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Accueil du site > Tribune Libre > Social-démocratie et collaboration de classes

Social-démocratie et collaboration de classes

"Dans tous ces écrits, je ne me qualifie jamais de social-démocrate, mais de communiste. Pour Marx, comme pour moi, il est absolument impossible d’employer une expression aussi élastique pour désigner notre conception propre"* F. Engels

Didier Migaud et Michel Charasse ont été nommés par Sarkozy, l’un premier président de la Cour des comptes, l’autre au Conseil constitutionnel. L’un est député socialiste, l’autre est un ancien ministre et ami de Mitterrand. Mais Sarkozy a recruté également Michel Rocard pour effectuer plusieurs missions, entre autres, pour réfléchir au grand emprunt national et servir d’ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique. Jack Lang, lui, a été envoyé à Cuba comme émissaire spécial du président et en Corée du Nord pour « mission d’information ». Eric Besson, qui a quitté Ségolène Royal et le PS juste après les résultats du premier tour des présidentielles de 2007, est nommé d’abord Secrétaire d’État avant de devenir Ministre de l’immigration. Martin Hirsch était confortablement installé dans son fauteuil de Haut Commissaire aux Solidarités Actives et à la Jeunesse avant de quitter le gouvernement le 22 mars 2010. Jean-Marie Bockel occupe le poste de secrétaire d’État auprès de la ministre de la Justice et des libertés. Bernard Kouchner, ministre des gouvernements socialistes de Michel Rocard à Lionel Jospin, travaille aujourd’hui pour Sarkozy en tant que ministre des Affaires étrangères et européennes. Le cas de Dominique Strauss-kahn est plus délicat et moins flagrant. Sarkozy n’avait, si l’on peut dire, que soutenu activement sa candidature à la présidence du Fonds Monétaire International( FMI). Il ne s’agit là que de la personnification d’une collaboration de classes d’un courant politique ancien, celui de la social-démocratie.

Ces hommes qui se déclarent toujours de « gauche » occupent des postes de ministres, de secrétaires d’État, de présidents ou membres d’institutions importantes pour aider Sarkozy à appliquer une politique entièrement au service des classes dominantes.

Répudier et renier ses propres principes politiques est devenu une habitude chez les socio-démocrates. Et ce renoncement se fait naturellement sans état d’âme et sans scrupule. Il est difficile de distinguer sérieusement aujourd’hui un dirigeant social-démocrate d’un dirigeant de droite, tellement leurs idées et leurs pratiques politiques se confondent. Privatisations, destruction des services publics, précarisation et « flexibilisation » de l’emploi, baisse des charges pour les entreprises, cadeaux fiscaux accordés aux plus riches, réduction des dépenses publiques, mépris des couches populaires et soumission au patronat sont quelques aspects de leur gestion commune du libéralisme. Leur vénération du marché et du profit les rend insensibles et indifférents aux injustices, aux inégalités et à l’irrationalité du capitalisme qui produit en même temps richesses pour une minorité et misère pour la majorité de la population. La guerre reste pour eux , comme pour la bourgeoisie, l’un des moyens qu’ils utilisent au niveau international pour régler les conflits.

Les socio-démocrates ont depuis longtemps renoncé à vouloir changer le monde. Ils se sentent plus à l’aise, tellement le mot révolution leur fait peur, dans la gestion de la brutalité et de la barbarie du capitalisme qu’ils considèrent comme un système naturel et donc inéluctable.

Déjà en 1891, après la chute de Bismarck, les socio-démocrates allemands ont abandonné leur programme révolutionnaire contre un programme de réformes démocratiques. Depuis, les socio-démocrates au pouvoir en Europe, avec des différences de degré et non d’essence, n’ont cessé de mener des politiques de collaboration de classes.

En 1914 ils ont voté, au Reichstag, les crédits de la guerre impérialiste avec ces termes : « Nous n’abandonnerons pas la patrie à l’heure du danger ». Avec ce vote, les dirigeants socio-démocrates allemands ont contribué à déclencher l’une des plus meurtrières guerre de l’histoire : 9 millions de morts ! La Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) se rallie, elle aussi, à l’effort de guerre et à « l’Union sacrée » juste après l’assassinat de Jean Jaurès en juillet 1914 ! Socio-démocrates et classes dominantes sont ainsi unis pour mener ensemble cette terrible guerre.

Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, figures emblématiques de la classe ouvrière allemande, sont assassinés en 1919 sur ordre de la social-démocratie.

Ces évolutions ont brisé l’unité du mouvement socialiste. En France, le congrès de Tours de 1920 a consacré la rupture entre les révolutionnaires et les réformateurs (socio-démocrates) qui ont gardé le nom de la SFIO jusqu’à la fin des années soixante avec la création du parti socialiste. Et on va taire par pudeur les positions honteuses de la social-démocratie concernant la colonisation.

Aujourd’hui, cette collaboration de classe est encore plus flagrante ; elle est même revendiquée et assumée : « Les différences entre la droite et la gauche sont obsolètes » disait T. Blair (1). La « troisième voie » n’a-t-elle pas été présentée justement comme le dépassement de la gauche et de la droite ?

