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Accueil du site > Tribune Libre > Relance de la polémique sur la bivalence des professeurs

Relance de la polémique sur la bivalence des professeurs

La bivalence n’est pas un projet, c’est une réalité de fait pour certains professeurs aujourd’hui. Pourtant, une vive polémique oppose les syndicats d’enseignants et le ministre de l’Education nationale à propos de la bivalence généralisée, pour pallier au manque d’enseignants dans certaines matières, la dévalorosation de beaucoup de disciplines et les graves problèmes de remplacements de professeurs. A quoi tiennent les oppositions sur la bivalence ?

Comme son prédecesseur, Xavier Darcos, ministre de l’Education, a fait savoir qu’il était favorable à la bivalence des professeurs. Ce qui peut être une évidence dans beaucoup de pays développés est impensable ou presque en France. Les syndicats quasiment dans leur ensemble s’opposent fermement à la bivalence imposée, estimant qu’elle entraînerait un nivellement par le bas des enseignements et qu’elle ne résoudrait pas les problèmes de remplacements, comme l’entendait déjà Gilles de Robien.

En réalité, la bivalence existe, mais à un très faible degré, dans la mesure où les professeurs qui la pratiquent ne sont pas payés en conséquence. Ils ne touchent pas plus de 150 à 200 € pour un supplément de travail évident. La bivalence est par conséquent mal vue aujourd’hui et l’on comprend pourquoi quand on observe comment sont formés les professeurs, dès leurs formations initiales en université (ne parlons même pas des concours). Pourtant, en dehors des traditionnels cursus universitaires qui permettent d’accéder au CAPES, les classes préparatoires pour l’ENS proposent une formation plurielle, extrêmement solide, avec un niveau équivalent pour toutes les matières, d’autant que chacune fait l’objet d’une épreuve pour intégrer l’école d’élite en question.

A l’université, les systèmes de pseudo spécialisation interviennent dès les premières années et expliquent en partie le fait que les étudiants n’arrivent souvent qu’avec une formation en majeure renforcée par deux ou trois options maximum et que les mineures soient à peine considérées, ce qui crée des rivalités malsaines entre les UFR/les disciplines. A l’exception des étudiants en histoire/géographie qui sont plus ou moins encouragés à étudier conjointement ces disciplines pour passer le CAPES dans l’une ou l’autre des matières, la grande majorité des étudiants n’ont en général qu’une matière dominante dans leur cursus et ne sont donc plus en mesure d’assurer des remplacements immédiats, ce qui ne serait pourtant pas impensable avec des enseignements plus adéquats, des formations aux concours plus pertinentes et cohérentes. Pis encore, des études prouvent que les enseignants (hors langues) ne seraient même pas bilingues ! Pourtant, cela devrait être élementaire dans les enseignements. Dans le cadre de remplacements ponctuels, faut-il avoir une maîtrise complète (si tant est que ce soit possible) d’une discipline pour effectuer un enseignement ? Personnellement, je ne le crois pas. La bivalence est-elle vraiment impossible ou cette notion est-elle mal vue grâce à une bonne dose de démagogie des syndicats et un manque de pédagogie des politiciens pour revaloriser cette idée ? Sans aller jusqu’aux méthodes britanniques, qui imposent à certains professeurs l’enseignement de trois à quatre matières avec le niveau bac, ne peut-on pas concevoir des enseignements avec plusieurs formations entièrement valorisées qui supposeraient aussi des épreuves aux concours et permettrait une évolution de carrière plus intéressante, financièrement et en termes de statut ?

 

Les opposants à la bivalence restent engoncés dans leurs certitudes d’être les meilleurs, malgré les nombreuses limites de notre système et des études qui confirment le niveau contestable de notre Education nationale par rapport aux autres pays dans le monde. Ils expliquent que l’enseignement de deux disciplines, impliquerait de passer plus de temps dans les préparations, d’autant que ces discplines seraient imposées, ce qui pour l’heure est absolument faux. Il me semble pourtant qu’actuellement, il existe des professeurs, qui naturellement enseignent la chimie en même temps que la physique, l’histoire, la géographie, l’éducation civique et souvent même l’économie dans les petits lycées, le français et le latin ou le grec, voire des options connexes telles que le théâtre. Pourquoi ce qui existe dans les faits dans plusieurs disciplines entraîne-t-il une telle levée de boucliers ?

