Pourquoi l’Islam est incompris dans sa lettre par les Européens ?
On a beaucoup écrit sur l’islam, l’islamisme, la modernité, moi-même, j’ai débattu sur la complexité de la question, et, force de le dire, on n’en est jamais satisfait, et on revient toujours sur la question tant celle-ci est lancinante, tant elle obsède les esprits parce que quoi qu’on dise, il y a toujours des parts d’incompréhension, des parts où on n’est pas d’accord avec les opinions de l’autre, des parts où on s’insurge contre l’autre parce que nous avons des arguments qui semblent avérés, qui parfois nous sautent aux yeux, se disant oui, nous avons raison, c’est l’autre qui a tort, et la même attitude chez l’autre, qui dit, oui, j’ai raison, ce sont les « autres » évidemment qui ont tort.
Reparlons de cette incompréhension qui oppose peuples et communautés, que cela soit en Europe, en Afrique, en Asie ou ailleurs. Et qui entraînent de grandes souffrances. Donc, le problème n’est pas propre à une région puisqu’il se joue partout, même dans le berceau où est né l’Islam, même dans le monde musulman. Et d’emblée, avançons ce postulat, et si c’est « nécessaire » (?), c’était « nécessaire » (?), et si cela entre dans les lois de la « Nécessité », des lois dont on connaît peu de choses, sinon qu’elles sont nécessaires. Pour preuve, peut-on démontrer pourquoi nous existons ? Sinon que nous existons parce que nous existons, et point barre comme on dit. Et dans toute explication, il faut une certaine hauteur de vision, une certaine philosophie, sinon on ne pourrait que s’emmêler les pinceaux sans rien sortir de tangible sur les phénomènes observés. On ne serait pas plus avancé, des mots qu’on aurait alignés, des mots pour des mots, sans contenu parlant, une logorrhée, pour ainsi dire, pour les uns et une autre pour les autres. Des convictions en somme sans convictions, sans convaincre, combien même chacun est convaincu des siennes.
- L’homme n’est pas crée pour être d’accord avec l’homme
L’Islam est une des trois grandes religions monothéistes du monde. Les données de Wikipédia font état de 1,6 milliards de musulmans dans le monde, soit 23,4% de la population mondiale. La question qui se pose : « Pourquoi l’Islam est mal aimé ? ». Surtout depuis les années 1970, l’Occident éprouve de moins en moins d’attrait pour l’Orient musulman. L’Islam est tantôt présenté comme une « religion décalée », tant comme un « ennemi irréductible » de l’Occident. Et souvent on confond l’Islam avec l’islamisme qui lui est une doctrine politique qui vise la prise de pouvoir et l’expansion de l’islam dans le monde.
On peut se poser aussi la question suivante. « Pourquoi l’islamisme, qui est une doctrine pendante de l’Islam, occupe pratiquement tous les esprits du monde ? » Partout on en parle, partout on se pose des questions. Dans les moindres recoins du monde. Il faut vraiment se trouver dans quelques contrées reculées de la forêt amazonienne pour ne pas entendre de l’islamisme. 90% des conflits dans le monde ont trait à l’islamisme. Pourquoi cette formidable publicité et les conséquences qui en découlent de l’islamisme ? L’islamisme est comparé à tout, au fascisme, au nazisme, et aussi à une doctrine bienfaisante qui, s’inspirant de l’Islam, cherche à relier l’homme à son créateur. Donc tantôt une doctrine subversive, tantôt une doctrine bienfaisante avec ses nombreux convertis. Un véritable paradoxe que l’Islam dans sa lettre. Pourquoi précisément l’Islam et non une autre religion monothéiste ? Le monde a-t-il perdu ses repères tant en Occident où la déchristianisation est une donnée socio-politique réelle, comme en Asie où la doctrine communiste et l’occidentalisation ont aussi changé les donnes socio-politico-culturel traditionnelles. De même, dans le monde arabo-musulman où l’islamisme divise plus qu’il ne réunit, créant des situations difficiles et conflictuelle pour les peuples. Une situation incompréhensible qui nous amène à dire qu’il n’est pas inutile d’en refaire la lecture, non pas classique, car cela n’apporterait à notre sens rien que ce qui a été maintes fois dit, mais d’en tenter de lire l’« essence ». Mais avant, parlons-en du message de l’Islam.