Subjugués par le marché et la mondialisation capitaliste, les socio-démocrates anglais vont jusqu’à emprunter à M Thatcher ses convictions politiques et économiques. Le Labour party est devenu le New Labour pour mieux marquer leur adhésion au néolibéralisme. Cette thatcherisation du parti travailliste a été facilitée, entre autres, par la défaite des mineurs anglais qui avaient mené un combat héroïque contre Thatcher et l’État britannique en déclenchant l’une des plus dures et des plus longues grèves (1984/1985) de l’histoire de la classe ouvrière anglaise. Les lois conservatrices anti-syndicales n’ont pas été remises en cause par Blair lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1997. L’Employment Act de 2002 ne cherchait, au contraire, qu’à étouffer les revendications des salariés et développer le partenariat (partnership) c’est-à-dire la paix sociale entre travailleurs et patrons.

La politique étrangère menée par la social-démocratie anglaise et son avatar la troisième voie, est surtout marquée par l’alignement inconditionnel sur les États-Unis. La guerre en Irak, qui a fait près de deux millions de morts, est un exemple éloquent de cette coopération étroite entre les républicains américains et les socio-démocrates anglais. Blair n’était-il pas d’ailleurs le meilleur soutien de Bush dans cette boucherie irakienne ?

L’autre allié de T. Blair n’est que le social-démocrate allemand Gerhard Schröder. La collaboration de classes passe cette fois non pas par la troisième voie, mais par « le nouveau centre » !

De 1998 à 2005, Schröder a mené des politiques économiques et sociales en faveur du patronat que même le gouvernement Kohl ne pouvait réaliser. Le marché du travail a été flexibilisé et précarisé par les réformes de l’Agenda 2010 et les lois Hartz (2003/2005). Les indemnités chômage ne sont versées que sur 12 mois seulement au lieu de 32 auparavant. Les chômeurs de longue durée, qui sont tenus d’accepter n’importe quelle offre d’emploi, ne reçoivent qu’une allocation minimale de 350 euros mensuel. Les pensions de retraite ont été diminuées etc. Schröder a ainsi précarisé et paupérisé l’ouvrier allemand. Par contre, il a fortement baissé les impôts pour les plus riches. Ainsi le taux marginal d’imposition est passé de 53 à 42 %.

En 2005, la collaboration de classe s’est concrétisée par la formation de la « grande coalition » formée du SPD et de l’Union chrétienne-démocrate CDU-CSU. Là encore, il est difficile de distinguer le SPD des partis bourgeois avec lesquels il gouverne. Il est devenu au fil du temps, par sa politique antisociale, un instrument efficace au service de la bourgeoisie allemande.

Le SPD, comme les Verts d’ailleurs, a engagé la Bundeswehr (l’armée allemande) dans la guerre au Kosovo et en Afghanistan. C’est cette même armée qui est responsable du massacre de Kunduz en 2009 qui a coûté la vie à 142 personnes dont de nombreux civils.

En France, le Parti socialiste (PS) ne fait pas exception à cette complicité de classes chère aux socio-démocrates européens. Si des politiques en faveur des classes dominantes ont été menées dès 1983, c’est surtout le gouvernement Jospin (1997-2002) qui s’est le plus éloigné des classes populaires. Jospin ne disait-il pas lui-même « mon programme n’est pas socialiste » ? Son gouvernement s’est illustré effectivement par un nombre impressionnant de privatisations et d’ouvertures de capital d’entreprises publiques : France Télécom, Air France, EADS, Crédit lyonnais, Thomson Multimédia, GAN, CIC, Crédit Foncier de France (CFF), Caisse nationale de prévoyance (CNP) etc. etc. En terme de recettes liées à ces privatisations, Jospin a fait mieux que ses deux prédécesseurs de droite Juppé et Balladur réunis ! Les conséquences de cette vente massive au privé sont désastreuses pour les salariés et les citoyens usagers des services publics : suppressions de postes par milliers, restructuration et dégradation de la qualité du service rendu. Le « new management », introduit dans ces entreprises privatisées notamment à France Télécom, a poussé nombre de salariés au suicide.

Dominique Strauss Kahn et Laurent Fabius, deux ministres du gouvernement Jospin, ont adopté des mesures fiscales très avantageuses en faveur des stocks options. Laurent Fabius a également mené une politique fiscale très favorable pour les entreprises et les classes aisées. Par contre lorsqu’il s’agit des intérêts des ouvriers, le gouvernement Jospin semble indifférent. Son dynamisme et son volontarisme à servir le patronat n’a d’égal que son impuissance à défendre les ouvriers :« l’État ne peut pas tout » déclarait Jospin lorsque Michelin avait annoncé le licenciement de 7500 salariés !

Sarkozy prépare en ce moment un plan pour venir à bout de ce qui reste encore du régime de retraite par répartition. Pour lui faciliter la tâche, François Hollande expliquait le 28 mars 2010 « qu’il faut sans doute allonger la durée des cotisations ». Martine Aubry disait-elle autre chose lorsqu’elle a déclaré, avant de se rétracter, « je pense qu’on doit aller, qu’on va aller très certainement, vers 61 ou 62 ans »  ?

Cette collaboration interne de classe, se prolonge également sur le plan externe. La guerre impérialiste en Yougoslavie était menée, main dans la main, par Chirac et Jospin derrière l’OTAN.

Dans un communiqué conjoint du 24 mars 1999, on apprend que « le président de la République, en accord avec le gouvernement, a décidé la participation des forces françaises aux actions militaires, devenues inévitables, qui vont être engagées dans le cadre de l’Alliance atlantique »(2). Le 23 mars c’est-à-dire le jour même où les attaques aériennes contre la Yougoslavie furent décidées, Jospin déclarait à l’ Assemblée nationale « la France est déterminée à prendre toute sa part à l’action militaire devenue inévitable ». Même détermination, même collaboration de classe et même soumission à l’impérialisme américain !

