitôt un pouvoir quelconque reçu ? Du planton au coursier, du secrétariat au standard, du chef de service au directeur, du secrétaire général au ministre, du ministre au Président de la République, chaque fois qu’un individu parmi nous se voit affecter un pouvoir il a tendance à le personnifier. Du « secrétariat c’est moi », à « l’Etat c’est moi », c’est une même et unique personnification du pouvoir à diverses échelles de l’autorité.

Nous avons donc un comportement mental à l’égard du pouvoir qui fait que nous devenons dictateur quand nous l’exerçons et suppôt du pouvoir quand nous le servons. La constance à travers les régimes qui nous ont gouvernés depuis des décennies, montre bien qu’il s’agit d’un comportement structurel, il est donc certain qu’il est l’œuvre d’une structure mentale établie. Une structure mentale qui face aux situations de pouvoir, nous dicte d’être dictateur quand nous le possédons et suppôts quand nous le servons.

Si l’on considère qu’une structure mentale ne s’acquiert pas en un jour mais qu’elle est le produit d’un ensemble de facteurs qui, sur plusieurs années, forgent les prédispositions de l’individu à acquérir cette structure mentale, il s’agit donc d’un processus qui est déclenché aux différentes étapes du développement mental de l’individu et qui a construit ce mental.

La question est : Quel est ce processus qui a construit cette structure mentale qui dicte notre comportement à l’égard du pouvoir : Etredictateur, au pouvoir ou Etre suppôt du pouvoir. 

Si l’on essaie de déterminer, la constante sur laquelle est construite cette structure mentale force est de remarquer qu’elle tourne autour de « l’être unique ». Notre mental a tendance accepter de façon inconsciente la prédominance de l’être unique ; l’unicité du pouvoir et sa domination est une « évidence » mentale sur laquelle s’est bâti le développement de notre structure mentale dans nos sociétés.

De la foi à la filiation, en passant par la gouvernance, la constante « être unique » a dominé notre vision du monde de l’autorité. Elle a modelé notre conception de l’obéissance (I) et il se doit de trouver une voie de déstructuration de la structure mentale sans laquelle la gouvernance des dictateurs trouvera toujours à s’instaurer (II)

La religion, la famille, le gouvernant tous ont contribué à forger cette notion de « l’être unique ». « Etre unique » hors duquel, et sans lequel, il n’y a point de salut. Un être unique refuge et référence justifiant tous nos actes.

 

I- L’impact de la structure mentale : la soumission à “l’Etre unique”

1. La religion : Dieu, Etre unique divin

De sa naissance à sa disparition l’individu est attaché à sa foi. Il doit tout à Dieu. Sans Dieu, il n’existe pas. Dieu est unique. Face à Dieu pas de contestation. Face à Dieu on accepte tout. Dieu donne, Dieu reprend. Dieu est unique. La conviction en l’unicité de Dieu est l’un des piliers fondamentaux de la foi. La parole de Dieu est sacrée. On ne fausse pas la parole de Dieu. On ne contredit pas sa parole. Et on fait ce qu’il dit et on rejette ce qu’il interdit.

Dans la foi il n’ y a pas de démocratie, Il n y a pas de libre arbitre. Il y a la parole sainte on y croit et on lui obéît. Toute forme de réfutation, de déformation de la parole de Dieu est une hérésie.

Soumis très tôt dans son éducation religieuse à la notion de l’être unique, en l’obéissance stricte à sa parole, l’individu intègre tout au long de son existence, cette nécessite de l’être unique et le devoir sans faille de lui obéir.

Cette conviction religieuse devant rester confinée dans les rapports spirituels entre le croyant et son Dieu, se voit inconsciemment transposée dans sa conception de la gouvernance ici-bas. Cet amalgame participant à forger la structure mentale va influencer sa perception de la gouvernance et de l’exercice du pouvoir dans l’Etat. Le gouvernant est inconsciemment assimilé à un « être unique » (Voir sur cette question, des développements plus complets dans notre article : de l’obéissance au gouvernant en Islam)

2. Le messager de Dieu : Etre unique humain.

Le messager de Dieu (PSL) est infaillible. Sa parole prend son essence dans la parole divine. Il faut l’écouter et obéir. Accepter ce qu’il accepte, rejeter ce qu’il interdit ; Sa parole est la seconde source de la foi, après la parole divine. On ne conteste pas la parole du prophète(PSL), on la rapporte et on s’y soumet. On n’élève pas sa voix au-dessus de celles des prophètes.

Le croyant doit accepter la parole du prophète(PSL), être unique, dernier des prophètes de Dieu. Contester cela est contraire à la foi.

Cette vision prophétique s’est aussi imprimée à la structure mentale du croyant.

3. Le gouvernant : Etre unique imposé

Sur l’obéissance au gouvernant, la parole de Dieu est sans équivoque. Il faut lui obéir après Dieu et son prophète.

« Ô croyants ! Obéissez à Dieu, obéissez au Prophète et à ceux d'entre vous qui détiennent le pouvoir. En cas de litige entre vous, référez-vous-en à Dieu et au Prophète, si votre croyance en Dieu et au Jugement dernier est sincère. C'est là la démarche la plus sage et la meilleure voie à choisir.” (Sourate Ennisaa verset 4.59)

Le gouvernant prend alors, dans la perception dictée par la structure mentale, le statut « d’être unique » qui revêt alors les attributs de l’autorité.

Cette assimilation reste inconsciente dans l’esprit et latente dans le comportement de l’Individu. Elle se manifeste aussitôt qu’il approche le pouvoir. Il s’assimile alors à « l’être unique », quand il détient le pouvoir ou à son serviteur « indéfectible » quand il y est soumis.

La courtisanerie de nos dictateurs, valorisant aux yeux du détenteur du pouvoir cette notion « d’être unique », entraine la personnification du pouvoir et les dérives despotiques que l’on sait (« pouvoir à vie » « partis uniques », mandats constitutionnels escamotables etc..). Le califat mental transmis au-delà des siècles.

4. Les parents : Etres uniques hérités

L’obéissance sans faille aux père et mère est consacrée dans la religion de façon systématique. On leur doit révérence continuelle. « Le paradis est sous le talon de la mère ».

