Ryanair veut empêcher les passagers de porter plainte
Ryanair essaye diviser par trois le délai de prescription pour porter plainte pour retard. Mais l’autorité britannique de l’aviation ne l’entend pas de cette oreille…
Pas si gentille que ça, Ryanair ?
Sous couvert d’avoir effectué un virement pro-consommateur, la compagnie aérienne est en train de remuer ciel et terre dans l’objectif de restreindre les droits des passagers aériens en limitant leur possibilité de porter plainte dans le cas d’un retard de plus de trois heures. Il s’agit d’un véritable revirement pour le transporteur, qui avait pourtant déclaré publiquement qu’il respecterait le temps légal de prescription de six ans. Depuis fin août, la low cost essaye pourtant de faire descendre ce délai à deux ans. Pourquoi un tel revirement ?
C’est très simple. Mi-août, une bataille législative impliquant deux passagers de Ryanair a conclu que ces derniers pouvaient porter plaindre plus de deux ans après les faits. La compagnie irlandaise s’est retrouvée à payer ce qu’elle devait aux deux consommateurs. Mais la jurisprudence fait que potentiellement, plus de 2,66 millions de passagers pourraient prétendre à une compensation… soit un pactole de 832 millions d’euros !
Malgré les déclarations de la compagnie selon lesquelles seulement 1% des passagers serait concerné par des plaintes éventuelles, Ryanair fait son maximum pour imposer sa vision de deux ans de temps légal. Mais une décision finale de la Cour de Justice Européenne a, encore une fois, retoqué Ryanair. La Civil Aviation Authority, l’équivalent britannique de notre Direction Générale de l’Aviation Civile, a immédiatement réagi. « La loi est claire : une compensation doit être offerte si le vol est retardé de plus de trois heures pour des raisons techniques » a déclaré Andrew Haines, le chef de l’autorité britannique. « Il est aussi très clair que les passagers ont jusqu’à six ans pour porter plainte » renchérit-il, menaçant.
Un laisser-faire historique
Les compagnies aériennes ont longtemps bafoué les droits des passagers : c’est principalement le cas de low-cost comme Wizz Air, Jet2 ou Flybe. Dans le cas de Ryanair, ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve pointée du doigt : la compagnie irlandaise a longtemps refusé de mettre en place un service client digne de ce nom, forçant les passagers à payer des frais de téléphone exubérants, ou avait pour habitude d’attaquer les associations de consommateurs en justice. Bien qu’elle a déclaré avoir amélioré ses services, la compagnie continue de surfacturer le paiement par carte bleu… le seul qu’il est possible d’effectuer sur le site !
Aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni, les associations de consommateurs et autorités de la concurrence n’ont pas hésité à mettre la compagnie en demeure à plusieurs reprises. En France, en revanche, le laisser-faire demeure… ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les passagers français !
En attendant, il est toujours possible d’aller demander assistance au cabinet Flight-Delayed, qui a été moteur dans un procès sur le droit des passagers aériens. « Près de 79% des demandes de compensation sont immédiatement rejetées, mais une fois au procès, nous gagnons dans 98 des cas », dixit un avocat de Flight-Delayed.
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