« Les armes vont parler » disait François Mitterrand pour annoncer la première guerre du Golfe en 1991. Lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts, la bourgeoisie ne recule devant aucun moyen y compris le plus abject, la guerre. Et elle n’éprouve aucune difficulté à entraîner dans son sillage la social-démocratie.

Au sud de l’Europe, les socio-démocrates se distinguent, eux, par un zèle particulier à servir les classes dominantes. Ainsi le Pasok (parti socialiste grec) et le Parti socialiste portugais, tous les deux au pouvoir, ont décidé avec la complicité de leurs parlements et contre leurs populations, des plans d’austérité dirigés contre les classes populaires : gel des salaires et des retraites, hausse de la TVA payée essentiellement par les pauvres, privatisations massives (au Portugal), suppressions ou réductions de certains acquis sociaux, réductions des dépenses publiques etc.(3). Au moment où le capitalisme connaît une crise profonde, ces partis socialistes au pouvoir tentent par tous les moyens de le sauver ! Étrange socialisme que celui de la social-démocratie !

En Espagne l’âge de départ à la retraite a été repoussé. José Luis Zapatero, socialiste lui aussi, a condamné ainsi les salariés espagnols à travailler jusqu’à l’âge de 67 ans ! Le premier ministre espagnol a également apporté son soutien(avec d’autres socialistes européens) à la candidature de José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne. Non seulement l’ancien premier ministre portugais est à la tête de l’une des institutions les plus libérales, qui a détruit tout ce que des générations entières ont construit comme progrès social en Europe, mais il est aussi l’organisateur du sommet (aux Açores portugaises avec George W. Bush, Tony Blair et José Maria Aznar), où fut décidée la guerre en Irak.

Aujourd’hui, plus qu’hier encore, la social-démocratie est très éloignée des intérêts des classes populaires. Au pouvoir, elle déploie un zèle singulier pour servir les riches et les puissants. S’il lui arrive de jeter quelques miettes aux dominés, c’est pour mieux cacher sa vraie nature et se présenter comme une alternative aux représentants des dominants. Elle a une lourde responsabilité dans l’étouffement des mouvements sociaux et elle est toujours prompte à participer aux guerres impérialistes. En un mot, elle est, à l’intérieur comme à l’extérieur, au service de la classe dominante. Il est peut-être temps de songer à construire une alternative en dehors de ce courant politique qui constitue un véritable obstacle au changement et au dépassement du capitalisme.

Mohamed Belaali

 

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* F. Engels, préface à la brochure du Volksstaat de 1871-1875. Marx, Engels « La social-démocratie allemande ». 10/18, 1975, page 7.

 

(1) Cité par Philippe Marlière :http://www.cahiersdusocialisme.org/2009/07/04/la-social-democratie-demasquee-la-voie-blairiste/

(2) Communiqué des autorités françaises, le 24 mars 1999, Documents d’actualité internationale, 1999, no 9, p 342 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FD001153.pdf

(3) http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/03/cure-d-austerite-pour-la-grece_1313689_3214.html. Pour le Portugal voir Le Monde du 27 mars 2010


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17 réactions à cet article    


  • finael finael 16 avril 2010 10:38

    Excellente analyse.

    Pour compléter :

    - en 1902 le parti Social-Démocrate russe se scinde en deux tendances : les majoritaires (« bolcheviks ») partisans d’une révolution et les minoritaires (« mencheviks ») partisans d’une collaboration de classe.

    - Face au régime autocratique du tsar Nicolas II la révolution éclate en février 1917 et une démocratie parlementaire se met en place. Toutefois, dirigée par Kerenski et les élites bourgeoises et ntellectuelles, voire militaires, elle décide de continuer la guerre au côtés de l’entente et se contente de vagues promesses au niveau de la distribution des terres (à l’époque 80% de la population russe est constituée de paysans sans terres).

    - En Avril Lénine écrit ses « thèses d’avril » dans lequelles il rompt avec la théorie marxiste qui ne voit l’évolution historique vers un communisme qu’il n’a jamais réellement défini, qu’après un passage par une société capitaliste formatrice d’une classe ouvrière acquérant progressivement une « culture de classe ».

    - Mais la situation est explosive : l’armée compte déjà près de 2 millions de déserteurs, la disette menace les villes, des grêves éclatent et l’armée tire sur les manifestations. Les agitateurs bolchéviks sont soit arrêtés (comme Trotsky) soit s’enfuient (comme Lénine).

    - Suite à la désasttreuse offensive de juillet les troubles s’aggravent et un coup d’état porte les bolchéviks au pouvoir le 23 octobre (2 novembre dans le calendrier julien), Trotsky est libéré et Lénine revient en hâte.

    - La situation est critique, la guerre civile éclate, menée par les généraux fidèles au Tsar, les indépendantistes des peuples non russes, les anarchistes, les cosaques (qui sont des propriétaires terriens). Bientôt les puissances étrangères apportent leur soutien à ceux que l’on nomme « les blancs » : France, Angleterre, Etats-Unis, Japon pour ne citer que les principaux. Leur but est de revenir à la situation antérieure et la répression contre les « rouges » fait des centaines de milliers de morts. Face à la « terreur blanche », ceux-ci instaurent la « terreur rouge » appuyée sur une police politique, la Tchéka.