 

Au Royaume-Uni, un enseignant recruté sur dossier et non sur concours avec certification peut enseigner jusqu’à quatre langues différentes sans diplôme certifié et avec l’obligation d’accomplir des tâches subalternes pour 40 à 48 heures de travail par semaine et un salaire deux à trois fois supérieur à celui des Français parfois. Certes, ce modèle serait totalement impensable chez nous, mais n’est-il pas possible de reconsidérer objectivement la bivalence ? En fait, la question de la bivalence bute sur les problèmes de formation et d’enfermement disciplinaire à l’université, puisque la bivalence serait naturelle, si les enseignants n’étaient pas condamnés à une spécialisation disciplinaire précoce. Où est donc l’autocritique des enseignants ? Quand cesseront-ils de se laisser envahir par des idéologies, sous prétexte qu’ils seraient directement sur le terrain et sauraient mieux que tout le monde ce qui est bon ? Pourquoi les modèles étrangers ne seraient-ils pas des sources d’enseignements pour envisager des évolutions qui profiteraient à tous et permettraient de revaloriser un métier ingrat ? Pourquoi seraient-ils incapables d’interagir avec d’autres enseignements, ce qui pourrait aussi rendre les apprentissages plus dynamiques, plus ouverts et peut-être plus pragmatiques ?

A l’heure où certains comme Luc Ferry ou Claude Allègre évoquent l’idée de restaurer une année propeudetique à l’université pour assurer une formation globale de qualité qui permette de mieux réfléchir aux disciplines vers lesquelles les étudiants ont envie de s’orienter en connaissance de cause, il importe de s’interroger sur les méthodes de formation des professeurs, avant même qu’ils choisissent le professorat par vocation ou plus souvent aujourd’hui par défaut - faute de débouchés dans leurs disciplines. Personnellement, je plaide pour une bivalence de tous les professeurs à moyen terme grâce à une réforme des enseignements universitaires et des concours, puisqu’il est déjà imposé dans les faits aux professeurs des disciplines mentionnées ci-dessus des apprentissages "naturels", qui ne choquent pas. Personne, me semble-t-il, n’a eu l’idée saugrenue d’obliger un professeur d’anglais à enseigner les mathématiques, si son cursus était littéraire. Pourquoi les professeurs se sentent-ils si souvent oppressés ? De plus, la bivalence est jusqu’à maintenant fondée sur le volontariat, à cause des limites des préparations des concours et des cursus de la plupart des enseignants qui malgré des compétences en tant qu’étudiants ont souvent dû se limiter dans leurs choix disciplinaires pour avoir la possibilité de préparer les concours qu’ils visaient. Il n’est donc pas possible après le DEUG dans la plupart des universités (en dehors de celles qui proposent des doubles cursus) d’étudier par exemple l’histoire sans faire de la géographie, si l’on prétend au professorat, alors qu’on pourrait très bien proposer une 3e mineure en langue ou dans une discipline connexe, qui assurerait des bases solides voire un bilinguisme. Pourquoi d’ailleurs parler de mineure et de majeure ? Y aurait-il toujours une prééminence d’une matière noble sur une matière secondaire qui serait réduite quasiment au rang d’option, avec tout le mépris que l’on peut ressentir souvent entre des discplines rivales et toujours associées, comme l’histoire et la géographie ?

La bivalence existe et si polémique il y a, c’est surtout du fait d’une trop forte prégnance du politique et de l’idéologique dans les raisonnements des enseignants, surtout quand ils sont syndiqués. Il est dommage qu’ils n’acceptent même pas d’ouvrir l’idée d’une bivalence souple, capable de s’inscrire dans une plus large autonomie des enseignements, un peu comme on y aspire avec la réforme de l’université.


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27 réactions à cet article    


  • FdJ 5 juillet 2007 15:30

    Quelle horreur , nos enseignants sont trop mal payés au point de pouvoir verser 1/50 du prix d’un abattant bas de gamme smiley (0.058€ par personne si on prend le modèle a 2.90€ de leroy merlin)

    Plus sérieusement votre réflexion est typique d’un mal bien français : on gueule encore et toujours mais jamais on ne se prend en charge quand c’est possible.