La beauté d’une telle construction religieuse de l’obéissance à l’égard des parents est sans conteste. Mais ce sont les moyens qu’utilisent les parents, pour obtenir cette obéissance de leurs enfants, qui est répréhensible. Dans notre société l’obéissance s’obtient par le fouet. Les bastonnades et les claques sont les moyens les plus usités pour faire respecter la parole de Dieu. La structure mentale se forme dès le jeune âge autour de l’obéissance par la contrainte, par la peur et par la souffrance. Jamais par le dialogue avec les parents, les concessions réciproques qui fondent le libre-arbitre formateur de la volonté, les discussions et la conviction partagées.

La structure mentale intègre dès l’enfance l’obéissance aveugle aux « Dieux » de la maison (le père et la mère). Elle continuera à développer autour de cette constante de l’Etre unique dont les parents ne sont que le reflet à l’échelle de la famille.

II- Déstructurer la structure : la séparation « mentale » entre l’Etat et le clergé.

Si les développements précédents nous ont appris quelque chose, c’est que la religion n’est pas un espace de démocratie. La structure mentale qu’elle a participé à forger participe inconsciemment à établir une obéissance dogmatique (fondement même de la croyance religieuse) qui est aux antipodes de l’obéissance rationnelle et librement consentie, nécessaire à la démocratie et donc, par la même, à la contestation des gouvernants et leur politique.

Ceci nous amène donc à deux constats : que la structure mentale transposée dans la gestion de l’Etat moderne est un terreau favorable au pouvoir personnifié et à la dictature et qu’elle se doit, pour instaurer une démocratie, de subir une déconnexion du temporel (rapports entre les hommes ici-bas) pour se limiter au spirituel (rapports entre l’homme et Dieu pour l’au-delà.)

La démocratie requiert une éducation du libre arbitre et de la pluralité des choix de destin, que la structure mentale, articulée autour de la constante « Etre unique », ne peut appréhender.

La logique étant différente, les fins le seront aussi. La séparation de l’Etat et de l’Eglise au début du XXème siècle en Europe est une déstructuration institutionnelle du pouvoir pour en isoler le facteur religieux et n’en retenir que le laïc. Mais cette séparation institutionnelle n’est en fait que la conséquence institutionnelle de ce que fut la déstructuration mentale commencée bien auparavant avec les révolutions en Europe. Le guillotinage du roi Louis VI, en 1789, consacrait la désacralisation du gouvernant et sa descente (sur une pique) dans l’arène populaire.

La structure mentale qui intègre la démocratie, n’est pas celle qui s’attache à l’être unique mais aux êtres pluriels qui constituent le peuple. Etres pluriels dont la structure mentale est bâtie autour de l’Etre-citoyen. Citoyen libre de son devenir et du choix de ses gouvernants.

La structure mentale propice à la démocratie ne s’est donc pas bâtie en un jour. Elle s’est d’abord construite sur une déconstruction de l’unicité du temporel (destin terrestre des hommes) et du spirituel (salut divin des hommes) pour aboutir, ensuite, à une structure mentale intégrant une vision de la gouvernance où les gouvernants interchangeables sont les serviteurs d’hommes libres.

Dans nos pays, la déstructuration de la structure mentale, à constante « Etre unique », ne s’est pas encore faite. La démocratie parachutée se heurte à une structure mentale qui en constitue un frein immuable.

Cette structure mentale c’est celle des seigneurs et des serfs d’avant les révolutions en Europe, il est donc difficile qu’elle puisse participer à instaurer ce qui relève d’une autre mentalité de liberté qui s’est forgée historiquement par les luttes contre le gouvernant « Etre unique ».

Dans nos pays, la structure mentale est, par le dogmatisme et la vénération de « l’Etre unique- gouvernant », qu’elle véhicule, sert de terreau à tous les mouvements religieux qui convoitent le pouvoir. N’est-ce pas pour ces mouvements une occasion unique de se servir de cette structure mentale que nous avons forgée nous-même dans l’esprit de nos enfants pour atteindre leurs fins ?

En conclusion.

Seule la séparation effective entre l’Etat et le clergé pourrait aider sur le long terme à déstructurer la structure mentale de « l’Etre unique » gouvernant dans nos sociétés. Il convient de séparer le spirituel du temporel. Faire de la religion, et l’éducation qu’elle dispense, une affaire personnelle entre l’Etre humain et l’Etre divin. De développer un enseignement laïc dans lequel les générations puiseront cette libre volonté et ce libre-arbitre sans lequel, il n y a ni démocratie, ni développement de l’Etre humain.

Car ce qui explique, en définitive, la pérennité de nos dictatures, c’est que l’on a confisqué, sous l’effet d’une structure mentale établie, le destin de l’Etre humain par la soumission à l’Etre unique.

 

Pr ELY Mustapha


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41 réactions à cet article    


  • gaijin gaijin 6 décembre 2012 10:41

    bonne analyse
    j’ y ajouterai quand a moi une donnée essentielle : la fainéantise
    il est bien plus simple de suivre celui qui a l’air de savoir ou il va !


    • leypanou 6 décembre 2012 12:12

      "De sa naissance à sa disparition l’individu est attaché à sa foi. Il doit tout à Dieu. Sans Dieu, il n’existe pas. Dieu est unique" : oh là là, Mr le professeur, tout le monde est croyant ? C’est un peu osé comme affirmation de la part d’un professeur non ?

      Déjà, un bébé ne croit en rien du tout. Et je peux continuer comme cela indéfiniment.


      • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 6 décembre 2012 13:40


        oh là là, vous-même. LOL !

        Ne confondez professeur et prophète. Ici-bas, un professeur peut se tromper. smiley


        Cependant sur le point que vous soulevez, vous êtes à côté. Dans certaines religions , comme l’Islam, un bébé reçoit parfois un rite qui le prépare à entrer en religion :. En effet à sa naissance, le bébé est « initié » à la religion par son père. Ce dernier se penche à son oreille droite et prononce l’Adhan.

        Ma question à moi (qui vous est adressée) : Pourquoi vous attachez-vous aux détails et non à la problématique globale et la discuter ?

        Y’a-t-il une autre « structure mentale » chez certains lecteurs de mes articles sur laquelle vous m’invitez à me pencher ? LOL

        Cordialement

      • Malabar 6 décembre 2012 14:25

        Ce qu’il ne faut pas lire comme conneries, sérieux. Un prophète n’est qu’un homme qui a quelques problèmes mentaux ou qui manipule les autres hommes.
        Et préparer un bébé à la religion est juste ridicule. Ce n’est pas faisant quelques incantations à la naissance qu’il va être « prêt »
        Bien souvent la religion est imposé par les parents dans l’éducation de l’enfant. Il n’est pas libre de ses idées. Heureusement, l’éducation progresse dans le monde et de plus en plus d’hommes et de femmes peuvent faire un choix en toute connaissance de cause.