    - Dans cette situation le parti bolchévik, renommé « parti communiste » alors qu’il s’écarte de plus en plus de l’idéal communiste instaure une dictature du parti, une nationalisation générale (un « capitalisme d’état ») et remporte la guerre au bout de 4 ans, le gros de la paysannerie préférant encore les réquisitions au retour au servage antérieur.

    - Mais le parti (il n’y a pas que lénine, mais aussi Kamenev, Zinoviev, ...) décide que face à une paysannerie majoritaire et une classe ouvrière n’ayant pas encore acquis de « conscience de classe », il lui revient, et à lui seul, « l’avant-garde révolutionnaire » de « guider » le peuple vers un avenir meilleur.

    Cela n’avait plus rien à voir avec le communisme pensé par Marx et l’on sait ce qu’il advint !


    • leypanou 16 avril 2010 10:49

      Merci pour ce rappel historique. Il y a longtemps que ceux qui sont soucieux de l’intérêt de la majorité ne font plus confiance à ceux qui se prétendent « modernes », gauche moderne, et autres expressions d’enfumage. Leurs solutions de rechange existent en permanence. En ce moment, ils tâtent le terrain avec Manuel Valls, invité hier à participer à débattre avec le nouveau ministre du budget, attendant peut-être DSK, avec comme toujours les sondages bidons comme quoi il battrait NS au deuxième tour, tout en se gardant bien sûr de dire qu’est ce qu’il propose exactement comme politique différent. La question qui se pose au citoyen qui se veut efficace dans une certaine mesure est quoi faire ? La conscience de ce qui se passe et la décortication des solutions contraires à ses intérêts n’est qu’une infime partie du travail à faire. La France est en train de régresser à grande vitesse en liberté publique, la santé et l’éducation sont en train d’être privatisées. Bientôt, on sera comme en Angleterre !


      • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 16 avril 2010 11:25

        Oui, la sociale-démocratie « officielle » pose un énorme problème depuis un siècle. Mais quid de l’actuelle « gauche » de la gauche ? Par exemple, s’agissant de la loi d’août dernier sur la « mobilité » des fonctionnaires, on ne l’a guère vue bouger.

        Au point que nous avons été contraints, après de nombreux appels aux centrales syndicales et syndicats de toutes tendances depuis août dernier restés à ce jour sans suite, de saisir seuls l’OIT dans l’urgence de l’application de la loi mais dans des conditions où la question de la recevabilité peut se poser.

        Voir nos articles d’hier et d’aujourd’hui :

        http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/04/15/loi-sur-les-fonctionnaires-l-oit-saisie-i.html

        Loi sur les fonctionnaires : l’OIT, saisie (I)

        Le 15 avril, le collectif Indépendance des Chercheurs a saisi l’Organisation Interrnationale du Travail (OIT) contre la loi française dite « relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique ». Il s’agit d’une triple saisine : i) demandant au Conseil d’Administration d’intervenir d’office, vu le caractère évident des problèmes posés par cette loi ; ii) demandant l’intervention du Comité de la Liberté Syndicale ; iii) en tant que réclamation. Notre collectif n’est pas, à strictement parler, une organisation syndicale. Mais la situation de carence générée, sauf méprise de notre part, par l’absence à ce jour d’intervention analogue de syndicats français nous a semblé justifier cette démarche devant l’urgence découlant de l’entrée en application de la loi. Le 15 avril également, les médias commentent l’affaire du responsable de la Poste Rémi Karcher qui avait été jusqu’à parler, dans un courrier électronique de faire la « chasse » à des vendeurs, de les « exterminer  », etc... Dans un communiqué du 15 avril, le syndicat SUD Postaux Paris souligne que « la mutation de Karcher ne changera rien », le véritable problème résidant dans la stratégie de « management » elle-même. Mais SUD a-t-il saisi l’OIT contre la loi du 3 août 2009 sur la «  mobilité » des fonctionnaires ? Et comment a-t-on pu en arriver à l’avalanche extrême des suicides répertoriés depuis 2008 chez France Télécom, qui n’ont que très récemment fait l’objet d’un rapport d’ensemble conduisant à l’ouverture d’une instruction pénale, alors que le processus de privatisation et de « managérisation » de ce service public s’est poursuivi depuis plus de vingt ans ? Et que penser du silence plus global de la part des organisations syndicales de fonctionnaires et des grandes centrales devant l’ensemble des politiques de « managérisation  » et de séparation catégorielle arbitraire dans la fonction publique ? C’est ainsi, par exemple, que l’on cherchera en vain des déclarations publiques d’instances syndicales sur les « suivis post-évaluation », par des services « des ressources humaines », imposés depuis trois ans à un nombre croissant de chercheurs du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Précisément, le CNRS est un établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) dont le « rapport Aghion » ignore l’existence même. Silence syndical, également, sur la pratique actuelle consistant à mettre en place au sein du CNRS et des autres organismes de la recherche et de l’enseignement supérieur publics un corps de fait de prétendus « cadres supérieurs ». Pourquoi un tel silence, dans une période aussi critique pour l’avenir du CNRS et de ses personnels ? Ce sont précisément les dangers imminents que comporte une telle situation, qui se trouvent à l’origine de notre triple saisine de l’OIT de ce jour, espérant qu’au moins elle sera suivie de démarches analogues de la part d’organisations syndicales.