Contrairement à certaines lectures qui ne regardent pas le contexte historique de l’époque dans lequel la « Révélation est apparue », et donc à certaines fausses idées reçues, l’Islam est une religion qui exalte la raison. L’usage de la raison est une règle aussi bien pour la conduite de la vie que pour les aspects pratiques de la religion. Il incite l’homme à comprendre le sens de la vie, à découvrir des signes évidents qui existent dans l’homme comme dans la nature, une nature faite pour l’homme. Tout concourt à son existence. Que la Terre tourne ou qu’elle est ronde a un sens. Qu’elle tourne sur elle-même ou autour du soleil a un sens (les saisons, le cycle de la vie). Les montagnes qui s’érigent sur la Terre et autres créations sont faites pour l’homme pour qu’il réfléchisse. L’homme doit chercher le savoir où qu’il se trouve. Le Coran l’exhorte à acquérir des connaissances scientifiques, et parce que l’homme, crée de raison et de facultés qui lui sont propres et n’appartiennent à aucune création que lui,que lui est ouvert l’univers pour s’instruire, et doit « développer ce pourquoi il est crée ». Il y a une certaine herméneutique de l’existence de l’homme, une « finalité dans sa création ». L’Homme n’est pas seulement l’Homme, l’Homme est un « sens de l’existence ».Est-ce que Dieu a besoin de l’homme ? La réponse peut être non comme on ne peut savoir. La réponse est dans Dieu lui-même que nul ne peut savoir. Mais ce qui est certain, c’est que l’homme a besoin de son Créateur.
Un des aspects de l’existence, l’Islam le préconise dans l’« ijtihad », c’est-à-dire la réflexion personnelle, une pensée critique tant sur le sens de la vie que sur les valeurs humaines. Donc une pensée humaine, que l’on dit aussi « religieuse » ou simplement « rel-gieuse », parce que l’homme en permanence est relié à son Créateur par la pensée, une pensée qui lui est donnée et sur laquelle il n’a aucune prise, qu’il oublie même qu’elle est. Même l’athée qui se croit indépendant de son Créateur ne sait pas qu’il « est », qu’il n’« existe » que par la pensée dont il ne sait rien de son « essence ». Une pensée qui le relie en permanence à ce qui est « au-dessus de lui ». Et cette pensée qui renferme un « libre-arbitre » lui donne choix et sens dans son existence, et implique une diversité d’opinions qui fait le sens même de l’humanité.
L’homme n’est pas crée pour être d’accord avec l’homme. S’il en était autrement, la vie serait sans sens. Si tous les hommes s’accordaient sur la même idée, il n’y aurait alors ni débat ni dialogue ni avancée de l’homme dans l’existence. L’existence serait, par métaphore, un plat fade et sans saveur. L’homme, ne mordant pas sur la vie, serait une existence sans contenu, une existence sans existence.
- L’Islam, une Soumission à Dieu ! Et « Soumission n’est pas fatalité »
Beaucoup pense que l’Islam est une religion fataliste. Le terme « Incha Allah » contenu dans le Coran n’implique pas le fatalisme, il exprime seulement que tout n’est pas donné. En croyant dans le « Incha Allah », on se remet à Dieu. Que le Musulman que l’on croit « fataliste » exprime simplement une fausse perception du profane de l’existence humaine et du monde. Quel homme peut-il être assuré de vivre la seconde qui suit la seconde même de son existence ? Ou qu’il sera vivant demain ? Après-demain, la semaine ou le mois d’après ? Il est évident qu’aucun homme sensé ne peut projeter son existence au-delà de la seconde même qu’il vit.Un événement inattendu – accident, arrêt du cœur, balle perdue, etc. – peut l’emporter avant même qu’il en prenne conscience. L’Islam est une forme de soumission à l’entité divine, c’est-à-dire Dieu. Et s’il est soumis à Dieu ne veut pas dire qu’il ne doit pas rester critique et volontariste dans la recherche du bien et de l’efficient, i.e. dans tout acte qui produit de bons résultats dans tout domaine. Qui d’ailleurs fait profiter l’homme en premier au fruit de son travail.
Il y a évidemment une « fatalité » sur qui l’homme n’y peut rien. Par exemple, la mort, on est crée pour « mourir », c’est une fatalité qui est attachée au legs de l’existence. Il y a aussi la « fatalité d’existence ». On est crée pour « exister ». L’homme ne choisit pas qui il est. Il naît musulman, comme il naît juif ou chrétien, bouddhiste, hindouiste, etc. Il ne choisit donc pas son existence, comme il ne choisit pas la couleur de sa peau. Il est ce qu’il est après sa naissance, « noir, blanc, jaune, en bonne santé ou handicapé ». Ce sont des vérités auxquelles l’homme, quel qu’il soit, ne peut y échapper.