      • lionel 6 décembre 2012 14:27

        Leypanou,


        l’auteur est Musulman, et alors ? Vous êtes athée, et alors ? Je traduis depuis ce matin un article du Pr Ruppert Sheldrake, qui est Anglican, et alors ? L’athéisme est-il la garantie d’un esprit sain et productif ? Surtout que l’auteur, de par son point de vue, vous garanti de pouvoir être ce que vous êtes et c’est cela qui est important. De toute évidence, cet article est écrit par une personne qui raisonne sainement dans le cadre de sa civilisation et qui démontre un respect pour l’idée d’une construction politique non contrôlée par des religieux.

        @l’auteur,

        Ne peut on pas penser que la majorité des croyants monothéistes « imaginent » leur « créateur/créatrice » comme une entité masculine, par anthropocentrisme. Le monothéisme est aisément sujet à ce que henry Corbin nomme de « l’idolatrie métaphysique ». 

         Le Tawhid authentique conduit lui aisément à une vision « scientifique », non personnifiée du concept d’unicité sous jacent à notre réalité, à la réalité (au delà de nos perceptions communes) et celle d’un Concept primordial au delà de l’idée d’engendrement et de sexuation. Cela change beaucoup de chose dans l’entendement et la structure psychologique d’une population. 

        Respect

      • lionel 6 décembre 2012 14:32

        Bonjour Malabar, 


        Et si le choix libre d’une personne est d’être Musulman et de cheminer avec cela vers le plus d’équilibre possible (il existe un « corpus » spirituel en Islam qui permet cette quête), le respectez vous ? Si oui, alors vous pouvez être satisfait que des Musulmans, ayant une discipline de pensée commune avec d’autres (la discipline scientifique authentique), préfère un régime politique où les « religieux » n’ont pas à intervenir en tant que tel.

      • COLRE COLRE 6 décembre 2012 12:16

        Bel article. On peut donner divers noms à « structure mentale », mais au final il s’agit bien du même conditionnement du cerveau humain au cours de son éducation. Le pb est que ce conditionnement détermine pratiquement une vie, donc une génération, donc conditionne aussi la génération suivante par la voie parentale…

        Certains codes sociaux me semblent parfois être des paquebots lancés à pleine vitesse dont on voudrait stopper la course, alors que l’on ne peut que l’infléchir si progressivement… Pas tous, il y en a de plus plus volatiles (les effets de mode), mais d’autres puissamment inscrits dans les profondeurs des croyances qui structurent les normes sociales et symboliques.

        D’accord avec vous, l’obéissance et l’autorité sont un universel. Ce que vous appelez « l’être unique », vous en retrouvez le rôle dans 4 niveaux symboliques : Dieu, son représentant, le gouvernant et le parent (et je suis d’accord).
        Mais vous en propose un 5ème, au moins aussi influent et structurant (voire davantage encore) : l’homme (vs la femme). 

        Je réécrirais ainsi l’une de vos conclusions : « La structure mentale intègre dès l’enfance l’obéissance aveugle au »Dieu« de la maison (le père). Elle continuera à développer autour de cette constante de l’Etre unique dont le père n’est que le reflet à l’échelle de la famille. »


        • volt volt 6 décembre 2012 12:43

          Vous m’excuserez, je n’ai pas réussi à aller jusqu’au bout...

          d’abord quand vous dites : dans la foi pas de libre arbitre, franchement c’est no comment quoi.
          ensuite, 
          dissertant sur la parole prophétique vous citez le verset de la 4e sourate qui dit bien justement toute la liberté ici engagée puisque ça devient une question d’interprétation, càd le maximum de liberté et dans la confrontation des lectures justement, mais ça ne vous effleure pas.
          enfin, 
          l’histoire des talons de ma mère, c’est pas vot’ maternelle, ni la mienne, 
          c’est la société où il s’agit d’éviter le takabbor (orgueil) et le ishrâk (idolâtrie) pour le trouver ce foutu paradis.

          de plus, ça ne vous a ptet pas effleuré, mais Freud existe, et il a publié notamment, y’a cent ans déjà, « le moi et le ça », et tous les « essais de psychanalyse », réédités cent fois, lisibles starting CM2 en gros, et qui résolvent précisément toutes les questions où vous problématisez de travers pour finir par insulter l’intelligence théologique.
          donc c’est bon.
          et bonne chance pour la suite.

          • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 6 décembre 2012 13:49


            Merci,
            J’ai pas fait mon CM2. Freud je ne connais pas. Ni le « moi », ni le « ça » ne m’effleurent. 

            Mais vous auriez dû lire jusqu’au bout pour commenter. Votre « Je » s’en trouverai plus crédible. 

            C’est un petit article, pavé dans la marre, pour une réflexion partagée et non un justificatif pour stresser son « moi » avec « ça ».

            Cordialement.

          • Malabar 6 décembre 2012 14:37

            Un pavé dans la mare ? Non juste un caillou dans une flaque d’eau !


          • volt volt 6 décembre 2012 15:49

            Acceptez mes excuses pour m’être emporté. Je maintiens que votre première partie :

            ou bien fait outrage par volonté de résumé, 
            ou bien dresse un tableau rigidifié 
            dont les pires anti-islamistes du mossad le plus militant 
            malgré toutes leurs contorsions 
            ne furent pas encore capables...

            Sur la suite, c’est ok, mais ne pas non plus se faire trop d’illusions... : 
            En même temps que la Terreur introduit des mois nouveaux vendémiaire, fructidor, t’y dors beaucoup, 
            Saint-Just par exemple se met soudain à déblatérer des choses inaudibles sur l’Etre Suprême, la Déesse raison, le Temple, et j’en passe...

            Non j’en passe pas...
            écoutons-le :

            « Tout homme âgé de 21 ans est tenu de déclarer dans le Temple quels sont ses amis »

            « L’hymne à l’Eternel sera chanté par le Peuple tous les matins »

            etc., etc.

            Bref, le salafisme version french.

            Maintenant question Freud, je ne dis pas qu’il a raison, je dis simplement qu’à poser les questions que vous enjambez si vite, on ne peut plus ne pas en tenir compte. Toute analyse socio-politique des phénomènes du pouvoir est tenue d’en débattre, sans plus.

            cordialement donc.

          • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 6 décembre 2012 16:30

            @volt


            De vous, point d’excuses. Vous n’avez fait que vous exprimer avec une sincérité qui est tout à votre honneur.
            Je n’ai fait que vous répondre dans le style de votre message. 
            Je partage avec vous vos remarques, faut-il cependant que la dimension de l’article en soit plus dense pour y inclure d’autres approches et analyses que vous auriez souhaitées. Un site vulgarisateur à large public, souvent nos spécialisé, pourrait ne pas le publier.

            Cordialement.

          • volt volt 6 décembre 2012 16:53

            Il me semble que votre erreur « volontaire » c’est d’être parti avec un but, celui d’ancrer la fascination ou l’hypnose pour le détenteur de pouvoir sur le terrain religieux. Le détorunement des textes qui s’ensuit est un exercice des plus faciles ; le problème c’est qu’en route vous faites bien des dupes, et surtout vous évacuez d’un tour de main, des sommets d’intelligence. Donc oui, vous arrivez là où vous vouliez, mais pourquoi donc ce détour alors ? et pourquoi par là ?

            Vous me direz que bien des bouchés de l’islam en auraient bien besoin, que puis-je rétorquer, sinon qu’il faut prendre garde alors à ne pas leur donner raison ; votre logique de démonstration est presque dangereuse, et vous faites ici, en commentaires le contraire exact de ce qu’opère votre texte ; ici, vous dites, pas de problème tu t’es emporté selon un certain langage, je vais te suivre dans ton style, mais sur le fond on n’est pas d’accord ; dans l’article votre logique va au-delà du style, vous adoptez le langage des bouchés de l’islam pour en démonter la logique supposée. Cela revient à répondre à la violence par la violence où je me trompe ?

          • lionel 6 décembre 2012 16:59

            Si vous étiez allé au bord de la mare, vous auriez peut être vu le pavé et vous en auriez été aspergé... Il fait beau à côté de la flaque ?



          • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 6 décembre 2012 17:30

            @ volt


            « Emporté », non . Passionné, non plus. Juste ravi que ceux qui m’ont lu aient eu à écrire là-dessus quelques lignes en partage. Aussi, je ne saurai croire détenir une quelconque vérité pour entretenir une polémique. 

            Cordialement.

          • Malabar 8 décembre 2012 00:05

            bravo je m’incline devant une telle répartie ! mdr


          • lionel 6 décembre 2012 12:56

            Bonne analyse,


            On peut aussi constater qu’une partie de la population (les estimations vont de 1 à 6%) est constituée de psychopathes.

            www.agoravox.fr/actualites/.../portrait-robot-du-psychopathe-33661

            L’auteur de cet article pourra poursuivre sa recherche avec ce livre consacré à la « Ponérologie » (ou science du mal appliquée à des fins politiques).


            Dans l’univers de la culture Musulmanes, autour de la question du pouvoir, vous pouvez lire le très intéressant point de vue de Monsieur Bani Sadr :


            Merci pour votre article. Puissiez vous faire des émules.

            • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 6 décembre 2012 13:52

              @ lionel


              Je suis en train lire avec intérêt vos renvois d’articles. Merci.
              Cordialement.

            • lionel 6 décembre 2012 14:47

              Il est important, si nous ne voulons pas vivre sous les jugements d’obscurantistes ignares, de considérer les connaissances en psychologie, en psychopathie et de suivre leur évolution. Il s’est développé, au sein de la civilisation Musulmane (biens souvent grâce aux apports des connaissances antérieures et au contact, en débat avec d’autres écoles et religions) des connaissances psychologiques de haut niveau. C’est d’ailleurs de cet héritage que vient l’ennéagramme.


              Connaissez vous Saïd Bahodin Majrouh ? Ego Monstre donnent de très nombreuses clés, comme « Le chant des Amants » où il décrit encore l’essence de la dictature. Egomonstre devrait vous intéresser tant son propos est pertinent quand au sujet qui vous intéresse.

              respect





            • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 6 décembre 2012 16:20

              @Lionel,


              merci pour toutes les références que vous m’avez indiquées ;
              Je crois que si cette article a apportée quelque chose, c’est cet inestimable échange d’idées dont vos messages sont une excellente expression. 

              J’ai entendu parler de Seyif bahouddine Majrouh, à travers des articles lus sur Médiations France et ailleurs il y a quelques années. Il avait dans son approche du pouvoir une dérision-illusion qui faisait de son soufisme un monde à part. Il en paya le tribut à par la main d’ esprits obscurs.

              Cordialement.

            • lionel 6 décembre 2012 16:54

              Heureux d’avoir échangé avec vous, dommage que nous n’ayons pas pu le faire autour d’un café ou d’un petit ... verre de vin (qui n’aurait assurément pas souillé l’« océan » comme le fait la BP dans le Golfe du Mexique). Je vous souhaite une bonne fin de journée en Conscience, en Santé et en Humour.


              PS : Bonne lecture avec Monsieur Majrouh et n’hésitez pas à m’en donner des nouvelles si notre messages se croisaient.

              Respect
              Lionel



            • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 6 décembre 2012 17:22

              @lionel


              Avec plaisir. Nous nous croiserons sûrement.

              Cordialement


            • dom y loulou dom y loulou 6 décembre 2012 13:49

              Car ce qui explique, en définitive, la pérennité de nos dictatures, c’est que l’on a confisqué, sous l’effet d’une structure mentale établie, le destin de l’Etre humain par la soumission à l’Etre unique


              à une clique de cinglés fanatiques vous voulez dire, qui non-seulement nous interdisent le libre arbitre au nom de leur croyance que d’autres devraient faire d’eux des dieux sur terre et qu’ils devraient marcher sur l’eau et voler dans les airs, mais qui nous traitent d’antisémites quand on explique que les dettes vont mener les gens dans des camps de travail

              tandis qu’ils massacrent les arabes

              leur folie mystique est tellement imprégnée qu’ils ne voient rien d’autre et que les plus simples notions de logique agressent leurs croyances mortifères

              et comment on peut appeler cela « intelligence théologique » quand toutes les bases sur lesquelles on nous a amené à réfléchir sont fausses et que toute la mémoire de la genèse a été tronquée, rabougrie, mise en pièces pour cacher une bande d’obnubilés du pouvoir qui firent un putsch militaire à SUmer transformé en chute mystique ?