        [la suite, sur le lien http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/04/15/loi-sur-les-fonctionnaires-l-oit-saisie-i.html ]

        http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/04/16/fonctio nnaires-saisine-oit-bellaciao-censure.html

        Fonctionnaires, saisine OIT : Bellaciao censure

        Le 16 avril, nous venons d’être contactés par un internaute qui, au moment où il rédigeait un commentaire pour un article de Bellaciao, a vu l’article (101123) disparaître devant son nez. C’était vers 9h du matin. L’article, intitulé « Fonctionnaires : Indépendance des Chercheurs saisit l’OIT contre la loi de "mobilité » et daté du 16 avril à 0h55, a tout simplement été enlévé du site par le webmaster. Force est de constater que, de leur côté, Bellaciao et ses « auteurs dominants » ne font rien pour encourager les organisations syndicales à agir contre cette loi, malgré la destruction organisée de la fonction publique française qu’elle comporte. Déjà au moment de sa promulgation, l’opposition parlementaire avait refusé de saisir le Conseil Constitutionnel. Quels intérêt lobbistes se trouvent devant les blocages récurrents opposés aux actions contre la loi 2009-972 du 3 août 2009 dite « relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique » ? Une loi de démolition accélérée de la fonction publique française, contre laquelle nous venons de saisir l’Organisation Internationale du Travail (OIT) (notre article d’hier « Loi sur les fonctionnaires : l’OIT, saisie (I) »). Le 16 avril également, un article d’AgoraVox intitulé « Social-démocratie et collaboration de classes » évoque l’éloignement total des courants hégémoniques de la prétendue « gauche  » par rapport aux intérêts réels des classes populaires. Mais quelle est la situation au sein d’une « gauche de la gauche » qui a fait partie du gouvernement de «  gauche plurielle » de Lionel Jospin, dont les records en matière de planification de la casse sociale apparaissent de plus en plus clairement au grand jour ? De ce point de vue, l’actuel comportement des différentes « gauches » et directions syndicales par rapport à la loi sur la « mobilité » des fonctionnaires est particulièrement parlant. Et inquiétant.

        [la suite, sur le lien http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/04/16/fonctio nnaires-saisine-oit-bellaciao-censure.html ]

        Précision : La Commission Administrative du SNCS-FSU a récemment approuvé le principe d’une telle saisine de l’OIT, et la FSU doit se prononcer prochainement à ce sujet. Si des syndiqués de la FSU lisent ce commentaire, s.v.p. faites quelque chose pour que la centrale donne suite à la proposition qui lui est adressée.

        Cordialement

        Le Collectif Indépendance des Chercheurs
        http://science21.blogs.courrierinternational.com/


        • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 16 avril 2010 11:44

          Voici l’article enlevé par le webmaster de Bellaciao (copie d’écran reçue de l’internaute qui l’a vu s’évaporer en temps réel) :

          http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article101123

          Fonctionnaires : Indépendance des Chercheurs saisit l’OIT contre la loi de « mobilité »
          vendredi 16 avril 2010 (00h55)


          4 commentaires

          Que penser d’une telle démarche ?

          D’un côté, Indépendance des Chercheurs n’est pas une organisation syndicale.

          De l’autre, cela fait des mois qu’ils appellent en vain les organisations syndicales à saisir l’Organisation Internationale du Travail contre la loi n° 2009-972 du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique :

          http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020954520&fastPos=1&categorieLien=id&oldAction=rechTexte

          qui est, en effet, une loi de massacre de la fonction publique.

           
          Il fallait bien que quelqu’un fasse quelque chose, alors que les mobilisations syndicales ont été faibles et que les parlementaires de l’opposition n’ont pas voulu saisir le Conseil Constitutionnel. Après des mois de voix qui gueule dans le désert, ces camarades se sont décidés à saisir l’OIT, faisant tacitement un constat de carence syndicale en la matière.

          Voir leur article, à cette adresse :

          http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/04/15/loi-sur-les-fonctionnaires-l-oit-saisie-i.html

          Qu’on ne vienne pas me raconter que l’OIT est une institution bourgeoise, etc... Sous le système capitaliste, tous les tribunaux sont des institutions bourgeoises. Ce n’est pas une raison pour ne pas tenter d’y défendre ses droits. Avec des sucides chez France Télécom, dans l’éducation nationale, etc... plus les « exterminations » de la Poste, c’est étonnant que les organisations syndicales n’aient pas saisi l’OIT sur l’ensemble de ces questions.

           
          Le collectif déclare avoir effectué une triple saisine de l’OIT :

          i) demandant au Conseil d’Administration d’intervenir d’office, vu le caractère évident des problèmes posés par cette loi ;

          ii) demandant l’intervention du Comité de la Liberté Syndicale ;

          iii) en tant que réclamation.

          Voir, pour plus de détails, leur article Loi sur les fonctionnaires : l’OIT, saisie (I).



          De : Esclarmonde
          vendredi 16 avril 2010


        • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 16 avril 2010 11:53

          Et voici le commentaire que l’internaute écrivait au moment où il s’est fait jeter :

          Du point de vue de la représentativité, une possibilité serait que des sections syndicales, délégués, groupes de syndicalistes, militants... qui n’ont pas réussi à faire bouger la direction de leur syndicat, écrivent directement à l’OIT :

          CONSEIL D’ADMINISTRATION DU BIT

          ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL

          4, rue des Morillons

          CH - 1211 GENEVE 22

          SUISSE

          ainsi qu’aux fax que l’on trouve à cette adresse (les premiers, normes, liberté syndicale, etc...) :

          http://www.ilo.org/public/french/depts/dir_gva.htm-&gt ;http://www.ilo.org/public/french/depts/dir_gva.htm

          se solidarisant avec la démarche d’Indépendance des Chercheurs et la complétant par leurs propres arguments et témoignages.

