Pourquoi notre système n’impose plus de limite ?
Le délitement de notre société devrait amener un certain nombre de questions. Onfray parle de décadence. La liberté, comme objectif absolu, peut elle engendrer une société, car se sont les interdits qui ont fait les civilisations. L'apprentissage de la limite semble un passage obligé dans toute éducation. Certaines religions les ont multipliés à souhait. Mais ces limites ne sont-elles pas aussi le moteur de l'apprentissage de la volonté qui fait la force individuelle et probablement, collectivement, la force sociale ?
Le bon consommateur est sans limite, et c'est cette absence de limite à son désir qui entretient ses achats. Autrefois, l'apprentissage de la limite était une partie intégrante de l'éducation. L'éducation consistait, en effet, à conduire l'enfant hors du monde fusionnel et sans limite de la mère, dans le monde sevré et limité du père, préparant ainsi l'enfant, à la vie en société. C'était la nécessaire castration de Freud. Le verrou de la castration a sauté avec le consumérisme.
Le consumérisme doit alors assumer deux contradictions, c'est à dire, d'un coté une absence de limite toujours poussée plus loin, porteuse et garante d'une consommation soutenue, et de l'autre une limite, toujours présente et nécessaire, à la vie en société. C'est cette double contradiction dans la contrainte, qui conduit l'individu à l'hystérie. Chez les enfants, c'est un drame pour les plus fragiles, qui participe aux causes de l'hyperactivité et de l'impossible attention et concentration.
C'est un des problèmes sournois qui rongent l'école et la société, car les adultes ne sont pas plus heureux dans cette course à la consommation et, à un égalitarisme souhaité pour augmenter le pouvoir d'achat et honni par l'absence de différenciation qu'il engendre. Tout le monde semble avoir oublié, que l'apprentissage de la frustration, est un passage obligé de la construction de l'individu. Le capitalisme et le consumérisme feront payer cher, un jour, d'avoir ignoré cette loi fondamentale de l'être humain.
"En une génération, nous avons vu émerger dans les consultations, des parents qui ne s’autorisent plus à dire “Non” à leurs enfants, non pas un “Non” qui seulement interdit, mais un “Non” qui, du fait d’interdire, autorise et ouvre à du possible. En revanche, ils se voient de plus en plus mis à mal du fait de ne pouvoir être des pourvoyeurs pour leurs enfants. Le tableau est sans aucune trace d’antécédent dans l’Histoire, et suffisamment représentatif aujourd’hui, pour être épinglé."
Les conséquences de ce phénomène qui s'est généralisé dans les sociétés occidentales, sont une catastrophe par la suite à l'école où ces enfants n'acceptent plus la moindre limite et ne reconnaissent plus, audessus d'eux, le minimum d'autorité nécessaire à la vie en groupe. Dans la classe, ils contestent tout, font des réflexions à propos de tout, et ne possèdent aucun des rituels de base de la politesse la plus élémentaire. Ils font ce qu'ils veulent ! Il suffit d'avoir deux ou trois enfants de ce profil dans une classe, pour que toute la classe se gangrène ! Les nerfs du professeur sont alors soumis à rude épreuve, car les provocations de ses enfants sont permanentes pendant les cours.
Notre système en n'imposant plus de limite, est au service de la consommation. Le pédagogisme qui a déconstruit l'apprentissage de la limite à l'école, se sert probablement d'alibis culturels qui cachent un cynisme politique. Notre société est maintenant basée sur un consommateur érigé en finalité absolue, L'espace de la mère n'est jamais dépassé, dans un infantilisme général, c'est le terreau du monde de la marchandise.
Il faudrait revisiter sans complaisance les fondements du paradigme de la société de consommation, à la lumière de la psychanalyse. Une analyse conceptuelle est maintenant nécessaire. Il est temps de comprendre que les chemins de la vérité se foutent du politiquement correct !
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