              les patriarches avec des gueules de pharaons ça change quelque chose quand même, les vieux sages y prennent un coup à ressembler aux hypnotiseurs tels Obama avec un cobrah sur le front

              les « doux » amalgames entre patriarches bibliques et anciens prophètes a bon dos

              amusant que même en cherchant à comprendre vous contourniez les révélations des sept piliers de l’univers, rien ne devrait être construit en-dehors de ces sept qualités qui ouvrent à toutes les autres

              Ils sont la loi immuable de l’univers à laquelle NOUS devons nous soumettre et c’est aussi pénible que de se soumettre à une maîtresse amoureuse donc ;)

              A défaut, les volontés de nuire les transforme en défauts, ainsi au lieu d’AMOUR REGNANT ouvrant sur la joie nous avons l’IGNORANCE CRASSE QUI S’ERIGE EN CHEF SUPREME et ouvre à toutes les souffrances et nous enfonce dans la ruche hierarchique de la couronne de terre d’angle babylonienne qui se prend pour les maîtres du monde, voir dieux en personnes et anges noirs en frou frou et la soumission aux usines d’armement et aux insultes grotesques et constantes contre la vie pour se glorifier EUX sur des scènes lobotomiques dans leur machine à connerie et massacres au phosphore

              la prétention sans bornes de fous, la volonté d’exercer du pouvoir sur d’autres est une vraie maladie psychique (mal à Dieu) qui atteint les faibles d’esprit, pas les simples qui ne sauraient absolument pas quoi faire de la déresponsabilisation de leurs frères ;)

              Lisez donc le Ludus - le jeu de perles de verre qui vous explique la place de l’aom dans l’univers et sa nature profonde 

              ou sur lulu.com

              où on vous met tout sur un plateau d’argent

              le vent chinois en emportera l’OTAN
              les Mickey ont tout prévu pour tous nous mettre en enfer très terrestre et s’assurer un hôtel aux bahamas 

              quand au paradis et à l’enfer, personne ne nous avait expliqué que c’est le même endroit géographique I))

              voyez la bonté de la justice divine et sa parfaite cohésion, l’océan d’amour est un lac de feu pour les assassins

              • Inquiet 6 décembre 2012 15:39

                J’ai cru à la fin du Sarkozysme à l’époque des déboire de Frédéric Mitterrand sur les « éphèbes sensés être majeurs ».


                Sans présager de la culpabilité sans preuves, il y avait de fort soupçons de pédophilies à l’encontre du ministre de la culture de l’époque.

                Et de surcroît quand on écoute et se penche sur ce qui horrifient la société de manière collégiale, l’atteinte à l’intégrité des enfants semble être un consensus social, impliquant la colère, le dégoût, voir pire de la part de la société.

                La passion est souvent telle, en cas d’abus d’enfant, que bien souvent, on a du mal à raisonner les gens.

                Et bien, que je sois pour une justice qui ne se laisse pas emporter par la passion vengeresse, j’ai été extrêmement étonné que le peuple puisse contrôler sa colère envers un pédophile présumé, alors que pour une histoire de port de voile il refuse d’être dans l’analyse.

                Où elles étaient, les testicules coupées, la torture perpétuelle, et diverses autres horreurs véhiculées par une opinion publique réclamant vengeance ?

                Nulle part.

                Un ministre d’un président « courageux » avait bien le droit à des « faiblesses ». Des allocataires du RSA, non.


                • Traroth Traroth 6 décembre 2012 16:59

                  La question n’est pas de savoir si nous sommes tous des dictateurs en puissance, mais seulement si les gens qui convoitent le pouvoir sont des dictateurs en puissance. Et là, on se rapproche déjà beaucoup plus d’une réponse concrète, aussi vieille que la politique : seuls les ambitieux veulent le pouvoir, et ils sont les moins à même de l’exercer pour le bien commun.


                  • lionel 6 décembre 2012 17:11

                    Bonsoir Traroth,


                    Je peux avoir l’air casse « chose » avec ça, mais il est très important de comprendre ce que sont les psychopathes, ce que sont les gens que l’on qualifie de « personnalité autoritaire ». Il est aussi essentiel de comprendre, l’inconscient et le fonctionnement de notre cerveau. 

                    Le tirage au sort des personnalité appelées à prendre des décisions semble être une proposition qui pourrait permettre d’éviter les personnalités pathologiques... 

                  • foufouille foufouille 6 décembre 2012 17:56

                    « seuls les ambitieux veulent le pouvoir, et ils sont les moins à même de l’exercer pour le bien commun. »

                    seuls les ambitieux sont choisis par les militants
                    un militant a besoin d’un maitre a admirer, comme un chien


                  • Traroth Traroth 6 décembre 2012 18:27

                    @foufouille : pas du tout. Il y a des militants qui sont des idéalistes, et qui s’intéressent bien plus aux programmes et aux idées qu’aux hommes.


                  • foufouille foufouille 6 décembre 2012 19:24

                    on va exclure LO et le NPA
                    le reste, je vois pas
                    surtout pas melenchon ...........
                    sauf s’il admet mentire sur ses revenus et ses biens


                  • lionel 6 décembre 2012 20:20

                    Excellent commentaire Traroth ! 


                    Et oui, il y a encore des gens pour accorder une importance à l’étude du contenu d’un rassemblement politique et qui de plus, ont des outils pour vérifier la structure psychologique du Responsable politique. A l’UPR par exemple, une charte très clair a été acceptée par les adhérent et qui fixe une limite à l’action du Responsable national. Si nous nous sentons trahis, et il y aura un étalon objectif pour vérifier si nous le sommes, nous quitterons. Libre ou ... Franc.

                  • foufouille foufouille 6 décembre 2012 21:58

                    mais ton chefaillon sera toujours elu
                    et fera ce qu’il voudra


                  • Morpheus Morpheus 6 décembre 2012 22:22

                    Il n’en demeure pas mois, me semble-t-il, que les structures des partis (quels qu’ils soient) sont hiérarchiques et non démocratiques, puisque fondée sur l’élection (= oligarchie).

                    En définitive, la raison d’être des partis politiques est de mener au pouvoir un prétendu représentant. En outre, effet pervers et inévitable des partis politiques, par le jeu de la lutte pour le pouvoir, ils cristallisent les clivages et divisent le peuple, plutôt que de l’unir sur des causes essentielles, et notamment l’intérêt général.