          Pour référence, les trois lettres d’Indépendance des Chercheurs à l’OIT ont été diffusées sur les listes de la Coordination Nationale des Universités et de la Coordination Nationale de la Formation des Enseignants. Les titres des trois saisines sont :

          ************************

          A Monsieur le Président du Conseil d’Administration
          de l’Organisation Internationale du Travail (OIT)

          DEMANDE TENDANT A CE QUE LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’OIT SE SAISISSE D’OFFICE A PROPOS DE LA LOI FRANÇAISE n° 2009-972 du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique

          ************************

          A Monsieur le Président du Comité de la Liberté Syndicale
          de l’Organisation Internationale du Travail (OIT)

          DEMANDE CONCERNANT LA LOI FRANÇAISE n° 2009-972 du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique

          ************************

          A Monsieur le Président du Conseil d’Administration
          du Bureau International du Travail (BIT)

          RECLAMATION CONCERNANT LA LOI FRANÇAISE n° 2009-972 du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique

          ************************
           
          Pour les modalités de saisine de l’OIT, voir :

          http://www.ilo.org/global/What_we_do/InternationalLabourStandards/Applyinga ndpromotingInternationalLabourStandards/lang—fr/index.htm-&gt ;http://www.ilo.org/global/What_we_do/InternationalLabourStandards/Applyinga ndpromotingInternationalLabourStandards/lang—fr/index.htm


        • Gourmet 2012 16 avril 2010 13:14

          C’est vraiment décevant, ce type de censure. Que comptent faire les « propriétaires » de Bellaciao ? Appeler à voter Martine Aubry ou Strauss-Kahn au second tour des présidentielles de 2012 ? A voir ce genre de comportements, on dirait que la montée de l’abstention ne leur a rien appris.

          Soyons très clairs : si les directions syndicales n’ont pas envie de bouger par rapport à la loi sur la « mobilité » des fonctionnaires, et si la « gauche » n’a pas saisi le Conseil Constitutionnel contre cette loi, l’explication paraît très simple : la grande majorité des parlementaires, de « droite », de « centre », de « gauche » ou de « gauche de la gauche », sont ou ont été des patrons de la fonction publique (mairies, départements, régions, administrations de l’Etat...) et comptent bien le rester ou le redevenir.

          Alors...

          Gourmet 2012
          La cuisine électorale de 2012
          http://gourmet2012.wordpress.com/


        • Daniel Roux Daniel Roux 16 avril 2010 12:45

          Le rappel historique est bienvenu. Cependant, il me semble que le terme collaboration de classe est inapproprié dans la mesure où ce sont toujours des bourgeois qui occupent les postes à responsabilité dans les partis et dans les gouvernements.

          Un Mitterand, un Rocard, un Fabius ou une Aubry ne sont de la même origine sociale qu’un Balladur ou un Chirac. Il s’agit toujours de la bourgeoisie.

          Rare sont les élus issus du prolétariat qui accède aux hautes fonctions. Dans ce cas, tel Henri IV renonçant à sa religion, ils rejettent leur origine comme une souillure. La bourgeoisie qui les adopte n’oubliera jamais d’où ils viennent et leur rappellera un jour ou l’autre. Beregovoy en a fait la triste expérience.

          Si les prolétaires veulent accéder au pouvoir, ils devront le conquérir par leur propre force. La bourgeoisie peut continuer à les exploiter et à leur faire croire aux licornes. Les scores du parti communiste et du Front de Gauche sont très décevants. Il est évident que les prolétaires préfèrent leurs chaînes à leur liberté, un peu comme dans la fable de La Fontaine : « Le Chien et le Loup.

          L’exaspération et l’impuissance pourraient faire apparaître des groupes politiques clandestins violents basés sur une réaction type »légitime défense« lorsque la trahison des élus deviendra évidente face à la paupérisation massive du prolétariat appelé dans le langage socio démocrate, »classe moyenne".


          • Gourmet 2012 16 avril 2010 13:27

            Plutôt que d’appartenir directement à la véritable classe bourgeoise, je dirais que la plupart des politiciens forment une couche d’exécutants au service de la bourgeoisie.

            Mais, de toute évidence, même à la « gauche de la gauche », les retraites des Mélenchon, Buffet et autres légumes de la politique n’ont rien à voir avec celles des prolos qui feront les frais de la « réforme » de Sarkozy.

            Après tout, d’où viennent les opérations récentes de casse des retraites ou du Code du Travail ? Il suffit de gratter un peu, et on trouve que ça remonte à la « gauche plurielle » de 1997-2002 :

            http://gourmet2012.wordpress.com/2010/04/15/en-2012-melangeons-les-buffets/

            EN 2012, MELANGEONS LES BUFFETS !

            Mon article du 14 avril dans Bellaciao :

            http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article101039

            EN 2012, MELANGEONS LES BUFFETS !
            mercredi 14 avril 2010 (08h03)

            Qui de plus qualifié que Jean-Luc Mélenchon ou Marie-George Buffet pour parler des retraites ? Pendant que Jospin signait les accords de Barcelone, eux, ils se faisaient des points de retraite dans son gouvernement de « gauche plurielle ». Il faut d’ailleurs que nos braves élus puissent continuer à se tailler leurs petits points de retraite avec les voix de l’électorat PS. Alors, c’est donnant, donnant… Et en 2012, faute de buffet royal en 2007 :

            MELANGEONS LES BUFFETS ! MELANGEONS LES BUFFETS !