    Ca me navre, mais c’est plus que commun.


  • Krokodilo Krokodilo 5 juillet 2007 18:33

    Et dans le privé, on paie soi-même l’entretien des locaux de l’entreprise sur son salaire ?


  • FdJ 6 juillet 2007 13:22

    Pour ma part oui, et je m’empresse de faire une note de frais bien entendu smiley


  • Fuchinran Fuchinran 6 juillet 2007 14:04

    On peut simplifier en disant que des professeurs bivalents reviendraient à réduire le nombre de professeurs. On peut être ambitieux et voir la bivalence comme une manière de rendre les enseignements plus interactifs, plus pragmatiques parfois, moins dogmatiques ou théoriques. On peut même imaginer que les langues ne soient pas de simples enseignements des bases grammaticales qui dissuadent beaucoup de jeunes d’aimer les langues, alors qu’il faudrait transformer par exemple leur enseignement pour redonner à la langue tout son sens, ouvrir son enseignement à la civilisation, à l’histoire des pays en question, à leur culture, ce qui permettrait aussi de rendre les cours plus dynamiques, sans compter les efforts essentiels à faire pour que les langues soient « parlées » et non seulement « écrites »... Il faudrait alors coupler les enseignements pour pouvoir restaurer aussi le fameux plaisir d’apprendre qui est loin d’être évident dans certaines disciplines !


  • FdJ 6 juillet 2007 14:46

    Quelle polémique pour un abattant !

    Pour revenir sur le sujet ma part je ne sais pas si il y a trop ou pas assez de professeurs.

    La seule chose que je sache est que le mode de recrutement des enseignants sur des critères ne comprenant que des critères techniques est surprenant.

    Je pense que la capacité à restituer en enseignement reçu en concours n’est pas un moyen d’évaluation correct de la capacité a enseigner dans le futur.

    Je me pose aussi la question suivante :

    vaut-il mieux un spécialiste « univalent » ou un pédagogue « bivalent » ? Etant entendu que le « bivalent » à le minimum requis pour comprendre ce qu’il enseigne.


  • Arnes Arnes 4 juillet 2007 15:20

    Ce que ne precise pas l’article, c’est a quel niveau on se place, en ce qui concerne le college, de la 6ieme a la 3ieme, la bivalence et meme la trivalence est une evidence. Pour les eleves venant du primaire ou regne la polyvalence le choc serait moins rude. Chaque prof devrait enseigner une matiere fondamentale : francais, maths ou anglais et une matiere d’eveil : histoire/geo, economie, sport ou autre. Cela aussi remet en cause le comportement de l’enseignant : est il la pour delivrer des cours magistraux et balayer a tout prix un programme ou, comme le pratiquent les enseignants allemands faire en sorte que ce soit l’eleve qui decouvre et s’approprie la connaissance, meme s’il ne balaye qu’une partie du programme : apprendre a apprendre etant beaucoup plus utile aux eleves qu’une masse de connaissance aussi vite oubliee qu’ingurgitee.

    A l’oree d’une vie professionnelle passee dans la vraie vie, je me souviens de mes 2 annees d’enseignement en Algerie au niveau CEG avec comme matieres maths en 4ieme et 3ieme et pour completer mon quota quelques heures de musique et geologie en 5ieme et 4ieme. Je suis persuade que les séances assez decontractees des cours de musique ou l’on chantait et des cours de géologie ou l’on essayait de reconnaitre les fossiles de l’oued ont décoincé certains eleves qui s’impliquaient alors beaucoup plus dans les cours de maths.

    Le respect des eleves pour les enseignants ne se decrete pas, il s’acquiert et la polyvalence est un atout pour y arriver.


    • Angelus 5 juillet 2007 11:19

      @Arnes L’appropriation par l’élève des connaissances se fait déjà dès la Maternelle et jusqu’à la Terminale. C’est dans les textes officiels du Ministère. Le scours magistraux n’existe plus (ou en petit nombre). Et tous les enseignants et professeurs un peu concencieux respectent ces textes. Je pense que le corps de métiers de l’Education Nationnale est décridibilisé par un petit nombre (d’après mon expérience pro < 5 %) qui ne veut pas évoluer. Travaillant depuis peu dans le privé, je me rends compte que les choses n’y sont pas différentes, il y a toujours 5 % de moutons noirs...