                    Morpheus


                  • tf1Goupie 6 décembre 2012 19:57

                    Je ne sais pas de quels Etats vous parlez.


                    Vous croyez qu’auparavant les dirigeants étaient moins autoritaires ?

                    Rappelez-vous pourquoi DeGaule s’est fait virer.

                    Avez-vous remarqué que ceux que vous avez appelés « dictateurs » se font aujourd’hui assez facilement traiter de con, se prennent des chaussures à travers la gueule ou envoyer en taule pour leurs frasques sexuelles (à part bien sûr en Russie, Chine, Cuba , Corée du Nord et consorts) ?

                    • ctadirke 6 décembre 2012 20:33
                      Valeurs démocratiques ? Vous rigolez ?

                      Qui peut nous expliquer ici pourquoi il est préférable, sinon meilleur pour l’intérêt général des personnes concernées, de faire confiance à quelqu’un qui a obtenu 50,01 % des voix consciencieusement vérifiées de ceux qui ne se sont pas abstenus plutôt qu’à son concurrent ayant obtenu 49,99 % des suffrages abusivement dit « exprimés », puisque s’abstenir c’est aussi s’exprimer

                      « Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont forcément raison » (Un très grand philosophe français mort prématurément d’un bête accident de moto).

                      « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire » (Feu Alain Etchegoyen, ex-patron du Commissariat général au Plan dans « La démocratie malade du mensonge » )

                      « Nous sommes victimes d’un abus de mots. Notre système (les«  démocraties » occidentales) ne peut s’appeler « démocratique » et le qualifier ainsi est grave, car ceci empêche la réalisation de la vraie démocratie tout en lui volant son nom. »Serge-Christophe Kolm

                      « La démocratie c’est le nom volé d’une idée violée » Jean-Pierre Martin,


                      • Morpheus Morpheus 7 décembre 2012 12:46

                        « Ils (les oligarques) nous ont volé le mot démocratie. C’est très malin, car cela nous empêche, nous (le peuple) de formuler la solution à notre absence de pouvoir, puisque si nous disons « nous voulons la démocratie », on nous répond « mais vous avez la démocratie ! » » [Étienne Chouard]


                      • Morpheus Morpheus 6 décembre 2012 22:10

                        Salutations Pr ELY,

                        J’aimerais partager avec vous quelques pistes de réflexions sur le sujet de l’abus de pouvoir (et de manière plus générale aussi sur la démocratie, terme largement galvaudé et trahit, en particulier dans les pays dit « occidentaux » et prétendument démocratiques).

                        Comme vous, je recherche les causes qui pourraient expliquer l’origine de ces rapports de dominants à dominés et des abus que cela induit. Au cours de mes recherches, plusieurs éléments de réponses se sont combinés pour former un tableau qui m’apparait assez cohérent.

                        A) La civilisation :

                        En étudiant et en comparant les modes d’organisations sociales entre d’une part, les peuples du paléolithique et d’autre part les civilisations issues du néolithique, il y a déjà un élément important à prendre en compte, me semble-t-il.

                        Globalement, la révolution néolithique a progressivement amené une rupture majeure dans l’ordre social, en imposant, au fil des siècles, le mode de vie sédentaire qui a de proche en proche remplacé le mode de vie nomade et semi-nomade. Qu’est-ce que cela change ? De façon générale, il apparait que la structure sociale a radicalement changé depuis cette époque et est passée de relations horizontales (égalitaires, anarchiques - au sens de contraire de hiérarchique) à des modèles de relations verticales (inégalitaires, hiérarchiques - il est à faire remarquer que le mot « hiérarchie » désigne à la fois le commandement, mais également ce qui est archaïque...).

                        Contrairement à ce qu’affirme une croyance populaire, il existe des preuves qui montrent que nos ancêtres communs issus des peuples premiers, qui vécurent avant la révolution néolithique, ne vivaient pas dans un état de conflits perpétuels et d’extrême rareté, comme bien des anthropologues le prétendaient naguère. En fait, les sociétés de chasseurs-cueilleurs avaient constitué un système social unique immergé dans un paradigme environnemental à la fois restrictif et auto-régulé : la symbiose avec l’environnement était assurée par la nécessité de survie, mais n’était pas vécue comme une contrainte calamiteuse - ce que nous croyons encore trop souvent. Avant l’avènement de l’agriculture, l’homme n’exerçait aucun contrôle sur les ressources disponibles.

                        En ce temps-là existait un équilibre naturel. Les sociétés elles-mêmes semblaient refléter cet équilibre naturel, étant donné qu’elles étaient constituées de structures sociales non hiérarchiques, non compétitives et dénuées de dirigeants. On a découvert que leurs systèmes de valeurs sociales étaient essentiellement fondés sur l’égalité, l’altruisme et le partage. L’arrivisme, la domination, l’agression et l’égoïsme étaient proscrits. Nous savons cela grâce aux recherches anthropologiques qui furent menées parmi les quelques sociétés de chasseurs-cueilleurs qui restent dans le monde.

                        Aussi étonnant que cela puisse paraître – vous pourrez opposer cet argument à tous ceux qui vous disent que le système actuel est « naturel » – il apparait que plus de 90 % de l’existence de notre espèce sur cette planète a eu lieu au sein d’organisations sociales qui n’avaient pas recours à l’argent, qui ne connaissaient pas la hiérarchie et qui utilisaient même des stratégies de non-discrimination ; j’entends par là que la majorité des individus s’unissait pour stopper toute personne qui essayait de s’emparer du pouvoir et de contrôler les autres.

                        La révolution néolithique mit fin à tout cela. Elle permit aux êtres humains de contrôler intentionnellement leur environnement. La préservation de la vie était désormais une affaire de volonté. On pourrait croire, de prime abord, que tout le monde tira grand profit de cette révolution (c’est ce que j’ai toujours appris à l’école ou dans les livres d’histoire : « les progrès de la civilisation ont été d’un bénéfice incalculable pour l’Homme »), mais elle a également introduit de graves problèmes sociaux auxquels nous sommes encore confrontés aujourd’hui et qui trouvent leurs racines aux fondements mêmes de nos civilisations.