            Pour rappel, les accords de Barcelone du Conseil Européen de mars 2002, signés sous la « gauche plurielle » et juste avant les « glorieuses présidentielles », prévoient entre autres :

            http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=DOC/02/8&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en

            CONCLUSIONS DE LA PRÉSIDENCE

            CONSEIL EUROPÉEN DE BARCELONE

            15 ET 16 MARS 2002

            (…)

            32. En ce qui concerne les politiques actuelles en matière d’emploi, il faudrait, entre autres,

            (…)

            que les régimes fiscaux et de prestations sociales soient adaptés de manière à rendre le travail payant et à encourager les chômeurs à rechercher un emploi, et que les éléments ci-après fassent l’objet d’une réforme : la conditionnalité des prestations, les conditions requises pour en bénéficier, leur durée, le taux de remplacement, la disponibilité d’avantages liés au travail, le recours aux crédits d’impôt, les systèmes administratifs et la rigueur en matière de gestion ;

            afin d’assurer la compétitivité de l’UE et d’améliorer l’emploi, quelles que soient les qualifications et les régions, il est essentiel que les institutions concernées et les systèmes de négociation collective tiennent compte, dans le respect de l’autonomie des partenaires sociaux, des liens entre l’évolution des salaires et les conditions existant sur le marché du travail, ce qui permettrait aux salaires d’évoluer en fonction de l’évolution de la productivité et des différences de qualifications ;

            afin d’établir un équilibre adéquat entre la flexibilité et la sécurité, les États membres, conformément à leurs pratiques nationales, sont invités à revoir la réglementation sur les contrats de travail, et, le cas échéant, les coûts, dans le but de favoriser la création d’emplois ;

            (…)

            il convient de réduire les incitations individuelles à la retraite anticipée et la mise en place par les entreprises de systèmes de préretraite, et d’intensifier les efforts destinés à offrir aux travailleurs âgés davantage de possibilités de rester sur le marché du travail, par exemple par des formules souples de retraite progressive et en garantissant un véritable accès à l’éducation et à la formation tout au long de la vie. Il faudrait chercher d’ici 2010 à augmenter progressivement d’environ cinq ans l’âge moyen effectif auquel cesse, dans l’Union européenne, l’activité professionnelle. Les progrès à cet égard seront examinés chaque année avant le Conseileuropéen de printemps.

            (fin de citation)

            Sarkozy applique-t-il autre chose que ces accords, en matière de casse du Code du Travail et des droits à la retraite ?????. Même le deadline de 2010… Et quel était le programme de Ségolène Royal en 2007 ?????

            Ces malotrus qui sont partis à la pêche un dimanche d’avril 2002… N’est-ce pas ?

            Et en 2012, faute de buffet royal en 2007 :

            MELANGEONS LES BUFFETS ! MELANGEONS LES BUFFETS !

            Il faut bien apprendre à se servir…

            De : Gourmet 2012
            mercredi 14 avril 2010

            Gourmet 2012
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          • finael finael 16 avril 2010 13:25

            Revenant à ma première intervention je précise que les minoritaires du part social-démocrate russe, les menchéviks, pensent qu’une alliance avec la droite est un préalable nécessaire.

            C’est pourquoi ils s’allient au gouvernement provisoire issu de la révolution de février, dirigé par le prince Lvov. Dans ce gouvernement ce sont les KD (parti Constitutionnel Démocratique) qui sont en majorité. Ils représentent la bourgeoisie libérale de l’époque et une partie de la noblesse.

            Ils s’opposent aux ouvriers et soldats formés en « soviets » (conseils) qui furent le fer de lance de la révolution.

            En particulier ils ne veulent pas rompre avec les alliés dans la poursuite de la guerre, refusent de toucher à la propriété de la terre de la noblesse féodale ainsi que l’instauration de la journée de travail de 8 heures.

            Ils se retrouvent en contradiction avec les ouvriers et soldats qui les ont amenés au pouvoir.

            Il est facile alors aux bolcheviks de se présenter en défenseurs du peuple face aux propriétaires terriens et directeurs d’usine et de dénoncer la trahison des élus.

            Cela n’a rien à voir avec l’origine sociale des dirigeants bolcheviks : tous viennent de la bourgeoisie et de la minorité privilégiée, aucun n’est issu du prolérariat.

            Mais on ne peut comparer la situation de la France de 2010 avec celle de la Russie en 1917 : Nous ne sommes pas en guerre (et en train de la perdre malgré des sacrifices humains énormes), nous ne sommes pas - ou pas encore - en situation de disette, et il n’existe pas de « conseils ».

            Le seul point commun est que la majorité du peuple n’a rien à attendre de la « social-démocratie ».


            • Pie 3,14 16 avril 2010 14:02

              Cet article est un résumé du cathéchisme de la défunte LCR et de l’actuel NPA.
               Il tient en une phrase : les socio-démocrates sont des traitres car ils ne croient pas en la révolution et « collaborent » avec le grand capital.

              En attendant, ce sont ces « traitres » qui font parfois avancer les choses alors que vous continuez à regarder passer le train sans avoir aucune prise sur la marche du monde.

              Pour vous les choses sont simples, il y a la bourgeoisie et le prolétariat, la révolution dont on attend tout, le pouvoir est toujours impérialiste et militariste, la gauche progressiste est le pire ennemi. Vos concepts sont tellement usés qu’on en voit la trame à dix kilomètres.