    • Fuchinran Fuchinran 6 juillet 2007 14:14

      Je précise bien que la bivalence est une évidence et qu’il n’y a pas a priori de quoi s’insurger face à la proposition de professeurs tous bivalents, puisque certains sont bien obligs de l’être pour enseigner leurs disciplines. A partir de là, pourquoi celan ne pourrait-il pas être généralisé au collège et au lycée, si l’enseignement et les préparations de concours à l’université proposaient des formations plus solides, avec des disciplines à valeur équivalente qui assureraient au moins une possibilité de bivalence ? Par ailleurs, je pense qu’on ment quand on s’enferme dans le fait qu’une discipline X ne peut pas être enseigné si on est prof dans une discipline Y. On sait comment sont préparés les cours, en majorité et il est évident que si les professeurs se voyaient imposer un bilinguisme ou du moins une maîtrise d’une langue assez courante, on pourrait imaginer des cours plus interactifs...


    • Pie 3,14 4 juillet 2007 16:24

      L’idée de bivalence n’est pas en elle-même hérétique,le problème est qu’elle s’inscrit dans un contexte généralisé de suppressions de postes.

      En rendant les enseignants polyvalents et en multipliant les heures supplémentaires on espère ainsi compenser le manque de postes.

      La spécialisation est une contrainte en matière de gestion des personnels mais c’est aussi la garantie que celui qui enseigne sait généralement de quoi il parle.En Grande-Bretagne les professeurs sont polyvalents et très bien payés mais j’ai vu des cours que je ne souhaite à personne de subir.

      La bivalence doit être une démarche pédagogique pas une méthode comptable c’est pourquoi il est peu probable aujourd’hui qu’elle rencontre un écho favorable auprès des enseignants.


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 juillet 2007 20:03

        Je vous approuve tout à fait. Une formation à la polyvalence est nécessaire à l’ouverture pédagogique et même disciplinaire des enseignants.

        Enseignant de Philo j’ai avec bonheur enseigné le français et la littérature en collège et en classe de BTS ; cela m’a permis d’élargir la vision que j’avais de l’enseignement de philo et des difficultés des élèves et d’apporter une certaine rigueur argumentative et conceptuelle à l’enseignement des lettres ; il est vrai que j’étais passé par les classes préparatoires et que la licence que l’avais obtenue de mon temps s’appelait « licence de lettres à option philosophique »...

        Comme vous le dites la bivalence existe déjà (H/G/E, P/C, F/L/G) et en collège de nombreux collègues de maths enseignent les sciences physiques et chimiques. Je ne vois pas quels obstacles autres que corporatifs s’opposent à la généralisation de la bivalence.

        Le spécialisation unidisciplinaire est une véritable régression intellectuelle et pédagogique.


        • aurelien 4 juillet 2007 21:34

          Je vais sûrement poser une question bête, mais c’est quoi la bivalence ?


          • Dan 4 juillet 2007 21:36

            « Esprit libre » mais bien formaté par l’air du temps !(un qui a débuté bi et qui ne l’est heureusement plus !) Daniel


            • hey ! dson 4 juillet 2007 21:58

              Ceci est mon premier commentaire et avant toute chose je précise que je suis dans l’enseignement universitaire en tant que maître de conférences (j’enseigne en IUT et je suis chercheur dans un labo affilié au CNRS).

              Je suis personnellement pour l’enseignement de multiples matières du moment que celui-ci repose sur des compétences affirmées évidemment. Je ne suis pas sûr qu’il faille sanctionner par un examen systématique l’enseignement d’une discipline, dès lors que celle-ci est dans le domaine de compétence initiale de l’enseignant. A l’université cette démarche est très courante, et personnellement je peux enseigner en traitement du signal, physique, mécanique des fluides, vide, électricité, électronique, automatique... Cela ne pose pas de difficultés pour particulières, mais constitue évidemment une charge de travail conséquente. Il faut donc avant tout le vouloir et s’investir dans la découverte de « nouvelles matières », être capable d’esprit de synthèse assimiler rapidement et savoir retranscrire et transmettre les connaissances. Les enseignements que nous effectuons sont reconnus au niveau industriel, mais aussi dans les filières longues que ce soient à la faculté (ou l’on retrouve quelques étudiants en thèse plus tard) ou en écoles d’ingénieurs où l’on retrouve d’ailleurs la plupart du temps nos ex-étudiants en têtes de promotion les années qui suivent. J’ajoute que dans mon université et mon département, les enseignements sont systématiquement évalués et corrigés d’un année sur l’autre au besoin.

