Sarkozy joue au chat de Schrödinger

Vous avez certainement entendu parler du chat de Schrödinger, placé dans une boite où une fiole est prête à diffuser un poison si le détecteur couplé au contacteur détecte la particule avec le bon spin. Le physicien ferme la boîte, l’expérience est enclenchée mais on ne connaît pas quel sera le spin de la particule. Le chat est à la fois mort et vivant. De cette expérience de pensée, le physicien Wheeler a inventé des univers parallèles. Dans l’un des univers, le chat est vivant, dans l’autre il est mort. Dans un univers, Sarkozy rempile pour cinq ans et dans l’autre, il aura une autre vie, commencera la semaine le mardi pour la finir le jeudi et il se fera oublier. Enfin, disons qu’il disparaîtra des radars médiatiques de la vie politique mais compte bien qu’on se souvienne de lui, comme on se souvient de Bill Clinton ou de Tony Blair. C’est un petit détail qui a son importance. Ces deux ex-présidents sont sollicités pour donner des conférences. Ce serait dommage de se priver des avis de chefs d’Etat ayant porté le destin du monde sur leurs épaules. N’importe quelle entreprise ou institution peut accueillir Clinton. Il leur suffit de s’acquitter d’une modeste somme. C’est presque donné, pour une heure de discours prononcé par un ancien maître du monde. Il se dit que Clinton reçoit en moyenne 300 000 dollars par conférence. En supposant que Sarkozy ne demande que 100 000 euros, au bout de dix prestations, il touchera plus que les droits d’auteur de son épouse.
Le off réalisé avec les journalistes a très bien fonctionné. Sarkozy a délibérément évoqué l’hypothèse d’une défaite et d’une reconversion mais dans un contexte non officiel, censé être gardé secrètement par les journalistes mais les frontières sont devenues floues et le off peut se révéler un faux off dont l’objectif est de diffuser des propos qui n’ont aucune valeur officielle mais que les médias peuvent relayer pour qu’on parle du président alors que le président n’a pas parlé aux Français. Ce genre de confession, placé dans un discours officiel, signale une sorte de suicide politique, mais dans un off, c’est une tactique utilisée comme si la politique était un jeu, avec des règles approximatives. Alors le candidat peut évoquer un univers parallèle où il aura une autre vie, alors qu’officiellement, il reste combatif et se persuade qu’il sera réélu. Cette tactique est assez étrange et déconcertante. Quelques députés de l’UMP s’inquiètent. François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon se sont sentis obligés de commenter ces propos off et sont tombé dans le piège du mélange des genres. Car n’étant pas prononcés officiellement, ces propos livrés en catimini n’ont pour objectif que de faire jaser les médias et ma foi, c’est assez bien réussi puisque même dans les JT, cette affaire a été commentée. Un esprit sourcilleux verra dans la confession de Sarkozy l’aveu d’un président qui face à l’échec, décide de quitter le navire alors que la crise est présente. Le Sarkozy, homme d’Etat au service des Français, se métamorphose en un fuyard ayant fait sienne la devise, après moi le déluge. Quel sens de l’Etat ! Cela fait un peu désordre.
Nous n’avons pas le souvenir d’un Mitterrand qui, au moment de se représenter en 1988, évoquait un échec probable et une retraite bien méritée à flâner dans la forêts landaises entre deux soirées entre amis à bouffer des ortolans. Chirac non plus, en 2002, n’avait évoqué une vie nouvelle parsemée de voyages au Japon pour assister à des combats de sumotoris. Bon, on ne va pas jouer les vierges offusquées. Sarkozy a quand même plus de trente ans de vie politique derrière lui et l’époque n’est plus à la fidélité et à l’engagement. Les dirigeants vont et viennent. Combien de professeurs d’université passent par une direction d’UFR ou une présidence en ayant en ligne de mire la perspective d’une carrière de recteur ou d’élu politique. La comédie du pouvoir n’a jamais été autant visible. Une chose est sûre, le président a joué la tactique du chaos, semant le doute dans l’opinion publique tout en envoyant une sacrée pique à son parti, jugeant plus intéressante une retraite au carmel que l’animation des réunions de l’UMP. Il y a quelque chose de Néron chez ce Sarkozy dont les propos et l’action deviennent de moins en moins lisibles. Notamment annoncer des grandes mesures comme la TVA (anti)sociale fin janvier, alors que la campagne sera lancée, que les grandes décisions relèvent du débat public et du prochain gouvernement, et que la session parlementaire s’achève le 23 février. On ne voit pas comment des décisions importantes et controversées pourraient être prises en seulement trois semaines de débats parlementaires.
En 2012, les conditions d’une réélection du sortant ne sont pas réunies, contrairement aux scrutins de 1988 et 2002. En plus, les dieux ont joué contre Sarkozy, signant la perte du destin de DSK qui aurait été un adversaire plus facile pour Sarkozy que François Hollande. La politique ressemble parfois à un jeu de poker menteur. L’électeur ne s’y retrouve plus. C’est pour ces raisons que le mieux est de regarder d’un œil léger cette campagne et pour ma part, je m’en tiens au vote raisonnable pour le PS. Pour l’instant, il n’y a pas de perspective de changement car l’époque ne s’y prête pas et je crois bien que le parti le plus représenté en France est celui des (?).
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