                        Avec la civilisation sont venus les classes sociales et les gouvernements (hiérarchies), l’explosion du taux de natalité, les besoins croissants en ressources, les razzias et les guerres que cela implique, l’esclavage, et bien sûr, les religions, d’abord polythéistes (Sumer, Babylone, Égypte, Celtiques, Grecs, Nordiques, Indes, etc.) puis à partir de -1300 environ, le monothéisme (je situe l’origine du monothéisme au chiisme d’Akhenaton, « le pharaon hérétique » - voir le livre de Messod et Roger Sabbah, Les secrets de l’Exode, l’origine égyptienne des hébreux). Vous avez d’ailleurs assez justement analysé le rapport conditionnant de la figure divine comme l’un des modèles du dictateur par excellence : l’autorité dominatrice suprême, que personne ne peut contester et à laquelle tous doivent se soumettre...

                        B) L’environnement socioculturel :

                        A partir de cette analyse du contexte historique, nous arrivons à l’analyse du rapport entre l’homme et son environnement, et notamment, pour ce qui concerne l’homme civilisé, de l’environnement socioculturel. En étudiant Darwin on découvre que ce qui caractérise l’évolution de toute forme de vie est la faculté d’adaptation. Pour perpétuer l’espèce, il s’agit avant toute chose d’être capable d’évoluer par adaptation aux changements de l’environnement. Vous pourrez opposer cela à tous ceux qui affirment - faussement - que ce qui caractérise une espèce dominante est la « loi du plus fort » ; en réalité, il a été démontré que d’innombrables formes de vie ont développé des stratégies de collaboration plutôt que de compétition pour survivre et s’adapter. La compétition relève d’avantage d’un sophisme capitaliste que d’une réalité ethnologique.

                        Cette caractéristique fondamentale - la faculté d’adaptation - se traduit chez l’homme civilisé dans le fait de s’adapter au contexte socioculturel dans lequel on nait et on évolue. Si nous vivons dans un contexte hiérarchique, de classes sociales, avec une compétition où « il n’y en a pas assez pour tous », et où, par conséquent, les rapports humains sont conflictuels et compétitifs, il s’ensuit que nous intégrons ces facteurs dans nos comportements dans le but de pouvoir vivre ou survivre dans la société : d’où une violence endémiques dans nos sociétés civilisées. Pareillement, nous pouvons observer que dans des sociétés où règne la collaboration, la bienveillance mutuelle, l’entraide, le partage et la paix, les individus développent des qualités d’altruisme, de partage et d’entraide (exemple, les communautés Amish au USA).

                        Des recherches en épigénétique ont démontré que s’il existe bien une relation entre le patrimoine génétique et certaines caractéristiques comportementales, c’est avant tout l’environnement socioculturel qui influence le comportement humain, jusqu’à modifier le code ADN de certains gènes. Cela signifie que nos comportement sont bien de l’ordre de l’acquis et non de l’ordre de l’inné. Or, le contexte socioculturel n’est pas une fatalité, nous pouvons participer à son changement et à son évolution.

                        C) L’environnement politique :

                        Selon Aristote, il (n’)existerait (que) trois forme de gouvernement :

                        a) la monarchie, qui se caractérise par le gouvernement d’un seul, désigné par l’hérédité du sang (la tyrannie serait l’avatar obscure de ce mode de gouvernement).
                        b) l’oligarchie, qui se caractérise par le gouvernement d’un petit nombre, désignés par l’élection (l’aristocratie serait l’avatar lumineux de ce type de gouvernement).
                        c) la démocratie, qui se caractérise par le gouvernement du grand nombre, et qui tire son égalité du tirage au sort des magistrats.

                        Première information, et pas des moindre : la démocratie dépend non pas de l’élection, mais du tirage au sort ! Depuis plus de deux cent ans l’on ne cesse de nous répéter « démocratie = élections / élections = démocratie ; répète mon petit » et, à force de l’entendre toujours et partout, forcément, nous y croyons. Or, la définition même du mot élection démontre le contraire : élire c’est choisir ; choisir qui ? Le candidat que l’on considère le meilleur ; « le meilleur » se dit en grec aristos (l’avatar lumineux de l’oligarchie, gouvernement du petit nombre). Aristote, Montesquieu ou Rousseau l’on affirmé, l’élection est oligarchique, le tirage au sort est démocratique. Les pères fondateurs de nos gouvernements (prétendument) représentatifs le savaient (c’étaient des hellénistes, des érudits), et ils l’on d’ailleurs écrit (il faut les relire) : ils ne voulaient pas de la démocratie, ils voulaient un gouvernement représentatif. Et c’est exactement ce que nous avons, sauf que depuis Tocqueville, nous appelons cela par le terme qui désigne son stricte contraire : la démocratie. Pour développer ce sujet, voyez Le Plan C d’Étienne Chouard et écoutez ses vidéos, elles sont édifiantes.

                        En conclusion, l’abus de pouvoir et la tyrannie ne sont pas une fatalité, mais sont les conséquences de modes d’organisation sociale dysfonctionnels (hiérarchies, classes sociales, inégalités), dût à des croyances et un rapport inadéquat et autodestructeur avec les rythmes naturels (religions, idéologies dominatrices), qui contribuent à conditionner les croyances et les comportements humains (influence du contexte socioculturel) qui ont donné lieu à des politiques fondées sur la domination, le contrôle, la hiérarchie et l« inégalité, et les ont intégré comme étant »naturels" (donc fatalité incontournable), alors qu’ils sont artificiels. Le pouvoir rend fou, il corrompt l’âme et l’esprit, quel que soit celui qui est confronté.

                        Une fois bien diagnostiquées les causes, il devient possible de trouver les remèdes.

                        Cordialement,
                        Morpheus
                         


                        • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 8 décembre 2012 10:56

                          @Morpheus,


                          Salutations Morpheus,

                          Merci beaucoup. J’ai lu avec attention votre contribution et j’adhère à votre conclusion : « Une fois bien diagnostiquées les causes, il devient possible de trouver les remèdes ».

                          Un grand intellectuel Etienne Chouard, (auquel fait, si justement, référence un le pseudo : « eau-du-robinet ») contribue merveilleusement à cette thématique à travers les notions d’abus et de résistance.

                          Cordialement




                        • eau-du-robinet eau-du-robinet 7 décembre 2012 07:42

                          Merci à l’auteur d’avoir soulevé cette question intéressante :

                          Pourquoi des dictateurs nous gouvernent-ils ?

                          Il existe plusieurs scènes ou formes d’expression de la dictature.

                          Vous avez des dictatures politiques comme par exemple celle de la Corée du nord.