Il est simplement parce qu’il doit être, parce ce qu’il doit exister, il appartient donc à une « Cause » dont il n’a pas l’explication. Et cette « Cause » ne lui parle pas de fatalité, c’est lui qui en fait une « fatalité » de la « fatalité » qui est en réalité une « finalité ». Ce pourquoi il est crée. Ainsi l’Européen voit en l’Islam la « fatalité » alors qu’il y a mis lui-même la « fatalité ». Par exemple, le Musulman, dans une situation difficile où il n’a aucune possibilité d’influer sur son existence, s’en remet à son Créateur, ou implore l’aide de Dieu n’est pas du fatalisme. Et cette situation peut se poser à tout être humain. En 1976, Le célèbre chanteur, auteur-compositeur britanniaue, Cat Stevens, n’a-t-il pas imploré Dieu de le sauver d’une noyade certaine. Alors qu’il se baignait près de la côte californienne, il s'est retrouvé dans une situation critique, une lame de fond l'avait emporté au large alors qu’il perdait ses forces. En son intérieur, il dit « God, if you help me, i'll work for you » (« Dieu, si tu m'aides, je te promets de travailler pour toi »). Et le miracle s’est produit, il raconta qu’à ce moment précis, une immense vague mais cette fois-ci inverse le ramena au rivage. Le musicien était sauvé. Cet événement fut un tournant radical pour lui. Cat Stevens renonça à la célébrité et à la fortune et se convertit à la religion musulmane sous le nom de Yusuf Islam.
Si l’Européen, par exemple, voit en cette soumission le « fatalisme », c’est simplement que sa perception de l’Islam est insuffisamment avertie. Et puis cela entre dans les « Causes finales » ( ?).
- L’Islamophobie, un « existant en situation » ?
L’Islam introduit, dans la culture religieuse, l’idée d’évolution sociale et, par conséquent, l’idée d’intention dans l’existence, donc une idée de « finalité » qui se superpose à ce qu’on dit « fatalité ». Pourquoi l’Arabe est ceci, l’Européen est cela, il en va de même pour le Chinois ou l’Indien ? Sinon des hommes, des cultures différentes et relèvent de stades historiques de leur évolution. Il n’y a pas de grande culture, ou de petite culture, il y a des cultures comme il y a des civilisations. Et toutes les cultures sont complémentaires.
Tout jugement sur une culture supérieure à une autre culture est erroné, ce n’est en fait qu’un préjugé qui ne prend pas en compte l’homme en situation. Tous les hommes sont en situation d’existence. Certes tous humains, parce qu’on on ne peut comparer les cultures. Il y a ce tout humain, cette humanité avec « ses crises et ses différences » qui donnent, qui constituent le sens même de son existence.
Que les hommes soient laïques, musulmans, communistes ou hindouistes, ils sont ce par quoi est leur pensée, et le milieu dans lequel ils sont. Génotype et phénotypes constituent l’essence de l’existence. Si l’Occident est laïque, c’est parce que cette laïcité a été conquise en Europe, à la suite de causes précises qui ont amené des confrontations des peuples d’Europe avec l’Eglise. Ce n’est pas le Vatican qui a décrété cette évolution, mais des mésententes entre les peuples d’Europe et l’Eglise qui en ont décidé ainsi. Donc, des forces historiques et une situation d’existence des peuples d’Europe en action qui ont commandé les mutations. Combien même la laïcité est conquise, le Vatican et l’Eglise qui ont certes été diminué n’ont pas pour autant disparu de la scène de l’Histoire. Et tout est lié aux « peuples en situation ».
La religion juive qui a 3000 ans a traversé les siècles est resté toujours vivante. C’est cela le miracle de la « Cause » dont on ne sait rien comme de la pensée qui nous est donnée sans qu’on ait de prise sur elle sinon de croire ou ne pas croire. L’homme est crée faible. Si l’Européen, en tant que être en situation, manifeste ou éprouve un rejet de l’Islam, c’est qu’il n’a pas compris sa situation en tant qu’« existant en situation ». Il peut tout dire de l’Islam, une religion « rétrograde », ou même que l’Islam est un « mal ».
Le problème n’est pas l’Européen même, mais l’être qu’il est en pensée. Devant l’angoisse de l’existant, devant la précarité de sa situation financière et économique, il a tendance à attribuer la faute à l’autre et non à lui-même. Pourquoi l’islamophobie n’a pas existé au cours des années d’expansion, de croissance économique, au XIXe siècle ou durant la première moitié du XXe siècle ? Elle n’a commencé que lorsque le retournement politique et économique s’est opéré d’une manière franche, à partir de la fin des « Trente glorieuses », dans les années 1970. L’« islamophobie » apparaît comme un « existant en situation ».