              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 16 avril 2010 14:38

                Cet article prouve avec éloquence que le rêve révolutionnaire du XIXéme n’est plus aujourd’hui qu’une nostalgie rhétorique ; mais l’auteur oublie simplement de rappeler qu’entre temps il y a eu le sinistre socialisme marxisme-léninisme dit « réel » et que, de ce fait, ce rêve révolutionnaire idéal s’est transformé en cauchemar totalitaire bien réellement sanglant..


                Le choix du réformisme s’est alors imposé ; ce qui veut dire celui du socialisme démocratique. Reste à vouloir et à savoir pousser le curseur vers plus de justice sociale. Tel est l’enjeu de ce que l’auteur appelle la luttes des classes, sauf que les classes en question deviennent plus fragmentées, poreuses et mouvantes.

                 

                • finael finael 16 avril 2010 16:38

                  J’aimerais savoir ce que peut être le « socialisme démocratique » ?

                  Ceci étant la révolution russe a apporté ceci de paradoxal c’est qu’elle a amélioré le sort des peuples des « démocraties occidentales ».

                  Par la peur de voir leurs pays basculer vers le « communisme » ces régimes ont été obligés d’accorder au couches populaires nombre de droits comme le droit de se syndiquer, le droit de grêve, les 40 heures, les congés payés, etc ...

                  La réalité de ce qu’était l’URSS n’est apparue que progressivement, d’abord avec les « procès de Moscou » vers 1935, le pacte germano-soviétique de 1939 ensuite.

                  La résistance puis la victoire de l’armée rouge a, pour un temps, fait oublier les exactions du système et Nikita Kroutchev les a fort habilement attribuées au seul Staline. Il faudra la répression de la révolte de Budapest en 1956 et plus encore du printemps de Prague en 1968 pour que la plupart des yeux se descillent.

                  Ceci dit, l’URSS de 1980 n’avait plus grand chose à voir avec celle des années 30 - 50 et lesz progrès sociaux y étaient bien réels. Il est quand même frappant de voir une grande partie des russes ayant connu les deux régimes regretter « l’ancien temps ».

                  On peut légitimement se demander si la chute du « socialisme réel » n’a pas aussi été un grand bond en arrière au niveau social. Les analyses du FMI (qu’on ne peut guère taxer de « gauchisme ») montrent que le niveau de vie s’était effondré de 40% en dix ans !

                  Cela ne préjuge en rien, bien évidemment, du progrès des libertés !


                • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 16 avril 2010 18:18

                  Ne pas oublier toutes les conquêtes sociales réalisées par la social-démocratie : congés payés, sécurité sociale, retraites, école laïque et gratuite, 40 puis 35 h (...), droit syndical dans l’entreprise, abolition de la peine de mort etc.... Si pour vous cela compte pour du beurre (rance) pas pour moi. C’est plutôt le rêve d’une révolution sans force révolutionnaires qui tourne à l’aigre et à la répétition creuse de’un passé mythique, coupé de la réalité d’aujourd’hui, comme toute les farces....(Marx)


                • finael finael 16 avril 2010 18:52

                  Je ne sais pas si vous m’avez lu avant de répondre.

                  C’est bien l’existence même du « paradis des travailleurs », même irréel, qui a contraint les gouvernements, souvent plus ou moins sociaux-démocrates, à accorder tous ces droits aux travailleurs.

                  Ils ne l’ont pas fait par pure bonté d’âme.

                  Et je ne sais pas si vous réalisez comment, depuis 20 ans et la chute du régime soviétique, tous ces droits sont progressivement remis en cause. Nul jour ne se passe sans que l’on entende quelque complainte contre les « droits-z-acquis », les « privilèges », la nécéssité de se plier « aux lois du marché », surtout pour les travailleurs, futur chômeurs.

                  Tiens au fait, n’y aurait-il pas, là quelque « débat » sur la retraite par exemple ?

                  Et nos sociaux-démocrates, pardon ! « socialistes », ne seraient-ils pas d’accord, sans le dire trop ouvertement, avec la froite décomplexée ?


                • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 16 avril 2010 19:35

                  Ce sont aussi les luttes sociales.À moins de ressusciter la peur des rouges (et ce serait une farce du genre de celle de Besancenot) je ne vois rien qui puisse remplacer la lutte démocratique (donc sociale-démocrate) pour la réduction des inégalités et plus de justice sociale.


                  Pas de révolution en vue sinon celle de la... chaire, en peau de lapin

                • ELCHETORIX 16 avril 2010 14:46

                  @ L’ auteur
                  très bon article qui résume la situation peu enviable de la « classe moyenne » pressurée par les représentants de la haute et moyenne bourgeoisie qui tiennent le pouvoir à leur profit exclusif !
                  En 2012 , nous devrions nous abstenir de voter à 70% , même à 80% , façon de rejeter ce système , ou bien déclencher une révolte pacifique mais ferme , pour changer cette « démocratie » .
                  Cependant , la classe moyenne se croit toujours parmi les « nantis », ou bien est tenue par les emprunts à rembourser , ou , elle est mal informée ou ne veut pas contester la réalité de la situation tant que ses petits privilèges soient artificiellement maintenus .
                  Cordialement .
                  RA.


                  • finael finael 16 avril 2010 20:16

                    J’ai rencontré, en 1973, un vieux monsieur qui avait été sous les drapeaux de 1912 à 1921.

                    Il avait fait la guerre de 1914 à 1920, et avait même été fait prisonnier par les « rouges », là bas sur les rives du Dniestr.

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Auteur de l'article

Mohamed Belaali


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