Ségolène Royal en avance sur son temps ?
Ségolène Royal, « martyre » du système socialiste, ne serait-elle pas finalement le réel avenir du PS, ou plutôt de ce que la gauche a des chances de devenir ? Il est bien question de chance en effet. Les dernières décennies ont prouvé que le PS restait dans le camp retranché de la « pensée unique », et, comme chacun le sait, l’étroitesse d’esprit réduit de l’ouverture aux idées neuves...
Messieurs les éléphants, encore que le terme "éléphants" ne soit pas forcément le mieux choisi (dans un troupeau d’éléphants, il y a un vrai leader qui donne l’orientation du troupeau), sachez que le chemin qui mène vers votre cimetière n’est plus très loin. Il y a bien longtemps que le PS n’est plus dans l’après-guerre, les temps ont changé et vous, qui depuis tant d’années prônez le changement, vous n’avez rien vu passer de cela, engoncés dans une cagoule de dirigeants qui regardent devant eux comme dans un miroir. Vous êtes un peu comme ces patrons des années 1950 que les syndicats ont heureusement réussi à faire changer, alors qu’en ce qui vous concerne et comme d’habitude, personne n’a pu vous faire la leçon puisque cela n’est pas de mise lorsqu’on est un responsable de gauche.
Le premier tour de l’élection présidentielle de 2002 a été un choc et l’occasion d’un double message de la part du peuple, message qui n’a d’ailleurs été écouté ni par les uns ni par les autres, ce qui a permis à un homme comme Nicolas Sarkozy, auquel on ne peut dénigrer son génie de la stratégie politique, de percer en quelques années tout simplement parce qu’il semble avoir une pensée concrète et une ligne de conduite bien définie.
Le PS, de son côté, a continué de se chercher une voie, un avenir, mais sans véritablement changer de cap ni de système, puisque le système arrange bien les éléphants, chacun pouvant y aller de son grain de sel et conserver un minimum d’intérêt de la part des médias, l’essentiel étant de rester en haut de l’affiche. Après tout, les autres on s’en fout... c’est très social, ça... Donc, pas de vrai capitaine, ou plutôt, plusieurs capitaines, et comme on dit dans la marine, sur un navire, mieux un mauvais capitaine que deux bons... Pas de vrai capitaine alors, pas de cap, pas de ligne directrice et pas de vrai programme. Une liste à la Prévert empruntée ça et là aux uns et aux autres, histoire en fait de faire plaisir à tout le monde. Ce n’est pas la meilleure méthode pour rabattre, et c’est là que Ségolène Royal s’est trompée : la recette n’est pas de ratisser large, le principe de base est de savoir ce qu’on veut pour faire adhérer. On se fout royalement de ceux qui ne sont pas acquis car il ne le seront jamais, par contre la ligne de démarcation avec la victoire se trouve du côté des indécis qui ont besoin qu’on les aide à décider. C’est là que Nicolas Sarkozy a gagné et qu’il a récupéré les indécis qui votaient FN car il n’avaient que ça pour s’exprimer, et ceux qui ont voté Bayrou parce qu’on leur a offert entre les deux tours un vaudeville politique où tout n’était que flou et revirement, une fois de plus pas de ligne directrice.
Mais Ségolène Royal n’en est pas la seule responsable, elle en est le bouc émissaire parce que qu’elle n’a pas eu la carte blanche qu’il lui fallait pour changer le PS et avoir une chance de gagner. Par contre, elle a compris une chose, c’est que le PS avait besoin d’un leader, un seul, un leader ouvert qui change le PS avant de vouloir changer la France, un leader qui rassemble par ses convictions personnelles allant au-delà de celles d’un parti, qui ne peuvent être que stratégiques à la base et répondre à un appareil plus qu’à une vision des choses.
Ségolène Royal l’a donc compris et elle est aujourd’hui dans une tempête qu’elle a créée ; il faut lui reconnaître cela, même si elle ne sait pas communiquer, si elle est aujourd’hui mal entourée car elle n’a pas pu choisir son entourage, et qu’elle manque encore de méthode (par contre, tout cela s’apprend, ce qui n’est pas le cas des idées). Mais elle a ses convictions comme Nicolas Sarkozy. Par contre, à la différence de Nicolas Sarkozy, elle n’a pas pu les exprimer car ce n’est pas politiquement correct au PS de sortir de la "ligne".
Ségolène Royal est donc l’avenir non pas du PS mais de la gauche, et encore pas tout de suite car le PS est encore embourbé dans ses principes. Son avenir est certainement dans le parti que Ségolène Royal pourrait créer, un parti social-démocrate, pas celui de Bayrou, mais celui des électeurs de Ségolène Royal qui ont été 17 millions à voter pour elle, un nouveau parti qui serait véritablement représentatif de ce qu’est l’électorat de gauche français, ni trop à droite, ni trop à gauche, et ne correspondant pas non plus au centre immobiliste que l’on connaît aujourd’hui. Serait-ce un parti réaliste, conscient qu’on ne fait pas de social sans économique, que la sécurité se gère par une main de fer dans un gant de velours, et qu’une dynamique se met en route en créant des impulsions fortes ?
Ségolène Royal a tenté d’insuffler cette dynamique pendant sa campagne mais avec une méthode qui ne correspondait pas avec les standards habituels de gauche, et Nicolas Sarkozy a gagné sur ce terrain, en cassant les standards de la droite tout en prenant un virage à droite, en jouant sur des convictions personnelles. On écoute toujours plus ceux qui semblent savoir où ils vont, et, qui plus est, on leur fait confiance.
L’avenir de Ségolène Royal est donc devant elle. Son mérite est finalement d’avoir commencé à briser la gauche telle que nous la connaissons ; l’objectif est maintenant de rattraper les morceaux. Elle a cinq ans pour le faire, cinq ans pour étoffer une vraie équipe, cinq ans pour faire à la fois un travail de proximité envers ses électeurs et pouvoir leur exprimer ouvertement ses convictions et sa vision de la France, et cinq ans pour apprendre la méthodologie, la technique, sans avoir cure de se demander ce que pensent les "éléphants" sur lesquels elle ne pourra donc pas compter, car un éléphant, ça... trompe.
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