Pour comprendre, rappelons le monde musulman lorsqu’il était colonisé, et les peuples musulmans soumis, l’Européen taxé d’homme blanc, « l’homme européen vanté supérieur » (Kipling) était, dans un certain sens, une réalité puisque, par les armes et par l’essor scientifique qui ont fait sa puissance, il a dominé l’ensemble du monde. L’Islam n’apparaissait pas un facteur déstabilisant comme il l’est aujourd’hui. Que s’est-il passé ? L’Européen s’est retrouvé en prise avec lui-même, s’autodétruisant par des guerres dont deux guerres mondiales. Et cela relève de l’« Essence » ou aux « Causes finales ». C’est cette incompréhension de l’être en situation qui peut faire dire tout ce que l’Européen peut penser de lui-même et de l’autre. Dès lors que l’Européen se trouve en régression, il doit trouver un bouc émissaire à son « être en situation ». Ce n’est pas lui, cela ne peut être lui, c’est forcément l’autre. « Les Juifs ont rempli ce rôle par le passé ». L’affaire Dreyfus, les pogroms en Pologne et en Allemagne, l’hitlérisme qui a appuyé sa doctrine de la race aryenne, un substitut de l’échec politique et géopolitique de l’Allemagne, en culpabilisant les Juifs alors qu’ils n’ont rien à voir sur les défaites de l’Allemagne, en sont des exemples parlants. Un moyen commode, sans en prendre en compte les conséquences, pour sortir de la neurasthénie de l’histoire.
Le problème humain réside avant tout dans l’homme en situation. Parce qu’il est en « situation » qu’il n’a que peu de prise sur lui-même. Les partis politiques, les gouvernements européens, les médias sont de la partie directement ou indirectement parce qu’ils trouvent un avantage dans ce substitut psychologique et politique. Par exemple, c’est l’immigration maghrébine qui est la cause de la montée du chômage en Europe, ils prennent nos emplois diront les partis de l’extrême-droite, puis progressivement, avec une situation économique qui empire, l’idée fait son chemin et gagne d’autres esprits. Puis c’est la droite, et le processus prend de l’ampleur.
Ainsi s’explique la médiatisation, les débats parlementaires, etc., sur les accoutrements vestimentaires comme le voile islamique, ou les rassemblements massifs des fidèles dans la rue qui choquent les Français, alors que ce ne sont que des comportements en situation. Une dénonciation, un rejet pour les uns et un repli identitaire, communautaire pour les autres. Le Musulman qui s’extériorise en tenant à sa religion et, combien même il respecte les lois de la République française, restera toujours l’« autre par lequel le Français dira, il n’est pas moi », il est l’autre. Alors qu’en réalité, le Musulman ne gêne en rien le contribuable français puisqu’ils sont tous deux contribuables et appartiennent à la France, et à l’histoire de France.
D’autant plus, qu’en dernière analyse, ces Maghrébins n’ont jamais demandé à venir en Europe, ou en France. C’est la France qui les a colonisés et les a « réquisitionnés » pour la défendre face à l’Allemagne durant les deux grandes guerres. Ils étaient chez eux dans leur milieu, et se trouvent brusquement propulsés, transplantés dans un autre milieu qui n’est pas le leur. Bon gré mal gré, ils s’adaptent en donnant d’eux-mêmes. Maintenant qu’ils sont français, et tout l’apport qu’ils ont amené dans la guerre comme dans la reconstruction et la croissance de l’Europe et de la France, tout est oublié, on leur rappelle qu’ils sont ce qu’ils sont, et ce qu’ils étaient. Pourtant ils continuent à œuvré pour la France.
Zidane, et celui-ci n’est qu’un exemple, n’a-t-il pas contribué à élever la France au podium mondial du football ? Grâce à son talent, la France a remporté la coupe du monde en 1998, puis l’euro en 2000 et fut finaliste à la coupe du monde en 2006. D’autres figures maghrébines marquent la France et ceux, une multitude, qui ne sont pas connus… Ce qui est dit pour les Musulmans est valable pour les Africains, les Asiatiques tous anciennement colonisés. Cependant, avec une différence essentielle, les Berbéro-Arabes ont une longue histoire avec l’Europe, et ce depuis la présence musulmane au septième siècle en terre d’Europe. Durant des siècles, l’Espagne, la Corse, la Sicile, Nice, etc., ont été sous occupation musulmane Là encore, cela revient à l’homme en « situation d’existence », tant pour l’Européen que pour le Musulman, et le Berbéro-Arabe en particulier. Comme d’ailleurs les croisades chrétiennes en Terre sainte qui ont duré près de trois cent ans sont aussi une « situation d’existence ». Personne n’a choisi son existence, elle a été ce qu’elle devait à être, et cela revient certainement à des causes au-dessus de l’homme. Des « Causes finales » qu’il y a lieu d’en saisir le sens.