              Personnellement (et cet avis est partagé par la plupart de mes collègues) je trouve dans cette multiplicité de compétences à donner un épanouïssement certain et une compréhension accrue de l’interaction de tous les phénomènes physiques que j’expose aux étudiants. Cela permet aussi de ne pas rester cloisonner dans sa matière de prédilection toute sa vie et de se remettre en question en permanence sur la pédagogie.

              Je ne comprends pas cette réticence systématique (et c’est surtout le « systématique » d’ailleurs qui me gêne) des enseignants de lycée bien souvent, à s’ouvrir sur d’autres thèmes. J’en connais qui seraient près à s’investir dans cette démarche mais les regards de leurs collègues et le poids des syndicats sont souvent dissuasifs.

              Evidemment, si ce travail supplémentaire doit être fourni gratuitement, je peux comprendre les réticences. De plus, si je devais enseigner l’histoire smiley et que cela devait m’être imposé smiley je ne serais surement pas d’accord... smiley


              • aurelien 4 juillet 2007 22:51

                Quitte à être professeur bivalent, autant que ce soit dans des domaines sans connexion aucune : cuisine-physique quantique, traitement du signal-couture, sociologie-tennis... smiley


              • aurelien 4 juillet 2007 23:16

                Bon d’accord.. la soupe primordiale, la théorie des cordes et l’intéractionnisme, on peut facilement y repenser en cuisine, couture et tennis smiley


              • Ashura Ashura 5 juillet 2007 11:34

                Certes l’enseignement de multiples matières peut être très enrichissante, mais votre cas n’est pas comparable à celui de vos collègues de l’enseignement secondaire, dont la liberté pédagogique est beaucoup plus restreinte. Devoir se conformer à des programmes nationaux rend la préparation des cours bien plus ardue.

                Je ne pense pas que les professeurs de matières scientifiques soient les plus prompts à s’énerver contre cette réforme, car les premiers cycles universitaires scientifiques restent relativement généralistes, du fait de l’interconnexion des disciplines (en particulier le duo maths/physique, totalement indissociable pendant une paire d’années). En revanche comme le souligne l’article, la plupart des cursus universitaires sont très différenciés dès le début, ce qui fait que quand on a un CAPES dans une matière littéraire, on a souvent au mieux un niveau Bac dans des disciplines pourtant proches, à moins d’être passé par une prépa. Bref, avant d’imposer la bivalence aux profs, il faudrait probablement réformer certains premiers cycles universitaires afin de les rendre plus généralistes.


              • hey ! dson 5 juillet 2007 11:56

                Oui, ce que vous dites est vrai, et je ne vois les choses clairement que du côté scientifique de l’enseignement. Je ne connais pas assez l’enseignement des langues ou d’une manière générale l’enseignement « littéraire » dispensé en université pour en parler et comprendre comment il est dispensé en lycée notamment.

                De plus le cadrage national (que j’ai aussi) est certainement beaucoup plus restrictif dans le secondaire que pour l’université, bac oblige. J’ai le confort de pouvoir m’adapter en fonction des besoins de l’industrie pour l’insertion immédiate de nos diplômés, et des filières longues.

                Mais avant toute chose, ce qui me met mal à l’aise, c’est le scandale quasi-systématique (idéologique ?) que cette disposition provoque chez certains de mes collègues du secondaire smiley.


              • Céline Ertalif Céline Ertalif 4 juillet 2007 22:59

                Ma seule certitude, c’est qu’il serait préférable de sortir de l’endogamie du milieu enseignant. Je ne vois aucun inconvénient à ce que certains professeurs enseignent une seule matière entre 25 et 60 ans : que tous les professeurs du lycée aient ce même profil, c’est une autre histoire. Or, c’est à peu près ce qui se passe.