                          Il y à la dictature des marchés financiers la quelle nous subissons en ce moment.
                          Dans la plupart des pays au monde, comme par exemple la France, on retrouve une forme de dictature des marchés, nous sommes dominé par les oligarchies et vivons donc en oligarchie (pas en démocratie).

                          Puis il y les dictatures religieuses :

                          Celle du christianisme à trouvé son apothéose avec la période des croisades et plus tard avec inquisition.

                          Aujourd’hui des groupes religieuses extrémistes imposent une interprétation radicale du Coran et exercent une forme radicale du pouvoir à traver la chariah (lapidation, mains coupées, etc.)

                          Pour moi le moteur qui amène les Hommes de vouloir exercer la dictature est liée à la dominance, une véritable sauf à exercer le pouvoir sur les autres.

                          Cela commence déjà au niveau familial, se porte aussi à la vie professionnelle et sexuelle.

                          La dictature semble donc être innée à l’Homme commencent en bas de l’échelle sociale, dans la Famille et monte jusqu’en haut l’état. Évidemment la dictature ce transmet aussi par l’éducation.

                          Toutes les formes de dictatures ont une chose en commun :
                          Les dictatures existent car il s’agit d’une prise de pouvoir sur les esprits des gens de la part d’une élite (oligarchie).... oligarchie politique, oligarchie religieuse, ...

                          Heureusement il existe un contre pouvoir aux dictatures, des esprits avec une sauf de la liberté et cherchent l’autonomie, qui s’opposent aux dictatures dans le monde...

                          Pour revenir à la base de cet article : Quelqu’un qui à bien étudié la question des dérives du pouvoir politique c’est Etienne Chouard qui nous suggère le modéle de la démocratie athenienne (tirage au sort). La durée des gens au pouvoir est limité dans ce modèle ... car plus les gens restent au pouvoir plus grand est le risque d’être corrompu !

                          http://www.dailymotion.com/video/xiyzhh_etienne-chouard-conference-le-tirage-au-sort-comme-bombe-politiquement-durable-contre-l-oligarchie_news?search_algo=2#.UMGLVHfnC3M


                          • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 8 décembre 2012 11:16

                            @eau-du-robinet


                            Merci pour la référence. Oui d’accord avec vous. E. Chouard démontre bien cette absence de démocratie et cette existence d’Oligarchie exerçant le pouvoir.
                            Toutefois, cette perception du pouvoir et son analyse en la versant dans l’oligarchie est déjà une étape fondamentale de compréhension par l’intellectuel occidental (pas n’importe lequel bien entendu ) de ce qui est advenu de ce qui devait être la « Démocratie » en occidentaux et qui devint Oligarchie. 

                            Cette analyse libre vient justement du fait qu’elle est possible par l’existence d’une liberté de penser non enfermée dans un carcan préétabli de pensée unique imposée et d’une camisole spirituelle enfermant l’intellect dès le plus jeune âge. 

                            La démocratie dont je parle dans mon article n’est pas celle qui est supposée exister actuellement en occident (je ne cite en exemple aucun pays ni aucun régime d’aujourd’hui en occident), je parle d’un idéal qui a animé les peuples à l’occasion de révolutions (qu’importe ce qu’il en advint) par lequel il y eut un rejet de l’être unique (décideur de destins collectifs) qu’il soit spirituel ou temporel.

                            Nos peuples dans les pays en développement sont encore conditionnés spirituellement et temporellement à la soumission à cet « Etre unique » qui annihile toute capacité de le transcender vers un autre destin fut-il démocratique (une voie nouvelle pourquoi pas ? ) ou oligarchique ( à combattre) .

                            Cordialement

                          • ddacoudre ddacoudre 7 décembre 2012 09:19

                            bonjour pr

                            ce n’est pas courant de lire un article qui s’attache à la structure développé par les dominants systémique qu’on construit nos peurs devant l’incompréhension d’un monde qui s’ouvraient lentement à nos cerveaux aux fils des millénaires et dont la sédentarité et la multiplication de l’espèce a imposé des solutions « d’organicités » qui rassure chacun sur l’incertitude de l’existence.

                            il ne peut être exclus que nos structures ne soit pas autre chose que le résultat d’une organisation cérébrale biologique que nous avons « culturalisé » et idéologisé par des absolues comme celui des religions ou plus généralement des tabous et des totems.
                            Nos propre raisonnement, le mien ou le votre ne peuvent s’extraire de la souche initiale fondatrice à laquelle nous avons été aliéné par notre histoire « géohistorique », (le lieu ou l’on est né). Pour autant la capacité à développer les savoirs nous donnent matière à réorganiser la pensé et entrevoir ce que nous pouvons comprendre sans craindre ce que nous ignorons.
                            dans ce cadre la singularité humaine composé d’individu unique par leur histoire et non par leur capacité biologique ou cérébrale, est devenu l’être unique qui répond à un paradigme des lois naturelles erronés que nous avions structuré avant de disposer des moyens actuels de les préciser avec plus d’exactitude sur une période courte qui suis donc l’après guerre et se développe depuis 60 ans ce qui n’est pas suffisant pour que les structures ancestrales héritées d’une histoire judéochrétienne, elle même extraite de la Mésopotamie (les hommes sont des dieux tombés sur terre pour servir ceux resté en haut) soit remplacé par celles issus de notre capacité à réorganiser la pensé et générer des dieux laïques. D’où la fracture intellectuelle et ce besoin constant de penser devoir confondre le dominant biologique alpha et le dominant culturel Bêta qui est l’objet de votre questionnement.
                            l’étude de Calhoum est indicative de cette différence.http://ddacoudre.over-blog.com/pages/du-rat-a-moi-7607770.html
                            cordialement.


                            • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 8 décembre 2012 10:39

                              @ddacoudre


                              « Le rat et moi », superbe article d’expérimentation. Notamment le constat à la suite duquel :« Il vous sera plus facile de comprendre, que désordre et cloaque ne sont pas la même chose.
                              Que la foi et l’ordre rituel sont confondus, l’un vient d’une interrogation existentielle, l’autre de la nécessité de réguler le cloaque.désordre et cloaque ne sont pas la même chose.

                              Que la foi et l’ordre rituel sont confondus, l’un vient d’une interrogation existentielle, l’autre de la nécessité de réguler le cloaque. ». (extraits de l’article)


                              Les rats sont de vrais enseignants. smiley


                              Bonne lecture que vous m’avez donnée là. Merci.

                              Cordialement

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