- L’Islamophobie, un « mal nécessaire » ?
Dès lors, peut-on dire que l’islamophobie est un « mal nécessaire » ? Puisqu’il existe dans les faits. Si les Maghrébins n’avaient pas existé en en Europe, en France particulièrement, qui serait le bouc émissaire dans cette régression économique en Europe ? Une régression qui a commencé avec la fin des « Trente Glorieuses ». S’il n’y avait pas en l’Islam un « bouc-émissaire » tout trouvé, qui en pâtira des conséquences socio-économiques qui ont surgi dès cette époque. Il fallait bien une victime et les crises monétaires n’en finissaient pas dans les années 1960 et 1970 entre les grands détenteurs des monnaies mondiales, i.e. l’Europe et les États-Unis.
Si ce n’était pas l’Islam, puisque on partira du postulat qu’il n’existait pas, cela aurait été probablement la Grèce ? L’Espagne ? Il y avait un vide idéologique à combler avec la fin du marxisme qui appartenait désormaisà l’histoire. Le coup de grâce lui a été donné en 1991, l’Union soviétique a cessé d’exister. La pensée idéologique que fut le marxisme et pour lequel un « existant » a existé eta accompli son œuvre aura laissé une Europe sans doctrine, sans « pensée idéologique ». Les peuples d’Europe devaient penser leur régression économique, et l’« essence de la pensée est depenser ». Sans un substitut cristallisateur véhément porté sur une cible, l’Europe serait entrée dans une dépression intellectuelle. Par conséquent, une polarisation se serait probablement produite sur les maillons faibles, telle la germanophobie, ou l’europhobie, remettant en cause ce pourquoi les pères fondateurs (Jean Monnet et autres)ont œuvré pour construire l’Europe.
Des frictions européennes probablement difficiles auraient débouché sur des perspectives d’ordre absolument inconnu. Les crises n’auraient pas discontinué, l’Europe naguère ouverte s’est d’ailleurs progressivement refermée dans les années 1980. La peur de l’autre a commencé, les crises économiques n’ont pas cessé, malgré la monnaie européenne, l’euro. Les crises qui ont commencé dans les années 1970 se sont succédées à un rythme de plus en plus rapproché. 1982, 1985, 1987, 1990, 1992-1994, 1995, 1997, 1998, 2000, 2002, 2007 et surtout en 2008, ont montré la fragilité du consensus au sein de l’Occident. Ainsi se comprend pourquoi l’Islam est devenu un « fond de commerce » pour les partis politiques, pour les gouvernants européens et a pris dans la vox populi. Ce n’est pas les Européens qui sont responsables de la régression, mais l’Islam, les Arabes, les terroristes islamiques, les Musulmans qui ne sont pas restés chez eux. Leur faute est d’être simplement là. Un substitut commode que l’on peut moduler comme l’on veut.
Et l’Histoire se répète. Précisément parce qu’elle se répète qu’elle suscite l’espoir. Pour les Juifs qui se sont posés sur un piédestal, combien même il est haut ce piédestal, il est aussi fragile, tremblant et instable. Parce que le sionisme, en faisant de l’Islam un « fonds de commerce », il autodétruit progressivement ce pourquoi il a existé. Il en va de même pour les Européens qui cherchent à substituer une angoisse existentielle par une autre angoisse existentielle et qui a pour nom, l’« islamophobie ». Aussi peut-on dire que l’islamophobie est un « mal nécessaire » parce qu’il concourt a l’unité de la conscience européenne. La fuite en avant contre l’Islam peut paraître prometteuse, mais elle ne l’est qu’en apparence, un voile commode pour fuir la réalité qui finit tôt ou tard par rattraper l’Europe. L’Islam comme les Musulmans n’ont rien à voir dans la régression politique, géopolitique et économique de l’Occident. Et surtout cette vérité qu’il faut énoncer, le « Temps », non le temps chronologique de l’homme, travaille pour les peuples. Tous les peuples du monde sans exception.
Enfin, un autre rôle de l’Islam, et non des moindres, est qu’il a vivifié et continue de vivifier le christianisme et le judaïsme, ses religions sœurs. Sans l’apport de l’Islam et cette levée de boucliers, que seraient devenus la chrétienté et le monde hébraïque avec une déchristianisation rampante de l’Occident ? Que serait l’Europe sans ce lien qui la relie à son « Essence » ?
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
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