                • koton 4 juillet 2007 23:39

                  en fin de compte c’est pas une mesure économique ?


                  • koton 4 juillet 2007 23:40

                    et qui en en fera les fraits ?


                  • taktak 5 juillet 2007 13:51

                    Y a plus de complexe c’est vrai, mais de la à dire des contre vérités....

                    On nous dit qu’un prof est capable d’enseigner en gros sa matière plus des matières connexes. Avec pour exemple un prof d’université déclinant les différents modules dont il a l charge !!!!

                    Ca n’a rien à voir dans le secondaire ou justement ce qu’on nomme matière n’en sont pas vraiment ! Il y a déjà de la bivalence et de la transversalité dans les cours. Si un prof de français fait de l’histoire, mais sous l’angle literraire, il ne peut pour autant enseigner l’histoire. Cela suposerait qu’il soit capable non seulement d’enseigner le programme d’histoire, mais aussi de respecter ce qu’est l’histoire, ses règles et spécificités.

                    L’enseignement ce n’est pas distribuer des connaissances, c’est faire que l’éléve se les aproprie, se les construise. Ca suppose être capable de comprendre et d’expliquer la construction de se qu’on enseigne de A à Z.

                    Et pour cela il faut des profs spécialisés dans leur matière. les maths d’un physicien ou d’un ingénieur ne lui donnent pas la compétence pour enseigner des maths théoriques, des vrai maths quoi... et inversement.

                    Cela n’empéche pas la transversalité qui existe belle et bien déjà. Faut pas prendre les éléves pour des cons, on a pas besoin de leur dire que la philo c’est aussi de la literature, qu’un physicien a besoin d’algèbre, etc... Ni les profs qui ne se privent pas de faire remarquer l’interet transversal de ce qu’ils enseignent.

                    Si on a juste la prétention de donner aux éléves ce fameux socles de connaissances qui n’est que la traduction de la partie utilitaire de l’enseignement (savoir lire écrire compter, parler globish, pour servir son patron...) effectivement un unique prof suffit, mais ce n’est plus des études. Autant tous aller faire de l’apprentissage. Là il y aura de la transversalité, et on apprendra un métier utile...

                    Instruire notre jeunesse a un prix...mais ce n’est pas un cout (cf l’article sur le redressement de la Russie posté ces jours ci). La bivalence c’est l’outil idéologique pour permettre les 17 000 supression de poste annoncées, et la baisse du niveau, baisse necessaire à la fin de l’accès massif à un réel enseignement supérieur.


                    • Krokodilo Krokodilo 5 juillet 2007 18:43

                      Le mauvais anglais que vous appelez généreusement globish ne fait pas partie du socle de connaissance, uniquement l’initiation aux langues. malheureusement, dans la pratique l’anglais est quasiment devenu obligatoire en France, dans l’indifférence générale, imposé à la plupart des enfants du primaire.

                      Par contre, il y avait effectivement eu de très fortes pressions pour l’inclure dans le socle commun... comme en Italie et en Espagne. l’enseignement des langues est d’ailleurs un des domaines où un peu de souplesse et une petite dose de polyvalence améliorerait le fonctionnement des écoles : suppression de la dsitinction LV1, LV2 , 3 (proposition du rapport sénatorial Legendre, disponible en ligne), plus grande diversité linguistique, organisation des langues sur plusieurs écoles d’un secteur avec mutualisation des personnels, voire intervenants extérieurs, voire externalisation d’une deuxième ou troisième langue, suppression de cette réforme absurde du primaire qui amène la plupart des instits à valider l’anglais dans les IUFM, au profit d’une initiation linguistqiue moins spécialisées, apprentissage de différents alphabets, apprentissages de phrases dans diverses langues européennes, de quelques idéogrammes. le temps de se spécialiser viendra bien assez tôt pour eux.


                    • hey ! dson 5 juillet 2007 20:06

                      Il n’y a pas besoin de supprimer 17000 postes pour qu’il y ait baisse de niveau, cette baisse est constante depuis une dizaine d’année au moins. Des Maths théoriques au lycée... cela fait belle lurette qu’il n’y en a plus et tant mieux. Celles ci sont développées plus tard en math sup (d’ailleurs cette année j’ai appris qu’avec 7 en math et 6 physique quelques classes prépa acceptent des élèves pour remplir les quotas et ne pas fermer) ou ailleurs dans les filières spécialisées de l’université. Faut pas se leurrer, si la baisse de niveau empêchait d’accéder aux études supérieures cela se serait vu depuis longtemps, et les Bac pro ne se retrouverait pas sur les bancs de la fac désoeuvrés parce que personne ne leur dit qu’il n’ont pas reçu une formation leur permettant de poursuivre des études longues, que leur diplôme est terminal...ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

                      Instruire la jeunesse a un prix, c’est sûr, et les 17000 postes ne vont pas dans le bon sens. Mais le but est avant tout économique à court terme, il faudra faire aussi bien (pression de la société oblige) avec moins de moyens humains et matériel ce que l’on connait nous même déjà depuis trop longtemps, d’où l’obligation de s’investir dans de multiples fonctions en enseignement, en recherche et administrative. Ce sont ces dernières d’ailleurs qui nous prennent de plus en plus de temps. Mais finalement, nous sommes nous mêmes responsables de notre fonctionnement.


                    • Fuchinran Fuchinran 22 juillet 2007 14:29

                      Considérer que les échecs scolaires ou les difficultés de l’Education Nationale seraient liées à des baisses du nombre d’enseignants ou à un manque d’enseignants serait en effet trè simplificateur. Dominique Pasquier, qui s’est intéressée de près à la « Culture Jeune » et qui a réfléchi également aux valeurs actuelles de la « culture dite »noble« confirme que l’un des problèmes est le nivellement par le bas de l’enseignement des Humanités, de toutes ces disciplines auxquelles ont fait de moins en moins de place, car de nouvelles priorités plus »ouvertes« ont été définies. Le fait que les enseignants soient eux-mêmes moins bien formés et aient une culture beaucoup moins »générale" et moins solide est en partie une explication. Mais il est bien plus facile de parler de budget, de contester le nombre d’enseignants qui seraient insuffisants. En réalité, il me semble que le problème est essentiellement dans la formation initiale des enseignants et dans les méthodes de transmission, ainsi que dans le manque d’interactivité entre les disciplines et la définition des programmes, rarement en accord avec ceux qui sont censés les transmettre... Les classes étaient chargées il y a 15 ans déjà... N’y a-t-il pas ici des personnes de 30 ou 35 ans dont les classes dépassaient allégrement les 30 élèves sans que ça les ait empêché d’apprendre, d’évoluer, de se cultiver, de réussir leur cursus ?


                    • Fuchinran Fuchinran 22 juillet 2007 14:30

                      On ne vous dit pas, vous pourriez au moins lire convenablement ce qui est dit et ne pas en tirer de mauvaises conclusions... ou lire en diagonale pour attaquer les faux arguments que vous auriez compris !


                    • Fuchinran Fuchinran 6 juillet 2007 14:07

                      C’est justement ce point de vue qui est dogmatique. Un élève de Khâgne pourrait aussi bien enseigner l’histoire que le Français. C’est l’Université qui limite les points de vue. L’interdisciplinarité n’est hélas pas une réalité et du coup, tout semble impossible, tout semble une simple réduction du nombre d’enseignants, ce qui est de mon point de vue absolument faux. J’essaie d’être pragmatique et je m’interroge sur ce qui empêcherait un professeurs de maîtriser plusieurs disciplines pour en assurer l’enseignement ! Rien ne l’empêche à mon avis, sauf le spectre que vous venez de développer et qui ne tient absolument pas devant plusieus modèles étrangers (Danemark, Finlande, Suède, Espagne...) !!!


                      • Fuchinran Fuchinran 24 juillet 2007 13:39

                        Je trouve le réflexe conservatiste très franco-français quand j’entends qu’il faut se spécialiser dans une discpline pour l’enseigner au collège ou au lycée. Cessez de regarder le nombril de la France et regardez un peu ce qui se passe dans le monde. Peut-être serait-il bien de se remettre en question ?

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